Résumés
Résumé
Le tourisme est un des secteurs qui connaît la croissance la plus rapide au monde. Il représente un enjeu de l’économie mondiale et un outil dans l’atteinte des objectifs du développement durable. En parallèle, le tourisme alternatif est une pratique qui gagne de plus en plus d’importance dans les pays en développement. Il a été étudié dans les îles et régions balnéaires, les montages, les forêts et les parcs. Très peu de recherches se sont attardées à la pratique du tourisme alternatif national dans les zones désertiques. C’est pour cette raison qu’il est non seulement difficile d’évaluer son marché potentiel, mais également ses principales contributions par rapport aux sociétés d’accueil. Cet article vise donc à mieux comprendre comment les pratiques des touristes nationaux contribuent au développement des communautés de Djanet et de Taghit. Pour répondre à la précédente problématique, une analyse documentaire et empirique a été menée dans ces deux localités.
Mots-clés :
- tourisme alternatif,
- tourisme national,
- développement durable,
- désert,
- perceptions,
- pratiques,
- économie sociale et solidaire,
- Taghit,
- Djanet,
- Algérie
Abstract
Tourism is one of the fastest growing sectors in the world. It represents a stake in the world economy and a tool in achieving the sustainable development goals. At the same time, alternative tourism is a practice that is gaining more importance in developing countries. It has been studied in islands and seaside regions, mountains, forests, and parks. However, very little research focused on the practice of alternative tourism in desert areas. It is thus not only difficult to assess its potential market, but also its main contributions to local communities. This article aims to better understand how the practices of national tourists contribute to the development of the communities of Djanet and Taghit. To address this issue, a documentary and empirical analysis was carried out in both cities.
Keywords:
- alternative tourism,
- national tourism,
- sustainable development,
- desert,
- perceptions,
- practices,
- social and solidarity economy,
- Taghit,
- Djanet,
- Algeria.
Corps de l’article
Le tourisme alternatif est une activité qui gagne de plus en plus en importance en raison de ses nombreuses contributions à la vie sociétale et économique. Il encourage à préserver l’environnement et le patrimoine culturel dont il dépend, à aider les communautés locales à développer davantage leur autonomie et à créer des opportunités économiques (ONU, 2017). Le tourisme alternatif a longuement été étudié dans les îles et les régions balnéaires, les montagnes, les forêts et les parcs. Certaines études ont également été menées sur les zones désertiques, mais dans une moindre mesure (Choplin et Roullier, 2006 ; Cauvin-Verner, 2007 ; Bouaouinate, 2009 ; Minvielle et Minvielle, 2010 ; Hammami, 2014). Dès 2006, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) estimait qu’il fallait accorder une attention particulière aux déserts et au tourisme alternatif, d’une part en raison de la fragilité de leur écosystème et de leur vulnérabilité et, d’autre part, parce que le tourisme alternatif semble susceptible d’améliorer les conditions de vie des populations locales (Cazes, 2006 ; PNUE, 2006 ; Telfer et Sharpley, 2016).
L’objectif du présent article est de porter une attention particulière à la pratique du tourisme alternatif chez les nationaux dans le désert algérien. Nous avons choisi l’Algérie comme étude de cas en raison de la diversité de ses paysages (sites côtiers, montagnes et déserts). Aussi parce que l’État algérien tente de relancer son secteur touristique à la suite du choc pétrolier de 2015 qui a encouragé les travaux de chercheurs universitaires et d’experts sur la vulnérabilité de l’économie algérienne (Amnache-Chikh, 2017). Bien que plusieurs études s’orientent autour du tourisme international, peu d’entre elles s’attardent au tourisme national, même si ce dernier pourrait représenter une bonne alternative pour atténuer la dépendance envers l’économie générée par les hydrocarbures (ibid.). Malgré le manque de données sur la région, les statistiques liées aux touristes nationaux sont importantes. Les visites dans le Sud algérien s’élevaient en 2013 à 12 009 touristes nationaux, contre 6618 étrangers (ONS, 2014). La participation des nationaux à l’activité touristique était donc deux fois plus importante que celle des touristes étrangers (ibid.).
Nous avons opté pour le désert algérien pour explorer et identifier les caractéristiques et les contributions des nationaux car ce sujet y est peu documenté en termes de tourisme alternatif, comparativement à des pays voisins comme le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie (Bouaouinate, 2009 ; Minvielle et Minvielle, 2010 ; Hammami, 2014). Notre objectif principal est de mieux comprendre comment les pratiques des touristes nationaux contribuent au développement des communautés de Djanet et de Taghit. Deux hypothèses guident notre réflexion. D’abord, nous supposons que les touristes nationaux qui se rendent dans les villes de Djanet et de Taghit ont une bonne perception des aspects environnementaux, sociaux et économiques du tourisme alternatif. Ensuite, il semble que ces acteurs contribuent à la demande de produits et de services touristiques, encouragent l’entrepreneuriat local et adoptent des pratiques de voyage axées sur la protection de l’environnement.
Pour traiter cette problématique, cet article s’articule en trois grandes parties. Dans un premier temps, le cadre conceptuel va permettre de démontrer que le tourisme alternatif partage les mêmes finalités environnementales, sociales et économiques que le développement durable. Dans un deuxième temps, le cadre méthodologique a pour objectif de présenter les enjeux de recherche du tourisme alternatif dans le désert algérien et les principales méthodes de recherche. Viendra enfin la présentation des résultats de la recherche.
Cadre conceptuel : tourisme et développement durable
Le tourisme alternatif s’inscrit au sein du courant du développement alternatif qui apparaît dans un contexte d’accentuation des mobilisations sociales au début des années 2000. Le développement alternatif ou le post-développement est une nouvelle approche fondée sur l’amélioration de la qualité de vie des collectivités. Les débats proposés sont larges et nombreux (aide au développement, pauvreté, inégalités, environnement, économie sociale et solidaire, travail décent, etc.), mais ils ont tous comme dénominateur commun la construction de sociétés plus équitables (Partant, 1982 ; Latouche, 2006 ; Rist, 2007). Nous présenterons dans cette section les généralités du développement durable et les spécificités du tourisme alternatif, concepts qui s’inscrivent au cœur du post-développement.
Le développement durable : généralités
En 1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement (CMED, 1987) a publié son rapport intitulé « Notre avenir à tous », plus communément connu sous le nom de rapport Brundtland. Le développement durable est apparu à la suite de la prise de conscience du caractère limité des ressources, de l’accroissement démographique et des conséquences de l’activité humaine sur l’environnement (Knafou, 1998).
À travers le développement durable, il est question de concilier production de la richesse et préservation de l’environnement (Prezza, 2000). Dans le cadre de cet article, nous retenons que le développement durable prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique (CMED, 1987).
Dimension environnementale
La dimension environnementale du développement durable regroupe plusieurs enjeux (protection de l’environnement, gestion des ressources, conservation, durabilité…). Nous retenons ici plus particulièrement la durabilité et la capacité de charge des milieux comme éléments fondamentaux du rapport Brundtland (CMED, 1987) et du tourisme alternatif.
La durabilité repose sur le fait que le système de production et de consommation économique humain est un sous-système de l’écosystème mondial (Saadatian et al., 2012). Elle cherche à maintenir un équilibre entre les dimensions environnementale, économique et sociale et la gestion efficace de celles-ci repose sur les institutions politiques, économiques et sociales qui peuvent réguler la production et la consommation (ibid).
La capacité de charge, pour sa part, représente une façon de respecter la durabilité environnementale. Plus précisément, l’activité humaine compromet de plus en plus l’intégrité des écosystèmes qui renferment les ressources nécessaires au bien-être et aux activités économiques (Galy et al., n.d.). Bien que l’utilisation des ressources soit nécessaire au processus de développement, la surexploitation et l’épuisement de celles-ci ont des incidences non seulement sur l’environnement, mais aussi sur les êtres humains, surtout ceux qui vivent dans les régions où les moyens de subsistance et l’emploi sont directement liés aux ressources naturelles (Telfer et Sharpley, 2016).
Ainsi, la prise en compte de la capacité de charge des milieux a pour but de préserver la dégradation et l’épuisement des sols, des ressources forestières, des ressources en eau, de la faune et de la flore (CMED, 1987). Elle est fondamentale à la durabilité car elle vise à produire des biens et services à partir d’une base de ressources limitées, tout en garantissant la qualité de ces ressources aux générations qui suivent.
