Résumés
Résumé
En anglais, Leonora parle-t-elle encore et à qui? — Dany Bébel-Gisler, sociolinguiste et attachée de recherche au C.N.R.S., a écrit Leonora : l'histoire enfouie de la Guadeloupe afin de célébrer la culture de son île natale et de produire un contre-discours au discours national français. À partir d'une série d'entrevues en créole avec Léonora, travailleuse de canne née en 1919, Dany établit le texte d'un roman-témoignage dans lequel elle maintient certains passages en créole. Bien que Bébel-Gisler s'approprie la voix de Léonora, elle le fait dans un but didactique et militant et cet acte littéraire de traduction peut être défendu comme un geste de solidarité visant à explorer et à faire connaître le pouvoir de résistance des pratiques culturelles de la Guadeloupe. Le présent article analyse la version américaine de Léonora traduite par Andrea Leskes, publiée par « University Press of Virginia », afin de déterminer si elle parvient à renouveler ce geste de solidarité. Une question bakhtinienne (Qui parle?) est posée et trois problèmes spécifiques sont examinés pour tenter d'y répondre : l'emploi du créole, la relation dialogique entre le créole et le français et la valeur de contre-discours du roman.
Abstract
In English, is Leonora Still Speaking and to Whom? — Dany Bébel-Gisler, a sociolinguist and member of the C.N.R.S, wrote Léonora : The Buried Story of Guadeloupe as a celebration of the culture of her native island and as counter-discourse to the French national discourse. Basing her text on a series of interviews conducted in Creole with Léonora, a cane worker born in 1919, Dany produces a novel in the genre of the testimonio in which she maintains many passages in Creole. Even though Bébel-Gisler appropriates Léonora's voice, her goal is didactic and militant and she accomplishes a literary act of translation that can be defended as a gesture of solidarity meant to explore and promote the cultural practices of Guadeloupe as a powerful force of resistance. This article examines the American version of Léonora translated by Andrea Leskes, published by University Press of Virginia, in order to determine whether this gesture of solidarity is renewed in the translation. In attempting to answer the Bakhtinian question, "who is speaking?", three particular problems are treated : the use of Creole, the dialogical link between Creole and French, and the counter-discursive nature of the novel.