Volume 40, numéro 4, hiver 2015 Améliorer l’accès aux psychothérapies au Québec et au Canada : expériences de pays francophones Sous la direction de Helen-Maria Vasiliadis, Anne Dezetter, Alain Lesage et Martin Drapeau
Sommaire (14 articles)
Éditorial
Numéro thématique
Présentation
Témoignage
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Psychothérapie – Un encadrement nécessaire et légalement reconnu au Québec
Jean-Bernard Trudeau, Pierre Desjardins et Alain Dion
p. 31–42
RésuméFR :
Jusqu’à récemment, le Québec se distinguait par l’adoption d’une loi régissant l’exercice de la psychothérapie adoptée en 2009. Cette loi émerge de 30 ans d’efforts et de discussions interprofessionnelles, ayant abouti à un consensus d’un comité d’experts présidé par le Dr Jean-Bernard Trudeau, dans un rapport déposé en 2005. Dans ce témoignage, le Dr Jean-Bernard Trudeau, médecin généraliste, de même que deux collègues psychiatre et psychologue, ayant participé au comité d’experts ou plus récemment dans l’application de la loi no 21 au Québec, retracent les principales étapes et les points saillants de la régulation de la pratique de la psychothérapie découlant de ce consensus interprofessionnel et traduit dans la loi no 21. Ils retracent plus particulièrement les dernières dix années qui ont vu l’adoption de la loi no 21 en 2009, après deux commissions parlementaires à la suite du dépôt du rapport Trudeau. Ils soulignent ensuite comment la pratique de la psychothérapie est intégrée dans le système professionnel et soumise à un encadrement rigoureux. Ce dernier inclut une réglementation touchant l’obtention du titre de psychothérapeute et le maintien de la compétence ; un guide explicatif fait part des travaux continus interprofessionnels dans l’application de la loi et de la réglementation dans le secteur public et privé et produit par l’Office des professions du Québec. La définition obtenue par consensus de la psychothérapie ne la limite pas au traitement des troubles mentaux et tente de la distinguer d’autres interventions dans le champ des relations humaines. L’obligation de formation continue est encadrée d’une part par l’Ordre des psychologues pour les psychologues et autres professionnels exerçant la psychothérapie et d’autre part le Collège des médecins pour les médecins exerçant la psychothérapie. Ils décrivent enfin le Conseil consultatif interdisciplinaire sur l’exercice de la psychothérapie qu’a prévu le législateur comme mécanisme externe pour assurer la conformité de la réglementation avec l’esprit de la loi, et donner avis aux diverses professions.
EN :
Until recently, Quebec was the first to have regulated the practice of psychotherapy through law adopted in 2009. The law emerged following 30 years of efforts and inter-professional discussions that led to a consensus by an expert committee presided by Dr Jean-Bernard Trudeau in 2005. In this essay, Dr Jean-Bernard Trudeau, general practitioner, and two psychiatrist and psychologist colleagues, who have participated to the expert committee or have been involved more recently in the implementation of law no 21 in Quebec, relate the main landmarks and moments in the regulation of the practice in psychotherapy following this inter-professional consensus that was translated in the law 21. They relate particularly the last ten years that have led to the adoption of law 21 in 2009, following two parliamentary commission after the Trudeau report. They underline how the practice of psychotherapy is integrated in the professional system and submitted to strict regulation. It includes regulations for obtaining the license of psychotherapist and for maintaining competence. Guidelines emerging from continuous inter-professional discussions for the application of the law and of its regulation in the public and private sectors are produced by the Quebec Professions Office. The definition of psychotherapy that was reached by consensus is not limited to the treatment of mental disorders and is distinguished from other intervention in the area of human relations. Continuous training is mandatory and is implemented on one hand by the Order of the psychologists for the psychologists and other professionals practicing psychotherapy and on the other hand the College of physicians for physician practicing psychotherapy. The authors finally described the interdisciplinary advisory council for the practice of psychotherapy that the legislator has foreseen as an external mechanism to insure the conformity of regulation with the spirit of the law and to give opinions to the various professional orders.
