Résumés
Résumé
Bien que très souvent les satoriens évoquent Bakhtine dans leurs analyses ou s’appuient même partiellement sur tel ou tel aspect de son oeuvre, la SATOR n’a jamais mené de débat de fond autour de l’oeuvre de Bakhtine, alors que les références à Propp ou Thomson sont plus fréquentes. Ce n’est pas un hasard. La théorie bakhtinienne du chronotope est souvent utilisée autant dans la recherche que dans l’enseignement et nos étudiants sont souvent invités à la prendre en compte, mais rares sont les travaux qui en prennent en compte toute la complexité, et le cercle des spécialistes de l’oeuvre de Bakhtine en mesure d’appréhender ses nombreuses adhérences - et notamment son double positionnement à la fois face au formalisme russe et à l’esthétique générale allemande et autrichienne de la fin du XXe et du début du XXe - est assez restreint. Très souvent on ne retient par exemple de l’oeuvre de Bakhtine que le concept de dialogisme, alors que ce n’est qu’un aspect de la théorie. Le but de cet article est de faire la synthèse des nombreuses attaches et des différents moments de la théorie du chronotope, laquelle s’enracine profondément dans une esthétique générale et présuppose une certaine conception du temps historique et des rapports entre littérature et société. Tout autant que l’analyse topique, cette théorie met en évidence le rôle central que le genre romanesque joue dans la culture européenne depuis l’Antiquité. Mais elle implique aussi une conception spécifique de l’articulation entre le devenir historique et l’espace-temps de la fiction. Parce que la thématique de ce numéro est l’occasion de faire le point sur ce sujet majeur, cet article se propose de montrer en quoi la prise en compte de la part topographique de l’analyse topique rencontre la question du chronotope et en quoi elle ne peut faire plus que la croiser. Car ce que l’analyse topique dégage de la répétition ne repose pas sur la même idée d’une « plénitude » du temps historique que celle qui constitue le socle de la théorie du chronotope. Mais elle n’est pas pour autant anhistorique. En fait c’est ici toute la question du statut de l’authenticité romanesque entre hasard et nécessité qui est en jeu. Ce qui nous renvoie à la question, soulevée dans l’introduction de ce numéro, du statut proprement poétologique de la récurrence romanesque et des paradoxes de temporalité indissociables de l’analyse topique au sens où la SATOR la pratique.
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