Résumés
Résumé
Autant par la densité et le rythme de ses publications que par sa licence de diffusion ouverte, le blog S.I.Lex constitue une sorte de « livre en devenir permanent », selon la formule d’Hervé Le Crosnier. Pourtant, le blog de Lionel Maurel ne se laisse pas si facilement saisir par un éditeur. La collection La Numérique des Presses de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib) expérimente la fabrication d’un livre numérique gratuit à partir du blog S.I.Lex en pariant sur des formes d’éditorialisation qui interrogent la place de l’auteur et des lecteurs, la valeur de la gratuité, ainsi que le rôle du numérique.
Mots-clés :
- communs,
- Creative Commons,
- autopublication,
- blog,
- parcours de lecture,
- édition
Abstract
As much by the density and the rhythm of its publications as by its license of open diffusion, the blog S.I.Lex forms a “book in continuous progress”, quoting Hervé Le Crosnier. However, the blog of Lionel Maurel is not so easy to seize by a publisher. The collection La Numérique from the Presses de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib) is experimenting with making a free digital book from the S.I.Lex blog by investing on forms of editorialization that question the place of the author and readers, the value of the free, and the role of the digital environment.
Keywords:
- commons,
- Creative Commons,
- selfpublishing,
- blog,
- reading path,
- publishing
Corps de l’article
Autant par la densité et le rythme de ses publications que par sa licence de diffusion ouverte, le blog S.I.Lex constitue une sorte de « livre en devenir permanent », selon la formule d’Hervé Le Crosnier. Pourtant, le blog de Lionel Maurel ne se laisse pas si facilement saisir par un éditeur. La collection La Numérique des Presses de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib) expérimente la fabrication d’un livre numérique gratuit à partir du blog S.I.Lex en pariant sur des formes d’éditorialisation qui interrogent la place de l’auteur et des lecteurs, la valeur de la gratuité, ainsi que le rôle du numérique.
Éléments d’introduction : une collection au sein des Presses de l’Enssib
Si l’activité éditoriale de l’Enssib apparaît en 1993[1], c’est en 2008, sous l’impulsion d’Anne-Marie Bertrand, directrice de l’École, qu’elle connaît une refondation importante : une structuration des collections, puis la création en 2015 de la collection La Numérique, destinée à la diffusion de livres en format numérique et en libre accès[2]. Les deux collections imprimées soutiennent les axes forts de l’École : d’une part, la formation des professionnels des bibliothèques, d’autre part, la recherche dans le domaine des sciences de l’information et des bibliothèques. La collection La Boîte à outils est destinée à la conception de manuels professionnels[3], tandis que la collection Papiers édite des ouvrages issus de travaux de recherche[4]. Dans ce contexte, la collection La Numérique occupe un espace particulier de recherche-action sur le livre numérique : il s’agit autant de produire des livres sous forme numérique[5] que d’expérimenter ce que le numérique mis en livre pourrait être ; autrement dit la relation, voire le continuum, entre l’autopublication sur le Web et l’édition numérique. Quel regard un éditeur peut-il porter sur la profusion de productions numériques mises à disposition librement par le biais de dispositifs techniques organisant leur circulation (sites Web, blogs, wikis, réseaux sociaux, etc. ; bref, médias sociaux au sens large) ? Pourrait-on passer d’un espace à l’autre, d’un espace d’autopublication – dans lequel l’autre (le destinataire) est un internaute tout comme l’auteur – à un espace d’édition dans lequel l’autre (le destinataire) est explicitement construit en tant que lecteur – dans une place qui le distingue cette fois-ci de celle de l’auteur ? C’est notamment sur la distribution des positions auteur-lecteur que se manifeste la rupture introduite par les plateformes inscriptibles, et c’est sur cette distinction que la collection La Numérique cherche à faire des propositions. En effet, si La Numérique devient un cadre d’édition pour une mise en livre de textes « déjà-là » sur le Web, ce sont des textes qui sont aussi « déjà-lus » sur le Web. Il y a dans la matière numérique à éditer cette dimension des expériences de lecture à considérer ; les titres de La Numérique sont pour cette raison des livres de lecteurs relatant leurs expériences de lecture en proposant un parcours sélectif et commenté à partir d’un ensemble de productions numériques. Ces parcours de lecture proposent un cadre d’éditorialisation nécessaire, en régime numérique, pour l’appropriation et le partage des productions.
