Résumés
Résumé
Face à l’accroissement de la concurrence sur le marché des destinations, de nombreuses villes ont vu dans les événements sportifs de possibles leviers du développement territorial. En cherchant à reproduire le succès financier qu’avait représenté l’organisation des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 pour la Californie, de nombreux territoires ont ainsi mis en place des stratégies d’accueil systématique d’événements sportifs. Ces stratégies reposant généralement sur la venue de ressources exogènes au territoire (à savoir, des événements sportifs ponctuels de portée internationale), les événements récurrents (perçus dans cette contribution comme des ressources endogènes), qui sont généralement organisés par et pour le territoire, se retrouvent délaissés par les autorités publiques et la recherche universitaire. Dans une perspective de gestion territoriale, la question de l’ancrage des ressources est centrale, mais n’a pour l’heure que peu été traitée en étant associée aux événements sportifs. C’est pourquoi cette contribution cherche à comprendre comment certains événements vont réussir à s’ancrer durablement sur un territoire et servir à terme le développement de ce dernier. À cette fin, nous avons réalisé une analyse quali-quantitative comparée de 24 événements sportifs en Suisse romande. Celle-ci nous a permis d’observer les différentes configurations que recouvre cette notion, ainsi que les éléments permettant à ces événements de trouver une position stratégique et ainsi de se démarquer d’autres manifestations plus ou moins similaires.
Mots-clés :
- événements sportifs,
- patrimoine,
- management territorial,
- stratégie d’accueil,
- événements
Corps de l’article
Au cours des dernières décennies, l’accroissement de la concurrence entre les destinations a poussé les territoires à chercher de nouveaux moyens pour se rendre visibles et attractifs auprès des touristes, des résidents et des entreprises (Hede, 2005 ; Mason et Duquette, 2008 ; Misener et Mason, 2008 ; Fourie et Santana-Gallego, 2011). Ainsi, les événements, qu’ils soient culturels, sportifs ou d’affaires, sont perçus comme de potentiels leviers du développement territorial. Perçus de la sorte, ils ne sont qu’un moyen au service d’une stratégie plus large qui vise à terme un développement durable et multidimensionnel du territoire (Arnaud, 2012). Si la finalité de ces stratégies reposant sur l’accueil d’événements est similaire (à savoir la volonté d’engendrer un développement multidimensionnel du territoire), la réflexion sur les moyens utilisés pour y parvenir varie selon que la stratégie repose sur des événements sportifs ou culturels.
Alors que les stratégies se focalisant sur les événements culturels se concentrent principalement sur des ressources endogènes au territoire (par exemple des événements récurrents développés par et pour le territoire), celles qui reposent sur des événements sportifs se sont davantage tournées vers des ressources exogènes au territoire, à savoir des événements sportifs majeurs de portée internationale pour lesquels il faut candidater. Ces événements – parmi lesquels on peut identifier les jeux olympiques (JO), la Coupe du monde de football ou les principaux championnats du monde et d’Europe – ont joué un rôle majeur dans ces stratégies. Croyant dans la capacité de ces événements à engendrer des retombées positives, que ce soit sur les plans financiers, sociaux ou de l’image pour la destination hôte, de nombreuses villes ont mis en place des stratégies d’accueil systématique d’événements sportifs. Néanmoins, ces stratégies qui reposent sur des événements ponctuels de portée internationale ont dû faire face ces dernières années à de nouveaux défis. En termes de ressources tout d’abord, les territoires ne disposent pas nécessairement des ressources financières, humaines, ni d’infrastructures suffisantes pour candidater et organiser des événements dont la taille ne cesse de croître. À ce titre, le cas de la ville de Lausanne, en Suisse, est intéressant. Alors que sa stratégie reposait principalement sur le fait d’attirer des événements ponctuels de portée internationale, la ville a dû, en raison de la concurrence sur le marché des événements sportifs et de ses ressources limitées (il s’agit d’une ville d’environ 400 000 habitants), se tourner vers des événements de moindre envergure (Pinson et Chappelet, 2014). En termes de retombées positives pour le territoire ensuite, les critiques quant à la capacité de ces événements à engendrer un développement durable du territoire se font de plus en plus vives (Taks, 2016).