Commentaires / État des connaissances
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La Direction générale de la pratique de la Société canadienne de psychologie : à la défense des intérêts de la psychologie partout au Canada
Andrea S. Piotrowski
p. 43–50
RésuméFR :
Depuis longtemps, les organismes nationaux, provinciaux et territoriaux de défense des intérêts de la psychologie militent pour l’amélioration de l’accès aux services psychologiques au Canada. La Direction générale de la pratique (DGP) de la Société canadienne de psychologie (SCP) est composée de représentants de chaque association de psychologues vouée à la défense de la psychologie et d’un représentant de la SCP. Elle a comme mandat d’accroître l’efficience et l’efficacité des activités de représentation, en partageant de l’information et en collaborant avec les provinces et les territoires du Canada. Le présent commentaire précise les initiatives passées, présentes et futures, dirigées par la DGP par le truchement d’énoncés de politique, de campagnes, de sensibilisation du public, de sondages et de possibilités de formation visant à appuyer les activités de représentation en vue d’améliorer l’accès aux services psychologiques pour le bien de tous les Canadiens.
EN :
Increasing access to psychological services across Canada has long been a focus of national and provincial/territorial psychology advocacy bodies. The Practice Directorate (PD) of the Canadian Psychological Association (CPA) is comprised of representatives from each of the advocacy psychology associations and a representative from CPA. Its mandate is to increase the efficiency and effectiveness of psychology advocacy by sharing information and collaborating on initiatives across Canadian jurisdictions. This commentary highlights past, present, and future initiatives of the PD through policy statements, campaigns, public education, surveys, and training opportunities aimed at supporting advocacy in increasing access to psychological services for all Canadians.
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La psychothérapie psychologique en Suisse vers la transparence et la qualité
Martin grosse Holtforth, Ueli Kramer et Jean-Pierre Dauwalder
p. 51–58
RésuméFR :
L’article donne un aperçu de la psychothérapie psychologique en Suisse. Nous décrivons le statut juridique des psychologues-psychothérapeutes, leur position et leur rôle au sein du système de santé suisse, le contexte professionnel dans lequel ils pratiquent, le type de formation en psychothérapie, les différents modèles d’emploi des psychologues-psychothérapeutes, ainsi que la situation de remboursement des séances de psychothérapie psychologique, qui est actuellement insuffisant. Le remboursement par l’assurance maladie obligatoire est mis en évidence comme étant le plus important défi auquel les psychologues-psychothérapeutes sont confrontés actuellement en Suisse, et ce, pour être pleinement reconnus en tant que fournisseurs indépendants de psychothérapie.
EN :
The article gives an overview of psychological psychotherapy in Switzerland. We describe the legal status of psychological psychotherapists, their position and role within the Swiss health-care system, the professional context they practice in, the format of psychotherapy training, various employment models of psychological psychotherapists, as well as the currently insufficient reimbursement situation of psychological psychotherapy. Reimbursement by mandatory health insurance is highlighted as the most important current challenge psychological psychotherapists face in Switzerland, on their way to be fully acknowledged as independent providers of psychotherapy.
