Comptes rendus

Compte rendu de : La relation d'aide. Éléments de base et guide de perfectionnement par Jean-Luc Hétu, 3e édition, Montréal et Paris, Gaëtan Morin, 2000, 189 p.[Notice]

  • Gilles Tremblay

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L'auteur nous propose une édition renouvelée de cette oeuvre parue une première fois il y a vingt ans et vendue à plus de 30 000 exemplaires depuis. Il s'agit donc d'un livre qui a fait ses preuves et qui est utilisé comme manuel de base par différents formateurs et formatrices en relation d'aide. Cette nouvelle édition présente un contenu identique aux éditions précédentes quant au fond, mais dans une forme restructurée en vue de rendre le contenu plus clair. De plus, l'auteur a ajouté une série de questions à la fin de chaque chapitre — questions fort judicieuses par ailleurs — qui aident le lecteur ou la lectrice à poursuivre la réflexion sur un plan plus personnel. Elles démontrent que l'auteur maîtrise très bien tout l'art et les subtilités de la relation d'aide. En introduction, on situe la relation d'aide dans la vie quotidienne aussi bien qu'au sein d'un travail professionnel. On nous propose des définitions de la psychothérapie et de la relation d'aide. Selon l'auteur, la psychothérapie constitue « une démarche structurée (…) habituellement entre dix et dix-huit mois » (page XVI) alors que la relation d'aide est « souvent informelle et situationnelle (…) déclenchée par un besoin immédiat et d'une durée brève » (page XVII). On ne fait cependant aucune distinction avec le travail social qui, pour sa part, resitue la relation d'aide dans la relation entre la personne et son environnement afin d'améliorer son fonctionnement social. Le premier chapitre porte sur « la compréhension empathique » comme telle. L'auteur définit l'empathie de manière plutôt classique comme « sentir de l'intérieur » (page 3), ce que Rogers appelait « la capacité de se mettre dans les souliers de l'autre ». Cette façon de faire est centrale pour établir un lien thérapeutique. Elle est fondamentalement axée sur la personne qui consulte dans une perspective qui évite le jugement. Il aurait été intéressant que l'auteur conserve une dimension sociocritique quant aux limites de l'approche empathique. Rappelons que Clark (2000) met en évidence le fait que cette technique porte en elle des éléments implicites qui peuvent représenter autant de préjudices. Par exemple, en étant centrée sur la personne, l'approche empathique omet le contexte sociopolitique. D'autre part, elle positionne l'intervenant ou l'intervenante comme l'expert ou l'experte, celui ou celle qui est capable de comprendre l'autre, alors que ce que porte l'autre se situe parfois aux antipodes des connaissances, des savoirs expérientiels, des valeurs ou autres de l'intervenant ou intervenante. De plus, elle est fondamentalement unidirectionnelle et renforce ainsi l'inégalité entre les deux protagonistes. De même, l'expression des émotions que doit favoriser l'empathie demeure une technique davantage liée à une perspective occidentale, eurocentriste (ou nord-américanocentriste), le plus souvent féminine, beaucoup plus difficile à utiliser avec des hommes plus traditionnels par exemple (Tremblay, 1996; Tremblay et L'Heureux, 2002) ou des personnes issues de certaines cultures. Au chapitre suivant, l'auteur propose un exercice un peu lourd, mais utile pour bien saisir les principales techniques en usage. Le chapitre 3 reprend les étapes de la relation d'aide : 1) expression, 2) compréhension et 3) scénario de solution (ou action). Il s'agit d'un processus conçu dans la tradition humaniste : partir des émotions, chercher à comprendre le sens du vécu de la personne aidée et enfin élaborer avec elle des scénarios de solutions. Selon Hétu, trois conditions doivent être réunies « pour que l'on puisse vraiment parler de relation d'aide » : 1) la personne aidée doit être consciente de son problème, 2) elle doit consentir à en parler et 3) la personne aidante doit se centrer sur la personne aidée (page 34). Bref, la relation d'aide, …

Parties annexes