Un cadre d’éditorialisation
En s’intéressant, à partir du milieu des années 1990, au traitement documentaire des documents numériques, Bruno Bachimont observe que la numérisation provoque une fragmentation des contenus en unités arbitraires du point de vue sémantique, ce qui pose de sérieux problèmes à l’interprétation. Dans un article de 1999, il propose de considérer plus généralement la navigation sur le Web comme « une succession de maintenants […] tous homogènes et tous indépendants les uns des autres » (Bachimont 1999), de nature à fragiliser le processus de lecture ; la cohérence lectoriale, assurée par la clôture matérielle dans le support analogique, manque dans le substrat numérique. Bruno Bachimont invite les intermédiaires du document à créer des « techniques d’annotation et de synthèse [qui] instituent une raison du support qui prothétise pour le lecteur la mémoire de sa lecture passée et l’anticipation de sa lecture future », ce qu’il nommera « éditorialisation » et qui tient notamment à une mise en contexte des ressources numériques de nature à proposer une intelligibilité, c’est-à-dire une possibilité de faire lien et sens entre unités fragmentées. Plusieurs postures d’éditorialisation sont envisageables : d’une posture respectueuse du contexte de production d’origine (dite généalogique) à une posture délibérément décalée (dite posture créative ou de détournement), en passant par une posture amnésique, sans souvenir aucun de l’ancrage initial.
L’éditorialisation dans le cadre d’édition de La Numérique se réalise dans l’écriture de parcours de lecture qui invitent à partager une intention ou une interprétation par lesquelles les fragments peuvent prendre une forme d’intelligibilité ; il importe de « compenser », comme le dit Bachimont, le défaut d’anticipation propre à l’auteur de l’hypertexte par une autre anticipation, celle du « lecteur qui écrit ce qu’il veut ou croit lire ». Les livres de la collection sont en cela des livres de lecture, de lecteurs qui forment un collectif, la démarche d’éditorialisation étant par nature collective, ouverte, multiple, pour reprendre les analyses de Marcello Vitali-Rosati (2018). Polyphoniques et multiples, ces livres agrègent plusieurs niveaux de discours : celui de l’auteur et celui des lecteurs, qu’il faut distinguer entre les lecteurs du « maintenant », dont certains se rendent visibles par leurs commentaires, et les (re)lecteurs d’« aujourd’hui », en différé, écrivant un texte inédit pour un « tout à l’heure », quand le livre numérique sera lu dans un cadre éditorial spécifié. Ici encore, on citera Bachimont pour spécifier que les parcours de lecture tirent leur apport du fait qu’eux-mêmes ne se parcourent pas : « un texte ne se parcourt pas : il ne s’agit pas de passer de documents en documents, mais de remplir la visée unitaire de la lecture par l’enrichissement progressif prescrit par le texte principal » (Bachimont 1999). Les livres de la collection La Numérique expérimentent à cet égard le genre nouveau du palimpseste de lecture qui permet de faire apparaître, pour les redécouvrir autrement, les productions numériques originales recouvertes, en tout ou en partie, de textes interprétatifs dérivés. De la nécessité d’éditorialiser au choix d’éditer, il y a la proposition de restituer, dans certains espaces circonscrits, les flux et les reflux de l’écriture et de la lecture sur le Web.
Des collectifs de lecteurs-auteurs
S’il est vrai que « le livre avait mis à l’avant-scène l’auteur en sacralisant la fonction de la création et en lui accordant un statut privilégié (le droit d’auteur), le web donne au contraire le pouvoir au lecteur » : le pouvoir non pas de suivre un chemin sur une carte, mais celui de créer des parcours, compris comme « une pratique de marche », un « acte d’énonciation », un vagabondage (Certeau 1990). Il y a création dans l’acte de lecture et, a fortiori, dans l’écriture de cet acte.
À cet égard, les livres de la collection La Numérique donnent à voir l’investissement des lecteurs dans l’espace des ressources numériques. Cet investissement prend des formes différentes selon les collectifs de lecteurs-auteurs engagés autour des productions. Le premier titre de la collection intitulé Les connexions solidaires d’Emmaüs Connect : de l’enquête anthropologique aux interfaces inclusives propose de rendre compte d’un parcours de lecture qui, à partir de deux rapports d’enquête, a conduit à la conception de plateformes numériques[6] par une start-up sociale émanant d’Emmaüs Connect, WeTechCare (Connect 2017). Ce livre retrace ce parcours de lecture et n’a pour auteur ni le chercheur ayant réalisé les enquêtes et rédigé les rapports ni les concepteurs de plateformes de la start-up ; l’auteur de l’ouvrage est Emmaüs Connect, personne morale à la fois commanditaire de l’enquête et « lecteur » actif, engagé pour construire une solidarité dans l’usage des plateformes numériques, notamment celles, obligatoires, des services publics. Sans les enquêtes réalisées, on comprend mal à quoi servent les plateformes Des Bons clics ou ClicndJob ; inversement, sans les plateformes réalisées, le travail ethnographique apparaît comme une étude « de plus » sur la « fracture numérique », concept-écran s’il en est, qui obère l’exclusion économique et l’idéologie d’une société dématérialisée. La collection La Numérique se saisit de ce cas exemplaire pour montrer que les études ethnographiques peuvent « servir » quand elles sont « lues » et inscrites dans un contexte déjà disposé à l’action. De ce point de vue, Les connexions solidaires d’Emmaüs Connect constitue un livre non pas « engagé » par son contenu, mais un livre qui montre une forme d’engagement construite à l’articulation de savoirs scientifiques, techniques, associatifs et politiques.
