Résumés
Résumé
" Hôtel Verbano ", une genèse à rebours, ou la stylistique comparée revisitée — L'auteure traite de l'utilité de la distinction entre styles collectif et individuel pour rendre compte de la traduction littéraire, où le sens est intégré à la forme. La saisie du sens se faisant à partir de l'étude de la structuration du style d'un auteur — lui même construit en fonction d'un style collectif qui possède ses propres normes —, la traduction doit respecter le contrat qui lie un écrivain à sa langue, jusque dans sa subversion. Toutefois, les ressources de la langue cible étant autres, une restructuration ne peut être évitée, ce qui oblige le traducteur à repenser la délimitation des frontières entre styles collectifs et individuels dans sa langue et les choix qu'elle implique. Bien que l'approche de la traduction proposée ici semble accorder un grand rôle au signifiant, elle sous-tend en fait une approche interprétative, qui se concentre sur le signifié tel qu'il est dévoilé par le jeu des signifiants. Suit une analyse de la nouvelle Hotel Verbano, de Jane Urquhart, qui montre que la progressive dépersonnalisation du récit se reflète dans sa syntaxe même, en particulier dans l'usage des modes et des temps; d'où la nécessité de retracer les frontières entre lesquelles Urquhart navigue dans sa langue, afin d'inscrire ce parcours dans le texte français.
Abstract
"Hotel Verbano," a Reverse Genesis, or Comparative Stylistics Revisited — This paper discusses the need to distinguish between collective and individual styles in literary translation, where meaning is present in form. If meaning is to be interpreted through the study of an author's style — itself embedded in a collective style which has its own rules —, a translation must respect the contract between an author and his/her own language, no matter how subversive it may be. However, the resources of the target-language are different, and a restructuration cannot be avoided: the translator must rethink the boundaries between collective and individual styles in his/her own language, as well as the choices they involve. Although this approach to translation seems to attach great importance to the signifier, it in fact founds an interpretative approach, which focuses on the signified as it is disclosed by the interplay of the signifiers. An analysis of Jane Urquhart's "Hotel Verbano" follows, which shows that the progressive depersonalization of the narrative is mirrored in its very syntax, particularly in the use of its tenses and modes. Hence the need to map the boundaries within which Urquhart registers meaning in the forms she uses, so that the translator can reinvent this landscape in French.