Corps de l’article
La croissance des pratiques et des produits touristiques « alternatifs » est soulignée par plusieurs chercheurs en études du tourisme ou en urbanisme, tant à Paris (Vivant, 2010 ; Gravari-Barbas et Jacquot, 2016), à Londres (Maitland et Newman, 2004 ; Vivant, 2007 ; Pappalepore et al., 2010), à Berlin (Novy et Huning, 2008 ; Füller et Michel, 2014) ou ailleurs. Depuis plusieurs décennies, le modèle d’une offre touristique qualifiée « de masse », peu segmentée et différenciée, est fortement remis en cause par une offre plus composite, plus diversifiée et plus individualisée. Le tourisme n’échappe pas aux changements induits par la mondialisation, la métropolisation, l’individuation ou l’hybridation des goûts (Gravari-Barbas et Fagnoni, 2013). Une nouvelle attention est ainsi portée au quotidien, à l’ordinaire, à la contextualisation du séjour, aux interactions sociales, aux expériences « authentiques » (Holbrook et Hirschman, 1982 ; Pine et Gilmore, 1998 ; Andersson, 2007), comme en attestent le développement du couchsurfing (Priskin et Sprakel, 2008) ou le phénomène des greeters (Sallet-Lavorel, 2003).
L’invitation à sortir des « sentiers battus » et à rompre avec l’expérience du tourisme de masse est lancée par des acteurs du tourisme (classique ou « alternatif »), des acteurs de la ville ou de la culture, voire des habitants. Elle invite à des pratiques différentes, alternatives et distinctives (Cohen, 1987), qui revendiquent un caractère de consommation culturelle savante. Elle permet de sortir d’un cadre socio-temporel établi par les prestataires touristiques, pour s’aventurer dans des espaces et des lieux peu ou pas encore utilisés pour le tourisme.
Ces nouvelles offres touristiques se multiplient et rencontrent les pratiques et les imaginaires des touristes, qui conjointement tendent à renouveler le système touristique (ses pratiques, ses acteurs, ses espaces, ses temporalités et ses formes). Le tourisme alternatif[1] (Butler, 1990 ; 1992), le tourisme participatif (Tosun, 2005), le slow tourism (Fullagar et Markwell, 2012), le tourisme créatif (Richards et Wilson, 2006 ; Gravari-Barbas, 2010), le tourisme de banlieue (Gravari-Barbas et Jacquot, 2013), sont quelques-uns des vocables qui renvoient à ces nouvelles approches touristiques, qui dessinent de nouvelles relations entre centre(s) et périphérie(s), mais aussi entre tourisme et quotidien, entre exotique et familier, entre proche et lointain. Les catégories touristiques se brouillent, deviennent incertaines, sont produites et consommées dans des contextes qui relèvent de registres bien plus difficiles à cerner, à décrire et à quantifier que dans le passé. Elles sont en effet bien plus poreuses, moins circonscrites dans le temps et dans l’espace. Elles contribuent à renouveler ainsi la réflexion sur le tourisme en tant qu’objet d’étude et sur sa place au sein de la société contemporaine.
Dès 1985, Maxine Feifer avance le concept du « post-touriste » qui construit son expérience personnelle de façon subjective en rassemblant des fragments de différents produits proposés par l’industrie touristique et en les recomposant selon ses choix. Le post-touriste est conscient de façon réflexive de la nature construite de son rôle sans pour autant chercher à le contester ou à le défier. Pour Erik Cohen (2008), le post-touriste, au lieu d’être intéressé par les origines des attractions supposées authentiques, préfère surfer de façon ironique et joueuse à la surface d’attractions manifestement inauthentiques. Loin de rechercher des expériences différentes de sa vie de tous les jours, il peut choisir de visiter des lieux familiers ou banals. Selon cet auteur, contrairement au tourisme moderne qui privilégiait les hauts lieux, le post-touriste met en cause la singularité des lieux visités et apprécie les lieux de la vie quotidienne. Jean Viard (2000), pour sa part, écrit que les post-touristes sont attirés par des environnements qui ne sauraient plus être (ou plus seulement en tous cas) reconnus comme typiquement touristiques (voir aussi Ritzer et Liska, 1997).
Cette mise en cause de la ligne de démarcation entre les lieux touristiques définis et les « autres », entre les hauts lieux et les lieux ordinaires, introduit plusieurs questionnements sur la nature, les formes et la répartition du tourisme dans un contexte urbain et périurbain. C’est en effet toute la géographie touristique d’une ville et de ses franges qui est questionnée, entre lieux « vitrines » et arrière-cours, entre front et backstages urbains.
Les réflexions sur ces questions sont par conséquent particulièrement stimulantes. Les textes réunis dans ce numéro thématique visent à interroger les pratiques, les productions et les imaginaires touristiques qui se développent « hors des sentiers battus », produisant de nouveaux territoires touristiques urbains, en investissant les marges, les coulisses, les interstices, les espaces périphériques. Les auteurs essaient d’identifier les façons dont les nouveaux territoires touristiques, les nouvelles pratiques et mobilités, les nouveaux produits et les nouvelles temporalités se constituent à partir d’espaces interstitiels, de pratiques en coulisse, de la redécouverte des marges urbaines. Ils cherchent également à analyser les modalités d’émergence et de diffusion d’innovations touristiques qui s’appuient sur les pratiques de touristes « défricheurs » et d’acteurs créatifs au sein et aux marges des villes.
Le tourisme « hors des sentiers battus » : un concept à déconstruire
Il convient tout d’abord de questionner l’invitation (parfois même l’injonction) à sortir des sentiers battus afin de comprendre le sens qui lui est donné par les différents acteurs. Si l’envie du touriste de sortir des cadres commerciaux que lui sont imposés par l’industrie touristique ou sa volonté de passer au backstage (MacCannell, 1976) sont aussi anciennes que le tourisme, on n’a jamais autant évoqué le tourisme hors des sentiers battus qu’au cours des dernières années. Emblématique d’une nouvelle valeur touristique, une offre de tourisme interstitiel (Urbain, 1991) se met en place, se structure et, par voie de conséquence, se commercialise, alimentant ainsi les doutes et les apories analytiques sur le in et le off et leur nature janusienne, le off n’aspirant parfois qu’à devenir in.
