Résumés
Résumé
Le militantisme peut-il se conjuguer au pluriel ? La vie d’Emilienne Brunfaut suscite d’emblée cette question car elle se décline sur trois registres : syndicalisme, féminisme, pacifisme. S’y ajoute encore en toile de fond son engagement politique, oscillant entre socialisme et communisme. Faut-il interpréter ces engagements multiples en terme de stratégie, révélant une hiérarchie parmi les causes, voire une instrumentalisation d’une cause au profit d’une autre ? Le féminisme sert ici de pierre de touche à l’analyse : Emilienne Brunfaut tente-t-elle de sensibiliser le monde syndical de gauche au féminisme ou au contraire utilise-t-elle les associations féministes au profit de son combat syndical ? Son parcours est en effet singulier car, à la différence de la France, les féministes belges n’ont eu pratiquement aucun lien avec les syndicats, dont elles critiquent le peu d’intérêt pour les femmes et qu’elles accusent d’être « un véritable Etat dans l’Etat » mais « sans responsabilité politique » et par conséquent inaccessibles (Lettre d’Adèle Hauwel à Germaine Hannevart, 6/10/1951: Carhif, F. GBPO, 179). En outre, l’adhésion d’Emilienne Brunfaut à des associations féministes « bourgeoises » renforce le décalage avec son parcours syndical et tranche sur la segmentation politique très forte d’une société où il est rare de voir des personnalités pénétrer des milieux aussi divers que ceux qu’elle a fréquentés.
Abstract
("Emilienne Brunfaut, from union fighting to feminism ?") Can plural be applied to militancy ? The life of Emilienne Brunfaut raises directly this question because it can be describeb under three dimensions : union action, feminism, and pacific action. We also need to add this background her deep political involvement, swinging between socialism and communism. Do we have to translate these multiple commitments in terms of strategy, revealing a hierarchy between the causes, potentially using one cause for the benefit of another ? Feminism is used here as cornerstone for our analysis : did Emilienne Brunfaut try to interest the left union world to feminism or on the contratry did she use women organisations for the end of union action ? Her path is indeed quite singular because, to the difference of France, Belgian feminists had nearly no link with unions, as they criticise their lack of interest for women and as they accuse them of being a « real state within the state » but « without political responsibility » and therefore unreacable. Moreover, the membership of Emilienne Brunfaut in middle class women associations reinforces the shift with her union course and differs from the usually strong political segmentation of society, where the presence of strong figures within the diverse universes she attended is a rather rare phenomenon.