Dimension sociale
La durabilité sociale est la dimension la moins bien comprise et la moins définie, car la transmission aux générations futures du capital humain ou social, qui représente également un facteur de croissance, n’est pas souvent prise en compte (Atkinson, 1997). La dimension sociale du développement durable englobe des sujets comme le soutien social, les droits humains, les droits du travail, la responsabilité sociale, etc. Dans cet article, nous nous intéressons au capital social et aux relations non marchandes, puisqu’ils représentent des concepts fondamentaux à la compréhension du développement durable et à celle du tourisme alternatif.
Le capital social est rarement considéré comme un facteur de croissance. Pourtant, lorsqu’il est associé à d’autres formes de capital, notamment humain, économique et environnemental, il peut favoriser le développement durable. Par capital social, nous entendons l’ensemble des éléments de la structure sociale comme les réseaux et les diverses organisations, mais également les normes et les valeurs qui affectent les relations entre les personnes (Liu, 2015). Il contribue aux échanges, à la coopération et encourage la formation d’organisations sociales dont le but est de fournir des services que ni l’État, ni le marché ne peuvent combler. Ainsi, des niveaux élevés de capital social peuvent inciter les individus à atteindre les niveaux de développement souhaités (ibid.).
En parallèle, les relations non marchandes qui se traduisent par les échanges sociaux sont importantes à considérer dans l’atteinte de la durabilité. Elles réunissent un ensemble d’activités qui ont pour caractéristique principale d’accomplir des tâches au service de la collectivité (Rogge et al., 2018). Les relations non marchandes facilitent la production de réseaux et de compétences sociales qui permettent non seulement d’identifier les divers besoins d’une communauté, mais aussi d’y répondre (ibid.). Autrement dit, les relations non marchandes peuvent favoriser la mise en place de règles qui facilitent le respect de la vie en société, mais contribuent également à l’atteinte des objectifs du développement durable (ibid.).
Ainsi, la durabilité sociale, par l’importance des interactions, permet d’assurer un accès égal aux services et aux opportunités comme les emplois, les transports, le logement, la santé et l’éducation (Vallance, 2011). Les choix opérés en matière de politique de développement mettent en jeu le bien-être des générations actuelles, mais aussi celui des générations futures. Dans cet ordre d’idées, l’attitude des générations présentes en matière de consommation, d’accumulation de capital (économique et humain), conditionne directement le bien-être des générations à venir, d’où l’importance des interactions sociales pour cibler les besoins actuels et futurs (Faucheux et Noël, 1995).
Dimension économique
D’un point de vue microéconomique, la dimension économique du développement durable fait entre autres référence à la promotion de la croissance durable (Beckerman, 1972). Ainsi, les modes de production (la terre, les ressources naturelles, le travail, le capital) et de consommation doivent préserver l’écosystème et les ressources naturelles, car l’économie dépend de l’environnement (CMED, 1987). Le fait d’opter pour une croissance durable aide à améliorer l’efficacité économique, c’est-à-dire à opter pour une gestion optimale des ressources humaines, naturelles et financières, notamment par la responsabilisation des entreprises et des consommateurs au regard des biens et des services qu’ils produisent (Liu, 2015).
Le volet macroéconomique du développement durable rassemble des thématiques comme la lutte contre la pauvreté et les inégalités ; d’ailleurs le rapport Brundtland (CMED, 1987) part du constat de l’accroissement de la pauvreté et des inégalités. Ainsi, les préoccupations quant à la réduction de la pauvreté concernent l’importance d’introduire un modèle de développement économique compatible avec l’équité sociale et la prudence écologique, qui serait basé sur la satisfaction des besoins plutôt que sur une augmentation incontrôlée de l’offre (Simonneaux, 2007).
Le tourisme alternatif : spécificités
Le développement alternatif s’est traduit dans le domaine du tourisme par la nécessité de donner une place importante aux communautés locales (Cazes, 2006). Les origines du tourisme alternatif sont incertaines, même si les membres de la Coalition œcuménique sur le tourisme dans le tiers-monde, qui encouragent la promotion d’une meilleure forme de tourisme, revendiquent d’en être les précurseurs (Lanfant et Graburn, 1992). Ce groupe, constitué essentiellement de militants chrétiens, s’est rencontré en 1980 à Manille, juste avant la Conférence sur le tourisme, pour dénoncer plusieurs problèmes, dont l’impérialisme économique, la domination des sociétés transnationales, l’exploitation politique, l’exploitation sexuelle organisée des femmes et des enfants, ainsi que la dégradation des cultures traditionnelles (ibid.).
On peut lier ces divers appels de recommandations pour le tourisme alternatif à l’émergence des mouvements sociaux contestataires de la société de consommation en Allemagne ou aux États-Unis dans les années 1960. Dans cet ordre d’idées, le tourisme alternatif peut représenter une tentative (similaire à ces mouvements) de transformer les relations sociales (ibid. ; Cazes, 2006).
Plusieurs efforts ont été entrepris pour définir le tourisme alternatif, néanmoins et en raison des préoccupations et des contextes différents, aucune définition universellement acceptée ou adoptée n’a été trouvée (Smith et Eadington, 1992). Le tourisme alternatif est un concept confus, car plusieurs disciplines (sociologie, commerce, science politique, gestion, économie, géographie) et acteurs (chercheurs universitaires, praticiens, organisations non gouvernementales [ONG], institutions internationales, gouvernements) s’y intéressent (Telfer et Sharpley, 2016). Malgré les nombreux points de vue qui existent sur le sujet, le tourisme alternatif comme modèle tente de trouver réponse à plusieurs problèmes, dont (Pearce, 1992) :
l’incapacité de résoudre le problème de la pauvreté avec la croissance ;
les impacts négatifs du tourisme sur l’environnement (pollution, surexploitation des ressources, perturbation de la faune et de la flore, etc.) ;
les inégalités entre les pays du tiers-monde et les pays industrialisés, conséquence de l’industrie touristique ;
la nécessité de construire un marché touristique axé sur les réalités et les besoins des communautés locales.
Nous retenons ici la définition de Sylvie Parent (2009), puisqu’elle comporte une vision multidimensionnelle et intégrative du tourisme alternatif. Pour elle, ce type de tourisme tente de trouver un équilibre entre les activités touristiques, le développement économique, la protection de l’environnement et la satisfaction des touristes et des résidents locaux.
Protection de l’environnement
La dimension environnementale du tourisme alternatif a été abordée sous plusieurs angles. Elle fait référence à la prise en compte des conséquences de l’industrie touristique sur l’environnement, à la rareté des ressources naturelles et à l’importance de leur sauvegarde (Leroux, 2010). Certes, la faune et la flore peuvent être altérées et même détruites par les activités associées au tourisme. Dans cette section, nous nous attardons sur deux thématiques, soit le respect des écosystèmes et la capacité de charge des sites.
L’aspect environnemental du tourisme alternatif accorde une grande importance aux principaux enjeux comme la dégradation des ressources naturelles, la production de gaz à effet de serre, la détérioration de la couche d’ozone, la désertification, etc. (Sharpley et Telfer, 2005). Le tourisme alternatif reconnaît également que les êtres humains font partie de la nature, c’est pourquoi il est nécessaire de maintenir la stabilité de l’écosystème et d’éviter les catastrophes naturelles, la perte de la biodiversité et des terres arables, etc. Cette activité pourrait représenter une forme raisonnable d’exploitation de la biodiversité et peut contribuer à sa protection (ibid.). Nous considérons que le tourisme alternatif vise à limiter les impacts sur l’environnement, car la dégradation de ce dernier pourrait avoir des conséquences négatives sur les écosystèmes et les populations locales.
En parallèle, la capacité de charge des sites touristiques est aussi un élément central au tourisme alternatif. Ce concept trouve sa rationalité dans la réflexion qui s’organise autour de la protection de l’environnement en ce qui concerne la prise de conscience et le souci des professionnels du tourisme de ne pas dégrader les atouts touristiques d’une région. La capacité de charge des sites établit le nombre de touristes qu’une destination ou un site peut accueillir ou supporter sans impact négatif sur l’environnement, la société locale ou la qualité de l’expérience touristique (Telfer et Sharpley, 2016). Elle représente la mesure de la tolérance d’un site ouvert à l’activité touristique et de la limite environnementale, sociale et économique au-delà de laquelle une zone peut subir des effets négatifs (Hawkins et Middleton, 1996).
Le tourisme alternatif a des portées positives sur la gestion des ordures et sur l’érosion, puisqu’avant d’être visités, les sites sont d’abord étudiés. Par ailleurs, le PNUE affirmait en 2006 que dans bien des cas le tourisme alternatif a permis la reconstruction des centres historiques de certaines villes qui auparavant étaient négligés en raison de la délocalisation de l’activité économique vers des zones plus stratégiques.