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Collaboration médecine-psychologie : évolution des mentalités en Belgique et évolution du système de soins de santé au Canada
Marie-Hélène Chomienne, Patrick Vanneste, Jean Grenier et Stephan Hendrick
p. 59–77
RésuméFR :
L’expertise des psychologues dans l’évaluation et la prise en charge des troubles communs de santé mentale comme l’anxiété et la dépression qui sont fréquents en soins primaires et co-morbides avec les maladies chroniques font des psychologues une ressource essentielle pour les médecins. Les psychologues représentent un large bassin de professionnels spécialisés dans le diagnostic et la pratique de la psychothérapie ; la collaboration médecins-psychologues est d’autant plus critique dans le contexte visant à augmenter l’accès des populations aux traitements psychologiques et aux psychothérapies. Cet article se veut un regard sur l’état de la collaboration entre médecins et psychologues en Belgique et au Canada. Il examine l’évolution des mentalités entre ces deux professions dans une perspective européenne belge et la façon dont le contexte et le système de soins de santé publique au Canada influencent le potentiel de collaboration entre ces deux professions. Les études démontrent la volonté et la facilité qu’ont ces deux professions à collaborer. Mais ceci doit être appuyé par des structures systémiques et académiques facilitantes notamment dans l’apprentissage précoce à la collaboration dans le cursus de ces professions.
EN :
Objectives 1) To give a portrait of the evolving mentalities prevailing in Belgium on the collaboration between psychologists and general practitioners, and identify the barriers to the development of the collaboration between those two health professionals 2) To report on the primary care reform in Canada, its role in fostering collaborative practice in primary mental health and on the strategies needed to improve collaboration.
Methods Literature search using PubMed and Google Scholar.
Results Because of the unmet need of psychologists in primary care, general practitioners and psychologists have a propensity to work together. However to facilitate the collaborative process there needs to be system changes and clear definition of scopes of practices. Both countries are at different levels of implementing change. In Belgium for example it is only very recently that the autonomous practice of clinical psychology has been acknowledged. In Canada although the primary care reform has put forward and supported collaborative care, focus on mental health is insufficient. Early reports on collaborative care in the new models of care inconsistently report improved health outcomes. Strategies to improve collaborative care are looking at teaching future health professionals on how to work together by integrating inter-professional education.
Conclusion Both the health care system and graduate training need to support foster and teach collaborative care.
Articles originaux
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Plaidoyer pour l’inclusion de psychologues dans les équipes de santé familiale en Ontario, Canada
Jean Grenier, Marie-Hélène Chomienne et Isabelle Gaboury
p. 79–99
RésuméFR :
Le présent article se veut un plaidoyer pour augmenter l’accessibilité des services psychologiques au niveau des soins de santé primaires en se penchant plus particulièrement sur la pertinence d’inclure des psychologues dans les équipes de santé familiale (ÉSF) en soins primaires en Ontario.
Les auteurs présentent leur plaidoyer à partir de deux niveaux d’informations : 1) les résultats scientifiques d’un projet de démonstration financé par les Fonds pour l’adaptation des soins de santé primaires (FASSP) dans lequel des psychologues ont été intégrés à des cliniques de médecine familiale ; et 2) les commentaires, expériences et observations générales des auteurs au cours des dix dernières années en ce qui concerne l’inclusion de psychologues en soins primaires en Ontario.
Le projet de démonstration ainsi que l’expérience clinique soutenue des auteurs en santé mentale en soins primaires sont à divers égards, cohérents avec la littérature scientifique. Les équipes interprofessionnelles devraient bénéficier davantage d’une combinaison judicieuse de divers types de professionnels de la santé mentale pour répondre efficacement aux complexités des problèmes de santé mentale de la population desservie. On ne peut s’attendre à ce qu’un seul type de professionnel de la santé mentale sur une équipe soit en mesure de répondre adéquatement à tous les niveaux de complexité des problèmes rencontrés en soins primaires. En ce moment, il y a un manque à combler dans les ÉSF et les soins primaires au sens large, et il semble tout à fait logique que les psychologues soient davantage invités à joindre l’équipe.
EN :
Objectives This article advocates in favor of increasing the accessibility of psychological services in primary health care by focusing more specifically on the relevance of including psychologists in family health teams in primary care in Ontario.
Methods The authors present their advocacy from two levels of information: 1) the main results of a demonstration project funded by the Primary Health Care Transition Fund (PHCTF) in which psychologists were integrated into family practices; and 2) experiences and general observations drawn from the combined experiences of the authors from the last decade regarding the inclusion of psychologists in primary care.