La déconnexion entre ces événements exogènes au territoire et les populations locales a notamment été symbolisée ces dernières années par les mouvements sociaux en marge de la Coupe des Confédérations de football au Brésil en 2013 et par le rejet dans les urnes d’une candidature des Grisons pour les JO de 2022, ou de Hambourg pour les JO de 2024. Devant ces nouveaux défis pour les stratégies d’accueil d’événements sportifs, des auteurs ont, au cours des dernières années, cherché de nouvelles voies pour les territoires engagés dans ces stratégies. Cela c’est notamment matérialisé par l’émergence des notions « d’événement sportif patrimonial » (ESP) (Chappelet, 2014 ; Pinson, 2016b) et « d’attraction sportive patrimoniale » (Ramshaw, 2011). Si les recherches s’accordent à voir dans ce type d’événements un possible catalyseur du développement urbain, reposant sur l’identité locale et par là même développant un lien fort à la population du territoire, ces notions recouvrent encore des réalités parfois fort différentes. C’est pourquoi la présente recherche s’attelle à développer la notion d’ESP, notamment pour essayer de comprendre à partir de quel moment un événement sportif peut être perçu comme étant patrimonial. Si, comme le suggèrent Jean-Loup Chappelet (2014) ainsi que Inge Derom et Gregory Ramshaw (2016), les ESP peuvent avoir un effet positif pour leur territoire d’accueil, encore faut-il s’accorder sur ce que la notion recouvre.
À cette fin, nous reviendrons au fil d’une revue de la littérature sur les liens entre événements sportifs et patrimoine. Cela nous permettra de présenter le processus qui mène d’une ressource initiale (l’événement sportif) à une ressource territoriale (l’ESP). Les caractéristiques des ESP identifiées dans la littérature serviront de base à l’analyse quali-quantitative comparée (AQQC) que nous présenterons dans la partie méthodologique. Cette méthode d’analyse nous permettra de comparer systématiquement 24 événements sportifs sélectionnés dans la partie francophone de la Suisse pour leur potentialité patrimoniale aux yeux de la population locale. Les résultats mettront en lumière les traits caractéristiques nécessaires à la perception d’un événement sportif comme objet patrimonial. En conclusion, nous discuterons des enjeux de ce type d’événement pour les destinations engagées dans des stratégies d’accueil, de même que leur complémentarité avec les événements majeurs dans les stratégies des villes hôtes.
Approche compréhensive de l’événement sportif patrimonial
Le fait de percevoir le sport, et par extension les événements sportifs, comme objets patrimoniaux n’est pas une évidence en soi. Bien que le concept de patrimoine se soit élargi d’une conception avant tout matérielle et privée pour comprendre aujourd’hui des objets immatériels tels le théâtre Kabuki au Japon (inscrit à la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2008), le sport et les événements sportifs ne sont que rarement considérés en tant que patrimoine. Pour certains auteurs (Pfister, 2011 ; Ramshaw, 2011 ; Gammon et al., 2013 ; Hinch et Ramshaw, 2014), cette non-reconnaissance de la dimension patrimoniale du sport viendrait de la perception du sport comme reflétant un passé récent et une culture avant tout populaire. À l’inverse, le patrimoine mettrait en avant un passé plus ancien et une culture jugée plus « noble ». Néanmoins, cette situation a évolué au cours des dernières années à la fois auprès des décideurs territoriaux, qui voient le patrimoine sportif comme une potentielle attraction touristique, et auprès des chercheurs, qui étudient une alternative aux méga événements sportifs dans les stratégies territoriales.
Le nombre croissant des musées dédiés au patrimoine sportif – et leur succès comme attraction touristique – peut être vu comme une indication de la reconnaissance croissante du lien entre sport et patrimoine. À titre d’exemple, le Musée olympique de Lausanne est l’un des plus visités en Suisse (Pinson, 2016a), alors que Old Trafford (le stade de Manchester United et le musée qui l’accompagne), avec plus de 250 000 visiteurs par an, peut être comparé à certaines attractions phares en Angleterre, tel le Château de Douvres (Wood, 2006). Néanmoins, dans le prolongement de ces remarques et en ce qui concerne cette contribution, il est nécessaire de faire une distinction entre le patrimoine du sport et le sport comme patrimoine (Ramshaw et Gammon, 2005). Comme le mettent en avant les auteurs, le patrimoine du sport fait référence aux accomplissements passés et présents qui viendraient s’inscrire dans la « grande histoire » du sport. À ce titre, les stades ainsi que les artéfacts exposés dans les musées vont servir de lieux de mémoires (Nora, 1984) permettant le rattachement de certaines émotions à ceux-ci. Le sport comme patrimoine renvoie pour sa part à la capacité du sport, et par extension aux événements sportifs, à s’inscrire sur le territoire et dans l’identité locale. La France a, par exemple, fait inscrire l’équitation de tradition française sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2011 par l’Organisation de Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Bien que des études se soient intéressées au lien entre le sport et la construction identitaire (Houlihan, 1997 ; Fodimbi, 1999 ; Archambault et Artiaga, 2004), la majeure partie des recherches universitaires qui portent sur la dimension potentiellement patrimoniale des événements sportifs fait référence à une vision nostalgique du sport et de sa pratique. Cette tendance peut s’observer par exemple dans le cas d’événements où d’anciennes étoiles du sport sont invitées à se produire en public (Fairley et Gammon, 2005), l’influence des stades construits « à l’ancienne » sur l’expérience des spectateurs (Gammon et Fear, 2007) ou des événements rappelant la façon dont le sport était pratiqué à ses origines (Ramshaw, 2011). Pourtant, dans une perspective plus large, le patrimoine n’étant pas une ressource limitée (Howard, 2003), la question n’est pas de savoir si les événements sportifs peuvent être considérés comme patrimoniaux, mais comment se construisent les ESP. Cette approche constructiviste du patrimoine implique qu’il est nécessaire de considérer les stratégies développées par les acteurs entourant les événements sportifs pour distinguer leur manifestation d’autres événements plus ou moins similaires.