Le tourisme alternatif s’inscrit dans une logique d’économie des ressources naturelles rares et précieuses parce qu’il découle de l’acceptabilité des incidences du tourisme de masse sur les ressources naturelles, la biodiversité et les populations locales (Bouin, 2001). Ainsi, les pratiques touristiques dites alternatives sont prédisposées à promouvoir une consommation écoresponsable des ressources dans les communes visitées.
En somme, le développement du tourisme est inévitablement accompagné de répercussions sur les sociétés et les environnements des destinations. On ne peut dissocier les éléments relatifs au respect des écosystèmes et à la capacité de charge des sites puisque ces concepts encouragent la préservation de l’environnement.
Engagement social et approches participatives
Contrairement à la dimension environnementale, la dimension sociale du tourisme alternatif est moins aisée à appréhender, car il est plus difficile de quantifier et d’anticiper les conséquences sociales du tourisme alternatif sur les communautés locales (Murphy, 1985). La dimension sociale du tourisme alternatif encourage la solidarité par le développement des relations entre les divers acteurs (collectivités, associations, autorités locales, appareil gouvernemental). Elle permet aussi d’encourager la préservation du patrimoine local et de mettre en valeur le savoir-faire local (Cooper, 1996). Aux fins de cette étude, nous retenons les concepts suivants : l’engagement social et les approches participatives.
Le tourisme alternatif encourage l’appropriation du processus touristique par les populations locales. Ainsi, l’organisation de l’activité touristique à l’échelle locale interpelle le concept d’engagement social qui est un élément déterminant pour la réussite de cette forme de tourisme. Il se réfère aux caractéristiques de l’organisation sociale qui facilitent la coordination et la coopération des communautés locales dans le but de maximiser les bénéfices d’un projet de développement (Jones, 2005). L’idée de base réside dans le fait que les réseaux sociaux et l’interaction entre les individus qui partagent des normes et des valeurs communes permettent de favoriser la coopération de ces derniers pour atteindre des buts communs (Ecclestone et Field, 2003). Dans cette logique, le degré de connectivité, la qualité et la quantité des relations sociales au sein d’une population donnée peuvent avoir des effets bénéfiques sur le tourisme alternatif.
Mais encore, le tourisme alternatif est une activité humaine qui met en relation plusieurs acteurs, entre autres les collectivités locales, les touristes, les voyagistes, les institutions étatiques. Ces divers échanges s’expliquent par les approches participatives. Processus dynamique évoluant en fonction des spécificités et des conditions locales, l’approche est dite participative lorsqu’elle se base sur la reconnaissance du savoir-faire local. Cette approche se réfère également à la responsabilisation des populations ciblées dans toutes les actions entourant le développement. C’est une approche de concertation, d’ajustement et de compromis qui accompagne tous les projets de développement (Bajeddi, 2007) ; elle représente donc une démarche volontaire qui perçoit le territoire comme un système de relations entre les acteurs et les divers projets entrepris.
Toutefois, l’implication des communautés locales dans le processus de planification du tourisme dans les pays du tiers-monde rencontre certains obstacles, dont le principal, selon Cevat Tosnum (2000), est que ce sont des modèles qui ont été développés dans les pays industrialisés et qui sont difficilement applicables aux pays du tiers-monde, où souvent les structures sociopolitiques, économiques et culturelles empêchent les populations locales de pleinement participer au tourisme. Cela s’explique notamment par la centralisation de l’administration publique chargée du développement le tourisme, par le manque de coordination entre les parties concernées et le manque d’informations mises à la disposition des habitants de la destination touristique (ibid.).
En somme, la dimension sociale du tourisme alternatif s’intéresse aux divers mécanismes qui favorisent la participation des communautés locales à l’activité touristique, ainsi que les diverses interactions qu’elles entretiennent avec les autres acteurs.
Diversification et renforcement des économies
La dimension économique du tourisme alternatif peut se traduire par l’intégration des activités touristiques dans l’économie locale. Elle se réfère à la conciliation d’un projet (performances économiques) avec des principes éthiques tels que l’équité dans la redistribution des ressources ou la création d’un lien social (Tazim et Robinson, 2012). Les enjeux économiques du tourisme alternatif sont nombreux, notamment le développement de pratiques commerciales innovantes et éthiques, la répartition des richesses, l’intégration des coûts sociaux et environnementaux dans le prix des produits et la promotion du développement du tissu économique local. Il peut contribuer à lutter contre le chômage, à ralentir les phénomènes migratoires et à diminuer les pressions sur l’exploitation des ressources naturelles (Barré, 2003). Cependant, c’est la capacité du tourisme alternatif de créer des activités génératrices de revenus et de favoriser une redistribution des revenus qui est principalement discutée dans le présent article. En raison de sa nature diversifiée et transversale, le tourisme alternatif touche pratiquement tous les domaines de l’activité économique, comme les voyages, les loisirs, l’hébergement, la restauration, mais aussi les travaux publics, les activités sportives, etc. Cette industrie exerce une grande influence sur les autres secteurs tels que l’agriculture, la construction, l’artisanat, le commerce et les services de transport.
Il s’avère que le tourisme alternatif permet de créer deux types d’emplois : les emplois de services qui génèrent un revenu salarial et les emplois de production qui encouragent la production de revenus provenant de la vente. Les emplois de services concernent tous les services offerts par l’industrie touristique. Bien souvent, les postes disponibles se rattachent à la restauration, à l’hôtellerie et aux visites guidées. Les emplois générés par le tourisme alternatif sont un complément monétaire stable autant qu’indispensable dans les pays du tiers-monde fortement marqués par le chômage (Lamic, 2008).
Cependant, certains auteurs comme Bernard Duterme (2006) remettent en cause la qualité des emplois créés, notamment en raison de leur précarité et de leur saisonnalité. Le plus souvent ces emplois sont occupés par une population sous-qualifiée, sans protection sociale, et ne sont pas vraiment une solution au chômage.
Le tourisme alternatif peut également stimuler les emplois de production qui se rattachent principalement à la vente de produits d’artisanat local qui dépendent des caractéristiques des localités. Ces emplois sont directement liés aux environnements locaux et sont souvent mis en place par les populations qui possèdent une connaissance approfondie de leur environnement (Tazim et Robinson, 2012).
La capacité du tourisme alternatif à créer des emplois dans les pays du tiers-monde peut contribuer à une redistribution pro-pauvre des revenus. En mettant l’accent sur la relation entre croissance et redistribution du revenu, la redistribution est pro-pauvre lorsque « le taux de croissance du revenu des individus pauvres est supérieur à celui des individus non pauvres » (Boccanfuso et Ménard, 2009 : 24). Le tourisme alternatif, qui génère des emplois de production (artisanat local, guides touristiques locaux, cuisiniers, chameliers), peut encourager une redistribution des recettes afin qu’elles bénéficient aux plus pauvres.
Le tourisme alternatif pourrait concourir à cette redistribution pro-pauvre dans la mesure où l’augmentation des revenus fournis par ce tourisme peut contribuer à « l’élévation du niveau de prospérité économique » (Dehoorne, 2013 : 24). Ces revenus peuvent financer plusieurs aspects du développement tels que la santé ou l’éducation. Le tourisme alternatif peut également favoriser la création de liens entre les secteurs formel et informel (Wahab et Pigram, 1996). Dans plusieurs pays du tiers-monde, le secteur informel contribue à la satisfaction des besoins des populations les plus pauvres. Dans ce sens, le tourisme alternatif peut avoir des répercussions économiques positives sur des projets entrepris par les communautés locales, le microcrédit par exemple (Dehoorne, 2013).
Cadre méthodologique
Tourisme dans le désert algérien : enjeux de recherche
Les destinations touristiques comme la France, l’Espagne, Cuba ou la Thaïlande sont au cœur de l’expérience touristique. Elles jouent un rôle en ce qui concerne les tendances du tourisme mondial et de l’économie internationale (Haugland et al., 2011). Ces destinations sont sujettes à un système territorial qui fournit au moins un produit capable de satisfaire les exigences de la demande touristique (Candela et Figini, 2012).
