Résumés
Résumé
Le bilinguisme législatif a entraîné, au Canada, une forte présence de la traduction. Le texte de loi est souvent polysémique et hermétique, comportant dès lors son lot d’embûches pour le traducteur. Afin de pallier toute difficulté d’interprétation, la communauté juridique s’est dotée d’un principe fondamental, la règle d’égale autorité. Selon cette règle, les deux versions d’une loi ont le même statut, la même valeur. Or plusieurs juristes ont formulé de nombreuses critiques à l’endroit de la traduction. Ce qui a entraîné l’avènement de la corédaction des lois fédérales, qui a eu pour résultat d’évincer la traduction du processus législatif. L’objet du présent article sera, d’une part, de mettre au jour ces critiques et, d’autre part, de montrer la contradiction présente au sein de la communauté juridique.
Mots-clés:
- traduction juridique,
- bilinguisme législatif,
- corédaction législative,
- interprétation législative
Abstract
Canada’s legal bilingualism has precipitated the strong presence of translation in the legislative process. The legislative text, often polysemic and abstruse, brings its own particular difficulties to the task of the translator. In order to overcome challenges obstructing statutes, the legal community developed the fundamental principle of the rule of equal authority. According to the rule, both versions of a statute carry the same status and value. However, translation has been criticized by many jurists. These criticisms resulted in the development of federal laws on co-writing, which in turn eliminated translation from the legislative process. This paper aims to point out these criticisms and to illustrate the paradox in the legal community.
Keywords:
- legal translation,
- legislative bilingualism,
- legislative co-writing,
- legislative interpretation
Parties annexes
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