Volume 48, numéro 2, automne 2023 La qualité des services en santé mentale au Québec Sous la direction de Marie-Josée Fleury Avec la collaboration de Marc Corbière
Sommaire (12 articles)
Éditorial
Présentation thématique
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Indicateurs de qualité des soins en santé mentale pour les approches centrées sur la personne et axées sur le rétablissement
Matthew Menear, Audreyanne Gagnon, Sophie Rivet et Morgane Gabet
p. 29–65
RésuméFR :
Objectif Répondre aux besoins de la population en santé mentale est une priorité du gouvernement du Québec. Pour ce faire, il importe d’évaluer et d’améliorer la qualité des soins pour les troubles mentaux dans les établissements de soins primaires et communautaires, en particulier les soins centrés sur la personne et axés sur le rétablissement. L’objectif de cette étude est de recenser les indicateurs de qualité existants mesurant ces dimensions, et d’en rapporter les forces et les faiblesses.
Méthode Une revue des revues systématiques a été effectuée dans les bases de données MEDLINE, EMBASE, PsycINFO et CINAHL, en utilisant des combinaisons de termes reliés aux concepts de « troubles de santé mentale », « première ligne », « qualité » et « revue ». L’évaluation des titres et résumés a été effectuée par des évaluateurs uniques et celle basée sur les textes intégraux par des paires d’évaluateurs travaillant de façon indépendante. La consultation d’un expert en qualité des services de santé mentale ainsi qu’une recherche manuelle dans les références des articles identifiés ont permis de finaliser la recherche. Une recension de la littérature grise dans les rapports ou sites Web d’organisations canadiennes ou internationales a également été réalisée.
Résultats À partir de 2 837 références initiales, la revue des revues systématiques a mené à l’inclusion de 6 revues systématiques. Pour la littérature grise, des indicateurs pertinents ont été trouvés sur les sites web de 13 organisations, dont 7 internationales et 6 canadiennes, à partir de 25 organisations consultées. Au total, 106 indicateurs ont été extraits, dont 91 pour les approches des soins centrés sur la personne et 15 pour celles orientées sur le rétablissement. Parmi les indicateurs pour les soins centrés sur la personne, 2 niveaux ont émergé : le niveau organisationnel, ciblant principalement les problèmes de continuité et le niveau des pratiques, portant sur les processus liés aux prestataires de soins ou à l’individu. Pour les approches de soins orientés sur le rétablissement, 4 catégories ont été constituées : les liens avec la communauté, la discrimination et la stigmatisation, les rôles sociaux, ainsi que le soutien social.
Conclusion Évaluer les soins centrés sur la personne et axés sur le rétablissement pour les personnes vivant avec des troubles mentaux à partir d’indicateurs de qualité robustes pose un défi majeur et notre recension révèle plusieurs lacunes à cet égard avec les indicateurs existants. Des efforts supplémentaires doivent être engagés pour améliorer la mesure de la qualité des soins en santé mentale, ce qui facilitera le déploiement adéquat des soins centrés sur la personne et axés sur le rétablissement, comme préconisé dans les stratégies gouvernementales et cliniques actuellement mises en place, dont le Programme québécois pour les troubles mentaux (PQPTM).
EN :
Objective Meeting the mental health needs of the population is a priority of the Quebec government. To do so, it is important to evaluate and improve the quality of mental health care in primary and community care settings, particularly with respect to person-centred and recovery-oriented care. The purpose of this study is to identify existing quality indicators that measure these dimensions, and to report on their strengths and weaknesses.
Method A review of systematic reviews was conducted in MEDLINE, EMBASE, PsycINFO and CINAHL, using combinations of search terms related to the concepts of “mental disorders,” “primary care,” “health care quality,” and “review.” The review of titles and abstracts review was completed by single reviewers and full-text review by pairs of reviewers working independently. Consultation with an expert in mental health care quality and a hand search of the references of identified articles finalized the search. A review of the grey literature, including the reports and websites of Canadian or international organizations, was also conducted.
Results From 2837 initial references, the review of systematic reviews led to the inclusion of 6 systematic reviews. For the grey literature, relevant indicators were found on the websites of 13 organizations, including 7 international and 6 Canadian ones, from 25 organizations consulted. A total of 106 indicators were retrieved, including 91 for person-centred care approaches and 15 for recovery-oriented approaches. Among the indicators for person-centred care, two levels emerged: the organizational level, focusing mainly on continuity issues, and the practice level, focusing on processes related to the care providers or the individual. For recovery-oriented approaches to care, four categories emerged: community connections, discrimination and stigma, social roles, and social support.
Conclusion Evaluating person-centered, recovery-oriented care for people with mental disorders based on robust quality indicators poses a major challenge and our review revealed several limitations related to the current set of indicators that exist to measure these approaches. Further efforts must be made to improve the measurement of quality of mental health care in terms of person-centred and recovery-oriented care, so that the governmental and clinical strategies currently in place, such as the Programme Québécois pour les Troubles Mentaux (PQPTM), can achieve their goals.
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Processus novateur pour favoriser la pérennisation et la mise à l’échelle de programmes de prévention de l’anxiété à l’école : l’exemple du programme HORS-PISTE
Julie Lane, Saliha Ziam, Danyka Therriault, Esther Mc.Sween-Cadieux, Christian Dagenais, Patrick Gosselin, Jonathan Smith, Andrée-Anne Houle, Martin Drapeau, Mathieu Roy, Isabelle Thibault et Éliane St-Pierre Mousset
p. 67–94
RésuméFR :
Contexte Les troubles anxieux sont parmi les psychopathologies les plus prévalentes chez les enfants et les adolescents notamment au Québec. La prévalence des troubles anxieux est très élevée et affecte un nombre croissant de jeunes depuis 10 ans. Il est possible d’observer une multiplication des programmes de prévention de l’anxiété des jeunes un peu partout dans le monde. Toutefois, des auteurs mettent en lumière qu’ils sont rarement implantés de manière fidèle, pérennisés et mis à l’échelle dans plusieurs écoles. Le programme HORS-PISTE, visant la prévention de l’anxiété des jeunes Québécois du secondaire, a été développé en souhaitant contrer ces importants enjeux en s’appuyant sur la science d’implantation. Implanté dans plus d’une centaine d’écoles, il est maintenant au coeur de l’action 4.3 (Favoriser le déploiement du programme HORS-PISTE) du nouveau Plan d’action interministériel en santé mentale du gouvernement du Québec (2022).