Le second titre de la collection, Des bibliothèques GayFriendly ? Conférences sur les questions de genre en bibliothèque (Agié-Carré, Sophie 2017), retrace le parcours d’un autre collectif d’auteurs-lecteurs, celui de la Legothèque, dont les membres militent en faveur de la construction de soi, contre les stéréotypes, notamment de genre. Ce collectif propose librement sur son blog la traduction, en français, du texte écrit de conférences tenues par des bibliothécaires de différents pays, reconnaissant ou pas, et de manière différente, l’homosexualité et, plus largement, les individus LGBTQ. Le livre s’est appuyé sur cette sélection de conférences traduites et en a proposé une mise en contexte d’un double point de vue bibliothéconomique et géographique. Parmi les 17 personnes constituant le collectif de conférenciers et traducteurs, aucune ne figure en tant que telle comme auteure. C’est la Legothèque comme entité (dont les membres se renouvellent régulièrement) qui signe l’ouvrage : son parcours de lecture et de partage en français de textes de conférences prononcées dans différents endroits du monde (Cape Town, Lyon, Singapour) permet de montrer que, malgré la diversité de la reconnaissance accordée aux individus LGBT, demeure un angle mort qui touche plus généralement la conception que les bibliothèques se font de leur public, segmenté en « spécificités », parfois sur la base de leur « malheur ». C’est Michèle Petit, préfacière de l’ouvrage, qui énonce, dans un effort collectif de qualification, l’ambiguïté que révèle ce parcours de lecture : « il se passe avec les LGBT ce que l’on observe fréquemment avec les réfugiés, eux aussi considérés avant tout comme des victimes à qui fournir des informations spécifiques » (Petit 2017) ; or,
pas plus que les réfugiés, les personnes dont l’orientation sexuelle est minoritaire ne sont réductibles à une identité du malheur. Les uns comme les autres sont des sujets singuliers, riches de toute une histoire, une culture, et de leur créativité, leur point de vue critique, leur regard .
(Petit 2017)
Dans ces deux cas, le dispositif « livre » a fonctionné comme un espace à investir, une proposition saisie par des collectifs qui ne s’étaient pas anticipés comme acteurs du livre. Ces livres rendent tangible ce que la lecture permet ; ils incarnent ce que peut être une « lecture efférente » :
D’après Rosenblatt, deux « positions » possibles caractérisent le processus transactionnel. La première concerne la sphère privée de la lecture en train de se dérouler. Rosenblatt parle d’une position « esthétique ». C’est le flux des impressions fugaces, des réminiscences, des instants de jubilation, d’étonnement ou d’agacement, des moments de fusion ou de conflit avec le texte et ce qu’il alimente dans la conscience du lecteur. La seconde position est orientée vers l’utilisation du texte une fois la lecture achevée. Rosenblatt parle d’une position « efférente » : transmettre une information, un résumé à autrui, agir selon des instructions contenues dans le texte, ou encore, reprendre ses premières impressions ou « semences de lecture » pour en discuter avec ses pairs et élargir son interprétation après coup .
(Terwagne, Annette, et Sabine 2006, 18‑25)
Dans le cas du premier blog éditorialisé dans la collection La Numérique, celui de Bertrand Calenge, Carnet de notes, c’est la dimension de l’hommage — l’auteur, une grande figure des bibliothèques, a disparu en 2016 — qui a constitué l’engagement du collectif d’auteurs dans l’écriture de leurs parcours de lecture : le collectif s’est autant constitué autour de l’auteur disparu que des expériences de lecture qu’il a permises. Les parcours ont rendu compte d’une double lecture, efférente et esthétique, dans les termes de Rosenblatt. Autrement dit, la forme d’éditorialisation retenue n’a pas été uniquement la contextualisation systématique des contenus, contrairement aux deux précédents titres ; pour reprendre les termes de Bachimont évoqués précédemment, elle s’est située entre l’approche généalogique et l’approche créative[7]. Le livre constitué n’a pas pour auteur Bertrand Calenge, dont les extraits du blog constituent pourtant les trois quarts des textes publiés ; Bertrand Calenge en devient le sujet, l’objet du partage (Pouchol 2018). Le collectif des sept lecteurs-auteurs de parcours de lecture qui recontextualisent les billets retenus devient signataire du livre, alors même qu’il ne représente qu’un sous-ensemble des voix présentes dans ce dernier ; les auteurs des commentaires contribuent significativement aux billets de blog. Mais seul ce collectif de lecteurs-auteurs pouvait restituer, précisément, cette dimension de sociabilité entretenue minutieusement par Bertrand Calenge. L’auteur du blog Carnet de blog est un auteur prolifique, très reconnu dans la profession des bibliothécaires ; son choix en faveur du médium « blog » témoigne de sa volonté de partager, de s’affronter, d’échanger – et non pas d’écrire les brouillons d’un livre à venir. Bertrand Calenge considère tous les commentaires avec gourmandise et y répond longuement, sans chercher l’impossible consensus, tant il est vrai que les collections restent dans la profession des bibliothécaires « une source de conversation et de controverse intarissable » (« Parcours de Jérôme Pouchol », dans Pouchol 2018). C’est à cette lecture que s’est prêté le collectif de lecteurs-auteurs, attentif autant aux sujets évoqués qu’à leur inscription dans l’espace communautaire du blog. Il fallait un regard à la fois d’expert et de fin lecteur pour apprécier ce qui, dans le blog, diffère des ouvrages de Bertrand Calenge et ce, tant dans le contenu que dans l’intention :
Mais là où le livre risque de clore le débat voire d’enfermer la bibliothéconomie dans un discours achevé, le blog permet à Bertrand d’ouvrir un dialogue dynamique, de construire son point de vue ou d’affiner sa pensée par itérations successives (dans une perspective presque fractale), de nuancer ses points de vue ou les contradictions de ses lecteurs, d’admettre ses lacunes ou ses erreurs .
