Résumés
Résumé
Lorsqu’ils débarquent en Nouvelle-France, avec pour ambition de convertir les « sauvages », les missionnaires se heurtent d’emblée à l’altérité radicale des langues en usage à travers le territoire, mais ils ont tôt fait de remarquer la prédilection des Amérindiens pour la parole figurée, et ils en déduisent que, pour les rallier à leur foi, il faudra d’abord maîtriser leur langage. On pressent alors que l’entreprise de conversion ne dépend pas uniquement de l’apprentissage des langues, mais aussi, et peut-être surtout, de la capacité des Jésuites à assimiler les codes et les usages de l’éloquence autochtone. Or, ont-ils vraiment appris le huron ou l’ont-ils fantasmé ? Cet article s’emploie à identifier les facteurs de résistance qui ont réduit l’ambition linguistique des Jésuites à l’utopie.
Abstract
After disembarking in New France with the aim of converting the “savages”, the missionaries were immediately faced with the radical otherness of the languages in use across the territory. They soon noticed the Amerindians’ predilection for figured speech, however, and deduced that, before rallying the natives to the faith, it would first be necessary to master their language. We suspect, then, that the conversion enterprise depended not only on learning languages, but also, and perhaps especially, on the Jesuits’ ability to assimilate the codes and usages of Amerindian eloquence. Now, did they really learn the Huron language or did they fantasize about it? This article proposes to identify the resistance factors that reduced the Jesuits’ linguistic ambition to utopia.