Objectif L’objectif du présent article est de décrire le processus du cadre de référence Knowledge-to-Action (KTA), issu de la science d’implantation, qui a été utilisé pour concevoir, implanter, pérenniser, évaluer et mettre à l’échelle à l’ensemble des écoles secondaires du Québec le programme HORS-PISTE. Ce cadre propose un processus cyclique en 7 phases.
Méthode Une démarche multiméthodes et multirépondants a été mise en place grâce à une subvention du Fonds d’innovation pour la promotion de la santé mentale de l’Agence de la santé publique du Canada qui soutient 20 projets novateurs à travers le Canada depuis 2019. Elle comporte un protocole d’évaluation pré/post regroupant des questionnaires validés, des sondages (administrés auprès d’élèves, de parents et d’enseignants), des journaux de bord semi-structurés complétés par les animateurs du programme et des rencontres de bilan d’implantation dans chaque école. Les différents cycles d’élaboration, d’implantation et d’évaluation du programme sont exposés à travers les phases du cadre de référence.
Résultats De 2017 à 2021, cette méthodologie a permis d’évaluer et réajuster le programme chaque année afin de favoriser son adaptation et préparer sa mise à l’échelle. L’article met ainsi en lumière les données collectées et analysées en lien avec les 7 phases du cadre de référence KTA.
Conclusion Cet article permet de démontrer comment la science de l’implantation peut soutenir les concepteurs de programmes de prévention de l’anxiété soucieux de la mise à l’échelle et de la pérennisation de ces derniers. La difficulté d’allier la rigueur scientifique liée à l’évaluation à la réalité du terrain est également abordée.
EN :
Context Anxiety disorders are among the most prevalent psychopathologies for children and adolescents in Quebec. The prevalence of anxiety disorders is very high and has been affecting a growing number of young people for the past 10 years. It is possible to observe an increased number of anxiety prevention programs for young people around the world. However, some authors point out that they are rarely faithfully implemented, sustained, and scaled up in several schools. Based on implementation science, this HORS-PISTE program was developed to address these important issues by preventing anxiety in Quebec high school students. Implemented in more than 100 schools, the program is now part of Action 4.3 (Promote the deployment of the HORS-PISTE program) of the new interdepartmental Action Plan on Mental Health of the Government of Quebec (2022).
Purpose This article aims to describe how the Knowledge-to-Action (KTA) framework, derived of implementation science, was used to design, implement, sustain, evaluate, and scale up the HORS-PISTE program. This framework proposes a cyclical process in seven phases.
Method A multi-method and multi-stakeholder approach was conducted with a grant from the Public Health Agency of Canada’s Mental Health Promotion Innovation Fund, which has been supporting 20 innovative projects across Canada since 2019. It includes a pre-post evaluation protocol consisting of validated questionnaires, surveys (administered to students, parents, and teachers), semi-structured logbooks completed by program facilitators and implementation review meetings in each school. The different cycles of the program development, implementation and evaluation are discussed through the KTA framework phases.
Results From 2017 to 2021, this methodology made it possible to evaluate and readjust the program each year to promote its adaptation and prepare its scaling up. This article highlights the data collected and analyzed in relation to the seven phases of the KTA framework.
Conclusion This article demonstrates how implementation science can support designers of anxiety prevention programs who are concerned by scaling up and sustaining their programs. Issues in combining the scientific rigor of evaluation with the reality of the field are also raised.
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Les interventions de courte durée offertes par les centres locaux de services communautaires (CLSC) aux personnes traversant un épisode de troubles anxieux ou dépressifs : une étude longitudinale au Québec
Janie Houle, Corentin Montiel, François Lauzier-Jobin, Stephanie Radziszewski, Catherine Hudon, Pasquale Roberge, Simon Coulombe, Annie Beaudin, Hélène Provencher et Martin Provencher
p. 95–120
RésuméFR :
Contexte Au Québec, les équipes de 1re ligne en santé mentale adulte (SMA) ont pour mandat d’offrir des services psychosociaux aux personnes qui vivent avec des difficultés de santé mentale, dont les troubles anxieux et de l’humeur. Suite à l’établissement de nouvelles balises cliniques en 2017, la durée des interventions ne devait pas dépasser 15 rencontres, sauf exception.
Objectifs Le volet longitudinal de l’étude Savoirs partagés avait pour but général d’évaluer l’expérience de soins des personnes avant un trouble anxieux ou dépressif recevant une intervention de courte durée (< 15 rencontres) par les équipes de 1re ligne en SMA et l’évolution de leur rétablissement dans le temps. Plus précisément, les objectifs poursuivis étaient de : 1) déterminer l’appréciation des interventions de courte durée par les personnes utilisatrices de services ; et 2) évaluer l’évolution dans le temps de la symptomatologie, du fonctionnement, de la qualité de vie et du rétablissement des personnes qui reçoivent les interventions de courte durée.
Méthode Un devis longitudinal mixte a été utilisé. Des entrevues téléphoniques ont été réalisées avec les personnes utilisatrices de services afin d’évaluer, de manière quantitative et qualitative, les variables suivantes : appréciation des services reçus, qualité de la relation avec l’intervenant (INSPIRE), symptômes de dépression (PHQ9), symptômes d’anxiété (GAD7), fonctionnement global (WHODAS), qualité de vie (ReQOL) et rétablissement personnel (ERTAD). Des analyses par modèles linéaires mixtes ont été effectuées pour examiner les changements dans le temps avec les mesures quantitatives. Des analyses de contenu ont été menées sur les données qualitatives.
