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Les MOOC tutorés, vers une articulation généralisée entre présentielle et en ligne ?Les MOOC. Conception, usage et modèles économiques, Paris, Dunot, 2014, 142 pages[Notice]

  • Rémy Besson

Les MOOC (Massive Open Online Courses), aussi désignés par les acronymes CLOM (Cours en Ligne Ouverts et Massifs) et FLOT (Formation en Ligne Ouverte à Tous) sont, à l’heure actuelle, perçus tout à la fois comme un format renouvelant l’enseignement à distance et comme un objet de polémique. En effet, leurs thuriféraires les considèrent comme une véritable révolution institutionnelle et pédagogique, alors que leurs détracteurs voient dans leur essor un énième symptôme du triomphe (plus ou moins en trompe-l’œil) d’une vision néolibérale de l’enseignement universitaire. Dans Les MOOC, Jean-Charles Pomerol, Yves Epelboin et Claire Thoury proposent un état de la recherche sur ce sujet. Ils abordent ainsi des questions concrètes liées à leur mode de production (valorisation institutionnelle, budgets nécessaires, etc.) et à leur usage, notamment à travers celui des publics visés (étudiants en formation initiale, formation tout au long de la vie, etc.). L’ouvrage, issu d’un rapport rédigé à la demande du Conseil Scientifique de la ville de Paris, est basé sur dix-huit entretiens avec des acteurs clefs du secteur. Il offre ainsi une étude synthétique principalement centrée sur l’espace francophone européen (France, Belgique et Suisse). Loin de tout enthousiasme technophilique, les auteurs inscrivent l’émergence des MOOC à la suite d’une évolution sur le long terme de l’enseignement à distance, de l’enregistrement sonore envoyé par voie postale au cours filmé mis en ligne, en passant par l’usage du VHS et du DVD. Cela les conduit à présenter clairement la distinction entre cours en ligne classique (xMOOC) et cours interactionnistes (cMOOC), ainsi qu’à insister sur la question de la pédagogie inversée ( MC, p. 13-15 et p. 100). En effet, selon eux, le principal changement introduit par les MOOC se situe moins au niveau de l’audience (devenue massive), qu’à celui du rôle assumé par les apprenants. Les MOOC ne correspondent, en effet, pas à la « diffusion massive de l’enseignement traditionnel » (MC, p. 3), sous-entendu basé sur la transmission de connaissances du maître à l’élève, mais à une forme permettant des relations entre enseignants et enseignés adaptées aux potentialités du web 2.0. Ainsi, c’est l’existence de forums et de réseaux sociaux, sur lesquels les personnes inscrites au MOOC échangent sans l’intermédiaire du professeur, qui constitue, selon eux, le principal changement. Loin de toute vision utopique ou dystopique, ils ne déduisent pas de ce constat l’émergence d’un phénomène conduisant à la suppression des universités. Ils rappellent ainsi que bien des étudiants s’inscrivent dans celles-ci autant pour acquérir des connaissances que dans le but d’une socialisation, pour ne pas dire d’une distinction (au sens de Bourdieu), ce que les MOOC n’offrent pas (MC, p. 108). Ils ajoutent que les MOOC, plus adaptés à des cours de premier cycle, n’entrent pas non plus en concurrence directe avec la fonction de recherche assumée par les universités. En fait, c’est à l’identification d’un modèle hybride que les auteurs s’attellent. Ils argumentent ainsi en faveur de l’avènement de ce qu’ils nomment des « MOOC environnés » ou des « MOOC tutorés » (MC, p. VI-VII). Le principe est de ne pas partir du présupposé qu’un cours en ligne correspond à une formation suivie uniquement à domicile et de manière isolée. Cela conduit à repenser l’articulation entre formation à distance et au sein de l’université. Dans ce cadre, le MOOC se substituerait au cours magistral en amphithéâtre et serait accompagné d’une formation personnalisée dispensée en présentiel. Cela permettrait notamment « d’augmenter l’interaction du professeur avec l’apprenant et l’implication de ce dernier » (MC, p. 100). En somme, comme le prônent les tenants de la …

Parties annexes