Results Main results from the demonstration project: 1) highly prevalent mental illnesses (anxiety & mood disorders) are amenable to psychological interventions; 2) psychologists and family physicians are natural and complementary allies in primary care; 3) the cost of integrating psychologists to provide psychological interventions can be off-set by a reduction in physicians’ mental health billing. Main observations drawn from authors’ combined experiences in primary care: 1) relatively few psychologists work in family health teams in Ontario; 2) most non-pharmacological mental health interventions in primary care involve generic counselling, problem solving, educational groups, and linking to community resources; 3) lack of understanding of the difference between evidence-based psychological treatments and generic counselling; 4) many multidisciplinary clinics unfortunately benefit from only one type of non-medical mental health professional as part of their team to see all cases, independent of the level of complexity on the patient’s side, and independent of the level of expertise or supervised training on the provider side; 5) multidisciplinary teams in primary care need various mental health professionals to cover for a wide range of presenting problems and levels of complexity/co-morbidities.
Conclusion Our demonstration project combined with our continued clinical experience in primary care is consistent with the scientific literature on the topic of psychological services in primary care. Common mental health problems are highly prevalent. Societal costs are high. Accurate diagnosis is crucial. There are psychological treatments proven to work, and that are cost-effective. We can build on existing multidisciplinary teams and structures in place and also innovate by finding creative mechanisms linking the public and private sectors such as in the Australian primary care system. Interdisciplinary teams should integrate a judicious mix of pertinent skills with the right balance of varying levels of competencies to efficiently address varying levels of problem complexities and co-morbidities. At the moment, there is a gap to be filled in multidisciplinary primary care teams and psychologists are already extensively trained and available to fill this gap.
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Les programmes de prise en charge financière des psychothérapies en Australie et en Angleterre
Helen-Maria Vasiliadis et Anne Dezetter
p. 101–118
RésuméFR :
L’article décrit les programmes de prise en charge financière des psychothérapies en Australie et en Angleterre.
Au début des années 2000, le gouvernement australien a implanté une réforme de santé publique visant à permettre un meilleur accès, gratuit ou peu coûteux, aux psychothérapies brèves, en soin primaire, pour les personnes souffrant de troubles mentaux courants. Cette réforme reconnaît l’importance du rôle du médecin généraliste dans la prise en charge des troubles, et la collaboration avec les professionnels de santé mentale. Deux programmes ont été mis en oeuvre : Access to Allied Psychological Services en 2003 et Better Access en 2006. En 2009, deux millions d’Australiens ont reçu onze millions de séances de psychothérapies. Les études ont montré des résultats positifs sur l’amélioration de l’accès aux soins de santé mentale primaires et sur la santé des patients.
L’Angleterre a mis en place le programme Improving Access to psychological Therapies en 2007 en offrant un service de psychothérapies brèves pour les personnes souffrant de troubles mentaux courants. Le modèle de soin en étape suit les guides cliniques du National Institute for Health and Clinical Excellence, le type de professionnel (counselor ou psychothérapeute formés), le nombre de séances (4 à 13) et la méthode thérapeutique varient selon la sévérité du trouble. Un million de patients ont été traités depuis le début du programme. Les études ont aussi montré des résultats de santé positifs pour les patients du programme. En conclusion les programmes de prise en charge des psychothérapies s’avèrent coûts-efficaces.
EN :
Quebec’s HealthCommissioner on the performance of the health system clearly highlighted gaps in the collaboration between primary care physicians and mental health specialists, decreased accessibility and inequity in access to effective mental health services such as psychotherapy.
Objectives The aim of this article was to describe the implementation of two publicly funded programs of psychotherapy in Australia and England with similar gatekeeper systems to the one in Quebec.