Résultats Au total, 63 personnes ont participé à une entrevue avant le début de leur intervention et 22 après la fin de celle-ci. Les analyses statistiques ont montré une amélioration significative des symptômes d’anxiété, de la qualité de vie et du rétablissement personnel, mais aucune différence n’a été observée en ce qui concerne les symptômes de dépression et le niveau de fonctionnement. Près de la moitié (47,4 %) des personnes participantes ont rapporté que l’intervention reçue avait « complètement » répondu au besoin qui les avait amenées à consulter et 33,3 % se sentaient « complètement » équipées ou outillées dans leur rétablissement. Parmi les éléments particulièrement appréciés, on retrouve la qualité de la relation avec l’intervenant(e), la possibilité de prendre part aux décisions, ainsi que la personnalisation de l’intervention en fonction de leurs besoins et de leurs préférences.
Conclusion Les interventions de courte durée semblent être appréciées et produire des effets positifs chez plusieurs personnes souffrant de troubles anxieux ou dépressifs. Elles demeurent toutefois insuffisantes pour un certain nombre d’entre elles. Une mesure de rétablissement personnel devrait être utilisée en complémentarité avec des échelles de symptomatologie et de fonctionnement pour suivre l’évolution des personnes qui utilisent les services de 1re ligne en santé mentale.
EN :
Context In Quebec, adult mental health (AMH) first-line teams are mandated to provide psychosocial services to people living with mental health difficulties, including anxiety and mood disorders. Following the establishment of new clinical guidelines in 2017, the duration of interventions was not to exceed 15 sessions, with some exceptions.
Objectives The overall aim of the longitudinal component of the Shared Knowledge study was to evaluate the care experience of individuals with an anxiety or depressive disorder receiving a short-term intervention (<15 sessions) by first-line AMH teams, and the evolution of recovery over time. Specifically, the objectives were to: 1) determine the appreciation of short-term interventions by service users; and 2) assess the evolution over time of the symptomatology, functioning and quality of life and recovery of individuals receiving short-term interventions.
Method A mixed method longitudinal design was used. Telephone interviews were conducted with participants, in which the following variables were quantitatively and qualitatively assessed: appreciation of services received, quality of relationship with the provider (INSPIRE), depressive symptoms (PHQ-9), anxiety symptoms (GAD-7), global functioning (WHODAS), quality of life (ReQOL), and personal recovery (ERTAD). Linear mixed model analyses were performed to examine changes over time on quantitative measures. Content analysis was performed on the qualitative data.
Results A total of 63 individuals participated in an interview before the start of their intervention and 22 of them participated after the end of this intervention. Statistical analyses showed a significant improvement in anxiety symptoms, quality of life, and personal recovery, but no difference was observed in depressive symptoms and level of functioning. Nearly half (47.4%) of participants reported that the intervention they received had “completely” met the need that had led them to seek help, and 33.3% felt “completely” equipped or empowered in their recovery. The quality of the relationship with the caregiver, the opportunity to take part in decision-making, and the personalization of the intervention according to their needs and preferences were some of the elements that were particularly appreciated.
Conclusion Short-term interventions seem to be appreciated and produce positive effects in many people suffering from anxiety or depressive disorders. However, they remain insufficient for a number of them. A personal recovery measure should be used in conjunction with symptomatology and functioning scales to monitor the progress of people using first-line mental health services.
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Pratiques centrées sur la famille chez les professionnels en santé mentale adulte : un portrait de la situation au Québec
Geneviève Piché, Aude Villatte, Marie-Ève Clément, Marie-Hélène Morin, Marianne Fournier-Marceau, Darryl Maybery, Andrea Reupert, Stéphane Richard-Devantoy et Catherine Cyr-Villeneuve
p. 121–150
RésuméFR :
Contexte Les enfants et jeunes vivant avec un parent ayant un trouble mental font partie d’un groupe de population vulnérable, plus à risque de divers problèmes psychosociaux et de santé mentale. Ils sont également surreprésentés dans les services de santé mentale pour les jeunes et les services de protection de la jeunesse. Les services en santé mentale pour adultes qui traitent les parents ont la possibilité d’identifier et de soutenir les enfants de ces familles. Cependant, il y a à ce jour encore peu de connaissances sur l’étendue des pratiques centrées sur la famille, proposées par les professionnels de différents champs disciplinaires, en contexte québécois.
Objectifs L’objectif général de cette étude est de documenter les pratiques des professionnels en santé mentale adulte centrées sur la famille, et ce, en fonction de différents groupes de professionnels (psychologie, travail social, sciences infirmières, psychoéducation et éducation spécialisée).
Méthode Au total, 524 participants, issus de l’ensemble des régions du Québec et travaillant auprès d’une clientèle en santé mentale adulte, ont répondu à une enquête provinciale en ligne. Un sous-échantillon de 380 participants, membres d’un ordre ou d’une association professionnelle et provenant de l’échantillon plus large, a été retenu pour la présente étude. Ceux-ci sont issus de 5 disciplines, soit le travail social (n = 127), les sciences infirmières (n = 99), la psychoéducation (n = 57), la psychologie (n = 56) et l’éducation spécialisée (n = 41). Une analyse MANCOVA a été réalisée afin de comparer les groupes professionnels en fonction des 5 sous-échelles de la version française du questionnaire Family Focused Mental Health Practice Questionnaire (FFMHPQ-FR, Piché et al., sous presse), en contrôlant pour le genre, le nombre d’années d’expérience de travail et la proportion estimée de clientèle ayant un rôle parental.
Résultats D’importantes différences ont été constatées entre les travailleurs sociaux et les psychologues, concernant les pratiques de soutien rapportées. Les participants signalent également des niveaux très différents de facteurs facilitants tels que le soutien du milieu de travail, l’ouverture à la formation, les connaissances et compétences perçues et les croyances et attitudes à l’égard de ces pratiques.
Discussion Cette étude permet d’approfondir les connaissances sur l’utilisation de pratiques centrées sur la famille par les professionnels de différents champs disciplinaires, en contexte de santé mentale adulte au Québec. Les résultats permettront de mieux soutenir l’adoption de telles pratiques dans les services en santé mentale.
EN :
Context Children living with a mentally ill parent are a vulnerable population, at higher risk of various psychosocial and mental health problems. They are overrepresented in youth mental health and child protection services. Adult mental health services that treat parents have the opportunity to identify and support children in these families. However, to date, there is still little knowledge on the extent of family-centered practices offered by professionals from different disciplinary fields in Quebec.