(« Parcours de Renaud Aïoutz », dans Pouchol 2018)
Pour ne pas faire du blog un livre « malgré lui », il fallait des auteurs qui en retranscrivent la raison d’être et en révèlent la forme d’engagement qui le sous-tend.
Éditorialiser le blog S.I.Lex
Le blog S.I.Lex constitue, lui, une sorte de « livre en devenir permanent » comme le formule joliment Hervé Le Crosnier, et comme en conviendrait sans doute Lionel Maurel lui-même, qui confie avoir fait l’objet de plusieurs sollicitations de la part d’éditeurs :
Dès 2012, des éditeurs m’ont adressé des propositions pour publier sous la forme d’un ouvrage une compilation de billets. À l’origine, je voyais plutôt d’un bon œil ce type de projets, car si le blog a ses avantages, il a aussi quelques faiblesses. Un livre permet notamment de poser une somme et de dégager par la réorganisation des contenus une cohérence, là où l’accumulation des billets dans le flux rend le schéma d’ensemble difficilement perceptible pour les lecteurs .
(Maurel 2018)
Pourtant, le livre n’est pas si aisément à portée d’éditeur. Parce qu’il est blogueur, Lionel Maurel est un auteur qui écrit avec ses lecteurs[8], peut-être plus que pour ses lecteurs, en quasi temps réel, qu’il s’agisse de l’amont de la production – « il n’y a pas un seul de mes billets qui n’ait été déclenché par les conversations et les échanges dans les flux » (Maurel 2013) – ou de l’aval – « on ne dira jamais assez l’importance des commentaires dans la vie d’un blog » (Maurel 2010). Ce que Lionel Maurel nomme l’« intelligence collective », à laquelle il souhaite rendre tout ce qu’elle lui a donné, rejoint la figure du lecteur-créateur mise en évidence par Michel de Certeau. La différence tient à ce que les marques et remarques de lecture restaient anonymes, périssables, silencieuses dans l’univers imprimé ; avec les plateformes numériques, elles peuvent devenir nominatives, inscriptibles, audibles. Le collectif des lecteurs-commentateurs est donc partie prenante du travail de l’auteur et, a fortiori, du blogueur, qui constitue une « communauté » particulièrement engagée dans le cas de S.I.Lex. Quand Lionel Maurel décide de placer son blog S.I.Lex sous la licence CC0, ce sont aussi les auteurs des commentaires qui sont impliqués dans ce renoncement à la paternité de leur œuvre : un « sacré hold-up » qui a « bien fait rire » Bernard Majour qui revient, dans sa contribution, sur le statut très particulier de S.I.Lex à cet égard — « pas d’opt-out » possible pour les contributeurs de S.I.Lex (Majour, À paraitre au 30 octobre 2019). De ce point de vue, il nous paraissait essentiel que les billets sélectionnés dans notre livre soient accompagnés de leurs commentaires, tous leurs commentaires, en conservant les marques d’oralité et les contextes de production (date, heure d’écriture, pseudo ou nom des contributeurs).
Prenant au sérieux la spécificité fragmentaire du numérique, le cadre d’édition de La Numérique propose, comme nous l’avons vu, une éditorialisation qui valorise les lectures déjà faites des textes déjà mis en ligne. Lionel Maurel s’est lui-même prêté au jeu en diffusant un appel à « billet de lecteur » sur son propre blog :
L’idée de l’équipe éditoriale qui s’est rassemblée pour réaliser ce projet consiste à proposer des « parcours de lecture » à travers les billets de ce blog que des personnes le fréquentant pourront suggérer, en les accompagnant d’un commentaire. C’est donc un mélange de compilation, de curation et d’éditorialisation qui devrait donner naissance à ce livre d’un genre assez nouveau (une sorte de livre d’or 2.0 ?). Et quelle est ma place dans ce dispositif ? Et bien aucune ! En choisissant la licence CC0, je me suis comme déjà absenté par avance de mon « œuvre » pour la rendre la plus disponible possible. Je n’aurai pas de droit de regard, pas de droit d’auteur, et pas même de droit moral à faire valoir dans ce projet !