Findings Following the Access to Allied Psychological Services (ATAPS) program introduced in Australia in 2003, one of the most important initiatives from the Council of Australian Governments’ National Action Plan on Mental Health 2006-2011 was the Better Access Initiative which commenced in 2006. The plan included AUD1.2 billion in funding for integrating and improving the mental health care system. The purpose of Better Access was to improve the treatment and management of mental illnesses and increasing community access to mental health professionals and providing more affordable mental health care. GPs were encouraged to work more closely with mental health professionals. Under this program, these professionals are able to provide mental health services on a fee-for-service basis subsidized through Medicare. Access to psychological therapies is provided through private providers, rather than through fund holding arrangements. As of 2009 in Australia, 2 million people (1 in 11) had received over 11.2 million subsidized mental health services. A recent study showed clinical improvements in patients with depression associated with Better Access, concluding that the program is meeting previously unmet mental health needs.
In the case of England, the IAPT – Improving Access to psychological Therapies-program enabled primary care trusts (PCTs) to implement evidence-based psychological therapies as recommended by National Institute for Health and Clinical Excellence for people suffering from depression and anxiety. In October 2007, the Secretary of State for Health announced additional funds totalling £173 million between 2008 and 2011 that would be used to deliver a major training program that would build a skilled workforce of qualified psychological therapists in 4 therapy areas for adults and children: cognitive behaviour therapy; psychodynamic psychoanalytic therapy; systemic and family therapy; humanistic therapy. The main goals of the program were to have: (i) 3,600 newly trained therapists with an appropriate skill mix and supervision arrangements; (ii) 900,000 more people treated; (iii) 50% of people who leave treatment are recovered; (iv) 25,000 fewer people on sick pay and benefits.
Conclusion To date, the results in both countries have shown clinical improvements in symptoms associated with depression and anxiety for people entering the programs and at a population level, decreasing the unmet mental health needs of the population by allowing self-referrals to the program, and therefore rendering access to services to populations otherwise not reached.
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Coûts et bénéfices d’un programme de financement des psychothérapies auprès des Français souffrant de troubles dépressifs ou anxieux
Anne Dezetter et Xavier Briffault
p. 119–140
RésuméFR :
Les psychothérapies structurées sont des traitements des troubles dépressifs ou anxieux recommandés par les guides de bonne pratique internationaux, dont l’efficacité et l’impact positif sur la santé et les coûts, ont été largement démontrés. Toutefois en France, malgré le lourd fardeau économique que ces troubles représentent, les psychothérapies effectuées avec un psychothérapeute non-médecin ne sont pas remboursées.
L’étude vise à évaluer les coûts et bénéfices qu’un programme de prise en charge partiel des psychothérapies permettrait pour les Français souffrant de troubles dépressifs ou anxieux.
Les données sont issues d’une enquête transversale portant sur 20 777 adultes en population générale. L’évaluation économique s’est inspirée de la méthodologie du programme anglais Improving Access for Psychological Therapies adaptée à la France. Le coût de la séance a été estimé à 41 EUR, le taux de remboursement à 60 % ; les coûts annuels induits par les troubles dépressifs à 4 702 EUR, par les troubles anxieux à 1 500 EUR ; et le taux de rémission attribuable aux psychothérapies à 30 % +/-10 %.
Résultats Pour le suivi moyen de 12,1 séances, le coût du suivi psychothérapeutique annuel s’élèverait à 308 millions EUR pour le régime obligatoire, pour traiter 2,3 % de la population. Le ratio coût-bénéfice de la psychothérapie s’élèverait, pour les troubles dépressifs à 1,95 EUR (1,30-2,60) et pour les troubles anxieux à 1,14 EUR (0,76-1,52).
Financer les psychothérapies s’avère être un investissement rentable à court et long terme, d’autant plus que l’impact sur la rémission des troubles somatiques n’a pas été évalué. Le nombre de psychothérapeutes nécessaires s’avère suffisant pour cette prise en charge.