Objective This study aims to document the family-focused practices of adult mental health professionals according to different disciplines (social work, nursing, psychoeducation, psychology, and special education).
Method A total of 524 participants, from all regions of Quebec and working with adult mental health clients, responded to an online provincial survey. A subsample of 380 participants, members of a professional order or association, was retained for the present study. These come from five discipline: social work (n=127), nursing (n=99), psychoeducation (n=57), psychology (n=56) and special education (n=41) A MANCOVA analysis was performed to compare groups on the five subscales of the French version of the Family Focused Mental Health Practice (FFMHPQ-FR, Piché et al., in press), controlling for gender, years of experience working in mental health services and estimated proportion of clients with a parental role.
Results Significant differences were found between social workers and psychologists in reported family-focused practices. Participants also reported very different levels of facilitating factors such as workplace support, openness to training, perceived knowledge and skills, and attitudes towards these practices.
Discussion This study helps to increase knowledge on the use of family-focused practices by professionals from different disciplinary fields, in the context of adult mental health services in Quebec. The results allow to better support the adoption of such practices in mental health services.
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Partage d’informations et respect de la confidentialité : repères pour améliorer la qualité des services en santé mentale
Marie-Hélène Morin, Annik Moreau, Maryse Proulx, Mary Anne Levasseur, Luc Vigneault, Michel Gilbert et Marc-André Roy
p. 151–177
RésuméFR :
Objectifs La collaboration entre les personnes proches aidantes (PPA) et les professionnels joue un rôle déterminant dans le rétablissement de la personne vivant avec un trouble mental. Cependant, les pratiques collaboratives entre les PPA et les professionnels se heurtent à des enjeux de confidentialité, particulièrement lorsqu’il est question de partager des informations de manière bidirectionnelle entre les acteurs impliqués. Ce faisant, ces enjeux nuisent à la qualité des services offerts en santé mentale.
Méthode Une étude qualitative a permis de rencontrer 19 PPA et 19 professionnels en santé mentale de 2 régions du Québec afin d’identifier les enjeux liés au partage d’informations et au respect de la confidentialité à partir de leur perspective croisée. Des entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisés auprès des 38 participants.
Résultats La confidentialité et le refus de la personne vivant avec un trouble mental à consentir au partage d’informations demeurent des obstacles importants et actuels dans les pratiques en santé mentale. L’organisation des services en santé mentale devrait assurer une meilleure intégration des PPA dans les équipes afin qu’elles puissent contribuer au rétablissement de la personne et ainsi, recevoir tout le soutien et les informations dont elles ont besoin pour exercer leur rôle. Il ressort de l’étude que les PPA ont différents besoins d’information pour exercer leur rôle et accompagner la personne vivant avec un trouble mental, dont celui d’avoir des renseignements généraux et non confidentiels pour mieux soutenir cette dernière. Tout en respectant les droits fondamentaux et l’autonomie de la personne qui est libre de consentir ou non au partage d’informations la concernant, les professionnels et les PPA peuvent tout de même avoir des échanges et créer une alliance qui favorise l’établissement de collaborations et le rétablissement.
Conclusion Cet article offre des repères afin de faciliter le dialogue entre les personnes vivant avec un trouble mental, les PPA et les professionnels et de les soutenir dans leurs actions en matière de partage d’informations et de respect de la confidentialité dans les pratiques en santé mentale. Ultimement, l’intention est de favoriser des pratiques collaboratives qui contribueront à améliorer la qualité des services en santé mentale.
EN :
Objectives Collaboration between family caregivers and professionals plays a critical role in the recovery of the person living with a mental health disorder. However, collaborative practices between family caregivers and professionals are impeded by issues relating to confidentiality, particularly in connection with bidirectional information sharing between the parties involved. In doing so, these issues affect the quality of mental health services.
Method A qualitative study was conducted with 19 family caregivers and 19 mental health professionals from 2 Quebec regions in order to identify issues related to information sharing and confidentiality from their combined perspective. The Photovoice method was used and individuals semi-directed interviews were conducted with the 38 participants.
Results Confidentiality and the refusal of the person living with a mental health disorder to consent to share information remains important and current obstacles in mental health practises. The organization of mental health services should ensure better integration of family caregivers into care teams so that they can contribute to the person’s recovery and thus receive all the support and information they need to exercise their role. This study shows that family caregivers have different information needs in order to carry out their role and accompany the person living with a mental health disorder, including the need for general and non-confidential information to better support the person. While respecting the fundamental rights and autonomy of the person, who is free to consent or not to sharing information concerning him or her, professionals and family caregivers can still interact and create an alliance that promotes collaboration and recovery.
Conclusion This article offers benchmarks to facilitate dialogue among people living with a mental health disorder, family caregivers and professionals, and to support their actions around information-sharing and respect for confidentiality in mental health practises. Ultimately, the intention here is to foster collaborative practices that will help improve the quality of mental health services.
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Facteurs encourageant ou limitant l’utilisation des services d’urgence pour des raisons de santé mentale par les patients grands utilisateurs de ces services
Firas Gaida, Francine Ferland, Lambert Farand et Marie-Josée Fleury
p. 179–208
RésuméFR :
Objectifs Les services hospitaliers d’urgence sont souvent engorgés, et leur utilisation pour des raisons de santé mentale (SM) y contribue particulièrement. Au Québec, en 2014-15, 17 % des utilisateurs des services d’urgence ayant des troubles mentaux avaient visité l’urgence au moins 4 fois, pour quelque raison que ce soit. Le fait que ces patients recourent fréquemment aux urgences témoigne souvent d’une inadéquation des services qui leur sont offerts. Mieux comprendre les motifs de cette utilisation fréquente des urgences permettrait de mieux répondre aux besoins de ces patients. Cette étude avait pour but d’identifier les facteurs encourageant ou limitant l’utilisation des urgences par les grands utilisateurs de ces services, qui sont définis ainsi s’ils utilisent les urgences au moins 3 fois sur une période d’un an.