(Maurel 2018)
Si certains des lecteurs ont souhaité inscrire leur parcours d’éditorialisation dans une démarche généalogique replaçant plusieurs dizaines de billets de S.I.Lex dans la chronologie des soubresauts liés à Google Books par exemple (Leroy-Terquem, À paraitre au 30 octobre 2019), certains ont privilégié la voie plus créative, jouant à plein la carte offerte par la licence CC0 ; ainsi du remix proposé par Alexandre Hocquet (À paraitre au 30 octobre 2019), intitulé lui-même Prenez ce texte sur la science ouverte et transformez-le. Les deux perspectives d’éditorialisation étaient proposées, la première permettant de produire des parcours de lecture analytique et thématique[9], l’autre sollicitant un parcours de lecture plus personnel et subjectif[10]. On le voit : le lecteur de S.I.Lex, auteur de commentaires, n’est pas semblable au lecteur de S.I.Lex, auteur de sa lecture d’un ensemble de billets. Dans le premier cas, l’écriture est « performative », pour reprendre Marcello Vitali-Rosati (2018), dans le sens où « elle s’effectue à des fins opérationnelles précises » ; elle tend à agir sur le réel. Dans le second cas, elle tend à le représenter, à décrire ce que la lecture a fabriqué.
Se construit ainsi non plus un livre d’auteurs (une compilation de billets écrits par Lionel Maurel en prise directe avec les contributeurs), mais un livre de lecteurs ou, plus exactement, un livre d’auteurs de leurs propres lectures : « Je vais terminer en pastichant Stéphane Mallarmé : “Le monde est fait pour aboutir à un beau livre”, disait-il. Ce blog était aussi fait pour aboutir à un beau livre, mais… à condition qu’il soit écrit par ses lecteurs » (Maurel 2018) !
Ce projet de livre avec les lecteurs de S.I.Lex a permis à la collection d’interroger plus frontalement la question de l’écriture collective autour d’un « commun » – question encore différente de celle de l’écriture collective d’un « commun ». Bernard Majour, l’un des auteurs-lecteurs du blog S.I.Lex, explicite sur ce point sa compréhension de notre projet : « Tirer un livre de ton blog, ce serait te tirer une balle dans le pied […]. Demander à la communauté de la pérenniser, c’était la seule solution logique à ta démarche […] parce que tu as créé un Commun, une ressource partagée, par choix[11] » (Majour, À paraitre au 30 octobre 2019). Si, à bien des égards, et indéniablement pour certains de ses lecteurs, le blog S.I.Lex peut être considéré comme un « commun », ce qui nous a intéressés pour la collection est l’appropriation plutôt individuelle que collective des billets proposés par Lionel Maurel sur son blog. Rien dans cette entreprise d’éditorialisation collective ne garantit que « que ce qu’elle produit est “commun” (common) à tout un chacun », et pourtant.
Pour reprendre la terminologie de Rosenblatt introduite précédemment, l’expérience de lecture fait alterner, à des degrés divers, lecture « efférente », expérientielle et lecture « esthétique », émotionnelle. Les parcours de lecture qui constituent l’ouvrage sont tous, y compris les plus analytiques, sensibles à la forme, au style, au phrasé, au lexique et à la rhétorique argumentative de S.I.Lex. C’est même finalement ce qui relie entre elles les différentes contributions. Il faut dire que la posture du blogueur Lionel Maurel oblige le lecteur à un engagement sur ce double registre efférentiel et esthétique ; dans la qualification minutieuse des pans de réalité qu’il entreprend, Lionel Maurel souhaite faire entendre sa colère, de même nature que celle qu’identifie Marielle Macé (2016) « contre l’inattentif, celui à qui ça ne fait rien, les destructeurs de nuance, l’indifférentisme ». Pour reprendre encore les termes de Marielle Macé, je dirais que Lionel Maurel adopte un « parti-pris contre l’indifférence au comment » (Macé 2016) ; c’est au demeurant ce qui a motivé l’ouverture de son blog, comme le rappelle Bérangère Stassin dans sa contribution :
Le 17 février 2009, lors de son audition par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, de l’Assemblée nationale, Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, présente ce système de filtrage, ce projet de « portail blanc » que le gouvernement veut mettre en place sur tous les accès WI-FI publics afin d’éviter qu’ils ne soient utilisés pour pirater des œuvres sur Internet. Jusqu’alors peu concernés par l’HADOPI, les bibliothèques et leurs usagers sont désormais directement ciblés. Deux jours plus tard, le 19 février 2009, Lionel Maurel ouvre donc son blog et publie son tout premier billet. Intitulé « Projet de loi HADOPI : la proposition de “portail blanc” en bibliothèque devrait nous faire voir rouge ! », il donne immédiatement le ton : « Nous voici propulsés au cœur du dispositif répressif qui se met en place. […] Il y a plusieurs choses que je trouve très choquantes dans ce projet sur le plan des principes. […] C’est ni plus ni moins une forme de censure qui est proposée ici. […] C’est un coup symbolique qui nous est porté et ce sont les types de coup les plus dangereux !