L’Algérie a tout le potentiel requis pour devenir une destination touristique en raison de la diversité de ses paysages (Lamiri, 2013). Les paysages du désert algérien sont nombreux et variés. La ressource touristique du Sahara algérien (patrimoine naturel et culturel) a la double caractéristique de ne pas être délocalisable et de faire actuellement l’objet d’une demande touristique grandissante en termes de qualité et de découverte culturelle (Minvielle et al., 2008). Le désert du Sahara compte des territoires entiers considérés comme de véritables réservoirs d’espèces naturelles animales ou végétales d’intérêt particulier, ce qui procure à la région un avantage comparatif par rapport aux autres zones désertiques. Cet avantage peut se traduire par un attrait touristique important, mais il nécessite également d’être protégé en raison de la fragilité de l’environnement (ibid.).
Le tourisme tel qu’il se pratique dans le Sahara algérien encourage la visite de la diversité de la faune et de la flore par des circuits touristiques (randonnées pédestres, chameaux, 4 X 4) (Hosni, 2000). Les bivouacs sont le mode d’hébergement le plus courant en raison du manque d’infrastructures hôtelières. Ce type d’hébergement alternatif consiste à reproduire le mode caravanier de l’époque en campant dans le désert pendant un temps limité. La plupart des bivouacs sont organisés dans les régions de Tamanrasset, Djanet et Taghit. Dans cet article, nous nous concentrons sur Djanet et Taghit.
Djanet
Djanet constitue une importante oasis touristique. Elle fait partie de la wilaya (division administrative) d’Illizi et elle est située au pied du plateau du Tassili N’Ajjer, à une altitude de 1050 mètres, et à 2300 kilomètres d’Alger, la capitale du pays (ONAT, 2007). Elle est la principale ville du sud-est du Sahara algérien, à proximité de la Libye. Djanet est traversée par l’oued (lac) Idjeriou, qui permet d’alimenter la palmeraie (Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, 2002).
Cette région est habitée depuis le Néolithique, il y a plus de 10 000 ans, d’où son attrait touristique (ibid.). Les gravures rupestres nous indiquent que la végétation et la faune étaient luxuriantes à cette époque et que les habitants vivaient principalement de la chasse et de la cueillette. Fondée au Moyen Âge par les Touaregs, Djanet est relativement riche en eau, ce qui a favorisé le développement d’une importante culture maraîchère. L’oasis comprend une palmeraie qui produit des dattes, un verger qui fournit des légumes comme les pommes de terre, les betteraves, les tomates et des fruits tels que les agrumes et les olives, qui sont nécessaires pour l’économie locale (ibid.).
Cette région du Sahara est d’une diversité géographique importante. On y trouve pratiquement tous les types de déserts : ergs, regs, gueltas, sebkhas, oasis, villes sahariennes. De plus, Djanet est connue pour sa richesse archéologique qui comprend plus de 5000 gravures rupestres répertoriées et qui dateraient, pour les plus anciennes, de 12 000 ans environ. Le parc du Tassili N’Ajjer comporte plusieurs de ces gravures, ce qui lui vaut son classement sur la Liste du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), depuis 1972. Il est principalement géré par les populations locales, favorisant ainsi la création d’emplois dans la région (ibid.).
Les circuits touristiques dans la région semblent adhérer aux caractéristiques du tourisme alternatif, car les randonnées se font en transport non motorisé (ânes, chameaux, chevaux) ; de même on encourage fortement les touristes à loger dans des endroits qui sont respectueux du patrimoine naturel de la région (camping, logement chez l’habitant). Ces pratiques permettent de protéger l’environnement et de limiter la surcharge du site, tant au niveau des flux touristiques que celui de la pollution par les déchets. Sur le plan économique, le tourisme dans la région permet de créer des emplois et de diversifier l’économie locale axée sur la production de dattes et de légumes.
Taghit
Taghit, pour sa part, est une commune de la wilaya de Béchar. Elle s’étend autour d’une palmeraie longue de plus de 20 kilomètres et se situe entre le djebel (montagne) Baroun et les dunes du grand Erg (Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, 2007). Très ancienne zone de peuplement, Taghit est connue pour ses gravures rupestres datant du Néolithique. Considérée comme étant la plus belle oasis du désert, une variété de caractéristiques désertiques se concentre à Taghit, entre autres la hamada, l’erg, le reg, les vallées alluviales, le Nebkha et l’oasis.
Cette région est riche en ksour (villages fortifiés que l’on trouve en Afrique du Nord), dont plusieurs sont classés comme patrimoine mondial de l’UNESCO (2015) qui, comme le mausolée de Taghit, les gravures rupestres et les vestiges préhistoriques, attirent chaque année plusieurs touristes (ibid.). Le patrimoine naturel de Taghit est doté de potentialités de développement du tourisme alternatif. Les mêmes types de moyens de transport et d’hébergement qu’à Djanet semblent être encouragés dans les circuits touristiques. La prédominance de l’hébergement solidaire (c’est-à-dire le logement chez l’habitant) rend cette région particulièrement intéressante (ONAT, 2007).
Cette région valorise les fêtes folkloriques, dont le S’bou qui fait sa réputation. Cet événement culturel et religieux, qui se déroule sur sept jours d’affilée après la fête du Mouloud (anniversaire de la naissance du prophète Mohamed), est l’un des rassemblements les plus importants au Sahara. Ce patrimoine culturel est hautement surveillé par les populations locales afin de limiter l’impact de l’activité touristique sur l’environnement. Mis à part le fait que Djanet et Taghit semblent encourager la pratique du tourisme alternatif, ce sont également les villes désertiques qui reçoivent le plus de touristes depuis l’attaque sur In Amenas en 2013.
Le tourisme alternatif dans le désert algérien : Problématique de recherche
La section précédente nous a permis de situer le secteur touristique dans le désert algérien. Dans cette continuité, cette sous-section vise à présenter la question de recherche et les hypothèses de départ qui lui sont associées, ainsi que la méthodologie de recherche.
Méthodologie de recherche
Le désert algérien comporte des spécificités environnementales, sociales et économiques propices à la pratique du tourisme alternatif. Cette activité a longuement été étudiée dans les îles et les régions balnéaires, les montagnes, les forêts et les parcs. Il existe également quelques études sur les zones désertiques (Choplin et Roulier, 2006 ; Cauvin-Verner, 2007 ; Minvielle et Minvielle, 2010), mais dans une moindre mesure.
Par ailleurs, il n’y a presque pas d’études qui se sont attardées à la pratique du tourisme alternatif auprès des touristes nationaux dans le désert algérien. Pourtant, ces régions représentent de nouvelles destinations touristiques (Barbut, 2006). Dans un cadre de développement durable, le tourisme alternatif se doit d’être équitable sur le plan économique, viable sur le plan écologique et adéquat pour les populations locales.
L’utilisation du désert à des fins de tourisme doit être accompagnée d’études exhaustives en raison de la fragilité de ces milieux à l’activité humaine (ibid.). De plus, la variété des paysages désertiques et le mode de vie des populations locales en font des produits touristiques concurrentiels par rapport aux autres régions du monde (îles et régions balnéaires, forêts et parcs, montagnes). Rappelons que notre objectif principal consiste à déterminer les contributions des touristes nationaux dans les communautés de Djanet et de Taghit. Plus précisément, notre question de recherche est : Comment les pratiques des touristes nationaux contribuent-elles au développement des communautés de Djanet et de Taghit ?
Pour y répondre, certaines hypothèses peuvent guider la réflexion. Nous supposons que les caractéristiques du tourisme alternatif à Djanet et à Taghit ont des particularités environnementales, sociales et économiques. Ainsi, les activités liées au tourisme alternatif dans ces régions correspondent aux trois dimensions constitutives du développement durable. De plus, il semblerait que les touristes nationaux qui adoptent des activités dites alternatives semblent avoir une certaine connaissance des enjeux du tourisme alternatif dans les régions désertiques. Notre première hypothèse s’articule comme suit :
Hypothèse 1 : Les touristes nationaux ont une perception des aspects environnementaux, sociaux et économiques du tourisme alternatif.
Mais encore, les touristes nationaux qui choisissent Taghit et Djanet semblent contribuer directement ou indirectement aux dimensions économique, sociale et environnementale du tourisme alternatif. Notre deuxième hypothèse s’articule comme suit :
Hypothèse 2 : Les touristes nationaux contribuent au tourisme alternatif à Djanet et à Taghit par la demande de produits et de services touristiques, l’entrepreneuriat local et la protection de l’environnement.
Cet article s’inscrit dans la continuité des travaux effectués sur le tourisme alternatif et le développement durable (Kristjánsdóttir et al., 2018). L’objectif poursuivi est de mieux comprendre les contributions des touristes nationaux et les réalités du tourisme alternatif dans les zones désertiques.