Méthodologie Entre avril et septembre 2021, 20 professionnels en SM ont été interrogés au sujet des facteurs qu’ils percevaient comme encourageant ou limitant les grands utilisateurs des services d’urgence à utiliser ces derniers. Ces participants oeuvraient à l’urgence psychiatrique d’un institut universitaire en SM situé dans un grand centre urbain, ou dans d’autres services de ce même hôpital (p. ex. module d’évaluation-liaison), ou ils étaient des partenaires de l’urgence du territoire (p. ex. centres de crise). Les données ont été traitées par le biais d’une méthode d’analyse de contenu réalisée en différentes étapes (transcription des données, codification des contenus, etc.), et guidées par un cadre conceptuel comprenant 4 catégories de facteurs encourageant ou limitant l’utilisation fréquente de l’urgence pour raisons de SM. Ces facteurs étaient reliés au système de santé, aux profils des patients, aux professionnels de la santé ou aux caractéristiques organisationnelles du réseau de la SM.
Résultats Plus de facteurs encourageant l’utilisation de l’urgence que de facteurs limitant son usage ont été relevés. Ces facteurs étaient principalement liés au système de santé (notamment dans le cas de l’indisponibilité des services en SM) et aux profils des patients, particulièrement de ceux ayant des troubles mentaux complexes associés à des problèmes psychosociaux. Les caractéristiques organisationnelles, notamment le déploiement d’innovations à l’urgence ou en partenariat avec celle-ci, bien que globalement peu fréquent, semblent plutôt limiter l’usage de l’urgence.
Conclusion Cette étude soutient l’importance de développer davantage d’innovations à l’urgence et en lien avec les autres services de l’hôpital et de la communauté, ceci afin de mieux répondre aux besoins des grands utilisateurs des services d’urgence et d’en réduire ainsi l’usage. L’urgence devrait optimiser son rôle de dépistage, de traitement bref, d’orientation et de monitorage de la qualité des services aux patients, particulièrement pour ceux que les services ambulatoires en SM ne desservent pas adéquatement.
EN :
Objectives Hospital emergency departments (ED) are often overcrowded, and patients using ED for mental health (MH) reasons contribute in great part to this situation. In Quebec, in 2014-15, 17% of ED users with mental disorders had visited ED at least 4 times for various reasons. These patients’ frequent ED use usually reflects the inadequacy of the services provided to them. A better understanding of the underlying reasons behind this frequent ED use would enable stakeholders to formulate recommendations that would help improve services, making them more suited to the needs of these patients. The aim of this study was to identify the factors that encourage or limit the use of ED by frequent ED users, the term “frequent ED users” being defined as patients who use ED at least 3 times over a one-year period.
Methodology Between April and September 2021, 20 ED professionals were interviewed concerning factors they perceived as encouraging or limiting ED use among frequent ED users. Participants worked in a psychiatric ED or in other hospital services (e.g., assessment-liaison module), or were partners of the ED within the territory (e.g., crisis centers). Study data were analyzed using a content analysis method carried out in various stages (e.g., data transcription, content coding), and guided by a conceptual framework comprised of 4 categories of factors that encourage or limit frequent use for MH reasons. These factors were related to the healthcare system, patient profiles, health professionals, and the MH network’s organizational characteristics.
Results More encouraging factors than limiting ones were identified as pertains to ED use. Most factors were associated with the healthcare system (and particularly with the unavailability of MH services), and with patient profiles, more specifically those with complex mental disorders compounded by psychosocial problems. Organizational characteristics, in particular the deployment of innovations in the ED or in partnership with it, although not widely deployed overall, tended to limit ED use.
Conclusion This study highlights the importance of developing more innovations in the ED and in conjunction with other hospital and community services to better meet the needs of frequent ED users, and thus reduce their use of these services. ED should optimize their role in the screening, brief treatment, referral, and quality monitoring of services for patients, particularly those not adequately served by outpatient MH services.
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La responsabilité civile du psychiatre au Canada lors du suicide d’un patient : une analyse fondée sur la jurisprudence
Gabriel Thibault, Sophie Désautels et Thomas Chamard-Bergeron
p. 209–227
RésuméFR :
Contexte Dans l’exercice de sa pratique, le psychiatre est couramment appelé à évaluer le risque suicidaire d’un patient et peut, par le fait même, engager sa responsabilité professionnelle et faire l’objet d’une poursuite civile en cas de décès de celui-ci. Malgré l’existence de lignes directrices et d’outils en matière d’évaluation et de gestion du risque suicidaire, la pratique du psychiatre est rarement standardisée. Peu d’études se sont intéressées à l’évaluation et la gestion de ce risque sous une perspective légale. Une connaissance de la jurisprudence pourrait soutenir le psychiatre dans l’élaboration de son plan de traitement, tant d’un point de vue médicolégal que pour améliorer les soins offerts.
Objectifs Cet article vise à étudier la responsabilité civile du psychiatre à la suite du suicide d’un patient en analysant la jurisprudence canadienne dans une perspective d’amélioration continue de la pratique en portant une attention particulière à l’évaluation et à la gestion du risque suicidaire.
Méthode Une revue systématique a été effectuée sur CanLII.org, une bibliothèque virtuelle d’information juridique canadienne permettant l’accès aux jugements rendus par des cours de première instance, des cours d’appel ainsi que ceux de la Cour suprême du Canada. La stratégie de recherche consistait à utiliser les mots clés « suicide », « psychiatrie », « faute » et « responsabilité » ainsi que leur traduction anglaise pour retenir les recours où un jugement fut rendu par la cour où au moins un psychiatre agissait à titre de défendeur ou codéfendeur à la suite du suicide d’un patient.