Dans les recherches récentes, le tourisme hors des sentiers battus peut concerner aussi bien les lieux lointains, exotiques et inatteignables, restés « vierges » de la présence de touristes, que les lieux du quotidien, offerts pour la première fois à la visite du touriste, de l’« autre chez soi ».
Les travaux de l’économiste urbain Robert Maitland (2008) à Londres (plus particulièrement à Islington, à Bankside et à Spitalfields) ont mis en évidence l’attrait de « lieux du quotidien » (y compris les zones défavorisées et marginales) pour les touristes tant nationaux qu’internationaux. Maitland qualifie ces lieux d’« hétérogènes », par opposition aux lieux touristiques enclavés. Tandis qu’un lieu enclavé est « propre » et plutôt contrôlé, un espace touristique hétérogène est
« difficile à classifier », avec des frontières floues ; il est un espace polyvalent dans lequel on trouve un large éventail d’activités et de populations. Les installations touristiques coexistent avec les entreprises, les institutions publiques et privées, les logements ; les touristes se mêlent à la population locale et aux rabatteurs […] Les espaces touristiques hétérogènes sont des scènes sur lesquelles les identités transitionnelles présentent leurs performances à côté des pratiques quotidiennes des résidents, des passants et des travailleurs. (Edensor, 2001 : 64, cité par Maitland, 2010a, notre traduction)
Maitland résume de la façon suivante les forces en interaction qui, entrées en synergie, contribuent à produire ce qu’il appelle des « clusters de créativité », des « cool places » ou des « lieux branchés » dotés :
de « créatifs » en interaction : une forte concentration d’industries créatives et des visiteurs « créatifs » (Florida, 2002 ; Maitland, 2007; 2010b ; Vivant, 2007) ;
d’une image de lieu incontrôlé, inattendu, imprévu, à explorer, qui émane d’une combinaison de caractéristiques de l’environnement bâti (bâtiments historiques, architecture industrielle) et d’une perception d’« authenticité » et de quotidienneté spontanée et non commerciale (exprimée à travers l’existence de magasins indépendants par opposition à des boutiques de chaînes) ;
d’une perception de « danger sécurisé » : une sensation de « marginalité », associée à la présence de populations branchées et à la mode, de bars et de boutiques, qui contribuent à créer un sentiment de sécurité ;
d’une diversité culturelle, comprenant entre autres des restaurants et des boutiques ethniques ;
de la certitude d’une distinction : des lieux réservés à quelques privilégiés aventureux, et non des enclaves ouvertes au tourisme de masse, se manifestant chez les visiteurs par une sensation de se trouver dans un « village » et de partager avec d’autres personnes l’authenticité du lieu (Maitland, 2010a).
Si ces caractéristiques sont bien comprises, le tourisme hors des sentiers battus ne peut toutefois être traité comme une catégorie analytique (Cravatte, 2009). Il convient au contraire de lui accorder le statut d’objet d’étude afin de comprendre comment les valeurs et les critères associés à ce concept se construisent, circulent, et où ils se situent. Loin d’une approche déterministe, le hors des sentiers battus devient ainsi un système de lieux, d’acteurs et de pratiques socialement, culturellement et historiquement situés. Ce type de tourisme n’est pas objectivé, mais saisi et analysé comme des lieux, des temps et des pratiques définis, vécus ou imaginés comme tels par ceux qui les produisent et (ou) les consomment. En ce sens, il est important de comprendre les motivations des acteurs qui situent leur proposition de visite touristique dans le registre du hors des sentiers battus et celles des touristes qui s’y engagent.
Un premier niveau d’analyse prend ainsi en compte la nature des acteurs qui promeuvent le « hors de sentiers battus » : les acteurs du tourisme en premier lieu mais aussi, plus généralement, les acteurs de la ville ou ceux de la culture. Les initiatives qui se mettent en place élargissent en effet considérablement le cercle des acteurs du tourisme et font intervenir les habitants locaux, les associations, les organisations non gouvernementales (ONG), les artistes (Clotilde Kullmann, ce numéro), les activistes sociaux… Tout ce monde coproduit des visites « alternatives », touristiques ou pas, offertes à des publics qui se définissent comme des touristes (ou pas). Ces différents degrés d’engagement sont particulièrement intéressants à analyser, non seulement pour ce qu’ils nous disent sur le tourisme hors des sentiers battus, mais aussi pour ce qu’ils nous disent sur le tourisme tout court. De quelle façon le terme de « hors des sentiers battus » est-il utilisé dans les discours des acteurs pour valoriser les territoires considérés comme « marginaux » et qu’il s’agit désormais d’intégrer pleinement dans le périmètre des visites (et donc du marché) ?
Un deuxième niveau d’analyse aborde les motivations et les pratiques des touristes engagés dans des pratiques hors des sentiers battus. De quelles façons l’argument du hors des sentiers battus entre-t-il dans la mythologie des pratiques touristiques ? Quels sont les imaginaires qui y sont liés (Gravari-Barbas et Graburn, 2012) ? Quelles sont les pratiques qui en résultent ?
Un troisième niveau d’analyse aborde les lieux et les temps de ce tourisme spécifique. Les terrains explorés par les auteurs de ce numéro démontrent la diversité géographique, spatiale et scalaire de ces pratiques. Quel est le dénominateur commun entre, d’un côté, une « nouvelle » destination touristique urbaine comme Belfast saisie par les tour operators comme The place to be, alors qu’elle n’évoquait auparavant que la guerre civile, la crise et les affrontements et, de l’autre côté, la banlieue parisienne, si proche d’une des plus anciennes destinations touristiques au monde ?
Les territoires analysés par les auteurs réunis dans ce numéro sont, de fait, divers. Se côtoient une destination urbaine que nous pouvons qualifier de « nouvelle » (Belfast), les territoires périphériques de deux destinations urbaines qui s’affirment récemment (Marseille, Lodz), une ville qui émerge depuis les années 2000 comme une des principales destinations alternatives urbaines européennes (Berlin), une ville intégrée dans le Grand Tour dès les XVIIIe et XIXe siècles (Naples), abordée spécifiquement à travers la visite de son patrimoine souterrain et, finalement, des territoires de la première destination touristique mondiale (Paris) – un arrondissement « périphérique », le 13e, qui met en valeur un objet « marginal », le street art, et une banlieue de la petite couronne, Boulogne-Billancourt.
