Résumés
Résumé
Ayant assidûment fréquenté les cinémas avec son père, au Havre, durant la Première Guerre mondiale, Raymond Queneau (1903-1976) devient, dès son arrivée à Paris, un spectateur assidu des salles « osscures ». « Nous voilà tous… », court texte surréaliste, publié en 1989 dans la Bibliothèque de la Pléiade parmi nombre de poèmes et de textes inédits, est un éloge poétique du cinéma d’avant l’arrivée du parlant. N’ayant pas encore fait l’objet d’analyses jusqu’à ce jour, celui-ci se présente comme un texte fondateur pour qui s’intéresse à la manifestation du cinéma dans l’oeuvre de Raymond Queneau. Ce dernier y revendique le cinématographe comme une découverte majeure, tout en faisant l’inventaire des figures qui constituent son panthéon cinématographique et qui vont nourrir, sous diverses formes et avec de nombreuses variantes, son oeuvre romanesque et poétique. Cet article se propose d’explorer comment ces motifs se développent peu à peu, se répètent et évoluent pour constituer un ensemble des plus originaux sur l’expression du cinéma dans la littérature de son temps.
Abstract
Having accompanied his father regularly to the cinema in Le Havre during the First World War, Raymond Queneau (1903-1976) became, upon arriving in Paris, a regular patron of salles oscurres (dimly-lit halls). “Nous voilà tous…” (Here we all are…), a short surrealist text published in 1989 in the Bibliothèque de la Pléiade together with a number of yet unpublished poems and texts, is a poetic tribute to silent film. Not analyzed to date, it presents as a foundational text for anyone interested in the treatment of cinema in Queneau’s work. The author held the cinematograph to be a major discovery and identified the figures in his cinematographic pantheon who, via their diverse forms and numerous variations, would fuel his literary and poetic work. This article aims to examine how these motifs gradually developed, recurred and evolved to constitute a highly original set of ideas on cinematic expression in the literature of the time.