Comptes rendus

Corinne Wecksteen et Ahmed El Kaladi, dirs. La Traductologie dans tous ses états. Mélanges en l’honneur de Michel Ballard. Arras, Artois Presses Université, 2007, 284 p.[Notice]

  • Stéphanie Roesler

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  • Stéphanie Roesler
    Université McGill

Quelques articles sont consacrés à des questions théoriques. Ainsi, celui de Claude Bocquet, intitulé « Traduire les textes nobles, traduire les textes ignobles : une seule ou deux méthodes? », qui revient sur le jugement de valeur selon lequel seule la traduction des textes littéraires serait noble car son objet est noble, jugement qui a poussé certains auteurs et traductologues à reléguer la traduction non noble à une question purement technique et à établir des méthodes de traduction différentes selon le type de texte. Dans le domaine théorique toujours, Michael Mariaule a choisi de mettre « l’adaptation à l’épreuve de la traduction » et de définir plus précisément la notion d’adaptation. Quoique l’adaptation soit souvent définie par rapport à la traduction en traductologie, elle reste une notion polymorphe et polyvalente. Mariaule éclaire sa réflexion en discutant les idées de Georges L. Bastin afin de montrer que traduction et adaptation ne s’opposent pas réellement, chacune participant de l’autre. Plusieurs articles sont situés dans la mouvance du cultural turn qui s’est opéré en traductologie dès le milieu des années 1970 et traitent des rapports entre traduction et culture. Ainsi, dans son article « Comment analyser la traduction interculturelle? », Lieven D’hulst propose de faire dialoguer la traduction intertextuelle et la « traduction interculturelle », notion qu’il définit théoriquement et qu’il étudie à travers l’exemple des littératures antillaises contemporaines. Il propose de développer une méthodologie appropriée à l’étude intégrée de la traduction, ainsi que d’aller vers l’analyse de la traduction interculturelle, qui ne passe pas nécessairement par une opération langagière, ce qui suppose de donner à la traductologie une dimension interdisciplinaire. Ce n’est pas la traduction interculturelle mais la traduction transculturelle sur laquelle s’interroge Christine Raguet dans son article « Y a-t-il des limites à la traduction transculturelle? ». Elle propose donc de franchir les multiples limites imposées à la littérature et à la traduction dans le cadre de la traduction transculturelle, d’envisager des stratégies traductives permettant de combler la distance culturelle entre l’espace d’origine et l’espace d’arrivée et de se familiariser avec l’inquiétante étrangeté de l’Autre. Elle aborde le cas particulier des cultures exotiques, où se posent par exemple les problèmes de la traduction de l’oralité, de la créolisation ou de l’utilisation de langages cryptés. Ahmed El Kaladi a choisi quant à lui d’examiner les problèmes de traduction que pose la littérature issue de l’acculturation dans son article « Au-delà de l’écran des mots. Interculturalité et traduction ». Pour ce faire, il examine la traduction de La Nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun en arabe et en anglais. Ses objectifs sont de montrer que cette littérature a des spécificités que les études en traductologie prennent rarement en considération, d’examiner les points d’achoppement que constitue l’interculturalité pour la traduction, et enfin de dégager quelques traits saillants qui résistent à la traduction et les raisons de leur intraduisibilité, objectifs qui ne peuvent être atteints sans réviser la tâche du traducteur face à l’altérité. Enfin, dans « Le culturème Völkerwanderung et la question de l’historien traducteur », Agnès Graceffa examine les problèmes de traduction auxquels se heurte la production historiographique grâce à l’exemple de la traduction du terme Völkerwanderung, qui est un « culturème » au sens où il renvoie à un référentiel propre à la culture allemande non partagé par la culture française, afin de montrer combien la réflexion traductologique sur l’étrangeté d’un terme et sa préservation éventuelle peut être utile à l’historien. Quatre articles sont consacrés à la traduction littéraire, le premier ayant une dimension théorique, les trois autres se penchant sur la traduction d’un auteur ou d’une oeuvre en particulier. Françoise …