EN :
Objectives Depressive or anxious disorders are a major source of social and economic burden. Many international good practice guidelines recommend structured psychotherapy for treating depressive or anxious disorders. The positive impact of psychotherapy on health, quality of life, productivity, and on the direct and indirect costs has been widely demonstrated. Nevertheless, the psychotherapies provided in private practice with a non-medical psychotherapist are not reimbursed to patients by French health cover systems.
This article aims (1) to assess the cost and benefit of providing a funding program for psychotherapies for the community for French adults suffering from severe or recurrent depressive or anxious disorders, and (2) to estimate the number of psychotherapists that this program would be needed.
Methods Data are based on the Enquête Indicateurs de santé mentale dans quatre régions françaises: a cross-sectional survey of a representative sample of 20,777 adults in the general population conducted in 2005. The questionnaires were administered by a telephone interview with the Composite International Diagnostic Interview – short form. A financial evaluation of covering the cost of psychotherapies was performed using the methodology of the British program Improving Access for Psychological Therapies adapted to the French context. The annual cost generated by depressive disorders was estimated at EUR4,702, cost generated by anxiety disorders at EUR1,500. The remission rate attributable to psychotherapies was assessed to be 30% ±10%. The number of sessions to be covered was defined according to clinical guidelines of the National Institute for Health and Clinical Excellence. The cost of a session was estimated at EUR41, the reimbursement rate by the compulsory health insurance system at 60%.
Results The yearly cost for the cover of psychotherapeutic care – for 12.1 sessions on average was M EUR 514 (M EUR 308 for the compulsory systems) to treat 1,033M individuals in France, or 2.3% of the population. In terms of the cost-benefit ratio, EUR1 invested in psychotherapeutic treatment could, save from EUR1.14 (0.76-1.52) to EUR1.95 (1.30-2.60) for anxious or depressive disorders respectively.
France has the 14,300 professionals qualified to provide the psychotherapies required to treat this population.
Conclusion A funding program for psychotherapies proves to be a cost-efficient investment for the community from the short term, for both direct (health costs) and indirect (productivity, quality of life) costs, that is further that the positive impact and costs of psychotherapy on somatic disorders were not taken into account.
With a view to providing appropriate care for patients, inter-professional collaboration among GPs and mental health professionals, and between clinical psychiatrists and psychologists, appears essential. These recommendations should be defined in national good practice guidelines.
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Efficacité de la psychothérapie comparativement à la pharmacothérapie dans le traitement des troubles anxieux et dépressifs chez l’adulte : une revue de la littérature
Alvine Fansi, Cedric Jehanno, Micheline Lapalme, Martin Drapeau et Sylvie Bouchard
p. 141–173
RésuméFR :
Dans l’optique de l’amélioration d’une couverture de la psychothérapie au Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux a confié à l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux le mandat d’évaluer l’efficacité de la psychothérapie comparée à la pharmacothérapie dans le traitement des adultes souffrant de troubles anxieux et dépressifs. Une mise à jour d’une revue de la littérature récente et de bonne qualité a été effectuée grâce à une revue des revues systématiques traitant de la psychothérapie comparée à la pharmacothérapie dans le traitement des adultes anxieux et dépressifs avec un horizon temporel compris entre 2009 et 2013. Le niveau de l’ensemble de la preuve scientifique permet de dire que de manière générale, il n’y a pas de différence significative entre la psychothérapie et la pharmacothérapie sur le plan de la réduction des symptômes des patients souffrant de troubles anxieux ou dépressifs modérés, ce qui indique une efficacité comparable de ces deux modes de traitement. Cependant, les avantages de la psychothérapie sont maintenus plus longtemps après la fin du traitement que ceux des médicaments. La psychothérapie offre donc une meilleure protection contre la rechute. Par ailleurs, la combinaison de la psychothérapie et de la pharmacothérapie présente une efficacité supérieure à celle de la psychothérapie seule dans les cas chroniques ou graves.