Loin de vouloir codifier ou définir le « in » et le « off », l’objectif de ce recueil d’articles est de tirer des conclusions sur les ressorts de la subjectivité transversale du système touristique alternatif qui se met en place depuis quelques années et qui semble pousser les frontières des définitions du tourisme telles que nous les pratiquons aujourd’hui.
Les acteurs du « off the beaten tracks »
Les acteurs traditionnels du tourisme sont sans doute les premiers à s’insérer dans ce marché considéré comme alternatif par rapport aux destinations établies. L’analyse des discours produits par les acteurs du tourisme, incitatifs, parfois injonctifs, très souvent performatifs, permet de saisir aussi bien les destinations proposées que les expériences qu’elles sont censées autoriser. Le tourisme hors des sentiers battus devient ainsi l’argument de vente, l’élément différentiateur de nouveaux produits. Evaneos[2], tour operator spécialisé dans ce segment, invite ainsi ses clients à « Voyager hors des sentiers battus : aux antipodes du tourisme de masse ! » Le discours insiste sur le caractère pionnier des produits proposés :
Vous auriez aimé être un explorateur d’un autre siècle : découvrir des espaces encore vierges, traverser des forêts immenses sans savoir ce qui se cache derrière, parcourir des déserts, gravir des montagnes ou encore être le premier Occidental à rencontrer des tribus d’Asie reculées. Oui mais voilà, vous vivez au XXIe siècle, tous les continents sont découverts et les offres de voyages se suivent et se ressemblent.
Evaneos offre aux clients potentiels rebutés par le tourisme « de masse » la possibilité de prendre leur revanche :
Experts de leur pays, les agents locaux sont vos partenaires essentiels pour créer un voyage unique et résolument hors des sentiers battus. Vous pourrez explorer des chemins de campagnes reculés où vont peu de – si ce n’est aucun – touristes occidentaux. Vous irez à la rencontre de populations qui ont su préserver leur mode de vie ancestral et leurs traditions.
À côté des acteurs privés, les acteurs urbains et touristiques sont également des promoteurs importants du tourisme hors des sentiers battus. Pour les destinations urbaines, ces initiatives visent le plus souvent à proposer des itinéraires alternatifs à ceux pratiqués habituellement afin de décongestionner les espaces touristifiés ou de renouveler l’image des destinations. À Amsterdam, destination touristique urbaine reconnue et établie, les acteurs du tourisme sont certes conscients du fait que, de toute façon, les primo-visiteurs « don’t want to miss the city’s most obvious attractions, like the Anne Frank Huis, Van Gogh Museum and perhaps a canal cruise or other city excursion », mais invitent ceux qui restent plus longtemps ou qui connaissent déjà Amsterdam « to get off the beaten track and discover some of Amsterdam’s lesser-known attractions »[3]. À Bruxelles, la ville propose aux visiteurs qui croient connaître « the capital like the back of [their] hand » de découvrir « another side to Brussels’« [4]. En fait, toutes les destinations urbaines importantes proposent au moins un itinéraire hors des sentiers battus.
Dans la région parisienne, les acteurs institutionnels du tourisme[5] sont à l’origine d’un « contrat de destination » signé avec l’État français, intitulé « Destination Paris : la ville augmentée »[6], qui vise à renouveler et à dynamiser l’image de la destination Paris, mais aussi à élargir son périmètre géographique, à l’échelle du réseau de transport métropolitain.
Les guides papier ou en ligne s’insèrent également dans l’offre touristique alternative au tourisme de masse. Ainsi, Lonely Planet fait sa sélection de lieux off the beaten tracks. Les blogues et les sites Internet qui gravitent autour des offres liées au hors des sentiers battus sont également particulièrement riches et recouvrent des produits d’une étonnante hétérogénéité[7].
Si les acteurs qui s’activent dans ce milieu sont majoritairement touristiques, plusieurs autres émanent de contextes parfois très éloignés des milieux établis du tourisme. Dans ce contexte, le rôle du « producteur » d’une prestation touristique, le rôle d’un guide local (Wynn, 2010), d’un greeter, d’un médiateur, d’un intermédiaire, voire parfois d’un initiateur, s’avèrent complexes à analyser. Leur prestation touristique n’est quelquefois même pas assumée comme telle – le qualificatif « touristique » est au contraire refusé, refoulé, nié…
On retrouve occasionnellement ici cette opposition si bien décrite par Jean-Didier Urbain (1991) et défendue par Thierry Paquot (2014) entre voyageur et touriste. Le hors des sentiers battus appartient, dans le discours des acteurs, à l’explorateur, à l’aventurier, au voyageur. Le touriste en serait exclu, exclusion qui relève d’un double registre :
Elle est liée d’une part à la figure du touriste lui-même. Ces pratiques touristiques alternatives s’adressent à un voyageur brave, débrouillard – pas moutonnier –, quelqu’un qui fraye des chemins, qui coproduit sa « consommation touristique ».
Elle est liée d’autre part à l’acceptation difficile du caractère marchand. Le off the beaten tracks implique dans cet imaginaire « héroïque » qui est parfois le sien une prestation authentique, fondée sur des valeurs partagées entre les différentes parties. En ce sens, les « vrais aventuriers » ne peuvent pas être concernés par une offre marchande.
Si les offres émanant des acteurs du tourisme ciblent un public de touristes ou, secondairement, des hommes d’affaires, les acteurs associatifs visent parfois à ouvrir l’expérience de visite aux locaux. Ainsi, alors que les acteurs du tourisme revendiquent les espaces quotidiens comme lieux de visite hors des sentiers battus pour les touristes, plusieurs acteurs associatifs cherchent à permettre aux locaux de se réapproprier leurs lieux de vie, voire d’offrir à ces derniers une expérience touristique (Huning et Novy, 2006).