Bien que l’UNESCO ait adopté en 2003 la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui reconnaît les événements en son article 2 alinéa 2, seuls trois événements à caractère sportif ont été inscrits jusqu’à présent, avant tout en fonction de critères culturels : le festival de lutte à l’huile de Kirkpinar en Turquie, le Naadam en Mongolie et la course de bateaux dragons en Chine (Pinson, 2016b). En effet, quand on s’intéresse aux raisons qui justifient l’inscription de ces trois événements à la Liste du patrimoine immatériel, on se rend compte que les dimensions avancées sont avant tout liées à la culture locale (les habits traditionnels portés ou les différents types de célébrations qui se déroulent autour de l’événement). Cette non-reconnaissance de la dimension patrimoniale des événements sportifs, tout du moins hors de leurs caractéristiques culturelles, s’explique notamment par le manque de recherches sur le sujet. En effet, bien que certains concepts puissent être reliés à celui d’ESP par leur longévité, leur signification ou les traditions qu’ils véhiculent, tels les « Special Events », « Hallmark Events », « Signature Events », « Sport Heritage Attraction » ou « lieux de mémoire » (Nora, 1984 ; Ritchie, 1984 ; Hall, 1989 ; Sofield, 2003 ; Getz, 2008 ; Pfister, 2011 ; Ramshaw, 2011 ; Hinch et Ramshaw, 2014), lorsqu’elles abordent la question patrimoniale des événements, ces notions cherchent généralement à leur rattacher une matérialité patrimoniale ou à les relier à une vision idéalisée du sport et de son passé. Selon Walter Leimgruber (2010), cela peut s’expliquer en partie par une tendance à associer la notion de patrimoine à celles de folklore et de tradition. Dans le cadre des ESP, ce glissement sémantique a pour conséquence une considération accrue pour les événements issus de sports traditionnels. Pourtant, comme le démontrent Sébastien Fleuriel et Michel Raspaud (2011) dans le cadre de la course cycliste Paris-Roubaix, de nombreux événements contemporains ou issus de sports qui ne sont pas inscrits dans un folklore national ont également une dimension patrimoniale.
Ce n’est que récemment que Chappelet (2014) a proposé une première définition des événements sportifs compris comme ayant une essence patrimoniale. Pour lui, les ESP ont quatre caractéristiques prédominantes : la longévité, la récurrence, l’identification à un lieu particulier et une gouvernance locale de l’événement. Comme nous l’avons démontré récemment (Pinson, 2017), si ces caractéristiques semblent en effet indispensables pour percevoir un événement sportif comme patrimonial, elles ne sont pas forcément suffisantes. Il est ainsi nécessaire pour ces événements de trouver une position stratégique leur permettant de se distinguer d’autres événements plus ou moins similaires (Bessy, 2014). Ce processus de différenciation va chercher à accentuer la dimension « unique » de la manifestation, afin de se profiler sur le marché concurrentiel de l’événementiel sportif. En partant d’une ressource initiale (l’événement sportif) qui revêt une potentialité pour le territoire, le processus de différenciation permet d’en faire une ressource accomplie (qui résulte de l’action des acteurs) dont le territoire et les acteurs concernés vont pouvoir bénéficier (Gumuchian et Pecqueur, 2007). En partant des caractéristiques identifiées dans la littérature et de la perception des ESP en tant que ressources territoriales, nous avons proposé (Pinson, 2018) un cadre compréhensif (voir illustration 1) pour essayer de comprendre le processus qui mène d’un événement sportif à la perception d’un ESP par la population locale.