EN :
Introduction In Quebec, mental disorders affect one in five people in their lifetime. Anxiety and depressive disorders are the main common or moderate mental health disorders. They affect both the individuals with the disorder and the people around them and have substantial economic impact. Psychotropic drugs are the treatment option most often proposed to patients presenting with moderate mental health disorders. Psychotherapy is nevertheless a treatment that should be given consideration.
Physical and financial access to psychotherapy remains limited because only one third of professionals qualified to offer it practise in the public sector, and the coverage and reimbursement policy for this service is very restricted. In order to improve such coverage, the Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) mandated the Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) to assess the evidence on the effectiveness of psychotherapy compared with those of pharmacotherapy for the treatment of adults with anxiety and depressive disorders.
Methods An update of a review of recent and good quality literature was conducted through a review of systematic reviews dealing with psychotherapy compared to pharmacotherapy in the treatment of anxiety and depression in adults. The period covered included 2009 to 2013. The literature search strategy, modelled on that of the reference review, was applied to Medline, Cochrane Library, CINAHL, Web of Science and health technology assessment agencies. Exploration of the grey literature focused on information available on the websites of various health assessment organizations.
Results The level of scientific evidence overall was judged to be of moderate to high quality. In general, the data showed no significant difference between psychotherapy and pharmacotherapy in terms of symptoms reduction in patients with moderate anxiety or depressive disorders, indicating comparable effectiveness of these two modes of treatment. However, the benefits of psychotherapy lasted longer after the end of treatment than those of medication. Psychotherapy therefore offers better protection against relapse. Furthermore, the combination of psychotherapy and pharmacotherapy is more effective than psychotherapy alone in severe or chronic cases.
Conclusion Psychotherapy appears to be as effective as pharmacotherapy in the treatment of adult patients with moderate anxiety and/or depressive disorders. Moreover, the beneficial effects of psychotherapy last longer after the end of treatment with a lower likelihood of relapse.
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Accessibilité à la psychothérapie subventionnée par l’État : comparaisons entre les perspectives des psychologues et des psychothérapeutes
Stacy Bradley, Rachelle Doucet, Erich Kohler et Martin Drapeau
p. 175–200
RésuméFR :
L’amélioration de l’accès aux traitements en santé mentale est depuis longtemps une priorité tant au Québec que sur la scène canadienne et internationale. Des initiatives pour accroître l’accès à la psychothérapie subventionnée par l’État ont entre autres été mises de l’avant en Australie et au Royaume-Uni. La présente étude a visé à documenter comment les psychologues et les psychothérapeutes se distinguent dans leurs attitudes quant aux différents aspects qui définissent ces programmes d’accès à la psychothérapie subventionnée par l’État. Les participants (N = 1 275) ont été recrutés par courriel et invités à remplir une série de questionnaires en ligne, lesquels portaient notamment sur : les différents services et modalités de service qui devraient être assurés par l’État ; le rôle et l’autonomie des cliniciens si les services de psychothérapie devaient être assurés par l’État ; les tarifs, les modalités de remboursement et les conditions de travail des cliniciens. Les résultats indiquent que les psychothérapeutes valorisent davantage la thérapie de couple et familiale, l’aide à l’emploi et l’orientation professionnelle que les psychologues. Quant à ces derniers, ils valorisent davantage l’utilisation de pratiques fondées sur des données probantes ainsi que le suivi en continu des résultats du traitement, et la publication du niveau de satisfaction quant aux traitements reçus par la clientèle desservie. Des différences entre les deux groupes ont aussi été observées concernant leurs préférences quant aux modalités de paiement et de remboursement des services. Ces résultats peuvent avoir des implications pour l’implantation d’un programme de psychothérapie subventionnée par l’État au Québec.