Yannick Hascoët et Isabelle Lefort (ce numéro) expliquent que dans le cas de la coopérative l’Hôtel du Nord à Marseille, l’étiquette « touristique » est discutée parmi les membres de la coopérative, « séparant les partisans d’une action assumée dans le champ de l’économie touristique d’autres, en mal de détermination par rapport à cette qualification touristique, même conçue autour de valeurs éthiques ». À la diversité et à la complexité des positionnements des acteurs, il faut rajouter celle des discours des acteurs touristiques locaux. Florine Ballif (ce numéro) souligne cette diversité vis-à-vis du récit des affrontements entre loyalistes et républicains à Belfast. Ainsi, si les itinéraires se ressemblent, les narratives fondatrices des visites proposées peuvent être différentes, opposées même.
Cette ambiguïté se retrouve également dans les propositions des habitants locaux – des greeters (Smith et Holmes, 2012) ou parfois des propriétaires d’appartements loués par l’intermédiaire de plateformes de location telles qu’AirBnB. Si les pratiques locatives sont parfois éloignées des valeurs de partage ci-dessus, le site de cette société a longtemps mis en valeur des profils d’habitants qui sont les premiers ambassadeurs des destinations métropolitaines : « Ludovic est passionné de voyages. Après un tour du monde, il est revenu à Paris avec l’envie de partager son expérience et sa connaissance de Paris. Il désire faire découvrir sa ville de manière inédite… hors des parcours touristiques habituels[8] ! »
Si, par conséquent, plusieurs acteurs, touristiques ou pas, revendiquent et promeuvent le tourisme hors des sentiers battus, leurs objectifs, leurs publics cibles et leurs produits présentent une grande hétérogénéité qui nous informe bien plus sur les intentions des acteurs que sur la nature intrinsèque du produit offert, au-delà de la diversité des publics ciblés.
Quelles pratiques touristiques ?
Les études semblent corroborer le fait que les touristes contemporains cherchent des « espaces publics alternatifs » (Richards, 2011), des « quartiers urbains créatifs » (Pappalepore et al., 2010) ou des « quartiers ethniques » (Shaw et al., 2000 ; Collins, 2007 ; Chapuis et Jacquot, 2014). Les comportements certes diffèrent et les études quantitatives (Stors et Kagermeier, 2015 : 11) montrent que pour les touristes d’agrément il est très important de rencontrer les locaux et de recevoir de leur part des conseils et des recommandations[9].
Les pratiques hors des sentiers battus sont réputées « authentiques » ou, du moins, plus authentiques que les pratiques du tourisme de masse. Leur authenticité est accentuée par leur amateurisme, très prégnant, comme le montrent Yannick Hascöet et Isabelle Lefort (ce numéro) dans la mise en forme du produit proposé. Ces auteurs soulignent en effet que le dépassement du temps de visite prévu ou la déviation de l’itinéraire annoncé ne sont pas interprétés comme des défauts de prestation, mais comme la marque d’une pratique « authentique ».
Ces pratiques touristiques mettent en cause la séparation parfois très tranchée entre touristes et non-touristes, entre pratiques touristiques et vie quotidienne. Comme le souligne Maitland, alors que les touristes cherchent à vivre comme des locaux, les habitants des classes moyennes mondialisées ont une identité cosmopolite et se définissent consciemment comme des citoyens du monde. Ils consomment la ville dans laquelle ils habitent comme s’ils étaient des touristes. Une « transgression réciproque » se met ainsi en place, qui abolit les différences entre les touristes et les résidents ainsi qu’entre les espaces touristiques et les espaces non touristiques (2013 : 14).
Ce serait toutefois erroné de penser que cette dédifférenciation est totale. Maitland rappelle fort justement que, pour les visiteurs, « réel » signifie « idéal ». S’ils apprécient les espaces hors des sentiers battus qu’ils pratiquent, c’est parce qu’ils ne sont pas représentatifs de la plupart des villes contemporaines :
An intimate morphology, a villagey feel, independent shops selling choice items, craftspeople selling their wares in markets, all hark back to a disappearing past. This, and the opportunity for interaction with locals and other co-tourists and to observe everyday life can be seen as an attempt to recover an idealized past as an act of resistance to today’s sanitized, homogenized and alienating cityscape, deliberately constructed and planned by commercial forces. (2013 : 17)
Par ailleurs, les pratiques touristiques hors des sentiers battus ne sont pas sans incidence pour les lieux qui sont mis en tourisme. Nathalie Gal (ce numéro) montre qu’elles nourrissent une esthétique nouvelle car elles suivent ou elles anticipent une valorisation esthétique ou une artialisation des lieux. Les pratiques touristiques hors des sentiers battus accompagnent, aussi bien qu’elles encouragent, la comodification et la gentrification des quartiers visités.
La thématique du tourisme hors des sentiers battus incite également à s’interroger sur les limites juridiques des diverses pratiques. À titre d’exemple, le séjour proposé par la coopérative de l’Hôtel du Nord à Marseille, dans des logements sociaux des quartiers nord de la ville, se heurte aujourd’hui à l’impossibilité de louer des chambres d’hôtes en cités d’habitat social, la location étant interdite par la loi française. Devant le succès de la formule d’hébergement proposée par le site AirBnB auprès du public, plusieurs pays dans le monde ont dû légiférer pour réglementer cette activité. Plusieurs choses étaient en effet en jeu : non seulement sur le plan économique (fiscalité [non-paiement de la taxe de séjour] ou concurrence considérée déloyale de la part de l’hôtellerie classique), mais aussi dans le fondement même des limites établies entre le touristique et le non-touristique. Par sa diffusion, AirBnB promet en effet un brouillage du in et du off à l’échelle des métropoles dans lesquelles elle propose des offres. Il s’avère toutefois que cette dilution du touristique dans le quotidien n’est pas sans heurts et sans conflits. Les cas de Berlin et de Barcelone ont en effet démontré au cours des dernières années que ces pratiques touristiques plus diffuses sont contestées, de façon parfois « musclée », par les populations locales qui refusent de laisser les touristes accéder au back stage qui est, pour eux, le décor de leur vie quotidienne (Novy et Colomb, 2016).
Quelles sont les destinations touristiques urbaines qualifiées de « hors des sentiers battus » ?
