Téoros
Revue de recherche en tourisme
Volume 39, numéro 3, 2020 Le tourisme avant et après la COVID-19 Sous la direction de Pascale Marcotte, Isabelle Falardeau, Romain Roult et Dominic Lapointe
Sommaire (22 articles)
Le tourisme avant et après la COVID-19
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Tourisme et Covid-19 : arrêts sur image et réflexions
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Orienter l’aventure
Rodolphe Christin
RésuméFR :
Être à l’écoute du langage du moment indique que les projections post-(dé)confinement gravitent autour de deux termes, ceux de « reprise » et de « relance ». Ces deux termes recouvrent l’idée d’une continuité, retissée contre la rupture et la pause imposées par la crise pandémique considérée comme une parenthèse. Pourtant, nombre de discours d’intellectuels ou de militants soulignent l’importance de profiter de cette rupture pour redéfinir le modèle de développement occidental, ce qui suppose de revoir la place du tourisme dans ce modèle. Le tourisme, particulièrement mis à mal par la pandémie, peut sous certains angles être considéré comme un laboratoire de l’anthropocène ; dans un tel contexte, penser de manière sectorielle ne suffit plus pour envisager un changement qui devra imaginer les voies d’une révolution culturelle fondatrice d’un nouveau projet de civilisation. Sur cette voie, nous proposons de faire du territoire, dans un contexte de « mondialité », une matrice des réflexions à venir.
EN :
Listening to the language of the moment indicates that post-(de)confinement projections revolve around two terms, “recovery” and “relaunch.” These two terms cover the idea of continuity, woven against the break and pause imposed by the pandemic crisis, seen as an interlude. However, many intellectuals and activists have stressed the importance of taking advantage of this break to redefine the Western development model, which implies reviewing the place of tourism in that model. Tourism, which has been particularly badly affected by the pandemic, can in some ways be seen as a laboratory of the anthropocene; in this context, thinking in a sectoral manner is no longer sufficient to envisage a change that will have to imagine the paths of a cultural revolution that will form the basis of a new project for civilisation. On this path, we propose to make the territory, in a context of “globality,” a matrix for future reflection.
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Quel tourisme pour les confins de nature dans un monde en crise ? Perspectives depuis la Patagonie chilienne
Fabien Bourlon
RésuméFR :
Avec la crise du coronavirus, les destinations lointaines de nature comme la Patagonie chilienne sont inquiètes d’un effondrement du tourisme. Les communautés locales, apeurées par les risques liés à l’accueil de visiteurs, se replient et se protègent. Les entrepreneurs espèrent un rapide retour à la « normalité » d’une zone relativement épargnée par la COVID-19, mais craignent la fin du boom touristique, car prendre l’avion restera anxiogène dans un contexte de pandémie. Ces destinations devraient recentrer leur offre afin de capter une clientèle de proximité, mais cela semble un défi peu rentable pour les zones isolées. Alors que les entrepreneurs affinent leur plan marketing et les services d’État leurs protocoles d’accueil sécurisés, les animateurs de projets touristiques écologiques, axés sur la conservation, le tourisme rural et les migrations d’agrément, font valoir leurs atouts. L’actuelle crise pourrait mettre fin au tourisme de masse, à l’hypermobilité vers des hauts lieux et aux projets basés sur la rentabilité. La crise socioenvironnementale globale est l’occasion de repenser les rapports à la nature et de renforcer les systèmes touristiques locaux, pensés comme des lieux de vie, basés sur des économies rurales respectueuses de l’environnement, les échanges culturels, scientifiques et traditionnels, attirants autant pour les clientèles nationales qu’étrangères.
EN :
With the coronavirus crisis, remote nature destinations like Chilean Patagonia are worried of a possible collapse of tourism. Local communities, frightened by the risks of welcoming visitors, are withdrawing and protecting themselves. Entrepreneurs hope for a rapid return to “normality” in an area relatively untouched by COVID-19 but they fear the end of the tourism boom, as flying will remain an anxiety-provoking issue in a post-pandemic situation. These destinations have to refocus their offer in order to capture a national clientele, but this seems an unprofitable challenge for isolated areas. While entrepreneurs are refining their marketing plans and government services are establishing their secure reception protocols, leaders of ecological and conservation tourism projects along with rural tourism and leisure migration stakeholders are highlighting their assets. The current crisis could put an end to mass tourism, hypermobilities, projects based on high profitability and overtourism in iconic places. In that sense, the present global socioenvironmental crisis is an opportunity to rethink our relationship with nature and seek ways to strengthen local tourism systems, conceived as places to live and based on environmentally friendly rural economies, cultural, scientific, and traditional exchanges, attractive both to national and foreign visitors.
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Le tourisme après la catastrophe de la COVID-19 : se mobiliser pour la relance ou opérer le changement de cap vital ?