(Stassin, À paraitre au 30 octobre 2019)
La qualification précise à laquelle s’astreint Lionel Maurel dans ses billets, l’attention soucieuse qu’il porte à toutes les atteintes aux libertés individuelles, le soin qu’il prend « à bien regarder et à bien dire ce qui existe », vont rarement sans colère, comme le note encore Marielle Macé, et, dans ce cadre, « la colère n’est pas un trait de caractère », ajoute-t-elle.
Si le Web fragilise l’expérience de lecture, il fragilise aussi les formes de partage, toujours guettées par l’enfermement en cercles homophiles – la colère propre au geste de la qualification renforce à cet égard le risque du clivage et de l’enfermement autour d’un lectorat convaincu. C’est à cette autre fragilité que s’est intéressée la collection La Numérique dans l’idée d’élargir l’espace d’autopublication du Web en prenant appui sur ses meilleurs ambassadeurs que sont les lecteurs. Cependant, si l’éditorialisation en elle-même spécifie la multiplicité des parcours, elle ne règle pas, pour autant, la question des lectures en archipels. Or, cette configuration est dominante et n’est pas unique au domaine numérique ; dans sa récente étude sur la consommation de livres imprimés, Olivier Donnat (2018) observe que « la multitude de livres au lectorat très réduit […] n’a cessé de croître au fil du temps ».
Le collectif de lecteurs de S.I.Lex représenté dans le livre est constitué pour plus de la moitié par des compagnons de route de Lionel Maurel, ce qui donne à l’ouvrage des airs de Mélanges[12], avec une dimension d’hommage tout à fait assumée par certains d’entre eux. L’adresse aux lecteurs en ressort dédoublée, peut-être aussi un peu troublée ; ainsi, certains des contributeurs s’adressent-ils nommément à l’auteur du blog — c’est le cas exemplaire de Bernard Majour (À paraitre au 30 octobre 2019) dont le recours au tutoiement intensifie le lien de proximité : « Oui Calimaq, quelque part, tu es bien un enchanteur du droit des sciences de l’information[13] ». Lionel Maurel devient destinataire de premier plan du livre dans un dialogue qui, entamé sur le blog, se poursuit dans le livre[14]. L’autonomie du titre, son propre contrat de lecture et ses circulations singulières se trouveront par confrontation à d’autres parcours de lecture dans lesquels le dialogue s’engage, non plus seulement et uniquement avec l’auteur du blog, mais aussi avec de potentiels nouveaux lecteurs – saisis à travers « la figure du double » ; assez naturellement, chaque lecteur-auteur retrace son parcours de (re)lecture en fonction de ses intérêts, que la collection l’incite à partager. Ainsi, le chercheur Alexandre Hocquet s’adresse à une figure du lecteur-chercheur, sensibilisé aux questions de science ouverte :
Grâce à la licence CC0, j’ai utilisé les arguments de Lionel Maurel (et de ses commentateurs) pour construire ma propre argumentation, fondée en grande partie sur la sienne (et la leur), mais avec un point de vue légèrement différent. Comme la « Science Wikifiée » qu’il appelle de ses vœux, ce texte peut maintenant être repris et transformé : c’est un début de Science Ouverte .
(Hocquet, À paraitre au 30 octobre 2019)
Parallèlement, le bibliothécaire Luc Maumet (À paraitre au 30 octobre 2019) estime la lecture de S.I.Lex « indispensable » pour « un bibliothécaire francophone intéressé par les conditions d’accès à l’écrit des personnes en situation de handicap ». Les points d’entrée dans S.I.Lex constituent autant d’archipels distincts que le livre souhaite cartographier dans un même cadre éditorial. Le livre constitué a permis de parcourir près de 200 billets (sur les près de 700 disponibles) à travers le regard de 14 de ses lecteurs. Ces 14 textes rendent compte de lectures efférentes distinctes – expériences singulières d’usage du blog –, mais d’une lecture esthétique partagée, un signe indéniable de la présence de l’auteur dans le blogueur Lionel Maurel ?