Résultats Neuf recours correspondaient à nos critères d’inclusion. Puisque des éléments étaient d’intérêt pour notre question de recherche, il nous a paru judicieux d’inclure également 3 recours où le patient n’est pas décédé de sa tentative suicidaire, mais en a conservé des séquelles importantes. L’analyse des jugements a permis d’identifier les fautes alléguées les plus souvent reprochées au psychiatre par le demandeur et de présenter la position habituelle des tribunaux, et les arguments qui les sous-tendent. Les fautes alléguées peuvent être regroupées en 3 catégories, soit une évaluation du risque suicidaire jugée fautive, une gestion du risque suicidaire par des mesures d’encadrement jugée fautive et une omission d’avoir utilisé des mesures légales de garde alors qu’elles auraient dû l’être. Dans près de l’entièreté des cas, les tribunaux canadiens rendent une décision en faveur du psychiatre, démontrant une sensibilité à la réalité des psychiatres dans plusieurs situations. Les recommandations qui découlent de notre analyse de la jurisprudence canadienne appuient les lignes directrices des guides de pratique de l’American Psychiatric Association et de l’Ontario Hospital Association en matière d’évaluation et de gestion du risque suicidaire, particulièrement au niveau du contenu de l’évaluation, des moments spécifiques de réévaluation et de la tenue de dossier.
Conclusion La connaissance de la jurisprudence canadienne en matière de responsabilité civile lors du suicide d’un patient représente un atout supplémentaire pour la pratique d’une psychiatrie responsable et de qualité.
EN :
Context In the exercise of his practice, the psychiatrist is commonly called upon to assess the suicidal risk of a patient and may, under the circumstances, engage his professional liability and become the subject of a civil suit in the event of the death of the patient. Despite the existence of guidelines and tools for the assessment and management of suicide risk, the practice often remains unstandardized. Few studies have focused on the assessment and management of this risk from a legal perspective. Some knowledge of case law could be useful to psychiatrists in making future decisions, both from a medico-legal point of view and to improve the care offered.
Objectives This article aims to study the civil liability of the psychiatrist following the suicide of a patient by analyzing Canadian case law from a perspective of continuous improvement of practice with particular attention to the assessment and management of suicide risk.
Method A systematic review of the judgments was carried out on CanLII.org, a virtual library of Canadian legal information allowing access to the judgments rendered by the courts of first instance, the Courts of Appeal as well as those of the Supreme Court of Canada. The search strategy consisted in using the key words “suicide,” “psychiatrie,” “faute” and “responsabilité” as well as their English translation to retain the recourses where a judgment was rendered by the court and where at least one psychiatrist acted as a defendant or co-defendant following the suicide of a patient.
Results Nine judgments met our inclusion criteria. Since elements were of interest for our research question, it seemed wise to us to also include three decisions where the patient did not die of his suicidal attempt but kept significant sequelae. The analysis of the judgments made it possible to identify the alleged faults most often reproached to the psychiatrist by the plaintiff and to present the usual position of the courts, and the arguments which underlie them. The alleged faults can be grouped into three categories: an assessment of the suicide risk deemed faulty, a management of the suicide risk by supervisory measures deemed faulty and an omission to have used legal custody measures when they should have been applied. In nearly all cases, Canadian courts render a decision in favor of the psychiatrist, demonstrating sensitivity to the reality of psychiatrists’ practice. The recommendations resulting from our analysis of Canadian case law support the guidelines of the American Psychiatric Association and the Ontario Hospital Association practice guidelines for suicide risk assessment and management, particularly in terms of the content of evaluation, specific moments of re-evaluation and documentation.
Conclusion Knowledge of Canadian case law on civil liability for the suicide of a patient represents an additional asset for the practice of responsible and quality psychiatry.
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Améliorer la qualité de la prise en charge des sujets présentant des symptômes comportementaux et psychologiques de la démence au Québec
Marie-Andrée Bruneau, Maude-Émilie Pépin, Howard Bergman et Yves Couturier
p. 229–255
RésuméFR :
Les troubles neurocognitifs majeurs (TNCM) touchent plus de 100 000 Québécois et l’on prévoit une augmentation de 66 % de ce nombre d’ici 2030. L’Organisation mondiale de la Santé considère d’ailleurs les TNCM comme une priorité de santé publique (OMS, 2011). Les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD) sont hautement prévalents pour ces troubles. Ils sont associés à une détérioration cognitive et fonctionnelle, à un épuisement des aidants, à un hébergement précoce et à des coûts additionnels. Dans le cadre de l’initiative ministérielle découlant du Plan Alzheimer du Québec (PAQ) promu par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec, des pratiques cliniques innovantes ont été implantées pour la prise en charge optimale de cette clientèle, notamment grâce à la constitution ou le rehaussement d’équipes dédiées aux SCPD. Dans une optique d’amélioration continue de la qualité, le MSSS a mandaté une équipe de cliniciens, chercheurs et gestionnaires pour brosser un portrait des pratiques actuelles en contexte de SCPD et formuler des recommandations. Cette étude poursuivait différents objectifs.
Objectifs 1. Réviser les pratiques organisationnelles et cliniques, ainsi que les trajectoires de soins en matière de SCPD ; 2. Proposer un processus interprofessionnel de prise en charge axé sur les meilleures pratiques connues ; 3. Conseiller le MSSS sur l’implantation de mesures nécessaires afin d’assurer l’accessibilité à des services cliniques sécuritaires et de qualité.
Méthode Une recension des écrits internationaux et guides de pratique récents a été effectuée. Des entrevues semi-structurées auprès de professionnels des équipes SCPD ont également été réalisées afin de brosser un portrait de la situation au Québec. Une esquisse de modèle logique a été proposée à partir de ces informations. Un groupe d’experts a été formé afin de réviser les pratiques cliniques et organisationnelles en matière de SCPD à la lumière des résultats.
Résultats Même si l’initiative ministérielle a eu un important effet structurant sur le développement, la consolidation et la hiérarchisation des services aux personnes présentant des SCPD, diverses améliorations demeurent à accomplir. Des éléments facilitateurs ainsi que des barrières à l’implantation de ces services ont été identifiés et des recommandations formulées afin de conseiller le ministère quant aux actions à conduire afin d’accroître la qualité des services aux personnes manifestant des SCPD.
Conclusion Les recommandations sur les meilleures stratégies à adopter pour consolider les trajectoires de soins en matière de SCPD ont été transmises au MSSS. L’impact principal attendu se situe au niveau de l’amélioration de l’accessibilité et de la qualité de la prise en charge des SCPD, au bénéfice des usagers et de leurs proches.
