Résumés
Résumé
Les sciences sociales, dans leur pratique quotidienne et notamment dans leur ambition de produire des théories générales, génèrent parfois des abus théoriques. La présente contribution, à partir de quelques études de cas symptomatiques, tente de formaliser les mécanismes épistémiques conduisant à des généralisations incontrôlées : négligence vis-à-vis de la contingence des objets originels d’étude, mobilisation d’exemples sur mesure, recours à l’analogie, indifférence à la question des échelles d’analyse, réification des thêmata… Il s’agit ensuite de comprendre les motifs à l’origine de tels abus en s’intéressant à des causalités notamment sociales et psychiques. Enfin, nous veillons à intégrer scientifiquement la connaissance philosophique de ces mécanismes et mobiles d’une part en récapitulant des règles méthodologiques basiques et d’autre part en démontrant que celles-ci s’incarnent in situ dans des programmes de recherche authentiques, attentifs aux limites des connaissances produites.
Mots-clés :
- sur-interprétation,
- théorie générale,
- exemple sur mesure,
- thêmata
Abstract
The social sciences, in their daily practices, especially because of their desire to produce general theories, sometimes commit theoretical abuses. The present contribution, stemming from several symptomatic case studies, attempts to formalize the epistemological mechanisms leading to wild generalizations : negligence vis-à-vis the contingency of the original objects under examination ; use of made-to-measure examples ; recourse to analogies, indifference to the question of levels of analysis ; and reification of theses. This study explores the underlying rationale behind such abuses through an investigation of causalities, in particular social and mental ones. Finally, we intend to scientifically integrate philosophical knowledge of these mechanisms and motives, on one hand, through reiterating basic methodological rules and, on the other through demonstrating that they are embodied in situ in genuine research programs that acknowledge the limits of their findings.
Keywords:
- over-interpretation,
- general theory,
- made to measure examples,
- themes
Resumen
En su práctica cotidiana y particularmente en su afán de producir teorías generales, algunas veces las ciencias sociales generan abusos teóricos. A partir de algunos estudios de casos sintomáticos, la presente contribución intenta formalizar los mecanismos epistémicos que conducen a generalizaciones incontroladas : negligencia respecto a la contingencia de los objetos originales de estudio, utilización de ejemplos hechos a la medida, recurso a la analogía, indiferenciada en cuanto a la cuestión de las escalas de análisis, reificación de los themata… Se trata entonces de comprender los motivos que originan tales abusos, para lo cual daremos una atención particular a las causalidades particularmente sociales y psíquicas. Finalmente, velaremos por integrar científicamente el conocimiento filosófico de estos mecanismos y móviles, por una parte recapitulando las reglas metodológicas básicas y, por otra, demostrando que éstas se encarnan in situ en programas de investigación auténticos, atentos a los límites de los conocimientos producidos.
Palabras clave:
- sobreinterpretación,
- teoría general,
- ejemplo-a-la-medida,
- themata
Parties annexes
Bibliographie
- Andrieu, B. (2007), La neurophilosophie, Paris, PUF.
- Andrieu, B. (2001), « Le mouvement des modèles en histoire et philosophie des neurosciences », Le Portique, no 7.
- Andrieu, B. (2000), « Au xxe siècle, la subjectivité des sciences », Le Portique, no 5.
- Andrieu, B. (1999), L’homme naturel, la fin promise des sciences humaines, Lyon, PUL.
- Andrieu, B. (1996), « Wittgenstein et la grammaire du cerveau », Philosophie, no 49, p. 50-67.
- Bachelard, G. (1940), La philosophie du non, Paris, PUF.
- Bachelard, G. (1938), La formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin.
- Berthelot, J.-M. (1996), Les vertus de l’incertitude, Paris, PUF.
- Berthelot, J.-M. (1990), L’intelligence du social, Paris, PUF.
- Besnier, J.-M. (2006), La croisée des sciences, Paris, Seuil.
- Besnier, J.-M. (2005), Les théories de la connaissance, Paris, PUF.
- Bitbol, M. (2005), « La simplicité est-elle une valeur de la science ? », Sciences et avenirHS, no 144, Les valeurs de la science, p. 6.
- Boudon, R. (2008), « Mais où sont les théories générales d’antan ? », Revue européenne des sciences sociales, no 140, p. 31-51.
- Bourdieu, P. (2001), Science de la science et réflexivité, Paris, Raisons d’agir.
- Bourdieu, P. (1996), Sur la télévision, Paris, Raisons d’agir.
- Bourdieu, P. (1994), Raisons pratiques, Paris, Seuil.
- Bourdieu, P. (1989), Lanoblesse d’état, Paris, Éditions de Minuit.
- Bourdieu, P. et A. Sayad (1964), Le déracinement, Paris, Éditions de Minuit.
- Bouveresse, J. (2007), Peut-on ne pas croire ? , Marseille, Agone.
- Bouveresse, J. (1999), Prodiges et vertiges de l’analogie, Paris, Raisons d’agir.
- Canguilhem, G. (1968), Étude d’histoire et de philosophie des sciences concernant les vivants et la vie, Paris, Vrin.
- Canguilhem, G. (1965), La connaissance de la vie, Paris, Vrin.