Alain Girard et Bernard Schéou
RésuméFR :
Alors que nous avons la certitude désormais que continuer le programme civilisationnel de la croissance n’est plus possible, pourquoi nous est-il en même temps impossible de ne pas le poursuivre ? La théorie de l’accélération nous aide à le comprendre. Si seule une catastrophe peut conduire à l’arrêt du « camion fou » de la croissance illimitée, alors la catastrophe de la COVID-19 pourrait être le « miracle » qui, en générant la possibilité de ce qui était impossible, ouvrirait une voie vers une « réinvention de la société » et un « changement de paradigme sociétal ». En prenant la mesure de tout ce qui, dans cet épisode de la COVID-19, pourrait, au contraire, renforcer le programme visant à nous rendre le monde entièrement « disponible », nous examinons en quoi ce moment particulier peut prendre valeur d’avertissement par rapport à une catastrophe écologique prévisible, appliquant ensuite la réflexion au domaine du tourisme. Enfin, il s’agit d’esquisser les changements institutionnels, les « gestes-barrières », mais aussi les « gestes-passerelles » qui permettraient une transformation du tourisme afin qu’il devienne vraiment compatible avec la durabilité.
EN :
Whereas we do know with certainty that continuing the civilizational program of growth is no longer possible, why is it impossible at the same time not to keep on with it? The acceleration theory helps us understand this gridlock. If only a catastrophe can manage to stop the “careering juggernaut” of unlimited growth, then the COVID-19 disaster could be the “miracle” which, by rendering possible what was unthinkable, would open a way toward a reinvention of society, toward a societal paradigm shift. By taking the measure of everything in this episode of COVID-19 that, on the contrary, would help to strengthen the program of making the world fully “available,” we examine how this particular time can serve as a warning to a foreseeable ecological disaster, and then apply it to the tourism sector. Finally, we outline the institutional changes, the “barrier gestures,” but also the “bridge gestures” which would allow a transformation of tourism in order to make it truly compatible with sustainability.
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Tourisme post COVID-19, conditions de travail et précarité dans le secteur touristique : une réflexion sur un aspect négligé de la responsabilité sociale
Caroline Demeyère
RésuméFR :
Cet article soutient que le « tourisme post-COVID-19 » doit placer la question des conditions et de la précarité du travail au cœur de son modèle de durabilité. La crise présente des opportunités pour transformer le travail dans le secteur touristique, mais la nécessité d’une reprise économique rapide risque de faire passer cet enjeu au second plan. La propension des organisations touristiques à sélectionner les aspects de développement durable et de leur responsabilité sociale les plus valorisables auprès du·de la consommateur·rice est confirmée en contexte de crise. Les actions vis-à-vis des parties prenantes internes, les travailleur·euse·s et leurs organisations, apparaissent négligées puisqu’elles impliquent une transformation profonde de leur modèle économique et seraient moins facilement valorisables auprès du·de la consommateur·rice. Nous identifions et discutons de quatre grands leviers mobilisables pour améliorer les conditions de travail du secteur touristique et lutter contre le travail précaire : le développement des contraintes légales et le durcissement normatif de la responsabilité sociale, la valorisation des bonnes pratiques de gestion des ressources humaines auprès du·de la consommateur·rice, le soutien à l’action directe des travailleur·euse·s concerné·e·s et à leurs organisations, et la mobilisation des secteurs de l’enseignement et de la recherche en tourisme.
EN :
This article argues that “post-COVID-19 tourism” must place the issue of labour conditions and precarious work at the heart of its sustainability model. The crisis presents opportunities to transform work in the tourism sector, but the need for a rapid economic recovery risks putting this issue on the back burner. The propensity of tourism organizations to select the aspects of sustainable development and their social responsibility that are most valuable to the consumer is confirmed in the context of a crisis. Actions toward internal stakeholders, workers, and their organizations appear to be neglected as they involve a profound transformation of their business model and would be less easily valued to the consumer. We identify and discuss four key levers that can be mobilized to improve working conditions in the sector and combat precarious work: development of legal constraints and the normative tightening of social responsibility, promotion of good human resource management practices with the consumer, support for the direct action of the workers concerned and their organization, and mobilization of the tourism education and research sector.
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Eaux troubles : Les navires de croisière au temps de la COVID-19
Alexandra Arellano et Parvin Shoosh Nasab
RésuméFR :
Les navires de croisière géants évoquent des rêves d’opulence, de luxe et de divertissement mêlés à une promesse de découverte culturelle. Malgré leur popularité montante et réussite économique constante, les critiques parfois virulentes accusent l’industrie des croisières de contribuer au surtourisme, de polluer, de sous-payer des travailleurs ou de poursuivre leurs activités dans des territoires juridiques nébuleux. Naviguant avec succès à travers la pression mondiale vers la durabilité, même des épisodes importants d’épidémies de rotavirus, norovirus ou E. coli n’ont pas réussi à faire flancher ses activités. La production de navires toujours plus monumentaux, intégrant des technologies ultramodernes, innovations robotiques et numériques, illustre la folie de grandeur dans laquelle est plongé ce modèle économique. Alors que rien ne semble ébranler ce secteur touristique, l’entrée en jeu de la COVID-19 est vraisemblablement en train de changer la donne. Depuis la fermeture des ports, l’arrêt complet des activités croisiéristes partout dans le monde, et pendant que les opérateurs s’opposent farouchement aux règles de distanciation physique à bord, le démantèlement et la vente accélérée de navires par plusieurs compagnies annoncent la descente aux enfers. En temps de COVID-19, l’imaginaire romantique des navires de croisière se transforme en bombe flottante à retardement et incubateur viral au service de la pandémie. Microcosme de la mondialisation et représentant par excellence des mobilités inégales du tourisme mondial, plus de 60 000 membres d’équipages sont toujours naufragés à la dérive après trois mois de pandémie, coincés dans les filets de la crise. La croisière ne s’amuse plus ; le nouveau virus l’a placée sous les projecteurs et on entame son procès.
