Résumés
Résumé
Quelle place occupe la peinture dans la vie et la philosophie de Sartre ? A-t-il jamais rencontré des peintres qui puissent corroborer ses thèses ? Existe-t-il seulement une esthétique constituée chez ce philosophe qui semblait préférer les mots aux images ? Il semblerait plus juste, dans un premier temps, de parler d’une esthétique « par la négative », dans la mesure où les textes de Sartre à propos de la peinture sont rares, fragmentaires voire inédits ; qui plus est, son rejet de la peinture officielle et des musées semble dominer tout autant ses œuvres littéraires que philosophiques ; et quand il s’agira de définir la peinture, elle sera reléguée au rang d’ « art non-signifiant » au même titre que la sculpture, la poésie ou la musique, dans cette œuvre liminaire que représente en 1947 Qu’est-ce que la littérature ? : ce arts ne sont pas engagés « de la même manière » que la littérature. N’est-ce pas alors l’ambivalence de la notion d’analogon, mais aussi celle d’engagement, qui constitue la clé de cette esthétique picturale ? S’il en est une, elle s’affirme en effet surtout à partir de 1947 comme « esthétique de la Présence », puisque la matière analogique va progressivement devenir la première préoccupation sartrienne. Sartre persiste à rejeter l’immobilisme pictural pour lui préférer le matiérisme d’un Tintoret, qui peint en sculpteur et devient le réalisateur de ses toiles, dans tous les sens du terme, annonçant tous les autres peintres « existentialistes ». C’est pourquoi Sartre semble avoir trouvé dans la peinture non seulement un moyen de totaliser le réel, mais aussi, par voie de conséquence, sa propre pensée.
Mots-clés :
- Beauvoir (de), Simone,
- Sartre, Jean-Paul,
- Peinture
Abstract
What's the place of painting in Sartre's life and philosophy ? Did he find painters who corroborate his philosophical arguments? Is there a pictorial esthetics by Sartre ? We could first talk about a pictorial esthetics which would be "in the negative" : indeed the Sartrian texts about painting are rare, fragmentary, in a disorganised manner, or even unpublished ; there is also a very strong reject of official painting through official galeries and portraits ; and the painter, the musician, the sculptor or the poet are not involved “in the same way” as the writer : they are only “non-significant arts”. If there is a pictorial esthetics by Sartre, it would be therefore an “esthetics of the Presence”, where the role of matter will be more and more important, after 1947: it is the ambivalent status of analogon and involvment in Sartre's philosophy which seems to be the key of his esthetics. The irreducible materiality is going to have more and more importance : he insists progressively on the matter whose things are made, on the real action of the painter, on the canva in itself. Sartre rejects immobility in painting and proposes a constant apology of movement. That's why he chooses Le Tintoret: the Venitian paints as if he was a film-maker. Therefore the painter will be really involved in his own work of art : he lives a creative situation. Finally we could say that Sartre has found in painting a good way to reach absolute and to totalize the reality, but also to totalize his own thought.