L’illustration 1 met en avant différentes caractéristiques des ESP. Les éléments constitutifs, en se renforçant mutuellement, vont aider à pérenniser l’événement sur le territoire, alors que la stratégie de différenciation va chercher à distinguer la manifestation d’autres événements plus ou moins similaires. Les quatre éléments constitutifs – la récurrence, le lieu, la gouvernance locale et la longévité – sont interconnectés et vont permettre de renforcer l’ancrage territorial de l’événement. À titre d’exemple, la longévité de l’événement va faciliter la création et le renforcement d’un réseau d’acteurs locaux autour de la manifestation, mais en retour ce réseau va permettre, notamment par les ressources qu’il peut mobiliser, d’assurer l’existence de l’événement dans la durée et de faire face à d’éventuelles crises. Néanmoins, si les éléments constitutifs paraissent nécessaires à la perception d’un événement sportif comme patrimonial, ils ne sont pas suffisants. Ainsi la Coupe de Noël, épreuve de natation organisée depuis 1934 à Genève par une association locale, n’est pas perçue comme patrimoniale par la population locale[1], bien que les quatre dimensions précitées soient respectées. Il est également nécessaire de considérer la stratégie de différenciation mise en place par les organisateurs de l’événement pour le rendre « unique » aux yeux du public. Si les éléments constitutifs s’inscrivent dans le prolongement des recherches de Chappelet (2014), les trois dimensions de la stratégie de différenciation font référence à la recherche de Stéphane Boisseaux, Peter Knoepfel, Melaine Laesslé et Laurent Tippenhauer (2012). Pour ces auteurs, le processus de différenciation, qui va résulter en la création de la ressource patrimoniale, s’opère à travers des ajustements entre trois éléments : le savoir-faire, les infrastructures et la compétence de réception. Dans la logique des ESP, le savoir-faire fait référence à la capacité d’organiser l’événement d’année en année, malgré de possibles contraintes. Pour les propriétaires de la manifestation, il s’agit de mettre en avant un savoir-faire unique qui, s’il venait à disparaître, entraînerait également la disparition de l’épreuve, du moins sous sa forme actuelle. Les infrastructures font référence à tous les éléments qui donnent une singularité à l’événement (stade, éléments naturels, logo, etc.) et dont la disparition pourrait mettre un terme à la manifestation, ou tout au moins en changer l’expérience pour les participants. Dans ce cas, il s’agit pour les organisateurs de montrer que la symbolique, liée aux éléments tangibles de leur événement, est unique et va offrir une expérience particulière aux participants (athlètes et spectateurs), comme Laurence Chalip, Christine Green et Lee Vander Velden (2000) l’ont démontré pour les jeux olympiques. Finalement, la troisième dimension renvoie au narratif particulier qui va entourer l’événement (anecdotes, surnoms, rattachement à un fait historique, etc.) et dont la mise en avant va permettre de lui conférer une valeur supérieure à d’autres manifestations plus ou moins similaires. Cela renvoie par ailleurs aux recherches sur les attractions sportives patrimoniales (Ramshaw, 2011 ; Hinch et Ramshaw, 2014) qui vont chercher à maintenir, voire à créer un lien à une vision idéalisée de leur passé ou des valeurs qu’elles véhiculent. L’événement étant par nature dynamique et appelé à évoluer pour exister et répondre aux attentes de son public, de même que la perception étant appelée à se transformer avec le temps, l’ESP doit continuellement chercher à renforcer son caractère unique vis-à-vis de ses « concurrents », à se repositionner si nécessaire. Le renforcement touche à la nécessité de continuellement communiquer autour de la stratégie de différenciation mise en place, qui va permettre de renforcer le caractère unique de l’événement vis-à-vis de ses concurrents et de maintenir sa perception d’authenticité auprès de la population cible. Si le renforcement est évidemment une part essentielle dans le maintien de la perception d’un événement comme patrimonial, il apparaît qu’il est parfois nécessaire de repositionner la stratégie de différenciation, notamment après une situation de crise. Le rallye-raid Paris-Dakar a par exemple été forcé de revoir toute sa communication lorsqu’il a dû déménager d’Afrique en Amérique du Sud pour des raisons de sécurité. Sans affirmer ici que ce rallye-raid est perçu comme patrimonial (il n’a pas été étudié dans cette recherche), cet exemple montre qu’un repositionnement peut parfois être nécessaire, mais qu’il va aussi remettre en cause la perception d’authenticité de l’événement. Il sera alors également nécessaire de renforcer le nouveau message véhiculé pour que celui-ci vienne influencer la perception de l’événement par le public cible. Au-delà de sa valeur heuristique, l’illustration 1 nous sert aussi de cadre pour l’observation des ESP, comme nous allons le voir dans la partie suivante.
