Résumés
Résumé
En prenant pour point de départ les thèses développées par Jacques Rancière dans Le spectateur émancipé, cet article se demande à quelles conditions la philosophie pourrait jouer un rôle constructif dans l’étude de l’engagement du spectateur. L’article propose de se tourner vers la philosophie pragmatique de John Dewey telle qu’elle est exposée dans L’art comme expérience : pensée comme transformation des énergies corporelles, l’expérience esthétique définie par Dewey est somatique, rythmique et relationnelle, permettant le dépassement des oppositions acteur/spectateur, activité/passivité. La théorie esthétique tout entière de Dewey fait une large part à l’expérience du spectateur en tant qu’elle est créative. En explorant les influences qu’a eues L’art comme expérience sur le développement des arts américains et dans l’esthétique pragmatique selon Richard Shusterman, l’article met en évidence la part performative constitutive de l’expérience esthétique. En concevant le spectateur comme partie prenante d’une performance, le pragmatisme pousse à revisiter du même mouvement le rôle et la fonction de la philosophie : aux prises avec la question de l’engagement du spectateur, la philosophie peut alors être envisagée dans ses propres dimensions performatives, selon une approche telle que celle du réseau de chercheurs récemment créé « Performance Philosophy ».
Abstract
By taking as its point of departure the theses developed by Jacques Rancière in The Emancipated Spectator, this article examines the conditions needed for philosophy to play a constructive role in the spectator’s engagement. The author proposes turning to the pragmatic philosophy of John Dewey as presented in Art as Experience: conceived as the transformation of bodily energies, the aesthetic experience defined by Dewey is somatic, rhythmic and relational, allowing us to get past the oppositions of actor/spectator, activity/passivity. Dewey’s aesthetic theory as a whole emphasizes on the spectator’s experience insofar as it is creative. By exploring the influences of Art as Experience on the development of American art and in pragmatic aesthetics according to Richard Shusterman, the article highlights the performative component essential to the aesthetic experience. By conceiving of the spectator as a part of the performance, pragmatism encourages us to simultaneously revisit philosophy’s role and function: faced with the issue of the spectator’s engagement, philosophy can then be envisaged in its own performative dimensions, based on an approach resembling that of the recently created researcher network “Performance Philosophy.”