Tourisme résidentiel

Le tourisme résidentiel. Entre tourisme et migration[Notice]

  • Rémy TREMBLAY

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  • Rémy TREMBLAY
    Professeur agrégé, Département des sciences humaines, lettres et communications, TÉLUQ, Université du Québec ; remy.tremblay@teluq.ca

Le concept de « tourisme résidentiel » est utilisé depuis la fin des années 1970 (Jurdao Arrones, 1979) pour expliquer les transformations induites par la construction de résidences secondaires dans les zones touristiques. Au cours des dernières années, ce concept a été utilisé pour faire référence à plusieurs régions du monde (Leontidou et Marmaras, 2001 ; Mantecón et Huete, 2008 ; Benson et O’Reilly, 2009a; Huete, 2009 ; Mazón et al., 2009 ; McWatters, 2009). De plus, le tourisme résidentiel comprend un large éventail de types de mobilités où les liens entre tourisme et migration sont parfois très flous (Williams et Hall, 2000 ; O’Reilly, 2003 ; Urry, 2007 ; Benson et O’Reilly, 2009b). Le concept de tourisme résidentiel se veut donc discutable, car il comprend deux termes que certains voient comme contradictoires : le tourisme est par définition synonyme de mobilité, alors que « résidentiel » représente l’immobilisme. Karen O’Reilly (2000) reconnaît la contradiction sémantique de cette expression. Toutefois, celle-ci croit qu’elle permet aux chercheurs de mettre en évidence les tensions qui apparaissent dans un système social où convergent les différents types de mobilités et de stratégies résidentielles. C’est justement la complexité de ces nouvelles réalités sociales qui a amené O’Reilly à utiliser dans ses publications les plus récentes la notion de « migration de style de vie » (lifestyle migration ou LM). Selon elle, la LM fournit un cadre conceptuel qui l’aide à expliquer les nouvelles formes de migration. Ces formes ont davantage à voir avec des projets d’autoréalisation et la quête d’une vie meilleure (Tremblay et Benson, à paraître). Mason McWatters (2009) pour sa part, est critique du concept de LM, le trouvant ambigu. Selon lui, la notion de tourisme résidentiel ne porte pas à confusion, car elle exclut toute forme de migration associée au travail, de migration non touristique et à caractère purement économique. Autre élément intéressant, dans sa définition McWatters inclut les migrants qui habitent dans leur résidence secondaire pendant une période de temps, déterminée ou non, mais à la condition que le déplacement ne soit pas permanent. Ici, la durée en relation avec le tourisme résidentiel se veut donc indéfinie. Bref, le tourisme résidentiel est lié à l’élaboration de stratégies multi-résidentielles modernes et à des modes de vie transnationaux émergents. Ainsi, les schémas de migration sont devenus très complexes et ils englobent les formes de déplacements ludiques et qui s’apparentent, voire se confondent avec l’immigration (Williams et Hall, 1997 ; O’Reilly, 2003 ; Tremblay, 2006). Ce numéro spécial vise justement à faire ressortir toute la richesse, les limites et la complexité conceptuelle du tourisme résidentiel. Carmen Gil de Arriba et Hamid Bouqallal proposent une réflexion sur les rapports entre tourisme international et migrations résidentielles d’agrément dans le cas concret du Maroc. Dans le contexte de mondialisation des dernières décennies, les interventions de l’Administration marocaine et des investisseurs étrangers ont conduit à un processus de mise en tourisme du territoire se traduisant par l’apparition d’espaces touristico-résidentiels, surtout dans certaines zones du littoral ou dans des villes historiques. Ces espaces adaptés aux besoins des touristes étrangers contribuent à produire et à reproduire des représentations et des imaginaires fondés sur la recherche d’altérité et le désir d’exotisme, utilisés comme éléments d’attraction. Célia Forget s’intéresse quant à elle au caravaning à plein temps, mode de vie choisi par plusieurs millions de Nord-Américains. Est-il une forme de tourisme résidentiel ? C’est à cette question que son article tente de répondre en analysant le concept même de tourisme résidentiel et les concepts avoisinants pour saisir si le caravaning à plein temps présente des points communs avec celui-ci. Les …

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