Résumés
Résumé
Un embarras certain entoure l’usage des termes croire et croyance dans les travaux des anthropologues. L’argument développé ici porte sur l’une des causes de cet embarras : le double sens qu’ont ces termes dans les langues occidentales sous l’influence du christianisme et qui semble caractéristique des religions universalistes. Ce double sens révèle un lien implicite entre objet de croyance et attitude de croyance, la primauté logique revenant à l’attitude et l’objet lui étant subordonné. Il peut en découler que l’objet acquière un statut de Vérité et que l’attitude devienne radicale et systématique, détachée de toute confrontation avec la réalité.
L’exemple de la terminologie mongole illustre, par contraste, l’absence d’un tel lien — absence qui caractérise, semble-t-il, un grand nombre de cultures non-occidentales. En effet, les verbes mongols que l’on peut traduire par « croire » s’appliquent exclusivement à l’attitude de croyance, que les Mongols envisagent éventuellement dans son prolongement, c’est-à-dire l’action rituelle à laquelle elle donne lieu. L’absence de renvoi à des objets de croyance donnés apparaît comme une source de souplesse et d’innovation. Elle engendre une dynamique spéculative volontariste qui s’exprime surtout par les procédures divinatoires.
Abstract
The word “belief” and the verb “to believe” cause embarrassment to Western anthropologists for many reasons, particularly because they may refer either to contents (or objects) of beliefs or to the believer’s state of mind (or attitude). The argument of this paper focuses on this double meaning which has been developed in Western languages under Christian influence and which seems to be specific of World religions. This double meaning reveals an implicit association between an object and the attitude towards this object—the attitude prevailing logically and the object being subordinated. This association potentially gives the object the status of absolute Truth; it also makes the attitude radical and systematic, and precludes its being confronted with realities.
By contrast, the Mongol terminology, as that of many non-Western cultures, does not imply such an association. The Mongol verbs that can be translated by “to believe” refer exclusively to the believer’s attitude, along with its continuation—that is, the ritual action it leads to. The fact that it does not refer to objects of belief seems to be a source of flexibility and innovation. It generates a speculative and voluntarist dynamics that is mainly expressed in divinatory procedures.
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