Méthodologie
Pour observer les différentes configurations des ESP, nous avons choisi pour cette recherche l’analyse quali-quantitative comparée (AQQC). Celle-ci permet d’observer les différentes combinaisons de conditions qui mènent à l’occurrence du résultat dans un groupe de cas (il s’agit ici de la perception d’un événement sportif comme étant patrimonial). Cette approche combine certains avantages des techniques qualitatives (études de cas) et quantitatives (approche par les variables). De plus, l’AQQC est très appropriée pour les échantillons de taille moyenne comme dans cette recherche, avec 24 cas étudiés. Nous appuyant sur l’AQQC, nous cherchons à savoir si une condition est nécessaire (toujours présente, mais pas comme facteur unique), suffisante (toujours présente et facteur unique d’explication) ou non pertinente pour expliquer l’occurrence du résultat. Il s’avère donc nécessaire de créer un échantillon comprenant à la fois des cas où le résultat est présent et des cas où ce dernier est absent, pour être en mesure d’observer les différentes configurations de conditions. À ce titre, les contradictions, c’est-à-dire les configurations qui permettent d’observer la présence ou l’absence du résultat, sont un des éléments recherchés. Nous avons eu recours à deux programmes informatiques pour comparer systématiquement les cas entre eux, eu égard aux conditions et au résultat, c’est-à-dire Tosmana (Cronqvist, 2011) et fs/QCA 2.5 (Ragin et Davey, 2014). À cette fin, nous utilisons un « crisp-set QCA », où les sept conditions (présentées dans l’illustration 1) et le résultat sont codés selon la dichotomie suivante : « 1 » pour présent et « 0 » pour absent. Une fois des groupements de cas effectués, il est possible d’observer les interactions entre les conditions. C’est pourquoi le but de l’AQQC n’est pas de découvrir une relation causale, mais davantage d’observer les différentes configurations de conditions possibles pour un résultat donné. Cette dernière remarque s’avère particulièrement importante dans la perspective d’une recherche exploratoire qui traite d’un concept en émergence. En effet, notre démarche ne cherche pas à découvrir un lien de causalité qui permettrait d’expliquer la patrimonialisation d’un événement sportif, mais à observer les différentes configurations d’ESP de manière systématique.
Néanmoins, une des problématiques rencontrée dans l’étude des événements sportifs sous l’angle patrimonial est de les identifier comme tel. En effet, lorsqu’un label existe, telles les listes de l’UNESCO ou, dans une autre mesure, les appellations d’origine contrôlées, des objets ayant une dimension ou une valeur patrimoniale sont déjà identifiés. Comme nous l’avons vu, ce n’est généralement pas le cas pour les événements sportifs. Ainsi, dans un premier temps, il est nécessaire d’identifier des événements pouvant être reconnus en tant que patrimoine. Le cadre compréhensif présenté dans l’illustration 1 nous a servi de base de travail. Ainsi, en fonction des caractéristiques identifiées dans la littérature, nous avons constitué un inventaire d’événements sportifs à potentialité patrimoniale (compris comme recouvrant toutes les caractéristiques ou seulement une partie de celles-ci) pour six cantons suisses (Fribourg, Genève, Jura, Neuchâtel, Valais et Vaud), en collaboration avec les offices et les services des sports et du tourisme des cantons et des communes concernés. Afin d’observer si les caractéristiques identifiées sont décisives ou non pour percevoir un événement comme patrimonial, nous leur avons apporté de légères variations. Ainsi, pour être répertorié, un événement devait se dérouler dans le même lieu (stade, ville, lieu de départ ou d’arrivée, etc.) de façon régulière (généralement chaque année ou tous les deux ans) depuis au moins 25 ans, ce qui correspond à une génération[2] (Mesure et Savidan, 2006). Sur la base de ces caractéristiques et des informations apportées par les représentants des offices et des services concernés, nous avons constitué une liste de 134 événements sportifs[3].
Dans le but de connaître la perception de ces événements par la population locale (sélectionnée en fonction du lieu de résidence), nous avons envoyé un questionnaire en ligne à un échantillon de convenance (N=175) durant les mois de mai et juin 2015[4]. Le taux de réponses a été de 73 % (54 % d’hommes et 46 % de femmes). La question centrale du questionnaire ne cherchait pas à savoir si les répondants percevaient ces événements comme patrimoniaux, mais comme emblématiques de leur région. Cela s’explique notamment par la remarque de Leimgruber (2010) quant à l’association entre la notion de patrimoine et celles de folklore et de tradition. Il est en effet apparu durant la phase de test du questionnaire que la notion de patrimoine était difficile à saisir pour de nombreux répondants et qu’ils ne se sentaient pas forcément aptes à en juger. Bien que la notion d’« emblématique » ne recouvre pas exactement les mêmes significations, il est apparu durant les tests qu’elle était suffisamment large pour être acceptée par le plus grand nombre, tout en menant à une sélection parmi les événements en fonction de la signification qu’ils véhiculent à propos du territoire (ce que nous recherchions notamment à travers la notion de patrimoine). Nous avons en outre interrogé les répondants à propos de leurs activités sportives (fréquence et discipline) et leur participation à ces événements en tant que spectateur ou participant. Nous avons ajouté ces questions ainsi que celle concernant le lieu de résidence pour observer l’influence de la proximité (géographique et de pratique) sur la perception de l’événement. Comme le met en avant Charlène Arnaud (2012), la proximité joue effectivement un rôle significatif sur la façon dont un objet et perçu comme faisant partie de l’identité locale. Le tableau 1 présente les douze événements qui ressortent du questionnaire comme étant emblématiques de leur région, ainsi que douze événements non perçus en tant que tels et utilisés pour l’AQQC.
