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  • Pierre Doray et
  • Christian Maroy

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  • Pierre Doray
    Département de sociologie, Université du Québec à Montréal, Case postale 8888, succursale Centre-ville, Montréal (Québec) H3C 3P8
    Doray.pierre@uqam.ca

  • Christian Maroy
    GIRSEF, Université catholique de Louvain, Place Montesquieu 1, 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique
    Christian.maroy@uclouvain.be

Dans la plupart des pays développés, depuis plus de 20 ans, de nouvelles politiques et de nouveaux dispositifs institutionnels de régulation se développent dans les champs de l’éducation et de la formation, quel que soit d’ailleurs le segment considéré : l’enseignement obligatoire (primaire et secondaire), l’enseignement supérieur (postsecondaire et universitaire) ou la formation des adultes. Les réformes sont largement engagées avec l’objectif explicite d’améliorer l’efficacité et l’efficience des systèmes, sans faire fi des préoccupations d’équité, mises en avant dans plusieurs pays et par plusieurs organisations internationales comme l’UNESCO. Les réformes sont multidimensionnelles : modification du contenu des enseignements ou des formations, introduction de nouvelles méthodes pédagogiques, implantation de nouveaux dispositifs institutionnels de coordination et de régulation, action sur les flux d’étudiants ou d’apprenants. Le temps des réformes à large échelle (large-scale reforms), pour reprendre l’expression de Fullan (2000), est revenu. Le milieu du xxe siècle avait été une période de forte effervescence institutionnelle et organisationnelle qui avait conduit à repenser et à restructurer en profondeur les systèmes éducatifs nationaux au nom de l’égalité des chances et du développement économique, tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Les années 1990 et 2000 constituent également un moment fort, les architectes des systèmes éducatifs étant retournés à leur table à dessin afin d’introduire de « nouvelles » politiques éducatives et d’amorcer un vaste mouvement de réforme dans de nombreux pays développés. L’objectif de ce numéro est d’explorer et de faire le point sur les grandes tendances des politiques d’éducation et de formation récentes ou en cours, notamment en matière de régulation des systèmes d’enseignement et de formation. Il est aussi d’interroger les orientations théoriques, les balises et les voies heuristiques de développement d’une sociologie des politiques d’éducation et de formation. Avant donc de présenter quelques tendances transversales des politiques éducatives actuelles et les articles qui composent ce numéro thématique, il convient de s’interroger, de façon réflexive et critique, sur l’émergence de ce « nouvel » objet, les politiques de l’éducation et de la formation. Et au préalable de se convaincre de la nouveauté du thème, en effectuant un bref retour en arrière sur les numéros de Sociologie et sociétés traitant d’enseignement et d’éducation. Au cours de ses 40 ans d’existence, c’est la quatrième fois que la revue Sociologie et sociétés consacre un numéro entier à l’éducation. En effet, Béland, Bélanger, Dandurand et Rocher préparaient en 1973 un numéro sur les systèmes d’enseignement. Ce numéro était organisé autour de cinq thèmes structurants qui permettaient de classer de manière significative les travaux, de plus en plus nombreux, sur l’éducation : les rapports entre système d’enseignement et classes sociales, la place de l’éducation dans l’histoire des sociétés humaines, les articulations entre éducation et économie, l’organisation politique du système d’enseignement et la classe comme système social. Sept ans plus tard (1980), Pierre Dandurand proposait un numéro portant sur les relations entre éducation, économie et politique. L’intention du numéro consistait à remettre l’école à sa place, c’est-à-dire à reconnaître l’apport du système scolaire dans la gestion des rapports sociaux. Trois thèmes y étaient abordés : le rôle de l’école dans la production des qualifications, la reproduction des rapports de pouvoir entre classes sociales par le système scolaire et le rapport à la culture. En 1991, Pierre Dandurand préparait, en collaboration avec Émile Ollivier, un numéro portant sur les savoirs. Les deux chercheurs visaient à ouvrir une brèche, selon leur propre expression, en se « centrant sur une problématique d’une sociologie de la connaissance où les processus de modélisation, de diffusion et d’appropriation deviennent centraux » (Dandurand et Ollivier, 1991 : 3). …

Parties annexes