Éléments de conclusion
Le cadre d’édition de la collection La Numérique cherche à saisir les formes d’autopublication contemporaines et à expérimenter une place pour le livre et pour de nouveaux lecteurs dans cet écosystème ; moins support de valorisation de documents déjà existants que « mise en livre » de formes textuelles sans support ou disséminées dans ce support spécifique qu’est le Web[15]. Les expérimentations menées jusqu’alors avec La Numérique s’appuient sur les lecteurs pour identifier ce qui selon eux fait l’auteur dans les productions par lesquelles ils fabriquent leurs lectures : au-delà de la fonction auteur mise à portée de tous dans les plateformes inscriptibles, ce qui fait auteur se révèle dans le « résidu » de lecture qui permet la production d’un nouveau texte à même de faciliter la circulation des productions numériques par-delà leur aspect fragmentaire et leur distribution située. Le genre proposé du palimpseste de lectures permet d’articuler la superposition des productions originales avec les textes de lecture dérivés. Le rôle de l’éditeur reste toujours de faire circuler des productions d’auteurs, mais elles sont désormais à la fois enchâssées dans les cercles de leur parution immédiate (présence des lectures et traces des lecteurs dans les textes eux-mêmes) et débarrassées de l’usure de leur éternel remplacement (autre organisation temporelle et thématique des publications dans un cadre où le temps qui a passé entre le moment de la diffusion et le moment de l’édition constitue une valeur ajoutée et non une marque d’obsolescence). Pour atteindre cet objectif éditorial, La Numérique parie sur les formes les plus élémentaires du livre, forme close (PDF et EPUB) et contrat de lecture linéaire, préférant peut-être sacrifier dans un premier temps les potentialités du support numérique pour préserver le pouvoir de circulation des textes.
Parties annexes
Notes
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[1]
Le premier titre paru au nom de l’Enssib s’intitule Recherches sur l’économie de l’information : aperçu de la littérature américaine, sous la direction de Roberta Fausti (1993).
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[2]
La licence retenue est CC-BY-NC-ND. Muriel Amar est responsable de la collection depuis 2017.
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[3]
Sous la responsabilité de Catherine Jackson depuis 2010.
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[4]
La collection Papiers est actuellement dirigée par André-Pierre Syren.
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[5]
En formats EPUB, PDF et HTML disponibles sur le site des Presses de l’Enssib et sur la plateforme OpenEdition Books.
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[6]
Il s’agit des plateformes ClicnJob et Les Bons Clics. Voir http://wetechcare.org/.
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[7]
« L’étude du corpus ne prétend pas à l’exhaustivité, mais son exploration est complète et le filtre analytique opère sur un double registre, mêlant expertise scientifique et subjectivité du regard » (Pouchol 2018).
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[8]
« L’autre dimension fondamentale qu’apporte un blog par rapport à un livre, c’est l’aspect collectif de l’écriture et de la réflexion » (Maurel 2018).
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[9]
Le cas de quatre parcours proposés par Benjamin Caraco, Mélanie Leroy-Terquem, Bérangère Stassin et Isabelle Van Velden. Parcours sollicités directement par les coordinatrices de l’ouvrage, Sarah Clément et Mélanie Leroy-Terquem.
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[10]
Le cas de neuf parcours proposés par Dominique Cambrésy, Véronique Ginouvès, Alexandre Hocquet, Jonathan Keller, Bernard Majour, Luc Maumet, Silvère Mercier, Pouhiou, Sébastien Shulz. Parcours sollicités indirectement à travers l’appel à billet de lecteur diffusé sur le blog S.I.Lex.
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[11]
Voir aussi Alexandre Hocquet (À paraitre au 30 octobre 2019), dans le même volume : « Le blog de Lionel Maurel est ainsi une œuvre collective parce qu’il rassemble sous la même licence (CC0, donc) des billets et des commentaires ».
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[12]
« Les mélanges sont des ouvrages collectifs offerts à un savant et consacrés à la discipline dans laquelle ce savant s’est illustré. Ils peuvent aussi être offerts à une collectivité (académie, société savante, etc.). Sont donc exclus les ouvrages collectifs consacrés à une personne ou à son œuvre ». (Voir le Guide du catalogueur / BnF.)
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[13]
Une telle adresse est également présente à la fin du parcours de lecture proposé par Silvère Mercier (À paraitre au 30 octobre 2019) : « j’attends avec impatience sa lecture de ce livre recommandée par mes soins : Sentir-penser avec la Terre d’Arturo Escobar. Lionel qu’en penses-tu ? »
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Comme le remarque Sophie Bertrand, le livre — qui relève toujours d’une mise en récit — construit les commentateurs du blog comme des personnages, dont le « rôle » est rendu visible, pérenne.
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La question de savoir si le Web est un support ou un média est ouverte, Catherine Jackson relève sur ce point cette observation d’Hervé Le Crosnier (2019) : « Les livres sont des bornes sur un chemin, qui témoignent de l’état des réflexions à un moment donné. Le livre numérique ne peut échapper à cette pesanteur, au risque de quitter le monde du livre pour rejoindre celui des médias, et de l’oubli organisé ».