Notre démarche de recherche a consisté en une analyse documentaire et un travail de terrain.
Analyse documentaire
L’analyse documentaire avait pour objectif principal de recenser la littérature disponible sur le tourisme alternatif dans un contexte de développement durable, c’est-à-dire trouver des documents pertinents traitant du tourisme alternatif dans les diverses régions du monde (îles, régions balnéaires, montagnes, forêts, parcs et zones désertiques). Un déplacement à Alger s’est avéré nécessaire en raison du manque de données qui représentait l’un des principaux défis de cette recherche.
Malgré tous nos efforts, nous avons constaté que les données régionales surtout en ce qui concerne les villes situées dans le désert n’existent presque pas ou ne sont pas nécessairement pertinentes dans le cadre de notre étude. Nous n’avons pu trouver aucune étude scientifique en lien avec le tourisme dans le Sud algérien. L’insuffisance d’informations sur l’activité touristique à Djanet et à Taghit représente conséquemment une limite importante de notre étude.
Travail de terrain
Nous avons sélectionné les circuits dans les villes de Djanet et de Taghit pour notre travail de terrain, ces destinations paraissant être celles qui répondent le mieux aux caractéristiques du tourisme alternatif. Il existe trois circuits à Djanet qui sont proposés pendant toute la saison touristique, à savoir Ihrir (A), Essendilène (B) et Tadrart (C). Dans la région de Taghit, les deux circuits disponibles sont les ksour (D) et les gravures (E).
Djanet
Le premier circuit consiste en un bivouac de sept jours dans la région d’Ihrir à Djanet (A). Ce circuit comporte la découverte de la nature. Ihrir est également reconnue pour ses nombreuses chaînes de montagnes rocheuses qui peuvent atteindre 300 mètres d’altitude (Lhote et Colombel, 1979). Le séjour comprend aussi la visite du parc Tassili n’Ajjer qui renferme des gravures rupestres datant de plus de 9000 ans av. J.‑C. Outre le patrimoine naturel et culturel, ce circuit favorise la rencontre avec les populations nomades qui animent les activités diurnes et les danses folkloriques nocturnes.
Le deuxième circuit dans la région de Djanet comprend un bivouac de huit jours dans la région d’Essendilène (B). Il a pour particularité d’encourager les randonnées pédestres et chamelières. Les touristes ont la chance de découvrir les irrégularités du relief du Sahara : dunes, oueds, verdure. Plusieurs spectacles folkloriques sont également présentés par les nomades.
Le troisième circuit, dans la région de Djanet, est un bivouac de sept jours axé sur la découverte de la région de Tadrart (C). Il a pour objectif principal de visiter les dunes rouges du massif de Tadrart, la cathédrale de Tamezguida tout comme les dunes de Moul N’Aga et la dune noire de Tin-Merzouga. Tadrart renferme également des gravures rupestres, dont la célèbre vache qui pleure qui attise la curiosité de plusieurs touristes (ibid.).
Taghit
En raison de la faible superficie de Taghit (8040 km2), uniquement deux circuits sont disponibles dans la région. Le premier circuit qui s’étale sur sept jours consiste à visiter les ksour (anciens châteaux) (D). Le ksar de Taghit, situé à 100 kilomètres au sud de la ville de Béchar, représente l’ancienne piste transsaharienne reliant l’Algérie au Niger (Alimen, 1966). Ainsi, plusieurs ksour datant de plus de 21 siècles peuvent être visités. Ce circuit est également populaire auprès des touristes, car le Ksar de Taghit rassemble tous les artistes nomades de la région qui organisent tous les soirs des spectacles de chants et de danses typiques de la région.
Enfin, le dernier circuit dans la région de Taghit offre comme principale activité la visite des gravures rupestres (E). Les gravures disponibles dans cette région constituent un héritage important légué des peuples anciens qui nous renseignent sur le climat, la faune, la culture et l’identité des hommes qui y ont vécu depuis le Néolithique (ibid.).
En raison du manque de données quant aux caractéristiques initiales des acteurs, nous avons opté pour un échantillonnage non probabiliste à choix raisonné. Cela permet de répondre à l’objectif principal de notre recherche, c’est-à-dire documenter de quelle manière les touristes nationaux contribuent au développement durable des communautés de Djanet et de Taghit grâce aux activités liées au tourisme alternatif. Un total de 116 touristes ont répondu au questionnaire d’enquête mais nous avons conservé uniquement les réponses des 54 touristes nationaux.
Lors du travail de terrain, nous avons également eu recours à l’observation participante comme méthode de recherche, ce qui nous a permis de nous impliquer dans les tâches relatives aux communautés. Cette méthode nous a donné l’occasion de comprendre leur quotidien, les enjeux culturels des sociétés nomades, et de rédiger des notes ethnographiques.
Principaux défis
Certains défis rencontrés lors de cette étude sont importants à souligner, notamment l’absence ou la rareté de l’information, particulièrement celle liée aux circuits touristiques. De plus, il n’était pas possible d’obtenir les données sociodémographiques des populations locales et des touristes avant de les rencontrer lors des circuits.
Principales caractéristiques des touristes nationaux
Les données obtenues par le biais des questionnaires d’enquête auprès des touristes donnent un meilleur aperçu des caractéristiques générales des acteurs étudiés. Il importe de présenter les principales caractéristiques des touristes nationaux avant de nous intéresser aux contributions qu’ils apportent aux régions de Djanet et de Taghit.
Provenance
Les touristes qui ont participé aux divers circuits touristiques de Djanet et de Taghit provenaient de plusieurs villes algériennes, tel qu’illustré au tableau 1. Nous y remarquons que plus de la majorité des touristes nationaux venaient de la capitale du pays, Alger.
Caractéristiques de base
Plusieurs éléments nous permettent d’avoir un meilleur aperçu de l’implication des touristes nationaux. Le tableau 2 présente les principales caractéristiques sociodémographiques de ces acteurs.
Le tableau 2 montre que ce sont majoritairement des femmes qui ont participé aux circuits touristiques (68,52 %, contre 34,48 % d’hommes). De plus, la catégorie d’âge des 25-30 ans est la plus importante (48,15 %), suivie des 31-39 ans (24,07 %). La clientèle était donc relativement jeune. Plusieurs catégories d’emplois ont été citées, reflétant les diverses occupations des répondants (cadres, fonctionnaires, étudiants…).
Caractéristiques liées aux activités touristiques
Le tableau 3 expose les caractéristiques liées aux activités touristiques des touristes nationaux.
En fonction des données du tableau 3, nous constatons que le circuit E (Taghit : Gravures rupestres, avec 33,33 % des touristes) semble plus sollicité que les autres. Cela s’explique par la proximité géographique de la région par rapport à Djanet, qui est très éloignée du nord du pays, et parce que ce circuit cible la visite de gravures rupestres très anciennes.
Ensuite, le circuit A (Djanet : Ihrir – 27,78 %) est également populaire auprès des touristes nationaux car il offre l’occasion de rencontrer les populations nomades. Nous observons par ailleurs que la majorité des touristes nationaux choisissent ces circuits principalement pour le patrimoine naturel et culturel (62,96 %) et en raison de leur proximité géographique (24,07 %).
La fréquence de participation à un circuit touristique est aussi un élément à prendre en considération chez les touristes, puisqu’elle permet de déterminer la familiarité de ces acteurs avec les régions désertiques. Les données obtenues révèlent que 29,63 % des touristes n’ont participé à aucun circuit au cours de l’année précédente et que seulement 11,11 % en avaient effectué au moins quatre.
Résultats
L’objectif de cette section est de répondre à la question principale de cet article qui, rappelons-le, demandait de quelle manière les touristes nationaux contribuent aux communautés de Djanet et de Taghit grâce aux activités liées au tourisme alternatif.
Aspects perceptifs
Cette sous-section vise à confirmer ou à infirmer notre première hypothèse qui supposait que les touristes nationaux ont une perception des aspects environnementaux, sociaux et économiques du tourisme alternatif.
Généralités
Il fallait tout d’abord déterminer si le tourisme alternatif existe dans le désert algérien. Nous avons donc demandé aux touristes nationaux s’ils avaient déjà entendu parler du terme « tourisme alternatif ». Parmi, les 54 participants interviewés, 20 ont répondu par l’affirmative contre 34 par la négative. La connaissance du tourisme alternatif chez les acteurs se mesure également par l’habilité de ces derniers à définir ce concept. C’est dans cette logique que la deuxième partie de la question consistait à donner une définition du terme tourisme alternatif. Les réponses longues obtenues sont résumées dans le tableau 4.