Des villes longtemps restées à l’écart des fréquentations touristiques nationales et internationales font depuis peu partie des destinations incontournables. Les auteurs de ce numéro montrent comment Marseille, Lodz ou Belfast transcendent leur passé difficile de ville portuaire, industrielle ou en guerre et mettent en valeur leurs friches industrielles et portuaires (Marta Derek), leurs logements sociaux (Yannick Hascoët et Isabelle Lefort) ou bien les séquelles de la guerre (Florine Ballif). Leur émergence touristique ne se fait pas seulement par le dépassement de ces héritages difficiles ou douloureux, mais par la mise en évidence, voire la mise en valeur de leurs handicaps. Dès 2008, Liverpool a l’idée de créer un « jumelage incongru » de « Cities on the Edge », un réseau d’entraide des « villes les plus détestées dans leur propre pays »[10], des villes « affreuses, sales et méchantes [qui] nourrissent un milieu envahissant, parfois folklorique, mais sont aussi des centres de revendication » (Thomazeau, 2009). Ces « villes en marge » (Marseille, Liverpool, Brême, Naples et Gdansk) ont fait de leur « mauvaise » réputation un point de ralliement et un moyen d’affirmer leur identité et de se donner une visibilité (Gravari-Barbas, 2013). Pour cela, elles ont aussi instrumentalisé le tourisme qui ne pouvait qu’être « hors des sentiers battus »…
Plusieurs auteurs ont insisté sur les conditions qui ont permis à ces villes de se positionner sur la carte touristique. Elles transforment leurs arrière-cours, leurs franges et leurs banlieues, en invitant surtout le tourisme à reconnaître et ensuite à cautionner leur positionnement au sein de nouveaux équilibres régionaux ou métropolitains.
Mais le tourisme hors des sentiers battus concerne également les territoires métropolitains qui sont restés depuis les débuts du tourisme dans l’ombre des zones centrales touristiques – du Central Tourist District (CDT) (Burtenshaw etal., 1991) ou du Tourism Busines District (TBD) (Getz, 1993). Les visites métropolitaines hors des sentiers battus explorent les marges du géographiquement proche mais du socialement ou culturellement lointain. Toute une rhétorique de l’alternatif se met en place – alternatif au tourisme qualifié d’« industriel », au tourisme de masse et à la commercialisation de pratiques réputées normalisées. De nouvelles pratiques touristiques s’inventent tous les jours précisément là, dans ces marges métropolitaines : des hébergements alternatifs (chez l’habitant, du couchsurfing, des chambres dans des logements sociaux…), des pratiques de visites interactives (visites participatives, greeters), visites de lieux atypiques (paysages de banlieue, lieux underground, friches culturelles…). Ces pratiques contribuent à considérer différemment le logement social et participent à la patrimonialisation accélérée de lieux qui ne pouvaient auparavant pas prétendre à ce statut. Le regard du touriste leur confère un nouveau statut célébrant précisément tout ce qui était auparavant considéré comme répulsif : c’est-à-dire sa dangerosité – réelle ou fantasmée –, son caractère atypique, fraudeur et incontrôlé, sa liminalité. Mais les banlieues chics participent parfois aussi à la métropolisation touristique (Élodie Salin, ce numéro). Ces nouvelles pratiques sont possibles grâce à des réseaux de transport inédits – locaux, régionaux et internationaux qui propulsent au centre des lieux marginaux et qui mettent les métropoles périphériques à la portée des easyjetters (Florian Guérin, ce numéro), contribuant ainsi à la création d’une nouvelle géographie touristique.
Pour Lonely Planet, le hors des sentiers battus est une question d’attitude : Il est ainsi possible d’être « off the beaten tracks… anywhere! ». Le guide donne des conseils qui permettent « much like a detective, finding how and where to get off the beaten path, be that far from the tourist trail or directly on it, requires looking for clues, following your gut, and taking a few calculated risks »[11]. Il suggère ainsi de parler aux gens ; de déambuler sans but ; de regarder des cartes non pas pour trouver son chemin mais pour identifier des lieux où l’on n’a jamais été ; de prendre les transports publics ; de suivre une thématique de visite ; de voyager hors saison et en dehors des heures de pointe et de ne pas sur-programmer la visite ; d’être spontané ; de prendre quelques risques.
La valorisation de ressources urbaines atypiques, dans une approche qui se veut hors des sentiers battus, peut également contribuer à réinventer une destination traditionnelle. Christine Salomone (ce numéro) met ainsi en évidence la façon dont Naples, destination touristique ancienne, cherche à se réinventer par la mise en valeur du patrimoine souterrain.
Le hors des sentiers battus se situe toutefois aussi dans la rupture avec ce qui fonde « l’iconographie » touristique : le plaisir, l’insouciance, la légèreté, l’oubli… Il s’inscrit dans des registres qui se situent dans la redécouverte des traces de la guerre, des massacres, des disparitions, des douleurs… Ces pratiques touristiques sont diversement qualifiées de dark tourism, de thanatourism, de dissonant tourism (Hartmann, 2014)… mais aussi de tourisme mémoriel, diasporique, de racines… C’est ce registre qu’explore Florine Ballif (ce numéro) dans son analyse des traces de la guerre à Belfast.
Le hors des sentiers battus relève toutefois d’un registre géographique et temporel. Il concerne également le after hours, le hors saison, la nuit, l’alternatif temporel de façon générale. Plusieurs études avancent le caractère alternatif, parfois « fauve » de la nuit qui transforme le in en off par une opération de métamorphose in situ à la fois des espaces et de ceux qui y évoluent (Gravari-Barbas, 2007). Florian Guérin (ce numéro) explore ces questions dans son exposé sur l’easyjet-setting de Paris à Berlin.
Toutes ces analyses semblent corroborer le fait que le hors des sentiers battus n’est pas une catégorie de lieux, de temps et de pratiques définis de façon déterministe, mais un objet d’étude qui implique la prise en compte simultanée du in et du off, tels qu’ils sont définis à chaque moment par ceux qui les pratiquent. Ontologiquement, la marge ne peut être pensée sans le centre.
Quelques conclusions préliminaires et quelques questionnements ouverts…
Les thématiques qui s’ouvrent à travers les articles réunis dans ce recueil sont donc particulièrement riches et complexes, faisant se multiplier les angles d’attaque, les échelles spatio-temporelles et les jeux des acteurs par une série d’emboîtements successifs. Le quotidien le plus banal des uns peut devenir le tourisme le plus exotique des autres. Leur caractérisation (banal, quotidien, exotique) invite ainsi à opérer un aller-retour continu entre les mondes différents que traverse un individu dans sa pratique du tourisme off, puisque c’est dans l’opposition au in que l’expérience du off se construit. C’est sans doute dans cette mise en abîme que réside le sens du tourisme hors des sentiers battus.