EN :
Giant cruise liners conjure dreams of opulence, luxury, and entertainment mingled with a promise of culture discovery. Despite their recent growth in popularity and economic success, critics accuse the cruise industry of contributing significantly to overtourism, pollution, labour inequalities, and operating via opaque legal ownership structures. Successfully navigating global pressure for sustainability, even major outbreaks of rotavirus, norovirus, or E. coli have failed to turn the industry’s activities around. The production of ever more immense ships, incorporating ultra-modern technologies, robotic and digital innovations, illustrates the delusion of grandeur on the part of this economic model. While previously nothing seemed to shake this tourism sector, COVID-19 is likely to be a game-changer. Following the worldwide closure of ports, cruise activities have effectively ceased. In addition to cruise operators currently opposing proposed new rules of physical distancing on board, the dismantling and the accelerated decommissioning of cruise ships by several companies is evidence of an industry on the verge of collapse. In the time of COVID-19, the romantic notion of cruise ships has turned into one of floating viral incubators fueling the pandemic. As a microcosm of globalization and representative par excellence of unequal tourism mobilities, more than 60,000 crew members were still adrift after three months of the pandemic, trapped in the political jaws of the crisis. This novel virus has placed the industry under a critical spotlight—The Love Boat is no longer having fun.
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Le tourisme littoral post-COVID-19 : renouveau des pratiques touristiques ?
Lola Martin et Maeva Ricci
RésuméFR :
La crise sanitaire actuelle menace l’une des plus importantes activités économiques et sociales : le tourisme. Cette pandémie est l’occasion de repenser les façons de pratiquer le tourisme, dont les fondements étaient déjà remis en question par la vulnérabilité environnementale et des conflits de nature diverse. Il semble indispensable dans le contexte actuel d’adapter le tourisme vers plus de résilience. Dans la perspective du tourisme post-pandémie, il s’agira de s’intéresser ici au cas du tourisme littoral. Comment appréhender la transformation souhaitée par les différents acteurs du littoral touristique et de quelle manière envisager les pratiques au sein de cet espace à l’heure de la distanciation sociale ? Alors que différentes initiatives par des acteurs du tourisme ont fait leur apparition pour aller vers un changement de paradigme, des mesures ont également été prises dans l’objectif de redresser l’économie touristique selon l’idéologie dominante de l’avant COVID-19. L’analyse se déroulera en trois temps : d’abord, un examen de la situation du tourisme littoral avant l’arrivée de la crise sanitaire, puis une analyse des discours relatifs au tourisme littoral post-pandémie, enfin un aperçu d’une réalité sociologique du tourisme pré-COVID-19 qui semble revenir au galop.
EN :
The current health crisis threatens one of the most important economic and social activities : tourism. This pandemic is an opportunity to rethink the ways in which tourism is practised, the foundations of which were already challenged by environmental vulnerability and conflicts of a diverse nature. It seems essential in the current context to adapt tourism to more resilience. From the point of view of post-pandemic tourism, the focus here will be on the case of coastal tourism. How to understand the transformation desired by the various actors of the tourist coastline and how to consider the practices within that space at the time of social distancing? While various initiatives by tourism actors have emerged to move toward a paradigm shift, measures have also been taken with the aim of righting the tourism economy according to the dominant ideology before the COVID-19 pandemic. The analysis will take place in three stages. First, an examination of the situation of coastal tourism before the emergence of the health crisis, then an analysis of the discourses relating to post-pandemic coastal tourism, and finally an overview of a sociological reality of pre-COVID-19 tourism that seems to come roaring back.
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Nature, récréotourisme et COVID-19 : échange épistolaire et réflexion à quatre mains
Isabelle Falardeau et Christine Hersberger
RésuméFR :
Les mesures sanitaires et de distanciation au temps de la COVID-19 ont créé l’opportunité d’une réflexion à quatre mains sous forme d’échange épistolaire au sujet de la nature et du récréotourisme. Les parcs nationaux, parcs urbains et autres types d’espaces de « nature ordinaire » sont utilisés pour illustrer la complexité et certains paradoxes de la crise touristique. La situation de crise met notamment en lumière le rapport à la nature et les pratiques associées affectés de manière différenciée, d’ailleurs déjà vécus de manière inégale en temps « normal ». Une certaine dématérialisation des pratiques de nature et de plein-air est également constatée, représentant une solution alternative à la mobilité enfreinte. Alors que le tourisme « chez soi » sera le premier déconfiné et parce que les espaces naturels facilitent la distanciation physique, leur rôle et les opportunités associées sont au premier plan pendant la crise et dans la reprise des activités récréotouristiques post-COVID.