Les caractéristiques qui nous permettent d’évaluer la connaissance du tourisme alternatif par les touristes nationaux sont, par ordre d’importance :
protection de l’environnement et de la faune,
contre-modèle du tourisme de masse,
contact direct avec les populations locales,
respect des traditions et des populations locales,
découvertes.
Les touristes nationaux semblent accorder beaucoup plus d’importance à la dimension environnementale du tourisme alternatif. Les caractéristiques du tableau 4 rappellent la première définition donnée par Hector Ceballos-Lascuráin (1993), qui décrit le tourisme alternatif comme un voyage dont l’objectif premier est de visiter les aires naturelles sans perturber l’environnement local.
En définitive, les données exposées dans cette section nous amènent à conclure que les touristes nationaux ayant participé aux circuits touristiques à Djanet et à Taghit ont une connaissance générale du tourisme alternatif. La sous-section suivante permet d’évaluer la connaissance du tourisme alternatif dans les zones désertiques.
Spécificités
En vue d’évaluer la perception du tourisme alternatif dans les zones désertiques, nous avons demandé aux 54 participants ce que représente cette activité dans un contexte désertique. Le tableau 5 illustre les principales caractéristiques qui sont ressorties.
Selon les touristes nationaux, les principales caractéristiques du tourisme alternatif dans le désert sont, par ordre d’importance :
faire des découvertes,
se reposer,
s’enrichir culturellement,
vivre le mode de vie des populations locales.
Afin de mieux comprendre comment les touristes nationaux perçoivent le tourisme alternatif dans le désert, il importe de présenter certaines de leurs réponses :
Le tourisme alternatif dans le désert est un type de voyage qui permet la découverte de la nature et des populations locales. Les bivouacs nous permettent de mieux comprendre le mode de vie local. (Répondant 14, touriste, Djanet, 2016)
C’est un tourisme de qualité qui est destiné aux touristes qui cherchent la qualité et la valeur. C’est un tourisme traditionnel, on n’a pas besoin d’hôtel, on n’a pas besoin de superflu, juste la simplicité, la musique, la nature et voilà. C’est apprendre comment les gens vivaient traditionnellement dans le désert, pendant les caravanes. On apprend à allumer un feu, à faire à manger et voilà. C’est un tourisme qui refuse la modernité, on évite d’utiliser des quads, on cherche l’essentiel. C’est une connexion avec la nature et le meilleur endroit pour être connecté avec la nature c’est dans le désert. Mais quand il y a beaucoup de monde, il n’y a pas la possibilité de créer des contacts réels. Nous on fait le tourisme alternatif, mais naturellement, c’est notre mode de vie. (Répondant 9, touriste, Taghit, 2017)
C’est un tourisme où il est question de découvrir le mode de vie des Touaregs, on apprend comment ils mangent, dorment, leurs loisirs, leurs traditions. C’est l’occasion de nous rencontrer parce qu’on a un mode de vie différent de ceux des populations locales. (Répondant 28, touriste, Djanet, 2017)
Le tourisme alternatif permet de protéger les sites sensibles comme le parc du Tassili N’ajjer, il permet d’adopter des pratiques de voyage qui limitent la pollution par les déchets et permet de valoriser et préserver les cultures locales. (Répondant 28, touriste, Djanet, 2017)
Les citations ci-dessus permettent de constater que les touristes nationaux ont une idée relativement précise de ce que signifie le tourisme alternatif dans le désert. Nous remarquons ainsi que ce dernier symbolise, pour ces acteurs, un environnement qui favorise la déconnexion avec le quotidien. Ce fait a été relevé dans d’autres travaux tels que ceux de Jean-Paul Minvielle et Nicolas Minvielle (2010) qui estiment que les touristes vont dans le désert pour rechercher le vide, le silence et l’authenticité. Pascale Marcotte, Laurent Bourdeau et Bruno Sarrasin (2017 : 8) écrivent par ailleurs que « l’authenticité apparaît comme un moyen de valoriser et de préserver les richesses locales ». Dans cette logique, le désert représente une antithèse de l’environnement qu’ils connaissent habituellement.
En somme, selon les touristes nationaux, le tourisme alternatif dans sa généralité vise à adopter des pratiques pour favoriser la protection de l’environnement et de la faune. Il se distingue du tourisme de masse par le fait qu’il encourage le contact direct avec les populations locales, incite à la découverte et respecte les traditions et les populations locales. Dans un contexte désertique, les touristes nationaux le considèrent comme une activité qui a pour objectif principal la découverte, le repos et le partage des cultures ; plus spécifiquement, il leur permet de vivre le mode de vie des populations locales.
En somme, les données présentées nous permettent de confirmer que les touristes nationaux ont une perception des aspects environnementaux, sociaux et économiques du tourisme alternatif en général et dans les régions désertiques (hypothèse 1).
Principales contributions des touristes nationaux
Cette sous-section a pour objectif de confirmer ou d’infirmer notre deuxième hypothèse qui supposait que les touristes nationaux contribuent au tourisme alternatif dans les communautés de Djanet et de Taghit en stimulant la demande de produits et services touristiques, en encourageant l’entrepreneuriat local et en favorisant la protection de l’environnement.
Offre de produits et services axés sur la demande des touristes
L’offre de produits touristiques peut se traduire par les diverses activités disponibles pour les touristes dans la région. Ainsi, nous avons demandé aux populations locales d’indiquer les principales activités de tourisme alternatif dans leur région. Les 213 réponses obtenues ont été classées en quatre grandes catégories, à savoir « les activités culturelles et sociales », « les activités de plein air », « les activités sportives » et « les activités artisanales ».
Les « activités culturelles et sociales » rassemblent principalement les fêtes folkloriques (S’bou, Sbeiba) et la rencontre avec les nomades. Ensuite, les « activités de plein air » concernent la visite des gravures rupestres, des ksour et des oasis, les randonnées pédestres et à dos de dromadaire ; et les « activités sportives » consistent à skier sur le sable et à escalader des falaises. Finalement, les « activités artisanales » comprennent la poterie, l’artisanat, la confection de pâtisseries, la tapisserie et l’agriculture.
Précisons que sur les 213 fois qu’une activité a été citée par les populations locales,
la catégorie des activités culturelles et sociales a été nommée à hauteur de 20 %,
la catégorie des activités de plein air à hauteur de 67 %,
la catégorie des activités artisanales à hauteur de 12 %,
la catégorie des activités sportives à hauteur de 1 %.
Les résultats obtenus démontrent que ce sont « les activités de plein air » (67 %) qui ont été les plus mentionnées. Sachant qu’elles comprennent les excursions dans les ksour, les dunes et les oasis, ainsi que dans les lieux où se trouvent les gravures rupestres, nous pouvons conclure que ces activités sont majoritairement offertes pour répondre à la demande des touristes.
Ces résultats vont de pair avec les travaux de Jean-Paul Minvielle et Nicolas Minvielle (2010) qui ont formulé l’hypothèse d’une distinction entre tourisme au Sahara et tourisme saharien. En prenant pour exemple le cas de la Tunisie, ces auteurs ont montré que le tourisme au Sahara consiste à utiliser des produits standardisés dans les régions balnéaires et à les transposer au Sahara, comme la construction de grands hôtels climatisés avec piscine, golf et activités récréatives. Parallèlement, se développent des produits non standardisés et plutôt localisés et spécifiques à l’environnement du Sahara, comme les excursions, les randonnées pédestres ou à dos de dromadaire. Ces formes alternatives de tourisme sont souvent offertes par des petits voyagistes, à petite échelle, et ne peuvent être généralisées en raison de la sensibilité de l’environnement et de la disponibilité des ressources (ibid.).
Par conséquent, il semble que l’offre de produits touristiques dans les régions de Djanet et de Taghit relève plutôt du tourisme saharien. L’offre des activités touristiques est directement associée aux spécificités de la région et dépend de la demande des touristes. Le tableau 6 illustre les principales activités offertes dans les localités à l’étude ici.
Les données collectées et les observations faites sur le terrain nous permettent de confirmer que certains produits semblent être spécifiques au contexte du Sahara et ne peuvent donc pas être transposés dans d’autres régions (balnéaires, forêts, parcs, montagnes).
À l’inverse, les produits proposés ne semblent pas constituer des produits standardisés offerts dans les autres régions d’Algérie. En effet, les activités culturelles (fêtes folkloriques et rencontres avec les nomades) sont spécifiques aux communautés étudiées. Elles ont comme finalité de présenter la culture targuie et dépendent des atouts culturels de la région.
