Résumés
Résumé
Contrairement aux modèles classiques du développement des mouvements sociaux, l’altermondialisme n’a pas globalement évolué vers une institutionnalisation de ses associations et de ses événements. Sa structure organisationnelle reste largement basée sur des réseaux relativement autonomes. Cet article invite à considérer la réflexivité des acteurs et leurs cultures politiques comme l’un des facteurs explicatifs majeurs du maintien de structures réticulaires relativement souples au sein de l’altermondialisme. À partir d’études de cas, d’observations qualitatives, d’entretiens menés entre 1999 et 2008, cet article montre que le plébiscite apparent des organisations spécifiquement altermondialistes pour la forme réticulaire repose sur un malentendu opératoire. Les uns valorisent le réseau pour son efficacité, les autres parce qu’il favorise une organisation horizontale et participative. La forme du réseau renvoie ainsi pour les altermondialistes à deux ensembles de valeurs qui ne sont pas forcément compatibles.
Abstract
Unlike the classical models of social movement development, anti-globalist associations and events have not generally been institutionalized. The organizational structure of anti-globalism still relies largely on relatively autonomous networks. This article invites consideration of the reflexivity and political cultures of those involved as primary in explaining why relatively supple reticular structures persist within the anti-globalism movement. Through case studies, qualitative observations, and interviews undertaken between 1999 and 2008, this article shows that the apparent propensity of specifically anti-globalist organizations to the reticular form hinges on a working misconception. Some laud the network for its effectiveness, others because it favours a horizontal and participatory organization. Hence the form of the network represents for anti-globalists two sets of values that are not necessarily compatible.
Resumen
Al contrario de los modelos clásicos del desarrollo de los movimientos sociales, el movimiento altermunidialista no evolucionó globalmente hacia una institucionalización de sus asociaciones y actividades. Su estructura organizativa permanece ampliamente basada en redes relativamente autónomas. Este artículo invita a considerar la reflexividad de los actores y sus culturas políticas como uno de los principales factores que explican el mantenimiento de estructuras reticulares relativamente flexibles al interior del altermundialismo. A partir de estudios de caso, observaciones de tipo cualitativo, y de entrevistas llevadas a cabo entre 1999 y 2008, este artículo evidencia que el plebiscito aparente de las organizaciones altermundialistas, acerca de la estructura reticular, se basa en un malentendido operatorio. Unos valorizan la red por su eficacia, otros porque favorece una organización horizontal y participativa. La estructura de la red corresponde así para los altermundialistas en dos conjuntos de valores que no son necesariamente compatibles.
Parties annexes
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