Résumés
Résumé
En 2011, Jean Morency relevait la récurrence d’une figure spatiale particulière dans les littératures de l’Acadie, de l’Ontario français et de l’Ouest francophone : la maison incendiée, qu’il rattachait au temps, à la mémoire et à l’histoire. Depuis, les écrivains franco-canadiens ont délaissé cette figure au profit d’un autre type de logis, la maison urbaine. C’est notamment le cas de Daniel Poliquin, Simone Chaput et France Daigle. Les maisons atypiques de La Côte de Sable (1990, sous le titre Visions de Jude), La belle ordure (2010) ainsi que Petites difficultés d’existence (2002) et sa suite Pour sûr (2011) ont en commun d’être des espaces peu propices à l’intimité car ils brouillent les frontières entre l’intérieur et l’extérieur. Point de rencontre pour les personnages, ces maisons occupent une telle place qu’elles éclipsent les villes mises en scène. La maison urbaine semble ainsi être le moyen par lequel les écrivains franco-canadiens sont parvenus à s’approprier la ville pour l’habiter. La récurrence de cette nouvelle figure spatiale de même que le passage de la maison incendiée à la maison urbaine laissent entendre que les écrivains franco-canadiens puisent à un imaginaire commun. La littérature franco-canadienne pourrait ainsi compter non seulement sur des fondations institutionnelles, mais imaginaires.
Abstract
In 2011, Jean Morency highlighted the recurrence of a particular spatial figure in the literatures of Acadia, French Ontario and French-speaking Western Canada: the burned house, which he associated with time, memory and history. Since then, French-Canadian writers have abandoned this figure in favour of another type of lodging: the urban house. Such is the case for Daniel Poliquin, Simone Chaput and France Daigle among others. What the atypical houses of La Côte de Sable (1990, under the title Visions de Jude), La belle ordure (2010) and Petites difficultés d’existence (2002) and its sequel Pour sûr (2011) have in common are spaces that are not very conducive to privacy because they blur the boundaries between indoors and out. Meeting points for the characters, these houses have far greater importance than the cities where the story takes place. French-Canadian writers thus appear to have used the urban house as a means of appropriating the city and thereby inhabiting it. The recurrence of this new spatial figure and the shift from the burned house to the urban house suggest that French-Canadian writers draw from a common wellspring of ideas. French-Canadian literature could thus rely on a shared imagination as well as shared institutions.