II. Parcours de vie et politiques publiquesII. Life Course and Public Policy

Le parcours vers le premier enfant dans les régimes providentielsUne analyse séquentielle des trajectoires des femmes en Italie, en Suède et en FranceThe Journey to the First Child in Welfare RegimesSequence Analysis of the Trajectories of Women in Italy, Sweden and France[Notice]

  • Laetitia Koenig

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  • Laetitia Koenig
    Département de sociologie, Université de Montréal, C. P. 6128, succursale Centre-ville, Montréal (Québec) H3C 3J7
    laetitia.koenig@gmail.com

Les sociétés occidentales connaissent presque toutes, depuis au moins quelques décennies, un problème de baisse marquée de la fécondité. Les naissances ne parviennent plus à assurer le renouvellement de la population. Cette chute transforme en profondeur la distribution par âge de la population, où les personnes âgées représentent un poids de plus en plus important. Pour apporter un éclairage sur cette importante question d’intérêt public, nous avons voulu comparer quelques pays quant au parcours qui conduit, ou non, à la naissance d’un premier enfant. La proportion de femmes et de couples qui franchiront cette étape est évidemment déterminante pour le niveau de fécondité, directement, de même qu’en tant qu’étape vers la venue des enfants subséquents. Pour comprendre ce parcours vers le premier enfant il faut, dans la plupart des cas, mettre l’accent sur la population des jeunes. Or la jeunesse est en pleine transformation, comme le montrent par exemple les travaux d’Olivier Galland (2000 et 2007). Les séquences habituelles entre les étapes d’entrée dans la vie adulte ne sont plus les mêmes, ou en tout cas s’éloignent de la trajectoire plus classique qui prévalait il y a quelques décennies : fin des études, entrée dans le marché du travail, mariage, naissance du premier enfant (Galland, 2000 et 2007 ; Myles, 2005). L’allongement des études, devenu une condition de succès dans l’univers de l’emploi, de même que les changements culturels des rapports entre générations et entre genres ont bouleversé, dans plusieurs pays, les conditions d’entrée dans la vie adulte et en particulier de l’accès à des conditions jugées favorables à la venue d’un premier enfant. La formation d’un couple demeure certes la situation où se produit l’immense majorité des premières naissances ; mais elle n’est pas une condition suffisante, tout juste une condition quasi nécessaire. Plus encore, les couples sont bien moins souvent mariés que ce n’était le cas il y a quelques décennies, et ils sont plus instables (Monnier, 2006). En fait, nous arguerons que la venue d’un premier enfant repose sur la capacité des individus à réunir un certain nombre de conditions pour faire face aux besoins que génère une naissance. Selon Toulemon, les individus incluent les enfants dans leur parcours de vie en s’assurant que ces conditions resteront au moins semblables, voire iront en s’améliorant (1994). Les conditions socio-économiques des individus sont, comme le montrent de nombreux observateurs, importantes dans la création d’une famille, puisqu’elles offrent une certaine sécurité, phénomène encadrant le futur de la nouvelle cellule familiale (Majnomi-D’intignano, 2004). L’investissement de temps est également nécessaire pour encadrer une naissance et pose la question de l’accessibilité aux services de garde publics et privés, des ressources nécessaires pour l’éducation, etc. (Billari, 2004). Les femmes et les couples vivent dans un contexte particulier leur permettant d’obtenir un certain nombre de soutiens pouvant leur faciliter l’inscription d’un enfant dans leur parcours de vie (Cohu et al., 2005 ; Njoki, 2006). Selon Esping-Andersen, initiateur de la typologie des régimes providentiels, les soutiens sont variables d’un pays et d’un régime providentiel à l’autre et répondent différemment, indirectement ou directement, à des besoins spécifiques (1999). Cette recherche originale suggère, sous l’égide de la perspective des parcours de vie présenté par Bernard (2007) et de la typologie des régimes providentiels selon Esping-Andersen (1999) et ses critiques, de comprendre les cheminements qu’empruntent les femmes avant la naissance de leur premier enfant. L’analyse séquentielle, proposée par les travaux de Rajulton et le programme Lifehist, a été utilisée car elle identifie différemment les comportements des individus en tenant compte de l’enchaînement de différentes séquences et apporte une approche différente de la compréhension des comportements en matière de …

Parties annexes