Une première conclusion est ainsi la nécessité de prendre en compte le continuum d’expériences du touriste, bien au-delà de l’expérience in situ qui lui est proposée ou qu’il se construit dans une destination hors des sentiers battus.
Les « exotiques » chambres en banlieue proposées à Marseille (Yannick Hascöet et Isabelle Lefort, ce numéro) font le quotidien de leurs habitants ; si certaines franges métropolitaines donnent des frissons à ceux qui les visitent, elles n’ont en soi rien de remarquable pour ceux qui y vivent. Le hors des sentiers battus réside ainsi, majoritairement, dans cet écart revendiqué qu’un touriste peut créer entre son quotidien et ses pratiques touristiques. Or, ce déplacement a ses limites. Il est ainsi rare de voir des groupes socialement fragiles passer leurs vacances au château, ce qui constituerait pourtant pour eux des vacances hors des sentiers battus. Le hors des sentiers battus est alors également une pratique définie socialement. Les pratiques observées et analysées sont par conséquent davantage, sinon exclusivement, celles des classes moyennes ou supérieures qui ont la possibilité de transcender un quotidien confortable pour passer une nuit sur un matelas en glace dans un igloo, ou à même le sol dans une tente dans le désert, ou sur un matelas vintage dans une prison désaffectée. Cette quête du graal touristique, le passage de l’autre côté du miroir, le back du back stage, sont le propre d’une individuation touristique souveraine, maîtrisée et assumée, fruits d’un capital culturel et touristique construit et possédé.
Une deuxième conclusion est que le tourisme hors des sentiers battus invite à entrer dans un jeu de distinction dans lequel tout le monde ne participe pas de la même façon ni avec les mêmes armes. Le tourisme de masse, tellement décrié, est à l’évidence plus égalitaire pour ceux qui le pratiquent. Le tourisme hors de sentiers battus est par ailleurs excluant.
La question se pose sans doute différemment du point de vue du rapport aux habitats locaux qui représente un enjeu majeur. En effet, le tourisme hors des sentiers battus se veut plus durable : il met l’accent sur les pratiques qui prônent une prise en compte accrue du contexte des lieux, des sociétés, des cultures. Dans ce contexte, le off serait ainsi la pratique la plus contextualisée, la plus et la mieux intégrée, la plus respectueuse des populations locales et de la qualité environnementale, la moins hors sol, la plus in en somme. Pourtant, Yannick Hascoët et Isabelle Lefort (ce numéro) soulignent qu’une grande majorité d’habitants des quartiers nord de Marseille sont bien plus « objets » de la visite qu’acteurs de leur cité. Florine Ballif (ce numéro) confirme dans le cas des visites des fresques de Belfast que les populations locales peuvent avoir le sentiment que les acteurs extérieurs au quartier exploitent leur image (Conforti, 1996). Dans ce cas, les signes d’hostilité visent les visiteurs, qui sont insultés ou molestés, « parfois attaqués à coups de pierres et de cocktails Molotov par des jeunes gens lorsqu’ils passent dans les quartiers populaires ».
Une troisième conclusion est donc que si les touristes sortent plus facilement des « bulles touristiques » du tourisme de masse, et même endossent le rôle du « local », comme plusieurs prestataires les invitent à le faire, les habitants locaux ne comprennent pas toujours, n’accompagnent pas et n’endossent pas nécessairement ces nouvelles pratiques.
In fine, peut-on considérer que les terrains analysés dans les articles de ce numéro saisissent des situations qui s’inscrivent dans la continuité de l’élargissement continu de l’écoumène touristique tel qu’il se met en place dès les débuts du tourisme, et qui s’est manifesté par l’intégration de lieux de plus en plus lointains, socialement et géographiquement, dans l’offre et la demande touristique? Ou bien s’agit-il de tendances qui laissent supposer un dépassement du phénomène touristique par l’émergence de situations intermédiaires transversales, ni touristiques, ni totalement locales ? Les lieux qui concentrent les pratiques touristiques hors des sentiers battus sont-ils des lieux post-touristiques (dépassement du tourisme par d’autres formes de pratiques, qui ne sont plus touristiques) ou bien hyper-touristiques (sophistication extrême du phénomène touristique, individuation, segmentation, désintermédiation) ?
Les statistiques du tourisme en 2013 ne mettent pas en cause la domination des hauts lieux : les 9,2 millions de visiteurs du Louvre, les 6,7 millions de la tour Eiffel ou les 7,5 millions de Versailles montrent clairement que les « icônes » touristiques se portent bien. La grande majorité des visiteurs des destinations européennes établies témoignent davantage d’une continuité que d’une rupture avec le tourisme moderne qualifié de masse. Mais parallèlement à ces fréquentations importantes, par ses nouvelles pratiques, le tourisme hors des sentiers battus dessine de nouveaux territoires urbains. Il n’est pas antagoniste du tourisme de « masse », mais complémentaire. Plus que d’une situation post-touristique, il relève par conséquent d’une situation hyper-touristique marquée par l’exacerbation, la généralisation et la transversalité des phénomènes touristiques dans nos sociétés non pas post- mais hyper-modernes.
Parties annexes
Notes
-
[1]
Le tourisme alternatif, notion qui émerge dans la littérature scientifique dès les années 1980, est défini comme une alternative « non pas à toute forme de tourisme, mais plutôt aux types de tourisme les moins désirés ou les plus honnis, essentiellement ce qui est connu comme le tourisme de masse, les ‘hordes dorées’ de Turner et Ash (1975) » (Butler, 1992 : 31).
-
[2]
<http://www.evaneos.com/ou-partir/idee-voyage-hors-des-sentiers-battus/>, consulté le 28 décembre 2015.
-
[3]
<http://www.iamsterdam.com/en/visiting/about-amsterdam/itineraries/off-the-beaten-track?tg=fdd2fdeb-d0c5-4236-aa05-964a4873c19e>, consulté le 28 décembre 2015.