EN :
Sanitary measures and physical distancing at the time of COVID-19 have created an opportunity for a reflection and a letter exchange between the authors about nature and recreotourism. National parks, urban parks, and other types of « ordinary nature » spaces serve as examples of the crisis’ complexity and paradoxes. The crisis situation shines light on the unequal ways in which the relation to nature and associated practices are affected, inequalities that also exist in « normal » times. Dematerialization of nature-based and outdoors activities appear as an alternative solution to infringed mobility. As stay-at-home tourism will likely be unconfined first, and because nature spaces facilitate social distancing, they hold a leading role during and after the COVID-19 crisis.
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Utopies d’un tourisme en renouvellement. À propos des adaptations en cours dans les destinations touristiques confrontées à la crise sanitaire prolongée de la COVID-19 en France
Emmanuel Briant, Marc Bechet, Charly Machemehl et André Suchet
RésuméFR :
La crise sanitaire de la COVID-19 et la longue période de confinement vécue par plus de la moitié de la planète ont directement touché le secteur du tourisme en France et à l’étranger. L’après coronavirus et cette période transitoire en cours peuvent donner lieu à un repli sur soi, un questionnement sur son identité, son territoire et ses croyances, ou constituer une période de renouveau marquée par la créativité et l’innovation. Si le tourisme de masse fondé sur les interactions sociales et spatiales est bousculé, il peut se reconstruire avec plus d’humilité et de justice sociale. Cet article, basé sur une exploration qualitative, témoigne des adaptations en cours dans les destinations touristiques confrontées à cette crise sanitaire prolongée de la COVID-19 en France. Il s’agit d’expliquer la façon dont se réorganise le secteur des pratiques touristiques et récréatives. Le texte défend l’hypothèse d’un changement des stratégies de développement touristique et interroge le rapport entre utopie et réalité dans un secteur à renouveler face aux contraintes sociales, environnementales et humaines de l’industrie du tourisme de masse.
EN :
Renewing utopias of tourism. On the ongoing adaptation processes in tourist destinations confronted with the prolonged COVID-19 health crisis in France. The COVID-19 health crisis and the long period of confinement experienced by more than half of the planet directly affected the tourism sector in France and abroad. The post-coronavirus, and this ongoing transitional period, can give rise to isolation, questioning one’s identity, territory, and beliefs, or constitute a period of renewal marked by creativity and innovation. If mass tourism based on social and spatial interactions is affected, it can be rebuilt with more humility and social justice. This article, based on a qualitative exploration, shows the adaptations underway in tourist destinations facing this prolonged COVID-19 health crisis in France. It is about explaining how the tourism and recreational sector is reorganizing. The text defends the hypothesis of a change in tourism development strategies and questions the relationship between utopia and reality in a sector in need of renewal following the social, environmental and human constraints of the mass tourism industry.
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Le tourisme marocain de l’après-COVID-19 : simple relance de l’activité ou refonte profonde du modèle touristique ?
Mohamed Berriane
RésuméFR :
Le tourisme étant l’unique produit de consommation pour lequel le client/consommateur doit se déplacer pour consommer sur le lieu de production, l’interruption brutale des circulations nationales et internationales due à la crise de la COVID-19 s’est traduite par un arrêt brutal de l’activité, alors que le manque à gagner en termes de balance des paiements, d’emplois et contribution à l’économie en général est très important, surtout pour des pays comme le Maroc où l’activité a un poids considérable dans l’économie et la société. L’article privilégie pour le cas du Maroc l’hypothèse que la crise n’a pas seulement mis le tourisme à l’arrêt depuis le 20 mars, mais qu’elle a aussi révélé ses faiblesses structurelles. Il propose de ce fait une réflexion à long terme pour une révision globale du modèle touristique marocain. Pour cela il rappelle les différentes crises qui ont frappé régulièrement ce tourisme, avant de s’arrêter sur ses principaux points faibles, que la crise a révélés et accentués, pour ensuite entrevoir quelques pistes pour revisiter ce modèle touristique. Dans cette révision, la demande domestique devrait être placée au centre du dispositif au lieu d’être toujours considérée comme un simple palliatif.
EN :
Since tourism is the only consumer product for which the customer/consumer has to travel to consume at the very place of production, the sudden interruption of national and international circulation due to the COVID-19 crisis resulted in a brutal halt of tourism activity. The shortfall in terms of balance of payments, jobs, and contribution to the economy in general is very important, especially for countries like Morocco where the activity has a considerable impact on the economy and society. The article argues that, in the case of Morocco, the crisis has not only put a stop to tourism since March 20, it has also revealed its structural weaknesses. It therefore offers a long-term reflection for a comprehensive review of the Moroccan tourism model. To do that, the article recalls the different crises that have regularly struck Morocco’s tourism industry, before turning to the main weaknesses that the crisis has revealed and emphasized. It then suggests some ways to revisit this tourism model, arguing that the domestic demand should be placed at the centre of the model instead of always being considered a simple palliative.