Des activités sportives sont offertes, notamment le ski sur sable et l’escalade. Le manque de matériel pour la pratique de ces activités contraint les populations locales à louer le matériel nécessaire auprès des agences touristiques. De plus, ces activités ne semblent pas être spécifiques à Djanet et à Taghit, car on les retrouve dans le Sahara marocain ou le Sahara tunisien, par exemple (Bouaouinate, 2009 ; Boukherouk, 2012 ; Hammami, 2014).
Les activités de plein air dépendent également des spécificités de la région. Par exemple, à Djanet, elles consistent à visiter le parc du Tassili N’Ajjer, classé patrimoine mondial de l’UNESCO (2015). À Taghit, elles comprennent notamment la visite de la palmeraie qui renferme un vieux ksar (château) millénaire.
Les activités artisanales permettent aussi de connaître les spécificités de la culture locale, comme certaines poteries utilisées pour fabriquer le pain ou des tapis aux couleurs uniques de Taghit. Les activités sociales et culturelles offertes pour leur part encouragent la découverte du patrimoine culturel et naturel de la région. C’est pour cette raison que la ressource touristique ne peut être « délocalisée ».
L’offre de produits touristiques se traduit aussi par des services tels que l’alimentation et l’hébergement. L’offre de repas traditionnels comme le couscous et le tajine fait partie des services offerts par les populations locales pour satisfaire la demande des touristes et leur donner l’occasion de découvrir les spécialités culinaires de la région.
Les modes d’hébergement offerts sont également typiques au désert, puisqu’ils consistent à faire l’expérience du bivouac et de l’hébergement en maison d’hôte. Le bivouac donne aux touristes l’occasion d’expérimenter le mode de vie caravanier, tandis que les maisons d’hôte, principalement disponibles à Taghit, sont d’anciens châteaux qui ont été rénovés, décorés et aménagés pour faire découvrir aux touristes le mode de vie des populations locales.
Ainsi, le tourisme alternatif, en mettant l’accent sur les localités, encourage les économies de petite échelle à orienter le développement de l’activité touristique en fonction des intérêts communs. Le lien avec l’économie sociale semble solide dans la mesure où c’est un processus qui résulte d’un engagement communautaire ascendant afin de développer des produits et des services touristiques spécifiques (Jeantet, 2006). Aussi, l’activité touristique constitue une source de développement économique du fait de sa transversalité. Elle accroît les besoins en hébergement, alimentation, déplacement, main-d’œuvre, par exemple. Les touristes sont importants pour les populations locales, car « s’il n’y a pas de touristes, on ne travaille pas » (répondant 12, population locale, Taghit, 2017). Les populations locales répondent aux besoins des touristes dans la mesure du possible afin de leur offrir une expérience de voyage authentique.
Afin d’avoir un meilleur aperçu des retombées du tourisme alternatif sur les communautés locales, nous avons demandé à ces dernières à quels besoins cette activité permettait de répondre. Un total de 65 réponses a été obtenu, résumées au tableau 7.
En fonction des résultats obtenus, il semble que le tourisme alternatif réponde majoritairement aux besoins personnels (32,31 %) des populations locales en ce qui concerne l’alimentation et la scolarisation des enfants. Ensuite, il contribue à la création d’emplois (23,08 %), ce que nous aborderons dans la section suivante.
En somme, les activités du tourisme alternatif génératrices de revenus permettent aux populations locales de profiter de ces revenus pour combler certains besoins. Cependant, cette activité peut être considérée de petite taille dans la mesure où les populations offrent seulement les produits qui seront consommés par les touristes.
Entrepreneuriat local
Le tourisme alternatif à Djanet et à Taghit permet de trouver aussi bien des solutions ponctuelles que durables aux problèmes économiques. Il favorise également la solidarité dans la mesure où les individus (populations locales et touristes nationaux) s’allient dans un but économique, par exemple pour maintenir les emplois. Bref, l’offre d’activités touristiques et de services découlant de la demande des touristes a pour résultat la création d’emplois qui relèvent de l’entrepreneuriat local à Djanet et à Taghit.
Les emplois créés dépendent de la connaissance des régions, de la culture et des traditions locales et ne nécessitent aucune qualification spécifique ; en revanche, ils exigent de l’habileté et de bonnes aptitudes en relations interpersonnelles (Dehoorne, 2002).
Nous avons demandé aux populations locales si elles travaillaient dans le domaine du tourisme alternatif et, si oui, d’indiquer le type d’emploi elles occupaient. Parmi les 40 personnes interviewées, 39 ont répondu travailler dans le domaine du tourisme. La seule, une femme, qui ne travaillait pas dans ce domaine résidait à Taghit et pratiquait l’élevage et l’agriculture. La deuxième partie de la question avait pour objectif de préciser le type d’emploi occupé. Nous avons regroupé les 97 réponses obtenues sous quatre grandes catégories, à savoir :
emplois relatifs aux activités touristiques : animateur, musicien, danseur de folklore, chamelier et artisan ;
emplois relatifs à la logistique touristique : chauffeur, organisateur de circuits touristiques, guide et accompagnateur, gardien de parc et employé d’entretien et de maintenance ;
emplois associés à l’alimentation : serveur, employé de salon de thé et aide-cuisinier ;
emplois liés à l’hébergement dans une maison d’hôte ou chez l’habitant.
Le tableau 8 détaille les divers emplois occupés dans les deux communautés de l’étude.
Les données du tableau 8 font voir que l’emploi de guide touristique semble être le plus répandu, alors que les emplois liés à l’hébergement sont les moins répandus (logement chez l’habitant). Cela s’explique principalement par le fait que les circuits dans le désert sont des bivouacs.
Ainsi, les emplois disponibles dans les villes de Djanet et de Taghit sont intrinsèquement associés au domaine touristique. Ces résultats vont de pair avec les travaux de Dorothée Boccanfuso et Caroline Ménard (2009) qui concluent aussi que le tourisme alternatif a tendance à créer des emplois de production. Le revenu provenant de ces emplois est directement lié à l’environnement local et souvent mis en place par les populations qui en possèdent une connaissance approfondie. Les emplois de production dépendent des caractéristiques des localités, raison pour laquelle les communautés locales en sont souvent les principaux bénéficiaires (ibid.).
De ce fait, les données recueillies chez les populations locales nous permettent d’énumérer les emplois créés par chaque activité touristique (voir tableau 9).
Le tableau 9 montre qu’il y a un emploi spécifique pour chaque activité. Le produit touristique saharien est basé en grande partie sur l’observation des paysages et la découverte des sites historiques, culturels, ainsi que la découverte des traditions locales. On remarque également que les activités offertes sont spécifiques aux régions.
Nous retenons que la création d’emplois dans le secteur du tourisme alternatif à Djanet et à Taghit s’inscrit dans une économie informelle. Il est estimé que dans les pays du tiers-monde, 40 à 50 % de la population active serait impliquée dans des activités relevant de ce secteur (Sharpley et Telfer, 2005). Les moyens et les techniques de production du secteur formel sont à forte intensité capitaliste, tandis que dans le secteur informel, les moyens de production appartiennent à une petite classe et sont exploités par des travailleurs au profit de celle-ci (ibid.).
Dans cette section nous avons présenté les diverses activités qu’offre le tourisme alternatif à Djanet et à Taghit qui s’intègrent dans le tissu économique de ces localités et qui relèvent de l’entrepreneuriat local. Ainsi, l’offre de biens et de services touristiques est axée sur la demande des touristes et permet de créer des emplois locaux. L’économie de ces deux villes se construit principalement grâce aux ressources et aux activités disponibles sur le territoire afin de satisfaire les besoins locaux. Cela se traduit par une production diversifiée de biens et de services qui relèvent en particulier de l’agriculture, de l’artisanat local, de l’industrie rurale, du gîte chez l’habitant, des bivouacs (Dehoorne, 2013). Ces activités sont autogérées par les communautés, ce qui permet de consolider les liens de confiance. Il s’agit d’introduire la dimension sociale dans l’acte de production en vue de satisfaire les besoins locaux (ibid.).
Protection du patrimoine naturel
Le désert du Sahara est un environnement dont les conditions climatiques sont fortement variables et imprévisibles et où les ressources sont rares et limitées. Les ressources en pâturages sont effectivement dispersées sur le territoire et dépendent de la pluviométrie (Demangeot et Bernus, 2001). Ces caractéristiques font que la pratique touristique doit être soucieuse de l’environnement.