-
[4]
<http://be.brussels/culture-tourism-leisure/brussels-off-the-beaten-track>, consulté le 28 décembre 2015.
-
[5]
L’Office du tourisme et des congrès de Paris, les comités départementaux des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, la Régie autonome des transports parisiens (RATP), le Welcome City Lab, et l’Institut de recherche et d’études supérieures du tourisme (IREST) (Université Paris I).
-
[6]
Voir l’entrevue avec Hélène Sallet-Lavorel dans ce numéro.
-
[7]
On citera par exemple : <http://www.vol714.com/activites-a-faire-a-rome-hors-des-sentiers-battus/> ou <http://www.goodmorningberlin.com/>, sites consultés le 28 décembre 2015.
-
[8]
<https://www.airbnb.fr/experiences/43>, consulté le 28 décembre. La campagne de communication d’AirBnB en France fin 2015 repose cependant davantage sur les gains que la location permet que sur les valeurs de partage (<Figaro.fr/société/>, 14 novembre 2015).
-
[9]
Ils constatent cependant une déviation importante par rapport aux attentes des visiteurs en mobilité d’affaires.
-
[10]
<http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/12/31/les-cites-mal-aimees-se-rebiffent_1286303_3214.html>, consulté le 28 décembre 2015.
-
[11]
<http://www.lonelyplanet.com/travel-tips-and-articles/how-to-get-off-the-beaten-track-anywhere>, consulté le 18 décembre 2015.
Bibliographie
- Andersson, Tommy, 2007, « The Tourist in the Experience Economy », Scandinavian Journal of Hospitality and Tourism, vol. 7, no 1, p. 46-58.
- Burtenshaw, David, Michael Bateman et Greg Ashworth, 1991, The European City, Londres, David Fulton Publishers.
- Butler, Richard, 1990, « Alternative Tourism: Pious Hope or Trojan Horse? », Journal of Travel Research, vol. 20, p. 40-45.
- Butler, Richard, 1992, « Alternative Tourism: The Thin Edge of the Wedge », dans Valene L. Smith (dir.), Tourism Alternatives: Potentials and Problems in the Development of Tourism, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, p. 31-46.
- Chapuis, Amandine et Sébastien Jacquot, 2014, « Le touriste, le migrant et la fable cosmopolite. Mettre en tourisme les présences migratoires à Paris », Hommes & Migrations vol. 4, no 1308, p. 75-84, www.cairn.info/revue-hommes-et-migrations-2014-4-page-75.htm, consulté le 28 décembre 2015.
- Conforti, Joseph, 1996, « Ghettos as Tourism Attractions », Annals of Tourism Research, vol. 23, n° 4, p. 830-842.
- Cravatte, Céline, 2009, « L’anthropologie du tourisme et l’authenticité. Catégorie analytique ou catégorie indigène ? », Cahiers d’études africaines, vol. 1, nos 193-194, p. 603-620.
- Cohen, Erik, 1987, « ‘Alternative Tourism’ – A Critique », Tourism Recreation Research, vol. 12, no 2, p. 13-18.
- Cohen, Erik, 2008, « The Changing Faces of Contemporary Tourism. Symposium: Touring the World », Society, vol. 45, no 4, p. 330-333.
- Collins, Jock, 2007, « Ethnic Precincts as Contradictory Tourist Spaces », dans Jan Rath (dir.) Tourism, Ethnic Diversity and the City, New York, Routledge, p. 52-67.
- Edensor, Tim, 2001, « Performing Tourism, Staging Tourism, (re)Producing Tourist Space and Practice », Tourist Studies, no 1, p. 59-81.
- Feifer, Maxine, 1985, Going Places, London, Macmillan.
- Florida, Richard, 2002, The Rise of the Creative Class: And How It’s Transforming Work, Leisure, Community and Everyday Life, Basic Books.
- Fullagar, Simone et Kevin W. Markwell, 2012, Slow Tourism: Experiences and Mobilities, Channel View Publications.
- Füller, Hening et Boris Michel, 2014, « ‘Stop Being a Tourist!’ New Dynamics of Urban Tourism in Berlin-Kreuzberg », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 38, no 4, p. 1304-1318.
- Getz, David, 1993, « Planning for Tourism in Business Districts », Annals of Tourism Research, vol. 20, no 4, p. 583-600.
- Gravari-Barbas, Maria, 2007, « À la conquête du temps urbain : La ville festive des ‘24 heures sur 24’« , dans Philippe Duhamel et Rémy Knafou (dir.), Les mondes urbains du tourisme, Paris, Belin, p. 55-74.
- Gravari-Barbas, Maria, 2010, « Le tourisme, co-opérateur de la créativité urbaine ? », Urbanisme, no 373, p. 68-70.
- Gravari-Barbas, Maria, 2013, Aménager la ville par la culture et le tourisme, Paris, Le Moniteur.
- Gravari-Barbas, Maria et Édith Fagnoni, 2013, « Introduction », dans Maria Gravari-Barbas et Édith Fagnoni (dir.), Tourisme et métropolisation. Comment le tourisme redessine Paris, Paris, Belin, coll. « Mappemonde », p. 5-23.
- Gravari-Barbas, Maria et Nelson Graburn, 2012, « Imaginaires touristiques », Revue interdisciplinaire et internationale Via@, no spécial, http://viatourismreview.com/fr/2015/06/tourist-imaginaries-3/, consulté le 28 décembre 2015.
- Gravari-Barbas, Maria et Sébastien Jacquot, 2013, « Patrimoine, tourisme et développement en banlieue », Les Cahiers de l’IAU (Institut d’aménagement et d’urbanisme), no 167, novembre, p. 65-67.
- Gravari-Barbas, Maria et Sébastien Jacquot, 2016, « No Conflict? Discourses and Management of Tourism-related Tensions in Paris », dans Johannes Novy et Claire Colomb (dir.), Resistance and Protest in the Tourist City, coll. « Tourism and Mobility », Londres, Routledge/Taylor and Francis.
- Hartmann, Rudi, 2014, « Dark Tourism, Thanatourism, and Dissonance in Heritage Tourism Management: New Directions in Contemporary Tourism Research », Journal of Heritage Tourism, vol. 9, no 2, p. 166-182.