EN :
Major neurocognitive disorders (MND) affect more than 100,000 Quebecers and this number is expected to increase by 66% by 2030. The World Health Organization (WHO) considers MND as a public health priority in its “Closing the Gaps in Mental Health” program (WHO, 2011). Behavioral and psychological symptoms related to dementia (BPSD) are highly prevalent and are associated with cognitive and functional deterioration, caregiver burnout, early admission to hospital and additional costs. As part of the ministerial initiative stemming from the Plan Alzheimer du Québec (PAQ) promoted by le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec, innovative clinical practices have been implemented for the optimal management of this clientele, particularly through the creation or enhancement of teams dedicated to BPSD. With a view to continuous quality improvement, the MSSS has mandated a team of clinicians, researchers and deciders to paint a picture of current practices in the context of BPSD and to issue recommendations. This study offers a unique and innovative look at the development of quality care for BPSD in Quebec.
Objectives 1. Review organizational and clinical practices, as well as care pathways for BPSD; 2. Propose an interprofessional management process based on best practices; 3. Advise the MSSS on the implementation of measures necessary to ensure access to safe, quality clinical services.
Method A review of recent international literature and practice guides was conducted. Semi-structured interviews with professionals from BPSD teams were also conducted in order to paint a picture of the situation in Quebec. An outline of a logic model was proposed based on this information. A group of experts was formed to review clinical and organizational BPSD practices in light of the results.
Results The ministerial initiative resulting from the PAQ has had an important structuring effect on the development, consolidation and prioritization of services for people with BPSD. Facilitating elements as well as barriers to the implementation of these services were identified and recommendations were issued to advise the ministry on the actions to be taken.
Conclusion The essential conditions and strategies to be adopted to consolidate the trajectory of care for BPSD were transmitted to the MSSS. The main impact is to improve the accessibility and quality of BPSD care for the benefit of users and their families.
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Consommation de substances psychoactives chez les résident(e)s fréquentant des milieux d’hébergement et de soins de longue durée pour personnes âgées en perte d’autonomie : une revue de la portée sur les pratiques d’intervention
Camille Beaujoin, Miguel Bergeron-Longpré, Louis-Philippe Bleau, Julie Beausoleil, Kettly Pinchinat Jean-Charles, Michelle Guerrero, Valérie Aubut, Nadine Blanchette-Martin, Francine Ferland, Jorge Flores-Aranda, Christophe Huỳnh, Nadia L’Espérance et Vincent Wagner
p. 257–294
RésuméFR :
Objectifs Les milieux d’hébergement et de soins de longue durée sont peu outillés pour accompagner les résident(e)s âgé(e)s en perte d’autonomie qui consomment des substances psychoactives (SPA) et qui rencontrent des enjeux liés à leur usage. En effet, l’usage de SPA peut interagir négativement avec d’autres conditions de santé physique, mentale, ou sociales (p. ex. vécu d’itinérance) pour créer des profils particulièrement complexes. Au Québec, comme dans bien des pays à travers le monde, il n’existe souvent pas de lignes directrices claires définissant l’accompagnement des résident(e)s âgé(e)s consommant des SPA. Cette étude vise à documenter les caractéristiques des initiatives et pratiques d’intervention existantes auprès des personnes âgées qui consomment des SPA au sein de ressources d’hébergement et de soins de longue durée, et ce, afin de soutenir les décideur(-euse)s dans l’amélioration des services et la qualité des soins.
Méthode Une revue de portée de la littérature scientifique et grise a été menée en consultant 7 bases de données scientifiques (MEDLINE, EmBASE, PsychINFO, CINAHL, SocIndex, Ageline, Érudit), ainsi que des ressources documentaires d’organisations gouvernementales, non gouvernementales et d’associations professionnelles dans les champs de la dépendance et du vieillissement, dans une sélection de pays de l’OCDE. De plus, 31 expert(e)s ont été sollicité(e)s pour bonifier la démarche de recherche documentaire. L’analyse thématique a été réalisée sur 65 documents.
Résultats Les philosophies sous-tendant les pratiques d’intervention liées à la consommation de SPA reflètent le difficile équilibre à trouver entre la santé, la sécurité et le respect des droits de la personne dans les milieux d’hébergement. Ces philosophies, et les pratiques qui en découlent se distribuent sur un continuum allant de l’exigence de l’abstinence à un total « laisser-faire » vis-à-vis de la consommation. L’offre de services est variée, faisant intervenir des spécialités complémentaires des domaines de la santé et du social afin de répondre aux besoins complexes de cette clientèle. Enfin, différentes dynamiques organisationnelles sont observées : les interventions proposées en matière de consommation peuvent être des programmes structurés, des interventions informelles, des politiques internes visant à encadrer la consommation de SPA dans les milieux d’hébergement, ou encore des ressources réservées aux personnes âgées qui consomment, telles que les établissements de consommation supervisée.
Conclusion En proposant un portrait des caractéristiques des interventions existantes en matière de consommation de SPA en milieux d’hébergement et de soins de longue durée, cette étude pourra contribuer à appuyer les gestionnaires et intervenant(e)s au Québec et ailleurs dans le monde, dans l’amélioration des pratiques cliniques, pour soutenir tant l’autonomie des personnes âgées que l’offre de service en dépendance. Considérant le vieillissement de la population et les besoins complexes des populations aînées qui consomment des SPA, disposer de lignes directrices claires concernant l’accompagnement de ces personnes est crucial pour assurer la qualité des soins et des services offerts dans ces milieux.
EN :
Objectives Residential and long-term care facilities struggle to support older residents who experience a loss of autonomy, use psychoactive substances and face issues related to their consumption. Substance use can interact negatively with other physical, mental health or social conditions (e.g., homelessness) to create particularly complex profiles. In Quebec, as in many other countries around the world, there are often no clear guidelines for the care of elderly residents using psychoactive substances. The purpose of this study is to document the characteristics of existing interventions and practices towards older people who use psychoactive substances in residential and long-term care facilities in order to support decision makers with improvement of services and quality of care.
Methods We carried out a scoping review of the scientific literature. We consulted 7 scientific databases (MEDLINE, EmBASE, PsychINFO, CINAHL, SocIndex, Ageline, Érudit). To identify the relevant grey literature, we explored the websites of governmental, non-governmental organizations and professional associations in the fields of addiction and aging in a selection of OECD countries. In addition, 31 experts were solicited to enhance the documentary research process. We conducted a thematic analysis on 65 documents.