Bibliographie
- Agié-Carré, Sophie, Légothèque. 2017. Des bibliothèques Gay Friendly? Conférences sur les questions de genre en bibliothèque. Villeurbanne: Presses de l’Enssib, (La Numérique). http://books.openedition.org/pressesenssib/2098.
- Bachimont, Bruno. 1999. « Du texte à l’hypotexte : les parcours de la mémoire documentaire ». In Mémoire de la technique et techniques de la mémoire, édité par Charles Lenay et Havelange Véronique. France: Erès.
- Certeau, Michel de. 1990. Arts de faire. Édité par Luce Giard. Paris: Gallimard.
- Connect, Emmaüs. 2017. Les connexions solidaires d’Emmaüs Connect: De l’enquête anthropologique aux interfaces inclusives. Préface de Michel Briand. Villeurbanne: Presses de l’Enssib, (La Numérique). http://books.openedition.org/pressesenssib/2078.
- Donnat, Olivier. 2018. Évolution de la diversité consommée sur le marché du livre, 2007-2016. Cultures études. http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Etudes-et-statistiques/L-actualite-du-DEPS/Evolution-de-la-diversite-consommee-sur-le-marche-du-livre-2007-2016-CE-2018-3.
- Fausti, Roberta. 1993. Recherches sur l’économie de l’information : aperçu de la littérature américaine. Villeurbanne: Presses de l’Enssib.
- Hocquet, Alexandre. À paraitre au 30 octobre 2019. « Reprenez ce texte sur la science ouverte et transformez-le ». S.I.Lex, le blog révisité. Villeurbanne : Presses de l’Enssib, (La Numérique).
- Le Crosnier, Hervé. 2019. « Pouvoir Savoir : le développement face aux biens communs de l’information et à la propriété intellectuelle ». C&F Éditions.
- Leroy-Terquem, Mélanie. À paraitre au 30 octobre 2019. « Une décennie de mise en ligne des collections numérisées vue à travers l’œil de S.I.Lex ». S.I.Lex, le blog révisité. Villeurbanne : Presses de l’Enssib, (La Numérique).
- Macé, Marielle. 2016. Styles : critique de nos formes de vie. NRF essais. Gallimard.
- Majour, Bernard. À paraitre au 30 octobre 2019. « Logique ? Vous avez dit logique ». S.I.Lex, le blog révisité. Villeurbanne : Presses de l’Enssib, (La Numérique).
- Maumet, Luc. À paraitre au 30 octobre 2019. « S.I.Lex et les enjeux de l’accessibilité numérique ». S.I.Lex, le blog révisité. Villeurbanne : Presses de l’Enssib, (La Numérique).
- Maurel, Lionel. 2010. « 100ème billet dans S.I.Lex ! – – S.I.Lex – ». S.I.Lex. https://scinfolex.com/2010/01/14/100eme-billet-dans-s-i-lex/.
- Maurel, Lionel. 2013. « Un petit pas pour l’auteur, un grand pas pour le domaine public volontaire ! » S.I.Lex. https://scinfolex.com/2013/03/02/un-petit-pas-pour-lauteur-un-grand-pas-pour-le-domaine-public-volontaire/.
- Maurel, Lionel. 2018. « S.I.Lex va devenir un livre (mais on a besoin de vous !) ». S.I.Lex. https://scinfolex.com/2018/02/19/s-i-lex-va-devenir-un-livre-mais-on-a-besoin-de-vous/.
- Mercier, Silvère. À paraitre au 30 octobre 2019. « Itinéraire d’une amitié en communs ». S.I.Lex, le blog révisité. Villeurbanne : Presses de l’Enssib, (La Numérique).
- Petit, Michèle. 2017. « Préface ». In Des bibliothèques Gay Friendly ? Conférences sur les questions de genre en bibliothèque, édité par Légothèque. Villeurbanne: Presses de l’Enssib, (La Numérique). http://books.openedition.org/pressesenssib/2098.
- Pouchol, Jérôme. 2018. Calenge par Bertrand, parcours de lecture dans le Carnet d’un bibliothécaire: Du blog au book. Villeurbanne: Presses de l’Enssib, (La Numérique). https://doi.org/10.4000/books.pressesenssib.2178.
- Stassin, Bérangère. À paraitre au 30 octobre 2019. « Un blog dans la bibliosphère ». S.I.Lex, le blog révisité. Villeurbanne : Presses de l’Enssib, (La Numérique).
- Terwagne, Serge, Lafontaine Annette, et Vanhulle Sabine. 2006. Les cercles de lecture: interagir pour développer ensemble des compétences de lecteurs. Outils pour enseigner. De Boeck Éducation.
- Vitali-Rosati, Marcello. 2018. « Pour une définition de l’éditorialisation ». Culture numérique. http://blog.sens-public.org/marcellovitalirosati/pour-une-definition-de-leditorialisation/.