Résumés
Résumé
Étudier les peuples lointains pour définir les principes de l’esprit humain ; décrire le paganisme contemporain pour comprendre celui des nations anciennes, puis éclairer la nature de la religion chrétienne : tel est le projet que formèrent, tous deux en 1724, Joseph Lafitau, auteur des Moeurs des sauvages américains, comparées aux moeurs des premiers temps, et Fontenelle, dans son traité De l’origine des fables. Le premier, jésuite qui avait séjourné dans le Nouveau Monde, cherche à prouver la rémanence universelle de la révélation faite par Dieu aux premiers hommes, déformée mais jamais perdue au fil des avatars des croyances humaines. Le second, rationaliste sceptique soucieux de remettre en cause les dogmes établis, veut au contraire discréditer la croyance religieuse en montrant que son fondement est intrinsèquement lié au mythe. Ces perspectives divergentes utilisent pourtant la même méthode : la réflexion sur le christianisme se développe à partir d’une comparaison entre les sauvages d’Amérique du Nord et le peuple qui fonde la civilisation occidentale, les Grecs de l’Antiquité.
Abstract
To study the peoples of ages past in order to define the principles of the human spirit; to describe contemporary paganism in order to understand the paganism of ancient nations, then clarify the nature of the Christian religion: such was the project issued in 1724 by two men — Joseph Lafitau, author of Customs of the American Indians Compared with the Customs of Primitive Times, and Fontenelle in his treatise De l’origine des fables [On the Origin of the Fables]. The former, a Jesuit who had spent time in the New World, seeks to prove the universal persistence of God’s revelation to the first humans, a revelation deformed but never lost amid the permutations of human beliefs. The latter, on the other hand, a sceptical rationalist anxious to re-examine established dogma, wishes to discredit religious belief by demonstrating that its foundation is linked intrinsically to myth. But these differing perspectives employ the same method: the meditation on Christianity is based on a comparison between the native Indians of North America and the people who founded western civilization, the ancient Greeks.