Results The philosophies underlying practices related to substance use reflect a hard balance to strike between priorities to be given to health, safety, and respect for human rights in residential and long-term-care settings. These philosophies, and the practices that stem from them, are distributed along a continuum ranging from the demand for abstinence to a total “laissez-faire” approach to substance use. Services offered are varied and involve complementary expertise in the health and social fields to meet the complex needs of this population. Finally, a diversity of organizational dynamics is observed: proposed interventions regarding substance use can be structured programs, informal interventions, internal substance use management policies, or specific settings for older adults who use substances, such as wet eldercare facilities.
Conclusion This portrait of the interventions that target the use of psychoactive substances in residential and long-term care settings may assist care workers and service managers in Quebec and internationally, with clinical practice improvements. This may ultimately support both seniors-dedicated and addiction services. In view of population aging and the complex needs of older populations, clear guidelines are crucial to ensure the quality of care and services in these settings.
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Expériences d’accompagnement en fin de vie à domicile durant la pandémie de COVID-19 : enjeux et défis
Josée Grenier, Chantal Verdon, Jacques Cherblanc, Chantale Simard, Danielle Maltais et Christiane Bergeron-Leclerc
p. 295–315
RésuméFR :
Objectif Ce texte vise à décrire les défis et les enjeux associés à la proche aidance lors de l’expérience d’accompagnement à domicile d’une personne en fin de vie, en contexte de pandémie. Cette situation d’accompagnement, déjà normalement exigeante, s’est révélée plus difficile et compliquée que d’ordinaire en raison des nombreux défis et enjeux associés particulièrement aux restrictions sanitaires alors imposées. Ainsi, l’analyse des commentaires recueillis auprès de personnes proches aidantes (PPA) durant la pandémie est ici présentée.
Méthode Des témoignages de PPA sont tirés d’une vaste étude intitulée COVIDEUIL-Canada. Le volet qualitatif de cette recherche comprenait de nombreux et riches commentaires issus de la voix de plus de 71 PPA recueillis par questionnaire. Pour le présent article, l’emphase a été mise sur les données qualitatives portant sur la situation de fin de vie à domicile d’un proche.
Résultats Les PPA rapportent différents enjeux dans l’accompagnement des soins de fin de vie à domicile durant la pandémie. Certains résultats sont similaires à des études déjà réalisées, dont la fatigue, les bénéfices d’une aide extérieure, d’autres peut-être plus amplifiés, entre autres, le manque de soutien des soignants, l’isolement, et l’absence de continuités dans les services, en raison du contexte pandémique. Il ressort des témoignages que le maintien à domicile requiert une disponibilité physique et mentale des PPA ; la charge est imposante. Parfois des ressources financières ont été investies pour défrayer des services de soins à domicile. De plus, l’aide tant formelle qu’informelle demeure un élément important pour le maintien à domicile jusqu’à la fin, sinon celui-ci est compromis et des soins en établissement deviennent alors requis.
Conclusion Pour les PPA ayant pu offrir des soins de fin de vie à domicile à leur proche, différents défis ont été rapportés. En somme, pour que la fin de vie à domicile soit vécue de manière sécuritaire et satisfaisante, les PPA doivent recevoir un soutien adéquat et les soins doivent être en adéquation avec les besoins de la personne accompagnée. L’accompagnement de la fin de vie à domicile s’inscrit dans un long parcours d’aide et de soins fournis par les PPA. L’aide formelle offerte devrait suivre l’évolution du parcours de la dyade « PPA et personne accompagnée ». Les soins de fin de vie à domicile risquent fort d’augmenter avec le vieillissement de la population. À ce titre, les soins et services doivent être orchestrés et adaptés à partir de l’annonce du diagnostic. L’Observatoire québécois de la proche aidance pourra certainement évaluer les retombées de la politique nationale pour les PPA et mesurer les effets sur leur santé, leur bien-être et leur qualité de vie (art. 40) (ministère de la Santé et des Services sociaux, 2021a).
EN :
Objective The aim of this text is to describe the challenges and issues associated with family caregivers during the experience of caring for a person at the end of life at home, in the context of a pandemic. This support situation, already normally demanding, turned out to be more difficult and complicated than usual due to the many challenges and issues associated, in particular, with the health restrictions imposed at the time. Here, we present an analysis of comments gathered from family caregivers during the pandemic.
Method Testimonials from caregivers were drawn from a research study entitled COVIDEUIL. The qualitative component of this study included many rich comments drawn from the voices of PPA and collected by questionnaire. For the present article, the focus was on qualitative data relating to the end-of-life situation at home of a loved one. This theme was documented by analyzing the responses of 71 caregivers. These people described, sometimes in detail, the particular circumstances surrounding their loved one’s final days and death.
Results PPAs report various issues in end-of-life care at home during the pandemic. Some results are similar to studies already carried out, including fatigue and the benefits of outside help, while others are perhaps more amplified, including the lack of support from caregivers, isolation, and the absence of continuity in services, due to the pandemic context. Testimonies show that home care requires physical and mental availability on the part of PPAs; the burden is imposing. In some cases, financial resources have been invested to pay for home care services. Moreover, formal and informal help remains an important element in maintaining home care until the end, otherwise it is compromised and institutional care becomes necessary.
Conclusion For PPAs who were able to provide end-of-life care at home for their loved one at the end of life, various challenges were reported. In short, if end-of-life care at home is to be a safe and satisfying experience, PPAs must receive adequate support, and care must be tailored to the needs of the person being cared for. Support at the end of life at home is part of a long process of assistance and care provided by PPAs. The formal assistance offered should follow the evolution of the dyad’s journey–PPA and cared-for person. End-of-life care at home is likely to increase as the population ages. As such, care and services must be orchestrated and adapted from the moment the diagnosis is announced. The Observatoire québécois de la proche aidance will certainly be able to assess the impact of the national policy on PPAs and measure the effects on their health, well-being and quality of life (art. 40) (ministère de la Santé et des Services sociaux, 2021a).