Liminaire

Hommage à Aldina da Silva[Notice]

  • Éric Bellavance et
  • Anne Létourneau

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  • Éric Bellavance
    Université de Montréal
    Université Concordia

  • Anne Létourneau
    Université de Montréal

C’était en 1996 ou en 1997. Je terminais un baccalauréat en histoire à l’Université de Montréal. Désireux de poursuivre vers les cycles supérieurs, mais un peu perdu. Histoire de la Russie, des États-Unis, de la Grèce antique? Lors de ma dernière session, je me suis inscrit au cours « La Bible et ses sources historiques ». Ce fut mon premier contact avec Aldina da Silva, spécialiste de la Bible hébraïque (Ancien Testament) et des religions du Proche-Orient ancien, qui était alors professeure à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal. Pour moi, c’était déjà clair : je voulais faire une maîtrise sous sa direction. Avant même de connaître mon sérieux et mon potentiel, elle m’a dit en souriant : « Mais oui! ». Après quelques discussions, elle m’a d’abord suggéré de travailler sur le livre du prophète Jonas. J’ai plutôt choisi d’étudier le Deutéro-Isaïe, mais l’article que je propose dans le cadre de ce numéro lui rendant hommage porte justement sur Jonas. Elle aura donc fini par me convaincre. Il y a de ces personnes qui nous marquent profondément. Elles sont rares, mais leur influence est inestimable. Aldina da Silva aura été comme une étoile filante dans ma vie. J’ai peine à croire que cette belle aventure humaine et académique aura à peine duré quatre années. Aldina da Silva est décédée le 25 décembre 2000, le jour de Noël. À l’âge de 50 ans à peine. J’ai pourtant l’impression de l’avoir côtoyée pendant des décennies. Sans doute parce que je l’ai gardée vivante avec moi pendant toutes ces années. Je pense à elle (et à mon père) avant chaque cours que je donne. Toujours. C’est elle qui m’a appris qu’au Proche-Orient ancien, une personne n’était jamais vraiment morte tant et aussi longtemps qu’on se souvenait d’elle et qu’on répétait son nom. C’est ce que je fais depuis un peu plus de 20 ans. Ce numéro de la revue Théologiques est ma façon de lui rendre hommage et de commémorer – avec un peu de retard, en raison de la COVID-19 – le 20e anniversaire de son départ. Aldina da Silva est encore, malgré tout, bien vivante grâce à son oeuvre et grâce aux nombreuses personnes qui ont eu le bonheur de croiser son chemin. Pourquoi avoir choisi le thème de la peur pour ce numéro? La raison est bien simple. Parce que ce fut le dernier sujet d’étude abordé par Aldina da Silva avant son décès. L’année précédente, elle avait participé à l’organisation d’un colloque intitulé : « La peur : éthique de la décision tragique ». Au moment de sa tenue, le 30 septembre et le 1er octobre 1999, une bonne partie du monde s’apprêtait à entrer dans le 3e millénaire et on entendait alors parler du « bogue de l’an 2000 », peur que l’on pouvait certes qualifier d’irrationnelle, mais qui illustrait bien certaines peurs auxquelles l’humanité a toujours été confrontée : celle de l’inconnu, de la nouveauté, du changement, etc. Les actes de ce congrès, qui avait pour but « d’encercler les îlots de la peur, [d’]en retenir les formes changeantes, [d’]en saisir les pointes dirigées vers chacun de nous », ont par la suite été publiés aux Éditions MNH (Bellavance 2000). Affaiblie par la maladie, Aldina da Silva m’avait alors donné l’opportunité d’en assurer la direction. Nous avons donc décidé de reprendre ce thème universel et éternel. La peur ne disparaîtra jamais puisqu’elle est profondément ancrée dans la conscience humaine et accompagne l’humain tout au long de son existence : peur de l’autre, de la différence, de l’étranger, de la maladie, de …

Parties annexes