Résumés
Résumé
Le bilinguisme officiel (français-anglais) au Cameroun : un problème d'aménagement efficace — Cette étude vise à vérifier l'étendue de la prépondérance exclusive du français et de l'anglais dans la communication au sein de l'État camerounais, en raison de certaines contradictions (Renaud 1979 et 1987). Ces langues officielles sont censées y assurer les fonctions les plus hautes en présence de 236 langues autochtones. Ces dernières sont-elles réellement absentes des services publics? Quelles sont les attitudes des Camerounais envers elles et leurs communautés constitutionnelles respectives? Quelle serait une politique linguistique réaliste pour le Cameroun?
Pour répondre à ces questions, nous avons, en 1993, soumis à 590 personnes dans les chefs-lieux administratifs des dix provinces du pays, un questionnaire fermé sur leurs choix de langue et les attentes linguistiques perçues par eux dans leurs contacts officiels. L'analyse des données a révélé l'existence d'une concurrence participative reflétant l'élargissement fonctionnel des langues non officielles. Une tension y est apparue entre le français et l'anglais, mais elle reflète les conflits politiques ambiants.
S'agissant des attitudes, le répondant devait porter son jugement sur les langues officielles et leurs communautés constitutionnelles respectives, par rapport à sept différenciateurs sémantiques inspirés de Gardner et Smythe (1976). L'analyse révèle : une haute appréciation des répondants de chaque communauté pour leur première langue officielle, l'évaluation négative de leur deuxième langue officielle par les anglophones, l'apparition des stéréotypes négatifs envers le pidgin, et la meilleure image que les anglophones auraient de leur communauté.
La concurrence participative entre langues officielles et non officielles, le nationalisme et la volonté d'ouverture des Camerounais, ainsi que leur aspiration à voir les hautes fonctions étendues aux langues locales, nous ont amené à proposer l'alphabétisation fonctionnelle en langues locales, pour la nécessaire valorisation des langues endogènes, dans un contexte minimisant la confrontation avec les langues officielles, et consacrant le passage du culturel à l'économique.
Abstract
Official Bilingualism (French-English) in Cameroon : A Question of Efficient Planning — This study aims at a verification of the extent of exclusive predominant usage of French and English in public offices in Cameroon, in communication within the Cameroonian State, since some contradictions exist (Renaud, 1979 and 1987). The official languages are supposed to assume the highest functions among 236 home languages. Are these actually absent from public services? What are the attitudes of Cameroonians toward these official languages and their respective communities as per the Cameroon Constitution? What would be a realistic language policy for Cameroon?
To answer these questions, a closed survey on language choices and perceived expectations in official contacts was submitted in 1993 to 590 persons in the administrative headquarters of Cameroon's ten provinces. Data analysis showed participative competition as a reflection of a widening of functions assumed by non official languages. Tension between French and English was noticed, as a manifestation of local political conflicts.
As concerns attitudes, those surveyed were asked to express their judgment on official languages and their respective communities, according to seven semantic differentials taken from Gardner and Smythe (1976). The analysis revealed : high levels of appreciation by members of each community, of their first official language, a negative evaluation by Anglophones of their second official language, the negative stereotypes of Pidgin English, a better image of their own community as perceived by Anglophones.
On account of the participative competition between official and non official languages, the nationalism and open-mindedness of Cameroonians, as well as their aspiring to a widening of higher linguistic functions to include home languages, functional literacy in local languages is recommended, as a means to solve the necessary enhancement of endogenous languages, with minimal confrontation with official languages, as a consecration of an evolution from the cultural to the economic aspect of language.