Résumés
Résumé
Le protestantisme est par excellence la religion de la sortie de la religion : il n’a cessé de tendre à s’exténuer dans les formes successives qu’a revêtues l’humanisme occidental. Pourtant, il n’a pas manqué de susciter en lui-même des antidotes à ces sécularisations : ce sont les réveils et autres retours « évangéliques ». En outre, le pays dont il a le plus marqué la civilisation, les États-Unis, reste l’un des plus religieux. C’est peut-être que les sorties protestantes de la religion « n’en sortent pas », au profit de religions civiles saturées de référence chrétienne, contrairement aux expériences radicales de laïcisation dans les pays catholiques, où l’Église se voit signifier sèchement son congé. L’article prend l’exemple du rôle joué par le modeste protestantisme français (deux pour cent de la population) dans la mise en place d’une école et d’un État laïques sous la Troisième République. La droite catholique a dénoncé violemment ce rôle, mais en réalité les protestants rêvaient de mettre en place une laïcité qui restât pénétrée de religieux, à l’américaine.
Abstract
Protestantism is the ideal example of religion on the wane : it has never ceased trying to exhaust itself in the successive forms assumed by Western humanism. Yet it has nonetheless created antidotes to these secular manifestations within itself : the born-again’ and evangelical movements. Moreover, the country whose civilization it has most marked, the United States, remains one of the most religious. This is perhaps because the Protestant exits from religion do not reallylead outside,’ but open up to civil religions saturated in Christian references, unlike the radical experiences of secularization in Catholic countries where the Church has been drily shown the door. The paper examines the example of the role played by the modest Protestantism of France (2% of the population) in the establishment of a secular school and state under the Third Republic. The Catholic right violently denounced this role, but in actual fact the Protestants were dreaming of establishing a non-religious system which would remain deeply impregnated with religion, as in the United States.
Resumen
El protestantismo es por excelencia la religión que sale de si misma : se fue diseminando en las formas sucesivas que revistió el humanismo occidental. Sin embargo, a la vez suscitó a si mismo antídotos a estas secularizaciones : como son los despertares y otros resurgires « evangélicos ». Además de que el país que impactó más la civilización, Estados Unidos, continúa siendo uno de los más religiosos. Es quizás por esto que las salidas protestantes de la religión « no terminan », en favor de religiones civiles saturadas de referencia cristiana, contrariamente a las experiencias radicales de laicización en los países católicos, donde la Iglesia se ve mostrar secamente la salida. El artículo toma el ejemplo del papel desempeñado por el modesto protestantismo francés (2% de la población) en la instauración de una escuela y de un Estado laicos durante la Tercera República. La derecha católica denunció violentamente este papel, pero realmente los protestantes soñaban establecer una laicidad que permaneciera penetrada de lo religioso, a la americana.
Parties annexes
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