Nous observons à la lecture du tableau 1 que les événements qui ressortent ne sont pas homogènes. Nous retrouvons effectivement à la fois des événements issus de sports traditionnels (combats de vache) et des pratiques plus contemporaines (course à pied). L’âge des événements varie également, de 119 ans pour le plus ancien (Marché-concours de Saignelégier) à 34 ans pour le plus jeune (20 km de Lausanne). Finalement, notons que nous avons ajouté deux événements à la liste même s’ils ne correspondaient pas aux critères de sélections évoqués plus haut : le Red Bull Crashed Ice et le Laax Open. Nous avons fait ce choix afin d’introduire pour l’analyse des cas comprenant des variations de conditions (propriété privée de l’événement, non-récurrence ou création récente). Nous observons en outre que parmi les ESP, deux tiers (8) sont urbains, du moins pour leur point de départ et/ou d’arrivée, ce qui s’explique notamment par la transformation de la pratique sportive. En effet, quatre de ces événements (l’Escalade, les 20 km de Lausanne, Morat-Fribourg et Sierre-Zinal) sont des manifestations de course à pied. L’essor de ces épreuves depuis les années 1980 a favorisé une pratique sportive urbaine, alors que celle-ci avait auparavant tendance à sortir de la ville. Si l’environnement urbain a fait naître de nouvelles disciplines, telles que le parkour ou le street golf (Lebreton et al., 2010), la reconnaissance patrimoniale des épreuves de course à pied précitées montre à quel point ces événements ont su s’inscrire au fil du temps dans l’identité locale de ces centres urbains.
Principaux résultats
Dans l’illustration 1, sept conditions sont mises en avant : lieu, récurrence, longévité, gouvernance locale, savoir-faire, symbolique et narratif. Comme le démontrent Axel Marx et Adrian Dusa (2011) dans leur recherche, pour une AQQC comprenant 24 cas, afin d’éviter la probabilité de résultats aléatoires, il faut considérer un maximum de cinq conditions (sans compter le résultat). À cette fin, nous avons combiné les quatre conditions liées à la pérennisation de l’événement pour n’en former qu’une. Ainsi, pour être codé comme pérenne, un événement doit revenir chaque année ou aux deux ans dans un même lieu, depuis au moins 25 ans, et appartenir à une entité locale (association ou collectivité). Nous fondant sur ces dernières remarques ainsi que sur la théorie des ESP et l’AQQC, il nous est possible de formuler l’hypothèse suivante quant à la configuration des ESP :
PEREN(1) x (NAR[1] + SYMB[1] + SAV-F[1]) => ESP(1) [5] .
En termes d’AQQC[6], l’hypothèse ci-dessus signifie que pour être perçu comme un ESP (ESP[1]) par la population locale, un événement sportif doit être pérennisé dans le territoire (PEREN[1]) et se différencier d’autres événements plus ou moins similaires par un narratif particulier (NAR[1]), une symbolique unique (SYMB[1]) ou un savoir-faire spécifique (SAV-F[1]). Notre analyse va ainsi chercher à confirmer ou à infirmer cette hypothèse en observant les configurations des événements perçus et non perçus dans notre échantillon en fonction de ces quatre conditions. L’illustration 2 présente les résultats issus de l’analyse des cas. Il y a seize configurations théoriques combinant les quatre conditions binominales. Cinq configurations (zones blanches) ne sont pas couvertes par des observations empiriques (mais sont tout de même analysées). Quatre configurations (zones hachurées claires), qui combinent douze cas, mènent à la perception d’ESP. Finalement, les sept autres configurations (zones hachurées foncées), qui couvrent également douze cas, ne mènent pas à la perception d’ESP. L’illustration 2, qui est une visualisation de la table de vérité présentée à l’annexe I, met en lumière les différentes configurations des ESP.
L’illustration 2 permet d’observer qu’aucune condition suffisante, à savoir une condition qui suffirait à expliquer l’occurrence du résultat, n’émerge de l’analyse. Néanmoins, une condition nécessaire, qui indique que la condition doit être présente pour que le résultat le soit également, est observée dans le cas de l’occurrence du résultat (la perception de l’événement comme ESP) : la pérennisation. En effet, 60 % des événements qui sont perçus comme patrimoniaux sont récurrents dans le même lieu depuis au moins 25 ans et appartiennent à des entités locales. Sur la base de cette illustration, il est également possible de reformuler l’hypothèse de départ sous la forme d’une solution parcimonieuse :
PEREN(1) x (NAR[1] x SYMB[1] + SAV-F[1]) => ESP(1).