- Chazal, G. (2005), « Le savant-esthète », Sciences et Avenir, Les valeurs de la science, no 144, p. 36-40.
- Durand, G. (1968), Les structures anthropologiques de l’imaginaire, Paris, Dunod.
- Einstein, A. (1989 [1934]), Comment je vois le monde, Paris, Flammarion.
- Freud, S. (2004 [1913]), Totem et tabou, Paris, Payot.
- Gaillard, J. (2004), Expérience sensorielle et apprentissage, Paris, L’Harmattan.
- Glaser, B. et A. Strauss (1995), « La production de la théorie à partir des données », Enquête, no 1.
- Grossetti, M. (2006), « Trois échelles d’action et d’analyse ; l’abstraction comme opérateur d’échelle », L’Année sociologique, no 56 (2), p. 285-307.
- Holton, G. (1981), L’imagination scientifique, Paris, Gallimard.
- Lahire, B. (2005), L’esprit sociologique, Paris, La Découverte.
- Lahire, B. (1998), L’homme pluriel, Paris, Nathan.
- Lahire, B. (1996a), « Risquer l’interprétation : pertinences interprétatives et sur-interprétations en sciences sociales », Enquête, no 3, p. 61-87.
- Lahire, B. (1996b), « La variation des contextes en sciences sociales », Annales, histoire, sciences sociales, no 51 (2), p. 381-407.
- Lakatos, I. (1994), Histoire et méthodologie des sciences, Paris, PUF.
- Langevin, P. (1926), « La valeur éducative de l’histoire des sciences ». Bulletin de la société française de pédagogie, no 22.
- Latour, B. (1991), Nous n’avons jamais été modernes, Paris, La découverte.
- Lemoine, L. (2007), Implication des processus de timing évènementiels et émergents dans la gestion des aspects temporels du mouvement, Thèse de doctorat, Université de Montpellier I.
- Lepetit, B. (1996), « De l’échelle en histoire », in J. Revel (dir.), Jeux d’échelles, Paris, Gallimard/Seuil, p. 71-94.
- Livet, P. (2002), « Formaliser l’argumentation en restant sensible au contexte », in M. De Fornel, et J.-C. Passeron (dir.), L’argumentation, preuve et persuasion, Paris, EHESS, p. 49-69.
- Morin, E. (1991), La méthode tome 4 : les idées, Paris, Seuil.
- Morin, E. (1986), La méthode tome 3 : la connaissance de la connaissance, Paris, Seuil.
- Olivier de Sardan, J.-P. (1996), « La violence faite aux données, autour de quelques figures de sur-interprétation en anthropologie », Enquête, no 3, p. 31-59.
- Panofsky, E. (1967), Architecture gothique et pensée scolastique, Paris, Minuit.
- Passeron, J-C. (2006), Le raisonnement sociologique, Paris, Albin Michel.
- Passeron, J.-C. et J. Revel, (2005), « Penser par cas, raisonner à partir des singularités », in J.-C. Passeron et J. Revel (dir.), Penser par cas, Paris, EHESS, p. 9-44.
- Poincaré, H. (1989 [1902]), La science et l’hypothèse, Paris, Flammarion.
- Prigogine, I. et I. Stengers (1992), Entre le temps et l’éternité, Paris, Flammarion.
- Quidu, M. (2010), « Exigences logiques et paradigmes analytiques du programme de régionalisation », Science & Motricité, no 69, p. 39-55.
- Quidu, M. (2009a), « Les thêmata dans la recherche en STAPS », STAPS, no 84, p. 7-25.
- Quidu, M. (2009b), « L’ethnographie des pratiques sportives face aux théories sociologiques de l’action », STAPS, no 86, p. 43-58.
- Revel J. (1996), « Micro-analyse et construction du social », in J. Revel (dir.), Jeux d’échelles, Paris, Gallimard/Seuil, p. 15-36.
- Ricoeur, P. (1990), Soi-même comme un autre, Paris, Seuil.
- Russell, B. (2005 [1968]), L’art de philosopher, Laval, Presses de l’Université Laval.
- Schopenhauer, A. (2000 [1930]), L’art d’avoir toujours raison, Paris, Mille et une nuits.
- Schopenhauer, A. (2004 [1818]), Le monde comme volonté et comme représentation, Paris, Presses universitaires de France.
- Serres, M. (1994), Éclaircissements, Paris, Flammarion.
- Soler, L. (2009), Introduction à l’épistémologie, Paris, Ellipses.
- Soler, L. (2006), « Contingence ou inévitabilité des résultats de notre science ? », Philosophiques no 33 (2), p. 363-378.
- Stengers, I. (dir.) (1987), D’une science à l’autre, des concepts nomades, Paris, Seuil.
- Truc, G. (2005), « Une désillusion narrative ? De Bourdieu à Ricoeur en sociologie », Tracés, no 8, p. 47-67.
- Uhl, M. (2005), Subjectivité et sciences humaines, Paris, Beauchesne.
- Wacquant, L. (2000), Corps et âme, Marseille, Agone.
- Whitehead, A. N. (1930), La science et le monde moderne, Paris, Payot.
- Wittgenstein, L. (1996 [1958]), Le cahier bleu et le cahier brun, Paris, Gallimard.