Résumés
Résumé
Ici sont rassemblés les textes écrits sur ou en référence à la pensée de Jacques Derrida publiés à Sens Public : il y est bien sûr question de la déconstruction, celle par exemple du phallogocentrisme, mais aussi des relations du philosophe à la phénoménologie, Husserl, Sartre, Heidegger, des dialogues sur le 11 septembre avec Habermas, de la figure du marrane, de l’amitié...
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Les politiques de la différence selon Derrida Josef Fulka
Résumé: Les péripéties complexes de la réception du programme philosophique que Jacques Derrida mettait en oeuvre depuis la fin des années soixante, le programme connu sous le nom de la déconstruction, restent inséparable d’une certaine accusation, soulevée contre lui surtout dans le contexte anglo-saxon, à savoir l’accusation d’un relativisme et, par voie de conséquence, l’accusation d’irresponsabilité (érigée, prétend-on, en principe philosophique). Une telle accusation, tout en étant injustifiée (comme on va essayer de le démontrer), n’est pas, néanmoins, tout-à-fait illogique.
Cosmopolitique du marrane absolu Marc Goldschmit
Résumé: Il s’agit d’une fable allégorique. Derrida en est venu à « se reconnaître » dans la figure de ces juifs aveugles et errants en eux-mêmes, simulacres de chrétiens, parjures malgré eux. C’est une figure du sans figure défiguré, qui ne parvient ni à se ressembler ni à se rassembler. L’impossibilité de compter les juifs qui en résulte fait signe vers une altérité infinie potentiellement universelle, et ouvre sur une idée à venir du cosmopolitique. Une telle « figure » renouvelle le droit international et la politique des nations, elle déstabilise tout nationalisme en obligeant à une hospitalité de visitation irréductible à toute invitation et toute tolérance. Il s’agit peut-être d’une nouvelle pensée des lumières, celles d’une justice disjointe de la vérité en tout sens.
Philosophy in a Time of Terror : Dialogues with Jürgen Habermas and Jacques Derrida Alexandra De Hoop Sheffer
Abstract: Philosopher Giovanna Borradori’s most recent project is an endeavour to forge a new understanding, a philosophical reflection on "terrorism" in the post-9/11 context. Indeed, in the months following September 11th, 2001, G. Borradori conducted a series of interviews with two of Europe’s foremost philosophers, Jurgen Habermas and Jacques Derrida in Manhattan, questioning them on the meaning and significance of September 11. The fruit of this exchange appear in her recent book Philosophy in a Time of Terror : Dialogues with Jurgen Habermas and Jacques Derrida (Giovanna Borradori, Philosophy in a Time of Terror, Dialogues with Jürgen Habermas and Jacques Derrida, Chicago University Press, 2003).
Résumé : Si les questions sur la femme et le genre féminin se sont trouvées au cœur des pensées de Jacques Derrida, c’est en ce qu’elles constituent un point d’achoppement dans la réflexion sur la tradition, donc dans la tradition elle-même. Sans opposer un dedans de « la bibliothèque » à un dehors du monde hétérogènes, séparés, la déconstruction du modèle phallogocentrique est une réflexion sur le monde et la vie – dans la triple temporalité du passé, du présent et de l’avenir. Partant du constat que la tradition s’est construite et bâtie en partie sur une exclusion des femmes, et déconstruisant cette histoire, Derrida ouvre un espace propice à la venue de l’autre. En en appelant à la voix de l’autre, il engage le « peut-être » d’une réorientation du discours, de l’histoire et de sa tradition.
Abstract : That the questions surrounding woman, women, gender, or even sexual difference may be found at the heart of Jacques Derrida’s deconstructive work is already quite significant. In itself it is the signal that they constitute an obstacle within thought concerning the tradition, and hence within the tradition itself, in other words within our history. Let’s recall that without opposing an indoors of the "library" to an outdoors of the world that would be heterogeneous, separate, deconstruction as practiced by Jacques Derrida beginning with great texts of the tradition is a reflection upon the world and upon life, within the threefold temporality of past, present, and time to come. By appealing to the voice of the other, he thus engages the perchance of a reorientation of discourse, history, and the tradition.
