Queer McGill[Notice]

  • Bill Ryan et
  • Shari Brotman

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  • Bill Ryan
    Université McGill

  • Shari Brotman
    Université McGill

En 1969, Bruce Garside, professeur de philosophie à l’Université McGill, est renvoyé tout juste après avoir révélé son homosexualité. Comme c’est souvent le cas, cet événement terriblement homophobe le propulse à l’avant-scène du militantisme et l’incite à entreprendre des études en travail social à l’Université McGill. Il est plus tard embauché par le Centre de services sociaux Ville-Marie et est affecté au premier projet de services sociaux pour gais et lesbienne du Canada. En 1973, il cofonde à Montréal (avec Will Aitken et Stanley Street) une institution phare, historiquement cruciale et encore regrettée à ce jour : la librairie L’Androgyne. Les personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles, trans et bispirituelles ( ou « queers ») vivent des problèmes de santé mentale qui sont depuis longtemps dénaturés et négligés dans les universités canadiennes. Les disciplines de la santé et les disciplines apparentées ont à leur actif une feuille de route lamentable en ce qui concerne la qualité et la quantité des initiatives éducatives centrées sur les réalités et les besoins des personnes et des communautés queers. Ce n’est que depuis peu que l’on s’interroge sur ce que pourraient faire les universités pour transformer leur espace et leurs programmes et s’attaquer aux problèmes de santé mentale chez les personnes et les communautés queers dans une perspective de solidarité. Le présent article campe le contexte d’une telle interrogation et y répond à partir d’une réflexion sur les actions entreprises par l’École de travail social de l’Université McGill. Cette réflexion cherche à rendre compte des expériences vécues à l’École de travail social de l’Université McGill et à montrer, à titre d’exemple, comment le fonctionnement normal des choses dans les milieux universitaires, les programmes en santé et les curriculums apparentés peut être remis en question dans l’intention de créer un espace d’affirmation, de faire avancer les projets éducatifs sur la santé et la santé mentale chez les personnes queers, et de favoriser le changement social. Il est à noter qu’en 2020, les facultés et départements ont été plus nombreux à faire avancer la recherche menée sur la vie, l’expérience et les besoins des minorités sexuelles et de genre par diverses initiatives. Cette évolution du monde universitaire est telle qu’il est impossible d’énumérer toutes ces initiatives ici. Nous nous proposons de retracer le parcours à travers les époques de l’École de travail social tel qu’en ont fait mention les revues scientifique. La création d’un espace queer au sein de l’École de travail social de l’Université McGill est récente et survient dans un contexte historique bien précis. Nous analyserons ce contexte en revenant sur les écrits ayant commencé à émerger à la fin des années 1980 et durant les décennies d’après. À cette époque, le travail social en tant que discipline et les travailleurs sociaux commencent à prendre conscience de leur rôle dans l’oppression que subissent les personnes queers. Comme ce fut le cas dans toutes facultés des sciences de la santé et dans les écoles de travail social au Canada, les discours dominants ont construit et marqué les vécus queers comme étant des pathologies. Ces facultés faisaient partie d’un plus grand réseau d’organes professionnels et étatiques qui encadraient, voire imposaient la catégorisation de ces sexualités comme des maladies mentales. Jusqu’à 1973, l’American Psychiatric Association considérait ces sexualités queers comme des troubles mentaux, idem pour les écoles canadiennes de travail social. La dépathologisation des identités trans s’est faite plus tard, sur les deux décennies qui ont suivi les années 1990. Et elle se poursuit encore aujourd’hui dans les programmes et dans les écoles de travail social. Nous présentons, dans cette section, un portrait actualisé de la situation brossé à …

Parties annexes