Résumés
Résumé
Nishitani Keiji (1900-1990) a mis en oeuvre une reprise féconde des questions propres à la tradition métaphysique occidentale en prenant appui sur la conception bouddhiste de la vacuité (japonais : kū ; sanscrit : śūnyatā) . Marchant sur les traces d’Augustin et de sa pensée de la conversion, il a lié aussi étroitement que possible pensée philosophique et quête religieuse. Le nouvel édifice conceptuel élaboré par Nishitani autour de la notion de śūnyatā ne prend en effet tout son sens que pour qui se rend capable d’une conversion au sens religieux du terme, décentrement radical de sa propre existence en direction de la vacuité, et permettant seul un accès véritable à l’être. La saisie par Nishitani de l’essence de la religion le conduit ainsi dans les parages de l’augustinisme, éclairant d’un jour nouveau le possible usage contemporain des catégories bouddhistes.
Abstract
Nishitani Keiji (1900-1990) proposed a profound rethinking of metaphysical themes beginning from the Buddhist conception of emptiness or nothingness (Japanese : kū ; Sanskrit : śūnyatā). Like Augustine (354-430), the supreme thinker of conversion in the West, he brought philosophical thought and religious quest into the closest possible conjunction. Indeed, the new conceptual apparatus built up by Nishitani around śūnyatā makes sense only for one able to undergo a religious conversion or turning-about, a radical decentering of one’s existence in the direction of emptiness, which yields an authentic access to being. His philosophical grasp of the essence of religion brings him into mutually illuminating proximity to Augustine, thus shedding a new light on the possible use of Buddhist categories themselves for contemporary thought.
Parties annexes
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