Resumo: A partir da noção alargada de escrita que atravessa todo o pensamento derridiano - segundo a qual os predicados a ela comumente associados, tais como exterioridade, repetição, ausência deixam de figurar (através do duplo gesto desconstrutor que consiste em inverter e deslocar as oposições binárias inerentes à metafísica) como secundários e derivados em relação à primordialidade da presença ideal para adquirir um valor essencial e irredutível, a ponto de Derrida afirmar que já existe uma (arqui)escrita habitando originariamente o interior da própria fala, inscrevendo-se assim como uma heterogeneidade, uma alteridade radical que divide, que fissura desde sempre a pretensa homogeneidade pura, plena e idêntica a si dessa substância fônica de expressão tradicionalmente concebida como mais próxima da idealidade da presença -, pretendo mostrar que sua possibilidade se deve à radicalização, operada por Derrida, das reduções fenomenológicas - já que Husserl, embora tenha reduzido a escrita em favor do princípio intuitivo que governa a fenomenologia enquanto metafísica da presença, acabou por reconhecer a escrita como necessária à constituição dos objetos ideais, injungindo Derrida a redimensioná-la em seu valor constituinte -, o que permite visualizar a inexorabilidade do rastro intencional de Husserl em Derrida, configurando-se, assim, a desconstrução como uma hiperfenomenologia.
Penser, avec Jacques Derrida, au péril de l’aporie Marie-Louise Mallet
Résumé: « Je ne saurais parler d’autrui », donc, seulement lui parler, « l’appeler au vocatif », lisons-nous. Mais lorsque il n’est plus possible de « lui parler », lorsque la mort rend l’adresse impossible ou tragiquement vaine, que peut-on faire ? Que faire, que dire quand vient, « chaque fois unique, la fin du monde » ?
Résumé: Toute anthropologie est-elle vouée à l’obscurité quant à ses fondements ? Cette problématique anime le travail philosophique en Allemagne et en France, depuis Kant et Fichte. Il a connu un rebondissement accentué depuis que Husserl, après s’être élevé contre tout psychologisme, a semblé donner de son propre travail une interprétation centrée sur un ego qui paraît retenir, à létat implicite, un idéal d’humanité. Le rationalisme husserlien s’est exprimé de manière toujours plus marquée en des termes renvoyant à l’expérience mondaine, et ses recherches pour la constitution vont de pair avec une préoccupation historique de plus en plus appuyée. La manière dont Heidegger s’en est démarqué n’a pas cessé d’alimenter le débat et de susciter la controverse.
Sartre et Derrida: les promesses du sujet Christina Howells
Résumé: En 62, Sartre représente, selon Derrida, une force déstabilisante, une trouée dans le paysage phénoménologique, bouleversant les certitudes husserliennes, comme Derrida le fera bientot lui-même. Mais quelques années plus tard, dans « Les fins de l’homme », conférence que Derrida a prononcée a New York en 1968, Sartre est devenu selon lui métaphysicien humaniste, auteur d’une ontologie phénoménologique’ qui est censée être une ’anthropologie philosophique’ (Marges, 137)
Résumé: Jacques Derrida et Sarah Kofman ont hérité de Jean Paul Sartre, mais la pratique de la déconstruction a mis en question la démarche du fondateur des Temps Modernes, notamment en ce qui concerne la relation entre la philosophie et la littérature. Il est intéressant d’analyser comment, après avoir écrit une bonne partie de leurs œuvres, ces deux philosophes ont pris la peine de remarquer les traces de l’oeuvre de Sartre dans leur autobiographie intellectuelle. L’héritage est pour une part de l’ordre de l’inconnu. La temporalité du sujet lecteur, la dette, le rapport entre théorie et autobiographie, le rapport au suicide (S.K.) sont aussi ici analysés.