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Même modèle, même clientèle ? Les espoirs d’une crise
Charles Zinser, Pascale Marcotte et Laurent Bourdeau
RésuméFR :
La pandémie COVID-19 met en exergue les contradictions du tourisme, comme pratique sociale et comme industrie. Son modèle d’affaires, soutenu notamment par une logique de surproduction et d’externalisation des coûts, est appelé à revoir ses critères de performance et de réussite. La crise amène également à se concentrer sur les marchés de proximité, et à reconsidérer les perceptions associées au tourisme local et aux touristes nationaux. Longtemps tenue pour acquise et considérée comme peu rentable, la clientèle locale devient soudainement la planche de salut. La relation entre les résidents et les touristes, la perception du « chez-soi » et de « l’autre », sont également soumises à de nouveaux enjeux.
EN :
The COVID-19 pandemic emphasizes the contradictions of tourism, both as a social practice and as an industry. Its business model, supported among other things by a logic of overproduction and cost outsourcing, is called upon to review its performance and success criteria. The crisis also leads to reconsider local markets. Perceptions associated with local tourism and domestic tourists are changing. Long taken for granted and considered unprofitable, local tourists suddenly become the saving grace. The relationship between residents and tourists, the perceptions of “being/staying at home” and of “the other” are subject to new challenges.
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La planète Airbnb au risque de la COVID-19 : l’exemple des hôtes bordelais contraints par l’arrêt des locations touristiques. Entre adaptation(s) et incertitude(s)
Victor Piganiol
RésuméFR :
Le contexte touristique mondial actuel, provoqué par l’irruption de la COVID-19, est profondément bouleversé. Le déplacement des touristes dans les différentes destinations mondiales a été stoppé, et c’est toute l’industrie touristique qui est à l’arrêt, notamment le secteur de l’hébergement, qu’il soit marchand ou non marchand. Les hôtels sont fermés jusqu’à nouvel ordre et les logements chez l’habitant ne peuvent recevoir de touristes. Dans cette situation inédite, il est intéressant de s’arrêter sur le cas d’Airbnb, plateforme de location de biens meublés touristiques la plus importante au monde. Les enjeux soulevés par cet immobilisme touristique planétaire ne sont pas sans effet sur la multinationale américaine, ni sur les hôtes sur lesquels elle s’est appuyée pour fonder son modèle économique et son fonctionnement. Que ce soit au niveau de l’entreprise ou au niveau des loueurs, différentes stratégies ont été mises en place afin de s’adapter le mieux possible aux conséquences du non-déploiement de l’activité d’hébergement des touristes. Dans cet article, nous analysons les parades déployées tant à l’échelle mondiale que celle de l’hébergeur pour surmonter les effets d’une telle crise sanitaire sur les pratiques touristiques d’hébergements, et le degré de réactivité desdits acteurs, chacun à leur niveau. Concernant les effets de la crise sur les loueurs et leurs stratégies à l’échelle locale, des entretiens à distance et pendant le confinement ont été menés auprès d’une vingtaine d’hôtes à Bordeaux, en France. La ville concentre effectivement un nombre très important d’offres de locations Airbnb dans un pays considéré comme le deuxième marché mondial pour l’entreprise, après les États-Unis.
EN :
The current global tourism environment caused by the outbreak of COVID-19 is deeply disrupted. The movement of tourists to different world destinations has been stopped, and the entire tourism industry has come to a standstill, in particular the accommodation sector, both commercial and non-commercial. Hotels are closed until further notice, and private accommodations are prohibited from receiving tourists. In this unprecedented situation, it is interesting to focus on the case of Airbnb, the most important platform used by tourists to rent furnished properties in the world. The stakes raised by this global tourist stagnation are not without effect on the American multinational, nor on hosts, on whom Airbnb relied to found its economic model and mode of operation. Whether at the corporate or rental level, various strategies have been put in place to best adapt to the consequences of the non-deployment of tourist accommodations. In this article, we analyze the countermeasures deployed either on a global scale or that of the hosts to overcome the effects of such a health crisis on tourist practices, and the degree of reactivity of said actors, each at their own level. Regarding the effects of the crisis on rental companies and their strategies at the local level, remote interviews, during confinement, were conducted with approximately twenty hosts in Bordeaux, France. The city does indeed concentrate a very large number of Airbnb rental offers, in a country considered to be the second largest market in the world for that company after the United States.
