La recherche POP-PART (financée par l’Agence nationale de la recherche française et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada en tant que membre du programme Tryspaces) a débuté en 2017. Son objectif était de travailler avec des jeunes de quartiers populaires franciliens sur leurs pratiques et représentations. Des équipes, regroupant des chercheur·se·s (urbanisme, sociologie, architecture, géographie, sciences de l’éducation, histoire, science politique), des professionnel·le·s de la jeunesse et une dizaine de jeunes de 15 à 30 ans environ, se sont régulièrement rencontré·e·s dans des ateliers sur chacun des dix terrains. Iels ont permis de comprendre ces pratiques et représentations, notamment par la réalisation de courtes capsules vidéo. Des entretiens individuels ont suivi et un séminaire en novembre 2018 a réuni les 150 jeunes, professionnel·le·s et chercheur·se·s. À partir de trois études de cas de cette recherche, l’entretien présenté ici explore et discute la place des partenariats dans la recherche participative, du point de vue de quatre chercheuses qui y ont été impliquées. Hélène Hatzfeld a travaillé à Clichy-sous-Bois, à l’est de Paris, en Seine-Saint-Denis. Au moment de l’enquête, la commune est l’une des villes les plus enclavées de la petite couronne parisienne. Il faut deux heures en transport en commun pour aller au centre de Paris. Administrée par des maires communistes pendant près de 50 ans (1946-1991), elle a longtemps fait partie de la « banlieue rouge ». Elle compte aujourd’hui 30 000 habitants, dont plus d’un tiers d’immigrés, et c’est une ville très jeune. Elle est fortement marquée par son bas niveau de vie. C’est de là que sont parties les révoltes sociales de 2005, suscitées par la mort de deux jeunes, Zyed et Bouna, électrocutés dans un transformateur électrique après une course poursuite avec la police. Elle est souvent devenue pour les médias un exemple de « banlieue » avec la diffusion d’images d’immeubles dégradés, jeunes désoeuvrés, voitures brûlées. L’Association collectif liberté égalité fraternité ensemble unis (ACLEFEU) a été créée immédiatement après les révoltes sociales de 2005. Très impliquée sur le territoire, elle a visé à apporter une solution de rechange politique et sociale aux violences en constituant un espace public politique de régulation. Leïla Frouillou et Fanny Salane ont travaillé à Corbeil-Essonnes, située à une trentaine de kilomètres au sud de Paris, dans le département de l’Essonne (91), une ville qui compte près de 50 000 habitants. L’une de ses particularités est son fonctionnement politique local, structuré autour du maire Serge Dassault dans les années 1990 et 2000, mis en examen et condamné peu avant sa mort pour achat de votes (2010) et blanchiment d’argent (2017). Les deux chercheuses ont plus particulièrement travaillé dans le quartier des Tarterêts, au nord-est de la ville, à 10 minutes à pied de la gare du RER D. Ce quartier, principalement constitué d’habitat social, particulièrement jeune et marqué par la précarité de l’emploi, regroupe environ 9 000 habitant·e·s (12 % des habitant·e·s de la commune). Il fait régulièrement l’objet d’articles de presse autour de « violences » ou « tensions » impliquant des « jeunes ». Enfin, Léa Billen a travaillé dans le quartier La Caravelle, à Villeneuve-la-Garenne, une commune située à environ cinq kilomètres de la limite nord de la ville de Paris. Ce quartier de grands immeubles construits dans les années 1960 compte plus de 1 500 logements. Dans les années 1990, il a fait l’objet d’une rénovation urbaine qui a conduit au percement de la barre de 400 mètres de long par des rues transversales. C’est un quartier populaire, adjacent au petit centre-ville de Villeneuve-la-Garenne, régulièrement fréquenté par les jeunes, qu’il s’agisse de la galerie commerciale …
La place des partenariats dans une recherche participative : échanges autour de la recherche POP-PART avec des jeunes de quartiers populaires franciliensLéa Billen, Leïla Frouillou, Hélène Hatzfeld et Fanny Salane. Entretien réalisé par Jeanne Demoulin[Notice]
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Entretien réalisé par
Jeanne Demoulin
Université Paris Nanterre, CREF / LAVUE
demoulin.j@parisnanterre.frLéa Billen
Membre du Collectif Pop-Part
lea.billen@gmail.comLeïla Frouillou
Université Paris Nanterre - Cresppa-GTM
leila.frouillou@parisnanterre.frHélène Hatzfeld
LAVUE
helene.hatzfeld@gmail.comFanny Salane
Université Paris Nanterre - CREF
fsalane@parisnanterre.fr