Résumés
Résumé
L’article propose une étude stylistique du Sang du ciel (1961) de Piotr Rawicz (1919-1982), s’interrogeant sur l’usage récurrent de l’ironie dans les récits du génocide. L’analyse d’une scène de massacre d’enfants juifs permet de situer l’ironie dans le cadre plus général d’une rhétorique de l’indicible spécifique aux récits du génocide : l’écriture du « faire comme si » l’on pouvait raconter ça là-bas vise à suspendre la lisibilité de la réalité représentée en brouillant les conventions du déjà-dit et du déjà-pensé par une modulation nouvelle des interférences esthétique et pathétique du discours littéraire. La réflexion cherche à montrer comment l’usage des figures par analogie comme la comparaison ou la métaphore produit un effet de vide imaginaire par une déconstruction de la structure tropique, alors que l’ironie, au contraire, déclenche un effet d’indicible par un excès de lisibilité.
Abstract
This article proposes a stylistic study of Piotr Rawicz’s (1919-1982) Sang du ciel [Blood from the sky] (1961) by examining the recurrent use of irony in narratives of the genocide. The analysis of a scene describing the massacre of Jewish children makes it possible to situate irony within the more general context of a rhetoric of the unspeakable that is specific to narratives about the genocide: writings on "doing as if" one could recount that over there aim to suspend the readability of the represented reality while blurring the conventions of the already-said and already-thought by a new modulation of the aesthetic and pathetic interferences of literary discourse. The discussion seeks to demonstrate how the use of figures by analogy like comparison or metaphor produces an effect of an imaginary void through a deconstruction of tropic structure, whereas irony, on the contrary, produces an effect of the unspeakable through an excess of readability.