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Offre d’expérience agrotouristique, COVID-19 et capacité de résilience : le cas de l’industrie du cidre au Québec
L. Martin Cloutier et Laurent Renard
RésuméFR :
Alors que la saison agrotouristique 2020 était en préparation, les acteurs de l’industrie du cidre au Québec découvrent abruptement les risques d’affaires associés à l’agrotourisme. La crise sanitaire provoquée par la COVID-19, en mars 2020, crée une situation inédite pour les cidriculteurs et cidricultrices , ce qui les contraint à faire preuve de résilience individuelle, donc à déterminer et à exécuter des actions opérationnelles dont la portée devient collective dans la redéfinition de l’offre d’expérience agrotouristique. Avec la nouvelle donne sanitaire, les modèles d’affaires agrotouristiques cèdent le pas à une forme de modèle hybride où l’offre d’expérience agrotouristique est recentrée autour d’enjeux comportant des échanges communicationnels soutenus par les médias sociaux, entre les cidreries et les visiteurs, notamment l’achat local. L’émergence de boutiques en ligne transactionnelles offre désormais aux visiteurs la possibilité d’acheter les produits de la cidrerie tout au long de l’année. Le modèle agrotouristique qui se profile montre que, dans un avenir prévisible, les visites à la cidrerie pourraient survenir à l’occasion d’événements ponctuels.
EN :
While the 2020 agritourism season was being prepared, the actors of the cider industry in Quebec were abruptly discovering the business risks associated with agritourism activities. The health crisis provoked by the COVID-19 pandemic in March 2020 breeds a new situation for cider producers, forcing them to show individual resilience, and therefore to identify and execute operational actions whose scope becomes collective in redefining the overall agritourism experience offer. With the new health situation, agritourism business models are giving way to a hybrid one where the customer experience offer is refocused around issues involving communication exchanges supported by social media, between cideries and visitors, such as local food purchasing and consumption, in particular. The rapid emergence of transactional online stores now offers visitors the possibility of buying products throughout the year. The emerging agritourism model indicates that for the foreseeable future, visits to cideries could take place on the occasion of one-off events.
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On vous aime beaucoup, mais repassez une autre fois : tourisme autochtone, hospitalité et confinement au temps de la COVID-19
Luc Renaud
RésuméFR :
Face à la pandémie de COVID-19, les États du monde entier ont fermé leurs frontières nationales et limité la mobilité régionale et nationale, imposant de ce fait un arrêt temporaire draconien du tourisme. Cet article s’intéresse au déconfinement touristique qui s’amorce et aux enjeux d’hospitalité qui en découlent, dans le contexte de l’autoconfinement communautaire des Autochtones. Historiquement affectées par les pandémies et encore fragilisées par leur marginalisation, plusieurs communautés autochtones ont choisi pour se protéger d’établir un confinement communautaire par des mécanismes de contrôle territorial empêchant l’entrée dans leur milieu de vie de tout visiteur. Devant le déconfinement imposé, plusieurs autorités autochtones ont choisi d’intensifier les restrictions d’accès à leur territoire, obligeant une réflexion sur la gestion territoriale en temps de pandémie et pour les années à venir. L’exemple de la zone d’accès réglementé (ZAR) en Guyane française est proposé comme une piste de réflexion : elle permet de mettre en place des outils de gouvernance territoriale par et pour les communautés autochtones, telle la création de bulles touristiques contrôlées dans le territoire et éloignées des milieux de vie. Ces réflexions invitent conséquemment à se pencher sur les questions plus larges de l’émancipation, de l’autodétermination et de la décolonisation des peuples autochtones.
EN :
In response to the COVID-19 pandemic, states around the world closed their national borders and limited domestic travel, temporarily halting tourism. This article looks at the ongoing deconfinement of tourism and the resulting issues of hospitality in the context of Aboriginal communities’ self-confinement. Historically marginalized and further weakened by pandemics, many Aboriginal communities have chosen to protect themselves by establishing community confinement through territorial control mechanisms that prevent visitors from entering their living environment. Faced with state-imposed deconfinement, several indigenous leaders have chosen to intensify restrictions on access to their territory, forcing a reflection on territorial management in times of pandemic and for the years to come. The example of the Regulated Access Zone (ZAR) in French Guyana offers an opportunity for reflection: it allows the implementation of territorial governance tools by and for indigenous communities, for example by establishing controlled tourist bubbles in the territory and far from living environments. These reflections consequently invite further reflections on the broader issues of indigenous emancipation, self-determination, and decolonization.
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Le tourisme communautaire à l’épreuve de la COVID-19 dans la péninsule du Yucatán (Mexique)
Samuel Jouault, Manuel Xool Koh et Alejandro Montañez Giustinianovic
RésuméFR :
Le secteur du tourisme communautaire, promu par le gouvernement mexicain depuis vingt ans, est très populaire dans la péninsule du Yucatán. Mais début mars, la crise sanitaire liée à la COVID-19 a stoppé net l’activité touristique. Avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement, nous avons effectué une évaluation de l’impact de la pandémie et des besoins de l’Alliance péninsulaire pour le tourisme communautaire (APTC) en raison de la COVID-19 en avril 2020. Toutes les réservations ont été annulées, résultant en une perte estimée à 14 millions de pesos en 2020. Les coopératives, grâce à leur solidarité, ont dans la plupart des cas réussi à garder leurs employés ou ont trouvé des moyens solidaires pour faire face à la crise, par le troc, le travail temporaire, la pêche et l’agriculture .
