Résumés
Résumé
Cet article se propose d’analyser l’activité des salariés d’agences de travail temporaire qui est la figure emblématique des nouvelles relations triangulaires, fort illustrative du contexte « connexionnel » où le travailleur est pris, de manière simultanée, entre plusieurs logiques d’action, sollicité de manière multiple par son environnement et interpellé par des cadres relationnels différenciés. Nous analysons le vécu de ces situations, en mettant l’accent sur le travail comme activité et non pas comme rapport social. Nous rendons compte de pratiques de travail perçues, de l’expérience vécue par les travailleurs d’agence à partir de la perception qu’ils ont de leur statut et de leurs conditions de travail. Les deux dimensions de l’analyse seront : a) la relation que les travailleurs d’agence entretiennent avec leur environnement spécifique de travail et b) les logiques de recours aux agences qui se situent en dissonance avec les conditions concrètes de l’activité de travail. Nous montrerons que l’activité est précaire et peu investie de sens et que le recours aux agences, stratégique ou hasardeux, tient peu compte des caractéristiques de l’activité, les travailleurs se trouvant dans un rapport « opportuniste » avec leur environnement de travail. Pour eux, le « vrai travail » se situe en dehors de l’« activité ». Nos analyses ont comme base un matériau empirique formé de quarante-deux entrevues avec des salariés d’agence réalisées en 2012-2013 dans les régions de Québec et de Montréal.
Mots-clés :
- travail et activité,
- agences de travail temporaire,
- logiques de recours aux agences,
- Québec
Abstract
This article sets out to analyze the activity of wage workers hired by temporary work agencies, the emblematic figure of the new triangular work relations. These relations clearly illustrate the “connective” context in which workers are trapped simultaneously between several action logics, solicited in numerous ways by their environment, and challenged by differentiated relational frameworks. We analyze the experience of these situations, focusing on work as an activity rather than a social relation. We describe perceived work practices, the experience of temp agency workers based on their own perception of their status and working conditions. The two dimensions of the analysis are : a) the relationship between agency workers and their specific work environment, and b) the logic behind using agencies which is at odds with the actual conditions of the work activity. We show that such activity is precarious and bears little meaning and the use of agencies, whether it is strategic or risky, does not really take into account the activity’s characteristics, placing workers in an “opportunistic” relation with their work environment. For them, “real work” resides outside of the “activity”. Our analyses are based on empirical material from forty-two interviews with agency wage earners carried out in 2012 and 2013 in the Québec City and Montreal regions.
Keywords:
- labour and activity,
- temporary work agencies,
- logic of using agencies,
- Quebec
Resumen
Este artículo propone analizar la actividad de los asalariados de las agencias de trabajo temporal, figura emblemática de las nuevas relaciones triangulares, muy ilustrativa del contexto “conexional” donde el trabajador es tomado simultáneamente entre varias lógicas de acción, solicitado de manera múltiple por su entorno e interpelado por marcos relacionales diferenciados. Aquí analizamos las experiencias de esas situaciones, haciendo énfasis en el trabajo como actividad y no como relación social. Damos cuenta de las prácticas de trabajo percibidas, de la experiencia vivida por los trabajadores de las agencias a partir de la percepción que tienen de su estatus y de sus condiciones de trabajo. Las dos dimensiones del análisis son : a) la relación que los trabajadores de las agencias tienen con su entorno específico de trabajo y b) las lógicas de recurrir a las agencias que se sitúan en disonancia con las condiciones concretas de la actividad de trabajo. Mostramos que la actividad es precaria, en la que se invierte poco sentido, y que el recurso a las agencias, ya sea estratégico o arriesgado, tiene muy poco en cuenta las características de la actividad, los trabajadores se encuentran en una relación “oportunista” con su entorno de trabajo. Para ellos, el “verdadero trabajo” se sitúa fuera de “la actividad”. Nuestro análisis tiene como base un material empírico conformado por 42 entrevistas con asalariados de agencias, realizadas entre 2000 y 2013, en las regiones de Quebec y Montreal.
Palabras clave:
- trabajo y actividad,
- agencias de trabajo temporal,
- lógicas de recurso a las agencias,
- Quebec
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger
Parties annexes
Bibliographie
- Alaluf, M. (2014), « Conclusion », in Monchatre, S. et B. Woehl (dir.), Temps du travail et travail du temps, Paris, Publications de la Sorbonne, p. 2011-2017.
- Alter, N. (2009), Donner et prendre. La coopération en entreprise, Paris, Éditions La Découverte.
