Résumés
Résumé
Le refus de l’héritage amérindien fait partie des « fictions dominantes » dénoncées par Suzanne Jacob dans son essai La bulle d’encre. Elle en fait le thème central de son roman Rouge, mère et fils (2001) dont cet article analyse la composition (autour de la couleur rouge) et les principaux personnages : la mère Delphine, le fils Luc, le père Félix de même qu’un personnage extravagant, appelé le Trickster, par qui la mère et le fils retrouveront en fin de roman le fil de leur histoire, irriguée par le sang amérindien qui coule dans leurs veines. L’article met l’accent sur le changement de registre qui apparaît dans le dernier chapitre du roman, lequel délaisse le ton ironique employé jusque-là au profit d’une prose poétique et solennelle. En s’emparant d’un héritage détourné (celui du métissage amérindien refoulé par le discours identitaire québécois), le roman se voit lui-même détourné par cet héritage, au nom d’une demande de sens venue de l’extérieur du roman.
Abstract
The rejection of Amerindian heritage is part of the “dominant fictions” denounced by Suzanne Jacob in her essay La bulle d’encre (The ink bubble). It is the central theme of her novel Rouge, mère et fils (Red, mother and son) (2001) as well as the subject of this article, which analyzes the novel’s composition (based on the colour red) and its main characters: mother Delphine, son Luc, father Félix and a flamboyant character called the Trickster, through whom, at the novel’s end, the mother and son recover the thread of their history, irrigated by the Amerindian blood that flows through their veins. The article highlights the change of register that appears in the novel’s last chapter, which relinquishes the ironic tone employed up to then and replaces it with a prose both solemn and poetic. By appropriating a spurned heritage (that of Amerindian miscegenation repressed by Quebec identity discourse), the novel is itself spurned by this heritage on behalf of a request for meaning that comes from outside the novel.