EN :
To be read alongside Arseli Dokumaci’s contribution to this issue, Katherine Zien’s article treats questions of ethics, affect, labor, and autonomy in Disabled Theater (DT), a performance created by Swiss performing company Theatre HORA and French choreographer Jérôme Bel. DT evinces traits of the artistic production of both contributors, yet HORA has made the piece its own by touring it around the world, for over 100 performances since its premiere in 2012. For better or worse, DT has become a signature piece for HORA and, in Zien’s terms, a “mobile social realm” offering a space where members of HORA can experiment with new ways of living and working together. The ethical and social dimensions of DT – and company members’ responses to them – have conditioned HORA’s expanded investigation of aesthetic and political control and collaboration that performance scholar Yvonne Schmidt examines in later productions. In addition to providing room for political and aesthetic exploration, DT’s mobile social realm can impact the communities in which it is performed. While this effect may not always be feasible in a festival setting, conditions at Concordia University in Montreal, Quebec, Canada were such that when HORA performed there on March 30-31, 2015, questions of disability, autonomy, and access to the city rose forcefully to the fore. Reflecting on her feelings of productive discomfort around the 2015 performance, Zien seeks a response to DT’s fractured reception in a melange of concrete poetry and prose.
To be read alongside Katherine Zien’s contribution to this issue, Dokumaci’s article reflects on the Montreal debut of Disabled Theater (DT), a collaboration between Switzerland’s Theater HORA, a company of actors with cognitive differences, and French choreographer Jérôme Bel. In light of this particular viewing experience, which took place in the presence of a disability studies working group, and taking into account the significant body of writing that has been produced on the piece, this article explores various aspects of DT, including audience discomfort, dynamics of staring, ethics of performance, professionalism, repetition and presence, materialism, and agency. Drawing on Dokumaci’s previous re-theorization of James Gibson’s (1979) notion of affordances, she discusses these aspects in relation to what she terms “affordance-creation.” Moving from the affordances actualized by HORA actors onstage and by a disability studies working group offstage, Dokumaci argues that disability performance has the potential to transform both theater and the everyday into a venue where normalized ways of undertaking actions are un-made and otherwise unimaginable affordances are brought into life and shared. To this end, she concludes by alluding to Yvonne Schmidt’s (2015) grounded reflections on HORA’s post-DT work, and proposes the possibility of considering the event of DT as an affordance in itself – one that has opened up new possibilities of theater-making for HORA, and of engaging with disability in critical ways, for Montreal audiences.
FR :
Dans cette contribution à lire parallèlement à celle d’Arseli Dokumaci incluse dans ce numéro, Katherine Zien aborde des questions d’éthique, d’affect, de travail et d’autonomie associées à la pièce Disabled Theater (DT), une création de la compagnie suisse Theater HORA et du chorégraphe français Jérôme Bel. La pièce porte les marques des deux collaborateurs artistiques, mais la compagnie l’a fait la sienne pendant une tournée mondiale qui a donné lieu à une centaine de représentations depuis la première en 2012. Pour le meilleur ou pour le pire, DT est devenu une pièce emblématique du Theater HORA, une « sphère sociale mobile » selon Zien, qui crée un espace à l’intérieur duquel les membres de la compagnie peuvent expérimenter de nouvelles façons de vivre et de travailler ensemble. Les dimensions éthiques et sociales de DT – et les réactions des membres de la troupe à cet égard – ont conditionné les investigations menées par la troupe HORA sur l’esthétique, le contrôle et la collaboration politique que la chercheure Yvonne Schmidt examine dans les productions qui ont suivi. La sphère sociale mobile de DT peut non seulement fournir un espace d’exploration politique et esthétique, elle peut aussi agir sur les communautés dans lesquelles la pièce est produite. Si ce n’est pas toujours le cas dans le cadre d’un festival, les conditions dans lesquelles le Theater HORA a présenté sa pièce les 30 et 31 mars 2015 à l’Université Concordia de Montréal ont permis un dialogue sur les questions du handicap, de l’autonomie et de l’accès à la ville. En réfléchissant au malaise productif qu’elle a ressenti lors de la production de 2015, Zien cherche une réponse à la réception fragmentée de DT à travers un mélange de poésie concrète et de prose.
Dans cette contribution à lire parallèlement à celle de Katherine Zien inclue dans ce numéro, Arseli Dokumaci se penche sur la première montréalaise de la pièce Disabled Theater (DT), une collaboration entre le Theater HORA, une compagnie suisse d’interprètes ayant des différences cognitives, et le chorégraphe français Jérôme Bel. Ayant assisté au spectacle avec un groupe de travail dans le domaine des études sur les personnes handicapées et s’inspirant des nombreux écrits portant sur cette production, Dokumaci explore divers aspects de DT, notamment le malaise du public, la dynamique du regard qui fixe, l’éthique de la performance, le professionnalisme, la répétition et la présence, le matérialisme, et l’agencivité. Elle analyse ces aspects à la lumière de ce qu’elle appelle l’« affordance-création », une nouvelle approche théorique qu’elle effectue à partir de la notion d’« affordances » de James Gibson (1979). Passant des affordances concrétisées sur la scène par les interprètes du Theater HORA à celles du groupe de travail hors scène, elle fait valoir que la performance avec personnes handicapées a le potentiel de transformer le théâtre et le quotidien pour en faire un lieu où des moyens normalisés d’agir peuvent être déconstruits et où des affordances que l’on ne pourrait pas imaginer autrement prennent vie et sont partagées. Dans sa conclusion, Dokumaci fait allusion aux réflexions d’Yvonne Schmidt’s (2015) sur les productions du Theater HORA qui ont succédé à DT et propose d’envisager cette œuvre comme une affordance en soi – qui aurait ouvert de nouvelles possibilités théâ- trales pour HORA et de nouveaux moyens pour le public montréalais d’entamer un dialogue critique sur la question du handicap.