- Belkacem R. et C. Kornig (2012), « Le travail intérimaire : de ses origines à son institutionnalisation », in Lavialle, C. (dir.), Repenser le travail et ses régulations, Tours, Presses universitaires François Rabelais, p. 195-210.
- Bernier, J. (2014), « L’industrie de la location de personnel : un univers très particulier, en pleine expansion, non réglementé et peu connu scientifiquement », in Vultur, M. et J. Bernier (dir.), Les agences de travail temporaire : leur rôle et leur fonctionnement comme intermédiaires du marché du travail, Québec, PUL, p. 13-38.
- Bernier, J. (2007), « Les mutations des formes d’emploi et leurs conséquences sur les jeunes », in Vultur, M. et S. Bourdon (dir.), Les jeunes et le travail, Québec, Presses de l’Université Laval (PUL), p. 247-258.
- Bidet, A. (2011), L’engagement dans le travail. Qu’est-ce que le vrai boulot ? Paris, Presses universitaires de France (PUF).
- Bidet, A., T. Pillon et F. Vatin (2000), Sociologie du travail, Paris, Montchrestien.
- Bigi, M., O. Cousin, D. Méda, L. Sibaud et M. Wieviorka (2014), Travailler au xxiesiècle. Des salariés en quête de reconnaissance, Paris, Robert Laffont.
- Boudon, R. (2010), La sociologie comme science, Paris, Éditions La Découverte.
- Bouffartigue, P. (2012), Temps de travail et temps de vie : les nouveaux visages de la disponibilité temporelle, Paris, PUF.
- Boyer, R. (2015), Économie politique des capitalismes. Théories de la régulation et des crises, Paris, Éditions la Découverte.
- Cingolani, P. (2012), « La polyactivité comme construction de soi », in Barreau M. C. et A. Corsani (dir.), Un salariat au-delà du salariat ?, Nancy, Presses universitaires de Nancy (PUN), p. 189-206.
- Cloutier-Villeneuve, L. (2014), « L’évolution du travail atypique au Québec depuis 1997 », Flash-Info, vol. 15, no 3.
- Cloutier, E., M. Bourdhouxe, H. David, E. Ledoux, I. Gagnon et F. Ouellet (2006), Étude descriptive des conditions d’emploi, de travail et de santé et de sécurité du travail des infirmières d’agence privée dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre, Rapport de recherche R-475, coll. « Études et recherches », Montréal, IRSST.
- Commission des normes du travail (2012), Sondage visant à évaluer les conditions de travail des salariés temporaires d’agences de placement de personnel et les pratiques de celles-ci, Québec, Gouvernement du Québec.
- Datchary, C. (2011), La dispersion au travail, Toulouse, Octares Éditions.
- Domens, J. (2011), « Parcours d’intérimaires : les intérimaires les plus expérimentés ont été moins touchés par la crise de 2008-2009 », Dares Analyses, no 33.
- Faure-Guichard, C. (2000), L’emploi intérimaire. Trajectoires et identités, Rennes, Presses universitaires de Rennes (PUR).
- Glaymann, D. (2008), « Pourquoi et pour quoi devient-on intérimaire ? », Travail et Emploi, no 114, p. 33-43.
- Glaymann, D. (2005), La vie en intérim, Paris, Fayard.
- Institut de la statistique du Québec (2015), Travail et rémunération. Annuaire québécois des statistiques du travail, Québec, Gouvernement du Québec.
- Le Goff, J. (2015), Le retour en grâce du travail. Du déni à la redécouverte d’une valeur. Namur, Lessius.
- Linhart, D. (2011), « Le management moderne, un modèle conçu pour les jeunes ? », in Vultur, M. et D. Mercure, Perspectives internationales sur le travail des jeunes, Québec, PUL, p. 239-252.
- Mercure, D. et M. Vultur (2010), La signification du travail. Nouveau modèle productif et ethos du travail au Québec, Québec, PUL.
- Pillon, T. et F. Vatin (2007), Traité de sociologie du travail, Toulouse, Éditions Octarès.
- Reynaud, J.-D. (1997), Les règles du jeu. L’action collective et la régulation sociale, Toulouse, Octarès.
- Statistique Canada (2013), Bulletin de service, Services d’emploi, produit no 63-252-X au catalogue, paru le 4 mars 2014.
- Thébaud-Moni, A. (2007), Travailler peut nuire gravement à votre santé, Paris, Éditions la Découverte.
- Vultur, M. et J. Bernier (2013), « Inégalités structurelles et inégalités fractales dans le contexte postfordiste du marché du travail », Interventions économiques, no 47, p. 1-18.
- Zimmermann, B. (2011), Ce que travailler veut dire. Une sociologie des capacités des parcours professionnels, Paris, Économica.