Résumés
Résumé
Les écrits de Charlotte Delbo témoignent de l’effort de survie intellectuelle (et affective) auquel l’auteur s’est livrée dès son arrestation en mars 1942. Dans Les Hommes, pièce écrite en 1978, Charlotte Delbo décrit la vie des femmes incarcérées en attendant d’être déportées en camp de concentration. Le personnage "Françoise" va mettre en scène Un caprice, la charmante et innocente comédie de Musset, car : « Mettre en scène notre situation présente : des femmes qui sont enfermées dans un fort en attendant d’être déportées, des femmes qui inventent mille ruses pour passer le temps et tricher avec le destin comme si on pouvait l’esquiver, qui font des efforts surhumains pour ne pas penser à la menace de mort qui pèse sur elles, sur leurs maris ou leurs frères... Des femmes enfermées dans une aile de ce fort et qui sont toujours sur le qui-vive, qui font le guet par n’importe quelle fente dans l’espoir d’apercevoir les hommes enfermés dans l’aile voisine, qui griffonnent sans cesse des petits mots qu’elles esaient de leur faire passer... Des hommes qui se sont battus et qui maintenant attendent que leur vie soit tranchée... Non, cela ne faisait pas une pièce pour nous en ce moment [...] Aucune n’aurait pu jouer son propre rôle. C’était trop dur. » (Les Hommes, p. 45)
Le texte qui suit reprend l’article en anglais de Claude Schumacher, intitulé « Charlotte Delbo : theatre as a means of survival », paru initialement dans Staging the Holocaust,The Shoah in drama and performance, Edited by Claude Schumacher, Cambridge university Press, 1998. Avec l’accord de l’auteur, le texte en a été légèrement modifié.