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Gouverner après une décennie libérale…Le grand chantier du Parti québécois de Pauline Marois[Notice]

  • Dominic Desroches

Les dernières élections provinciales québécoises, celles de septembre 2012, se sont soldées par une courte victoire du Parti québécois, un parti souverainiste, dirigé par Pauline Marois. Le PQ a en effet obtenu 54 sièges, alors que le Parti libéral du Québec, après neuf années au pouvoir, en a obtenu 50, la Coalition Avenir Québec 19 et Québec solidaire 2. Ces résultats sont étonnants : le gouvernement libéral, qui n’avait plus l’autorité morale pour gouverner lors de la crise étudiante, s’est lancé dans une campagne électorale en été et, malgré l’insatisfaction généralisée, a tout de même réussi à conserver 50 sièges sur 125, ce qui constitue un véritable tour de force. Mais aussi parce que le parti de l’alternance, le PQ, face à une fenêtre historique, n’a pas réussi à profiter du « printemps érable » pour s’offrir une majorité confortable. Ce texte veut présenter le chantier politique qui s’ouvre désormais devant lui – on dira les cinq éléments nécessaires à la « reconstruction » du Québec – après les mandats désastreux des libéraux de Jean Charest à Québec. D’abord, presque tous s’entendent pour dire que la gouvernance libérale de Jean Charest, un ancien député conservateur au parlement canadien, a blessé la société québécoise. Son règne, qui présente bien peu de points positifs, sera retenu par l’histoire comme celui de la corruption généralisée mais aussi celui de la crise sociale historique de 2012, le « printemps érable ». Or, propulsé au pouvoir en bonne partie par la grève étudiante, le PQ s’attachera en premier lieu à restaurer la paix sociale. Ce gouvernement proposera de tenir un sommet sur l’éducation et reverra le droit de grève afin d’éviter de nouvelles crises. Car si une partie importante de la population s’est indignée et a marché contre l’improvisation des libéraux, les cadeaux aux amis et la corruption, contre ces libéraux qui jouaient sur les mots en associant la grève démocratique à un simple « boycott » des cours, le PQ doit maintenant tenir compte des demandes étudiantes et faire de la politique autrement. Autrement dit, il doit faire la preuve qu’il respectera l’expression citoyenne et que le Québec n’est pas le paradis des magouilleurs. Voilà pourquoi il proposera, malgré le fait qu’il est minoritaire, des réformes démocratiques afin d’éviter les problèmes de la représentation politique et les abus de pouvoir. Il limitera par exemple les cotisations aux partis politiques, une source importante de corruption sous les libéraux, et reverra probablement la carte électorale ou proposera, c’est encore hypothétique à ce stade-ci, un scrutin proportionnel afin que tous les votes comptent. Gouverner le Québec aujourd’hui ne peut se faire qu’à ce prix. Après la restauration du climat social, le chantier du PQ comprend aussi le difficile combat contre la corruption. Car les libéraux de Jean Charest, nous le savons aujourd’hui avec la commission d’enquête sur la corruption dans le milieu de la construction – une commission que les députés libéraux ont refusé pendant trente mois et qu’ils ont, à cause de la grogne populaire, finalement mis sur pieds –, étaient habitués aux abus du système politique et au détournement de fonds. Cette Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction – la Commission Charbonneau – permet de mieux comprendre les pratiques douteuses qui ont court depuis plus d’une décennie dans le petit monde de la construction. On y entend au quotidien le témoignage de personnes qui, se disant encore honnêtes, se sont servi à même les fonds publics, ont corrompu et menacé des fonctionnaires et planifié un système de collusion et de malversation dans l’attribution de contrats publics. …