Les sites touristiques à Djanet et à Taghit sont fragiles. Ils comptent des territoires entiers considérés comme de véritables réservoirs d’espèces naturelles animales ou végétales d’intérêt particulier. Cet atout peut représenter un attrait touristique important, mais nécessite également d’être protégé en raison de la fragilité de l’environnement (Minvielle et al., 2008). Cette spécificité environnementale des zones désertiques amène les touristes à préserver l’environnement, entre autres en limitant le recours aux véhicules motorisés et en évitant le gaspillage de l’eau (voir tableau 10).
Plus particulièrement, la conception des circuits, peu importe leur durée, a une influence directe sur les zones désertiques, notamment au niveau de la consommation des ressources ou des moyens de transport. Les randonnées à pied ou à dos de dromadaire font partie des modes de déplacement possibles à Djanet et à Taghit et respectent l’environnement. Ainsi, la limitation des déplacements quotidiens, la vitesse réduite des véhicules ou l’utilisation d’autres modes de transport éco-responsables peuvent aider à réduire localement la pollution de l’air, à préserver la qualité de vie de la localité considérée et à rendre le séjour des touristes plus agréable.
Les touristes nationaux qui ont participé aux divers circuits touristiques dans les régions de Djanet et de Taghit contribuent à la protection du patrimoine naturel par leurs pratiques touristiques. Nous avons demandé aux touristes dans une série de questions fermées s’ils pratiquaient les activités listées dans le tableau 10.
Attardons-nous sur quelques-unes des pratiques afin de contextualiser les résultats obtenus. Tout d’abord, on remarque que 92,59 % des touristes ont affirmé avoir « limité le gaspillage de l’eau » pendant les circuits touristiques. Il est intéressant d’approfondir la compréhension de cette pratique, car l’eau est une denrée importante et souvent source de conflits entre les résidents et les touristes (Holden, 2008).
Nos observations sur le terrain révèlent que la consommation d’eau dans les circuits touristiques de nos deux régions d’étude est réglementée. Que ce soit à Djanet ou à Taghit, les touristes ont un accès limité à l’eau ; afin de limiter le gaspillage, les guides touristiques n’amènent qu’un grand jerrican d’eau dans le désert pour les besoins personnels et pour la consommation.
En ce qui concerne la pratique « consommer des produits locaux », notons que 94 % des participants ont répondu « oui » à cette question. La consommation locale à Djanet et à Taghit n’offre pas beaucoup de choix aux acteurs, ces villes étant éloignées des grands centres urbains. Taghit est située à plus de 1200 kilomètres du centre urbain le plus proche et Djanet, à plus de 2700 kilomètres. Cet éloignement ainsi que le manque d’infrastructures et de moyens ont amené les populations locales à développer une agriculture de subsistance dans ces régions qui sert principalement à combler les besoins essentiels en alimentation (PNUE, 2010).
Finalement, nous remarquons que 37 % des touristes nationaux ont affirmé avoir recours aux moyens de transport motorisés comme les 4 X 4. Cela s’explique par la durée des bivouacs (environ sept jours) et par le fait que pour plusieurs touristes il s’agissait de leur premier circuit touristique. Ainsi, par mesure de sécurité et pour transporter tout le matériel (nourriture, tentes, effets personnels, bois, etc.), les véhicules motorisés étaient utiles.
Gestion des déchets
Par ailleurs, les touristes nationaux contribuent également à la protection de l’environnement en participant aux diverses activités liées à la gestion des déchets. L’une des particularités environnementales du tourisme alternatif est la mise en place par les populations locales d’un système de gestion local pour protéger l’environnement (Ceballos-Lascuráin, 1996). Nous avons ainsi observé que les populations de nos deux villes ont un système de gestion des déchets assez particulier qui mérite d’être exposé. Après chaque circuit touristique, les déchets sont acheminés à la décharge la plus proche en utilisant des moyens de transport non motorisés comme les dromadaires et les ânes. Dans les circuits qui sont situés loin des décharges publiques, les populations locales accompagnées des touristes utilisent des 4 X 4. Ensuite, la gestion et le traitement des déchets se font principalement par les populations locales et les touristes volontaires.
Plusieurs méthodes sont utilisées pour traiter les déchets, dont le recyclage et la récupération. Certains ustensiles (comme les assiettes et les ustensiles en fer, les verres à thé) sont récupérés pour d’autres circuits. De plus, les populations locales doivent s’assurer que la nourriture n’est pas gaspillée. C’est pour cette raison que les restes sont donnés aux animaux à la fin de chaque repas. La figure 1 résume le processus de gestion des déchets lors des circuits touristiques à Djanet et à Taghit.
La figure 1 démontre que les touristes participent à la gestion des déchets, ce qui est confirmé par les populations locales, à preuve la citation suivante :
En bivouac, on ramasse tous les déchets, chaque touriste dans le groupe a sa responsabilité. Moi, par exemple, je désigne une personne qui ramasse tout ce qui est en plastique, l’autre donne les restants de nourriture aux animaux, etc. Tout le plastique et les objets en fer sont réutilisés par les artisans pour en faire des instruments de musique, ce qui intéresse beaucoup les touristes. (Participant 9, population locale, Taghit, 2017)
En somme, la nature des sites touristiques, leur fragilité et la géophysique du désert justifient l’importance de la protection de l’environnement. Cette sous-section nous a permis de confirmer que l’offre de produits et de services touristiques était axée sur les touristes. En outre, les données présentées ont aidé à comprendre comment les touristes nationaux contribuent à l’entrepreneuriat local et à la protection de l’environnement par l’entremise de leurs pratiques touristiques (hypothèse 2).
Conclusion
Le tourisme alternatif des nationaux à Djanet et à Taghit, une forme d’économie sociale ?
À la lumière de notre analyse, nous pouvons affirmer que le tourisme alternatif des nationaux à Djanet et à Taghit représente une économie de petite échelle, dont l’offre des services touristiques par les populations locales ne semble pas avoir une grande valeur monétaire, mais contribue tout de même à l’amélioration des conditions de vie des communautés locales. Les spécificités du tourisme des nationaux des deux villes s’apparentent à l’économie sociale. Celle-ci s’intéresse plutôt à corriger les défaillances du marché en coordonnant les efforts des divers acteurs pour répondre aux besoins économiques (Daghri et Zaoual, 2011). Les organisations d’économie sociale ont permis de combler les vides laissés par le marché et l’État, ce qui a facilité la mise en place d’initiatives locales pour ordonner l’économie (comme à Djanet et à Taghit).
Ces initiatives se composent de trois grands éléments, soit l’entrepreneuriat collectif qu’on peut considérer comme étant local, la vie associative marquée par la démocratie, la mobilisation des populations, des membres et des projets de valeur ; elles tendent à répondre aux besoins des populations et non à la rentabilité financière (ibid.). Le tourisme alternatif pourrait représenter une forme d’économie sociale, puisque, par ses pratiques, il a pour finalité le bien-être collectif : protection de l’environnement, développement économique, lutte contre la pauvreté, cohésion et autonomisation des populations locales. Dans ce sens, Peter Johnson (2010) estime que cette activité (tourisme alternatif) vise à améliorer les économies rurales en encourageant le développement local.
Le tourisme alternatif des nationaux à Djanet et à Taghit, en générant des avantages économiques, sociaux et culturels, représente une forme d’économie sociale, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord le tourisme alternatif des nationaux survient pour combler les besoins socioéconomiques des populations locales que ni l’État ni le marché ne peuvent pleinement assurer. Ensuite, cette activité permet de trouver des solutions ponctuelles et durables aux problèmes économiques. Elle favorise également la solidarité dans la mesure où les individus s’allient dans un but économique, par exemple assurer collectivement l’emploi. Finalement, l’économie sociale trouve son essence au sein des efforts menés par les communautés locales afin de placer l’être humain au cœur du système de production et de distribution (association d’individus) (Jeantet, 2006).
Ainsi, le tourisme alternatif à Djanet et Taghit répond à cette condition (l’association d’individus) dans la mesure où les activités économiques sont difficilement perceptibles en raison de l’importance de la dimension sociale. Dans le même sens, l’économie sociale est fondée sur la collaboration et la cohésion sociale entre les divers acteurs. L’offre d’activités et de services touristiques alternatifs par les populations locales de ces régions démontre qu’elles ont la possibilité d’intervenir dans l’économie sans être restreintes (ibid.). En somme, le tourisme alternatif des nationaux comme forme d’économie sociale revendique une double dimension (sociale et économique) qui encourage les acteurs de cette économie à jouer un rôle croissant dans leurs communautés respectives.
Parties annexes
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