Résumés
Résumé
Dans l’adaptation théâtrale de son récit Se questo è un uomo, Primo Levi ne crée pas un langage de l’extrême avec le spectacle des corps suppliciés et des râles de la souffrance. C’est au contraire une véritable stratégie de l’énonciation, du dialogue et de la langue qu’il met en oeuvre. En effet, sur scène, la première personne du récit est diffractée en plusieurs instances locutrices (un personnage d’auteur, un choeur, un déporté) ; le dialogue et la communication entre les déportés déploient, en direction du destinataire-spectateur, une fonction beaucoup plus heuristique qu’émotionnelle, et le babélisme provoqué par toutes les langues maternelles présentes à Auschwitz exprime le désir de préservation de l’humanité. De sorte que dans cette version dramatique, la langue de l’extrême entretient un rapport d’intelligence avec le destinataire-spectateur, tout en valorisant les éclats d’humanité des déportés.
Abstract
In the theatrical adaptation of his narrative Se questo è un uomo [If this is a man], Primo Levi does not create a language of the extreme through the spectacle of tortured bodies and groans of suffering. Instead, he brings into play a veritable strategy of enunciation, dialogue and language. Indeed, on stage, the story’s first person narrator is diffracted into several narrative authorities (an author, a choir, a deported individual); dialogue and communication among the deported deploy, for the sake of the addressee-spectator, a function that is much more heuristic than emotional, and the babel of voices triggered by all the mother tongues present at Auschwitz expresses a desire for the preservation of humanity. So it is that in this dramatic version, the language of the extreme maintains a rapport of intelligence with the addressee-spectator, while enhancing the sparks of humanity in and by the deported.