- Holbrook, Morris- B. et Elisabeth-C. Hirschman, 1982, « The Experiential Aspects of Consumption: Consumer Fantasies, Feeling and Fun », Journal of Consumer Research, vol. 9, no 2, p. 132-140.
- Huning, Sandra et Johannes Novy, 2006, « Tourism as an Engine of Neighborhood Regeneration? Some Remarks Towards a Better Understanding of Urban Tourism Beyond the ‘Beaten Path’« , CMS Working Paper Series, no 6, Berlin, Center for Metropolitan Studies.
- MacCannell, Dean, 1976, The Tourist, a New Theory of the Leisure Class, Berkeley, CA, University of California Press.
- Maitland, Robert, 2007, « Tourists, the Creative Class and Distinctive Areas in Major Cities: The Roles of Visitors and Residents in Developing New Tourism Areas », dans Greg Richards et Julie Wilson (dir.), Tourism, Creativity and Development, Londres, Routledge.
- Maitland, Robert, 2008, « Conviviality and Everyday Life: The Appeal of New Areas of London for Visitors », International Journal of Tourism Research, vol. 10, no 1, p. 15-25.
- Maitland, Robert, 2010a, Cool Suburbs: Developing Creative Tourism in Outer London, communication présentée au colloque « Paris, Tourisme et métropolisation », organisé sous la direction de Maria Gravari-Barbas et Édith Fagnoni, Paris, Sorbonne.
- Maitland, Robert, 2010b, « Everyday Life as a Creative Experience in Cities », International Journal of Culture, Tourism and Hospitality, vol. 4, no 3, p. 176-185.
- Maitland, Robert, 2013, « Backstage Behaviour in the Global City: Tourists and the Search for the ‘Real London’« , Procedia – Social and Behavioral Sciences, vol. 105, décembre, p. 12-19.
- Maitland, Robert et Peter Newman, 2004, « Developing Metropolitan Tourism on the Fringe of Central London », InternationalJournal of Tourism Research, vol. 6, no 5, p. 339-348.
- Novy, Johannes et Claire Colomb, 2016 [à paraître], Protest and Resistance in the Tourist City, Contemporary Geographies of Leisure, coll. « Tourism and Mobility », Londres, Routledge/Taylor and Francis.
- Novy, Johannes et Sandra Huning, 2008, « New Tourism (Areas) in the ‘New Berlin’« , dans Robert Maitland et Peter Newman (dir.), World Tourism Cities. Developing Tourism Off the Beaten Track, Londres, Routledge.
- Pappalepore, Ilaria, Robert Maitland et Andrew Smith, 2010, « Exploring Urban Creativity: Visitor Experiences of Spitalfields, London », Tourism, Culture and Communication, vol. 10, no 3, p. 217-230.
- Paquot, Thierry, 2014, Le voyage contre le tourisme, Paris, Rhizome.
- Pine II, B. Joseph et James H. Gilmore, 1998, « Welcome to the Experience Economy », Harvard Business Review, juillet-août, https://hbr.org/1998/07/welcome-to-the-experience-economy, consulté le 28 décembre 2015).
- Priskin, Julianna et Joris Sprakel, 2008, « ‘CouchSurfing’ : à la recherche d’une expérience touristique authentique », Téoros, vol. 27, no 1, p. 68-71.
- Richards, Greg, 2011, « Creativity and Tourism: The State of the Art », Annals of Tourism Research, vol. 38, no 4, p. 1225-1253.
- Richards, Greg et Julie Wilson, 2006, « Developing Creativity in Tourist Experiences: A Solution to the Serial Reproduction of Culture? », Tourism Management, vol. 27, no 6, p. 1209-1223.
- Ritzer, George et Allan Liska, 1997, « ‘McDisneyization’ and ‘Post-Tourism’: Complementary Perspectives on Contemporary Tourism », dans Chris Rojek et John Urry (dir.) Touring Cultures: Transformations of Travel and Theory, Londres, Routledge, p. 96-109.
- Sallet-Lavorel, Hélène, 2003, Pour un tourisme participatif en Île-de-France. Encourager le rapprochement entre touristes et visiteurs, Rapport présenté à l’IAURIF (Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France), Paris.
- Shaw, Stephen, Sue Bagwell et Joanna Karmowska, 2004, « Ethnoscapes as Spectacle: Reimaging Multicultural Districts as New Destinations for Leisure and Tourism Consumption », Urban Studies, vol. 41, no 10, p. 1983.
- Smith, Karen A. et Kirsten Holmes, 2012, « Visitor Centre Staffing: Involving Volunteers », Tourism Management, vol. 33, no 3, p. 562-568.
- Stors, Natalie et Andreas Kagermeier, 2015, « Share Economy in Metropolitan Tourism. The Role of Authenticity-seeking », dans Anita Zátori (dir.), Metropolitan Tourism Experience Development: Diversion and Connectivity, Budapest 2015, Conference Proceedings of the RSA-Tourism Research Network Workshop, Budapest, 28-30 janvier.
- Thomazeau, François, 2009, « Les cités mal aimées se rebiffent », Le Monde, 31 décembre, http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/12/31/les-cites-mal-aimees-se-rebiffent_1286303_3214.html, consulté le 28 décembre 2015.
- Tosun, Cevat, 2005, Stages in the Emergence of a Participatory Tourism Development Approach in the Developing World, Geoforum, vol. 36, no 3, p. 333-352.
- Turner, Louis et John Ash, 1975, The Golden Hordes: International Tourism and the Pleasure Periphery, Londres, Constable.
- Urbain, Jean-Didier, 1991, L’Idiot du voyage. Histoires de touristes, Paris, Plon.
- Viard, Jean, 2000, Court traité sur les vacances : les voyages et l’hospitalité des lieux, Paris, L’Aube.
- Vivant, Elsa, 2007, « Les événements off : de la résistance à la mise en scène de la ville créative », Géocarrefour, vol. 82, no 3, p. 131-140.
- Vivant, Elsa, 2010, « The (re)Making of Paris as a Bohemian Place?, Progress in Planning, vol. 74, no 3, p. 107-152.
- Wynn, Jonathan, 2010, « City Tour Guides: Urban Alchemists at Work », City and Community, vol. 9, no 2, p. 145-163.