EN :
The community-based tourism sector, promoted by the Mexican government for the past twenty years, is very popular in the Yucatán Peninsula. But at the beginning of March, the health crisis linked to COVID-19 brought tourism activity to a halt. With the support of the United Nations Development Programme, we carried out an assessment of the impact of the pandemic and the needs of the Peninsular Alliance for Community Tourism (APTC) arising from the COVID-19 in April 2020. All reservations were cancelled, resulting in an estimated loss of 14 million pesos in 2020. Cooperatives, thanks to their solidarity, have in most cases kept their employees, or have found solidarity-based ways to cope with the crisis through barter, temporary work, fishing, and agriculture.
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« Diète touristique » : pour un déconfinement solidaire et des pratiques touristiques durables, en Méditerranée comme au Québec
Marco Romagnoli et Catherine Charron
RésuméFR :
Si les flux touristiques étaient devenus incontrôlables dans certaines parties du monde, la COVID-19 oblige désormais à redéfinir nos manières de voyager. Dans cet article, nous proposons de réfléchir au tourisme post-COVID en nous inspirant d’initiatives solidaires mises en place en temps de crise, lesquelles, selon nous, sont porteuses d’avenir pour le domaine touristique. Le tourisme régional au Québec et le tourisme gastronomique en Italie : voilà deux thèmes inspirants pour insuffler des valeurs de solidarité sociale et de durabilité dans les pratiques touristiques. Une véritable « diète touristique » est ainsi proposée.
EN :
While tourist flows had become uncontrollable in some parts of the world, COVID-19 forces us to redefine the way we travel. In this article, we propose to reflect on post-COVID tourism by drawing inspiration from solidarity initiatives implemented in times of crisis, which, in our opinion, are promising for the tourism sector. Regional tourism in Québec and gastronomic tourism in Italy: these are two inspiring themes to instill values of social solidarity and sustainability in tourism practices. A real “touristic diet” (diète touristique) is thus proposed.
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Résilience et tourisme : d’une crise conjoncturelle à une mutation structurelle ? : l’exemple occitan
François Masclanis
RésuméFR :
La pandémie de COVID-19 a provoqué une crise économique, sociale et financière inédite à travers le monde, pour tous les secteurs d’activité. Mais le tourisme est l’une des industries les plus touchées à tous les niveaux. L’analyse générale des répercussions de cette crise à travers l’exemple occitan remet en question la nécessité de passer d’une adaptation conjoncturelle à une mutation structurelle de l’industrie touristique mondiale, alliant résilience stratégique et dynamique.
EN :
The COVID-19 pandemic has caused an unprecedented economic, social and financial crisis across the world for all activity sectors. But tourism is one of the most impacted industries at all levels. The overall analysis of the impact of this crisis through the Occitan example raises the issue of the need to move from a cyclical adaptation to a structural change in the global tourism industry, combining strategic and dynamic resilience.
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La recherche en tourisme et les mesures de performance touristique post-COVID
Hugo Johnston-Laberge
RésuméFR :
Les organismes de gestion de la destination, tel l’Office du tourisme de Québec, sont habituellement responsables de la recherche auprès des clientèles touristiques et de la mesure de performance de l’industrie touristique sur leur territoire. La crise actuelle de la COVID-19 chamboulera la plupart des projets en cours et ceux prévus pour les prochaines années. Les projets de recherche futurs devront être adaptés aux nouveaux besoins d’informations et aux habitudes et préférences des clientèles touristiques post-coronavirus. Pour ce qui touche aux mesures de performance, plusieurs facteurs modifieront les techniques et les méthodes de collecte, de compilation des résultats, ainsi que de diffusion des indicateurs de performance habituellement produits. Cet article présente les impacts qu’aura la crise actuelle sur les projets de recherche en tourisme et sur les mesures de performance d’une destination.
EN :
Destination management organizations (DMOs), such as Québec City Tourism, are usually responsible for all tourism-related research and for measuring the performance of that specific economic sector on their territory. The current COVID-19 crisis will disrupt most of the ongoing projects as well as those planned for the next few years. Future research projects will have to be adapted to the new requirements of information and to the habits and preferences of post-coronavirus potential tourists. As for performance measures, several factors will change the methods used to collect and create current performance indicators. This paper presents the impacts that the COVID crisis will have on tourism research projects and on performance measures for Québec City Tourism.
