Résumés
Résumé
Pendant longtemps, la danse dite « africaine » a été considérée comme une expression corporelle que l’on ne pouvait distinguer du « tam-tam », censé l’accompagner à tout moment. Depuis sa création après l’indépendance en 1960, le Ballet national du Mali a contribué à donner du sens à ce stéréotype en faisant du tambour jembe l’instrument-roi de ce genre musico-chorégraphique. Cet article propose de nous interroger sur les techniques musicales et chorégraphiques qui permettent l’interaction musique-danse lors de la performance scénique, sur les rapports de hiérarchie qui s’en dégagent, la façon dont ces valeurs peuvent s’inverser ou se transformer selon les contextes et les pratiques et, enfin, d’appréhender comment la création artistique contemporaine de ce genre musico-chorégraphique semble pouvoir s’orienter vers une dissociation de ces deux éléments alors que leur complémentarité en déterminait justement la caractéristique principale.
Abstract
For many years, “African” dance was conceived as a type of bodily expression inevitably associated with the tamtam, an instrument purported to accompany it at all times. From the outset, the National Ballet of Mali, founded after the country achieved independence in 1960, reinforced this stereotype by making the jembe drum its principal instrument. In this study, we investigate the musical and choreographic techniques underlying the music/dance interactions in staged performances of this ballet company. We will also examine the hierarchical relationships that can develop from these interactions, and the ways in which they can be inverted or transformed according to contexts and practices. Finally, we will argue that contemporary artistic creation fostered a dissociation of music from dance within this musico-choreographic genre, in spite of the complementary function of its two foundational art forms.
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Parties annexes
Note biographique
Elina Djebbari est doctorante en ethnomusicologie à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Elle s’intéresse à la mise en place des politiques culturelles au Mali à travers la patrimonialisation et la spectacularisation des musiques et des danses « traditionnelles » au sein du Ballet national et des troupes privées. Elle participe également au programme ANR GLOBAMUS – Création musicale, circulation et marché d’identités en contexte global (coordonné par Emmanuelle Olivier) –, et au programme FSP Mali contemporain Patrimonialisation et stratégies mémorielles du religieux au Mali/Mise en scène de la culture religieuse et recompositions de l’identité nationale (dirigé par Gilles Holder et Moussa Sow).
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