Analyse et interprétation des résultats
Comme on le voit, la solution parcimonieuse présentée ci-dessus met en avant deux voies possibles. La première voie – PEREN(1) x (NAR[1] x SYMB[1]) – s’inscrit dans le prolongement des recherches de Pierre Nora (1984) sur les lieux de mémoire et de Laurence Chalip, Christine Green et Lee Vander Velden (2000) sur l’attrait des jeux olympiques auprès du public. Selon cette perspective, l’événement doit être pérennisé sur le territoire, alors que le narratif va venir renforcer la signification particulière de l’événement auprès de la population et ainsi créer des liens forts d’identification (Pfister, 2011). Les symboles vont servir de représentations tangibles qui vont aider les individus à se connecter à cette signification particulière (dimension immatérielle) en se rattachant aux émotions et aux passions engendrées par l’événement. La seconde voie – PEREN(1) x SAV-F(1) – s’inscrit dans le prolongement de l’hypothèse initiale. Pour être perçu comme patrimonial, l’événement doit également être pérennisé sur le territoire, alors que la démonstration d’un savoir-faire particulier doit suffire à différencier l’événement. Ainsi, comme le suggère Chappelet (2015), la pérennisation d’un événement est nécessaire à l’identification d’un ESP, mais comme le met en avant Olivier Bessy (2014), l’événement doit aussi trouver une position stratégique lui permettant de se différencier d’autres événements plus ou moins similaires (dans ce cas grâce au savoir-faire). Une nuance est tout de même à apporter à la lecture des données du tableau 2.
Le narratif, s’il n’est pas présent dans la seconde « voie » mentionnée ci-dessus, apparaît néanmoins comme une dimension très importante du processus de patrimonialisation. La mesure du test de nécessité présentée au tableau 2 montre que la présence du narratif obtient un score de 0,92 (un score de 1 indiquant la présence d’une condition nécessaire) pour un taux de couverture de 0,79, ce qui sous-entend que cette condition peut être pratiquement considérée comme nécessaire. En effet, c’est uniquement le Festival international de ballons de Château-d’Oex qui n’a pas été codé avec la présence du narratif et qui vient ainsi marquer cette légère distinction entre les deux voies. Le fait que nous ayons opté dans cette recherche pour un « crisp-set QCA », où les données sont codées selon la dichotomie présence-absence de la condition, peut avoir une influence. En effet, cela nous a permis de gagner en clarté, mais fait perdre une certaine richesse qu’aurait pu apporter le codage sur des mesures intermédiaires.
La pérennisation de l’événement, ainsi que l’existence d’un narratif fort qui va venir raconter une « histoire » autour de la manifestation, en faisant plus qu’une simple compétition sportive, apparaissent comme deux éléments nécessaires pour qu’un événement soit perçu comme patrimonial. Pour autant, et toujours dans une perspective de différenciation de l’événement, il est également nécessaire que ce dernier ait des symboles qui paraissent uniques à la manifestation ou qu’il puisse faire preuve d’un savoir-faire particulier. Cela renvoie finalement au dilemme matériel-immatériel où la valeur patrimoniale de l’événement dépend de la signification qu’il véhicule (immatériel), mais nécessite une matérialité sur laquelle les individus peuvent se rattacher.
Conclusion
Fondé sur une recherche exploratoire, cet article présente la construction théorique du concept en émergence d’événement sportif patrimonial et observe ses configurations à travers une série de cas dans la zone francophone de la Suisse. Il s’agit d’une première étape importante dans une recherche plus large sur les ESP et la façon dont ils peuvent bénéficier aux stratégies de développement durable des territoires.
Le cadre compréhensif des ESP (illustration 1) propose d’observer le processus qui mène d’un événement sportif (perçu comme une ressource initiale) en un ESP (vu comme une ressource territoriale) à travers de deux dimensions : la pérennisation et la stratégie de différenciation. La pérennisation – observée par l’interaction entre la récurrence, le lieu, l’âge et la gouvernance locale – apparaît comme une condition nécessaire pour percevoir un événement comme patrimonial. En effet, tous les cas de l’échantillon perçus comme patrimoniaux par la population locale sont pérennisés dans leur territoire respectif. Néanmoins, si la pérennisation est indispensable, elle n’est pas suffisante pour pouvoir parler d’ESP. Il est en outre nécessaire que l’événement se distingue d’autres manifestations plus ou moins similaires. Comme le met en avant l’AQQC, il apparaît que le narratif joue un rôle prépondérant. Il est ainsi nécessaire de construire « l’histoire » qui va venir distinguer son événement de manifestations plus ou moins similaires, en lui donnant une signification particulière (dimension immatérielle de la perception patrimoniale de l’objet). Les cas ici à l’étude montrent tout de même qu’une dimension tangible est également importante pour que la population puisse s’y rattacher. Comme mentionné auparavant, cela renvoie finalement au dilemme matériel-immatériel où la valeur patrimoniale de l’événement dépend de la signification qu’il véhicule (immatériel), mais nécessite une matérialité à laquelle les individus peuvent se rattacher. Évidemment, l’AQQC comporte également une série de limites qu’il faut prendre en compte. Les configurations observées, et même la solution parcimonieuse, vont directement dépendre des cas sélectionnés. La prise en compte d’événements sportifs provenant d’autres contextes (notamment du monde anglo-saxon où le secteur privé est généralement prédominant dans l’organisation d’événements) peut, par exemple, avoir un effet sur les configurations observées. De même, le codage des événements, bien que systématisé et uniquement fait avec une connaissance approfondie des cas comme le préconisent Carsten Q. Schneider et Claudius Wagemann (2010), revêt une dimension subjective qui peut être contestée. Néanmoins, le but sous-jacent à cette approche n’étant pas d’expliquer, mais avant tout d’observer, sa valeur heuristique est évidemment centrale dans le développement d’un concept en émergence.