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France, première destination mondiale : une course aux chiffres ou une fuite en avant…
Christel Venzal
RésuméFR :
En ces temps de confinement et de fermeture des frontières en raison de la crise sanitaire mondiale du coronavirus, nous avons souhaité observer le cas du tourisme en France. Depuis de nombreuses années, nous enseignons et étudions la politique touristique de la France et ses évolutions. Et cette conviction nationale d’être la première destination mondiale nous a toujours stupéfaite. Nous pouvons lire, comme tout le monde, les chiffres des entrées de touristes internationaux attestant de cette première place mondiale mais, dans les faits, la situation ne nous paraît pas si simple. Depuis de nombreuses années, voire des décennies, le tourisme en France est mal reconnu et mal apprécié. Son observation n’est pas suffisamment performante et les échelles d’analyse varient beaucoup selon les intérêts des uns et des autres. Notre approche propose d’interroger, dans un premier temps, les décisions et les annonces politiques, élaborées à la suite de la crise au niveau du tourisme. Dans un deuxième temps, nous proposons d’analyser des concepts de mise en réseau de sites patrimoniaux comme possible orientation de l’après-COVID.
EN :
In these times of confinement and closing of borders following the global health crisis of the coronavirus, we wanted to observe the case of tourism in France. We have been teaching and studying, for many years, France’s tourism policy and its developments. And we have always been taken aback by this national conviction of being the first destination in the world. We can read, like everyone else, the international tourist arrivals figures attesting this first place in the world, but actually, the situation is not so simple. For many years or even decades, tourism in France has been poorly recognized and under-appreciated. Its observation is not efficient enough and the scales of its analysis greatly differ depending on people’s interests. Our approach proposes to question, first, the political decisions and announcements, developed following the crisis in terms of tourism. Secondly, we propose to analyze the concepts of networking heritage sites as a possible orientation of the post-COVID period.
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Montrer les espaces désertés aux Français : mondialité et proximité
Charles-Edouard Houllier-Guibert
RésuméFR :
Les images produites par les journalistes pour exprimer le confinement donnent la priorité aux rues, aux places et aux espaces de circulation sur lesquels on ne voit plus les flux habituels, ceux dont tout le monde se plaint pour leur abondance, notamment lors d’activités touristiques dominantes. On a vu des plages vides, des rues vides, des places vides, des quais vides, des routes sans autos, des fleuves sans trafic… L’ensemble des images de villes vidées de toutes situations sociales concentrent principalement des espaces hyper-centraux que nous analysons pour déterminer les manières de produire de la mondialité, mais aussi la proximité des pratiques quotidiennes qui excluent toute référence au tourisme. Nous dissocions les emblèmes territoriaux du monde, qui sont en réalité hiérarchisés dans leur présentation, de ceux montrés dans les médias français à propos des principales villes françaises, qui récupèrent systématiquement le patrimoine prestigieux du passé.
EN :
The images generated by journalists to express the confinement give priority to streets, squares, and traffic areas where the usual flows are no longer seen, those whose abundance everyone complains about, especially during dominant tourist activities. We have seen empty beaches, empty streets, empty squares, empty docks, roads without cars, rivers without traffic… These images of cities emptied of all social situations mainly concentrate hyper-central spaces that we analyze to identify ways of producing globality, but also the proximity of daily practices that exclude all reference to tourism. We dissociate the emblems of each part of the world that are actually hierarchical in their presentation, from those shown in the French media regarding the main French cities that systematically recover the prestigious heritage of the past.
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Le tourisme obscur écologique d’une pandémie. Ce que pourrait être la mémoire de la COVID-19
Nathanaël Wadbled
RésuméFR :
Si la pandémie de COVID-19 devait rester dans la mémoire collective comme une catastrophe ayant ébranlé toute les sociétés et le monde entier, il est possible que se développe un tourisme obscur autour de la pandémie. À côté de ceux des guerres, des génocides, des dictatures ou des attentats, ce serait une nouvelle forme de tourisme obscur associé à un agent non humain. Pour que cette mémoire prenne la forme d’un tourisme et pour que ce tourisme puisse être considéré comme un tourisme obscur, certaines conditions devraient être réunies. Rien ne garantit que ce soit le cas. Il est possible d’évaluer dans quelle mesure cela pourrait s’avérer et d’imaginer ce que cela impliquerait le cas échant. Un tel tourisme signifierait que ceux qui en auront été les témoins deviendraient des sujets historiques assumant une vision et un héritage communs de cet événement comme étant un modèle soit d’héroïsme, soit de faillite collective. La pandémie continuerait alors à hanter la société et y demeurerait présente sous la forme de mémoriaux.
EN :
If the COVID-19 pandemic were to remain in collective memory as a catastrophe shaking all of society and the whole world, it is possible that a kind of dark tourism will be developed around the pandemic. Besides those of wars, genocides, dictatorships, or terrorist attacks, it would be a new form of dark tourism associated with a non-human agent. For this memory to take the form of tourism and for this tourism to be considered as dark tourism, certain conditions should be met. Although there is no guarantee that this will be the case, it is possible to assess to what extent this might be and to imagine what it would imply. Such tourism would mean that those who witnessed it would become historical subjects assuming a legacy and a common vision of this event as being a model either of heroism or of collective bankruptcy. The pandemic would then continue to haunt society and remain present in the form of memorials.
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Gestion, biopolitique et prospective : Quels regards pour la suite du monde ?