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"L’art, à La Source, aujourd’hui, encore et toujours"…Deux entretiens avec Gérard et Élisabeth Garouste[Notice]

  • Alain Kerlan

« Elle s’appelle La Source, c’est le bruit de l’eau à la campagne, la musique des mots anciens que j’aime lire, c’est là que tout commence ». L’homme, l’artiste qui écrit ces lignes s’appelle Gérard Garouste. Elles se trouvent dans l’avant-dernier chapitre de L’intranquille, une autobiographie sans masque ni fard, et pourtant empreinte de pudeur, et dont le sous-titre dit d’emblée presque tout : Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou. Mais de quoi parle ici le peintre, et qu’est-ce que cette source où tout commence, où tout a toujours commencé ? Est-ce une métaphore pour parler de son œuvre ? Non. Ou plutôt : oui et non. La Source est bien l’œuvre de Gérard Garouste, une œuvre qui compte assez pour que L’intranquille s’y arrête. Au moment où paraît l’ouvrage écrit en collaboration avec Judith Perrignon, La source « a vingt ans, des locaux, une équipe, des projets, toujours plus d’enfants, venus de la campagne mais aussi des portes des grandes villes ». La Source est en effet une association fondée par Gérard Garouste et qui offre à des enfants et adolescents « en difficulté », comme on le dit et comme on hésite à le dire, tant la formule est usée, l’opportunité, parfois la chance, d’ouvrir dans leur vie les portes de l’art et de la création. « Chaque année, explique Gérard Garouste, parallèlement aux ateliers menés par de jeunes artistes, un invité d’honneur, peintre, sculpteur, cuisinier, architecte, paysagiste, comédien ou photographe, insuffle sa tendance, sa personnalité, sa voix, dirige un ou plusieurs ateliers, prête des œuvres personnelles ». Depuis plusieurs années, je suis convaincu qu’il faut prendre avec le plus grand sérieux, sur le plan esthétique et sur le plan de l’histoire de l’art contemporain, j’insiste vigoureusement là-dessus, l’engagement des artistes en tant qu’artistes dans le champ de l’éducation, et plus largement dans le champ social. Je m’étonne encore du peu d’attention qu’y accordent les historiens et les sociologues de l’art ; ils passent selon moi à côté d’une clé qui pourrait aider à ouvrir quelques serrures. Cette conviction, et aussi, bien entendu, la conviction d’une efficacité de l’art, m’avait conduit, en 2004, à rencontrer Gérard Garouste pour l’interroger sur le sens de cet engagement qui a pour nom La Source. C’est cet entretien qu’on pourra lire ou relire, ci-dessous. Il s’agit plus précisément d’un entretien avec Gérard et Élisabeth Garouste. Les lecteurs de L’intranquille connaissent l’importance du couple dans la vie et l’œuvre de Gérard Garouste. Ceux qui liront cet autoportrait après avoir lu cet entretien auront peut-être alors l’envie de le relire, et le liront autrement. L’intranquille est paru en 2009. Au moment où je menais l’entretien que Gérard et Élisabeth Garouste avaient bien voulu m’accorder, et d’une façon qui aurait pu suffire à souligner l’importance de La Source pour tous deux, pour tous deux dans leur vie commune d’homme et de femme, d’artistes, j’ignorai donc cette part biographique qu’allait me révéler la lecture de L’intranquille, et l’énigme de son sous-titre. Impossible pour moi de le lire sans y rechercher, y déceler, y entendre des échos des paroles échangées au cours de l’entretien ; impossible plus encore de relire le texte qui en est issu sans y projeter les lumières et les ombres venues de L’intranquille. Je me contenterai ici d’offrir aux lecteurs le texte de cet entretien,  tel qu’il fut initialement rédigé et publié. Y revenir, avec les pages de L’intranquille comme viatique, peut-être le ferai-je bientôt. Le lecteur d’aujourd’hui pourra m’y devancer. Pour ma part, je m’y préparerai le cas échéant en retournant aux marques que j’ai laissées, …

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