Si le but premier de cette contribution est de développer un concept en émergence, il apparaît que les ESP peuvent avoir un certain intérêt pour les territoires engagés dans des stratégies de développement par l’accueil d’événements sportifs. Actuellement, ces stratégies reposent principalement sur l’accueil de ressources exogènes au territoire (à savoir la venue de grands événements sportifs internationaux ponctuels), mais cette logique est dorénavant remise en question. Face au gigantisme de ces événements, de nombreux territoires ne peuvent plus prétendre à leur accueil faute de ressources (financières, humaines ou en termes d’infrastructures) suffisantes. De plus, ces événements sont remis en question par les populations locales et les décideurs politiques. À ce titre, les ESP offrent une piste de réflexion intéressante. Comme nous avons pu l’observer dans cette recherche, les ESP ne recouvrent pas qu’une réalité. En effet, que ce soit le meeting d’Athletissima à Lausanne (compétition internationale regroupant des sportifs d’élite), la Course de l’escalade à Genève (événement de course à pied qui recherche avant tout une participation de masse) ou les Finales nationales de la race d’Hérens (événement traditionnel de combat de vaches en Suisse), les événements observables à travers le concept d’ESP ont une taille, des publics cibles et une visibilité différents. En outre, selon la catégorisation tridimensionnelle du tourisme sportif de Heather Gibson (1998), les ESP peuvent être classifiés dans le tourisme événementiel (où le but est la visite d’un événement), le tourisme sportif actif (où le but est la participation à une activité physique) ou le tourisme sportif nostalgique (où le but est de visiter un site ou une attraction sportive lié à une histoire particulière). Pour Gregory Ramshaw et Tim Bottelberghe (2014), le fait que le patrimoine sportif soit généralement à la frontière entre ces différentes dimensions définies par Gibson offre des potentialités de développement touristique intéressantes pour les territoires d’accueils. Ces derniers ne vont pas simplement promouvoir un événement, mais une tradition locale que l’on peut faire perdurer (notamment grâce aux attractions touristiques) au-delà de la tenue de l’événement. Finalement, les ESP ne sont pas à voir comme étant en opposition aux événements majeurs, mais davantage comme complémentaires. En effet, dans une perspective de portefeuille d’événements (Ziakas, 2010), ces différents types d’événements vont généralement répondre à des objectifs territoriaux distincts. Les événements majeurs permettent d’augmenter la visibilité du territoire ainsi qu’une régénération urbaine (notamment en accélérant des projets de développement urbain ou de réaffectation de quartiers), alors que les événements récurrents cherchent généralement davantage à influencer la qualité de vie de la population locale (offre événementielle ou développement de la pratique sportive, notamment), tout en offrant des opportunités commerciales pour les destinations hôtes (Mackellar, 2015). Les ESP permettent pareillement de valoriser le savoir-faire du territoire. Le Vendée Globe est par exemple une vitrine importante pour l’industrie nautique du département de Vendée en France à qui appartient l’événement. Néanmoins, les ESP restant un concept en émergence, des recherches futures s’avèrent nécessaires pour approfondir notre connaissance et comprendre les potentialités qu’ils peuvent représenter pour les territoires hôtes.
Annexe I : Test de vérité des ESP
Parties annexes
Notes
-
[1]
Cette information est issue d’une enquête réalisée par l’auteur auprès d’un échantillon de résidents locaux pendant l’été 2015 quant à leur perception de 134 événements sportifs locaux (information disponible auprès de l’auteur).
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[2]
Cette notion de « génération » est basée sur celle de l’UNESCO qui considère que pour être jugé comme patrimonial, un objet doit être transmis d’une génération à la suivante.
-
[3]
Toutes les données sont disponibles auprès de l’auteur.
-
[4]
Le questionnaire est disponible auprès de l’auteur.
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[5]
Dans cette formule, et la suite du texte, « PEREN » signifie pérennisation, « NAR » narratif, « SYMB » symbolique et « SAV-F » savoir-faire.
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[6]
Dans le langage de l’AQQC, « x » signifie « et » alors que « + » signifie « ou ». Pour plus d’information, se référer à Schneider et Wagemann (2010).
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