EN :
Objectives Within the Quebec context, as well as the larger Canadian and International context, increasing access to mental health care treatment has become a major health care priority (see Peachey, Hicks, & Adams, 2013). Initiatives to increase access through government-funded psychotherapy have been successfully implemented in Australia and the United Kingdom. The current study sought to document how licensed psychologists and psychotherapists in Quebec differ in their attitudes about the components of these government-funded psychotherapy programs and increasing access to psychotherapy treatment.
Methods The target population for the study included both psychologists and psychotherapists whom were licensed to practice psychotherapy with the Ordre of Psychologists of Quebec. Participants (N = 1 275) were recruited by email to participate in an online questionnaire focusing on components such as the services that should be offered in a new government-funded psychotherapy model (eg., individual therapy, family therapy; including employment and debt counselling), the choice and autonomy clinicians have in their treatment interventions, the role of the referring General Practitioner (GP), the fees per psychotherapy hour, the hiring structure (e.g., in the public sector versus reimbursing private psychotherapy services), among others.
Results The results indicated that psychotherapists were more in favour of including family and couple therapy, and employment/vocational counselling than psychologists. Psychologists were more in favour of using evidence-based practices as well as tracking treatment outcomes using validated measures, and publishing treatment satisfaction ratings to the public. Psychotherapists were more in favour of being paid on a session-to-session basis as opposed to be being hired on a salaried basis to offer government-funded psychotherapy.
Conclusions Given that psychologists and psychotherapists differ in their training background and have historically played different roles in the health care system, it is important to understand how they differ in their perspectives on accessibility to psychotherapy. The implications for implementing government-funded psychotherapy initiatives in Quebec given the different professional perspectives of the two groups are discussed.
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La formation aux psychothérapies des internes en psychiatrie en France : résultats d’une analyse qualitative
Aude Van Effenterre, Marion Azoulay, Xavier Briffault, Anne Dezetter et Françoise Champion
p. 201–215
RésuméFR :
Objectif Connaître l’opinion des internes en psychiatrie sur la qualité perçue de leur formation aux psychothérapies et leurs souhaits de formation.
Méthode Une enquête en deux volets, quantitative et qualitative a été effectuée auprès de 869 internes sur 1 334 inscrits au Diplôme d’Etudes Spécialisées en psychiatrie pour l’année 2009-2010. Cinq thématiques ont été abordées dans les deux volets : formation théorique universitaire, psychanalyse, formation extra-universitaire, supervision, souhaits de formation. Cet article présente les résultats de l’enquête sociologique qualitative qui a été réalisée par entretiens semi-directifs auprès de 27 internes. L’enquête questionnait en détail leurs conceptions et pratiques des psychothérapies et la place qu’ils leur donnent dans l’exercice de la psychiatrie.
Résultats La grande majorité des internes est intéressée par la psychothérapie tout en considérant sa formation insatisfaisante. Un interne sur deux opte pour des formations extra-universitaires, coûteuses en temps et en finances. Les orientations et méthodes psychothérapeutiques choisies sont diverses, parce que cette diversité est considérée comme une richesse et pour une bonne pratique de la psychiatrie. Ils conçoivent la psychothérapie comme une pratique médicale, estimant qu’il est de la responsabilité de la psychiatrie d’assurer la formation aux psychothérapies.
Conclusion L’absence de véritable formation aux psychothérapies des internes en psychiatrie est un préjudice pour la qualité des soins en psychiatrie. La création récente d’un titre protégé de psychothérapeute auquel les psychiatres peuvent prétendre de droit, sans formation additionnelle, appelle d’urgence l’élaboration d’une formation. Une proposition des auteurs devrait être discutée en relation avec les réflexions déjà menées ou en cours dans d’autres pays.
EN :
Objectives To explore the level of satisfaction among residents regarding their training in psychotherapies, the interest they have in these therapies, and their wishes in the area of training.
Methods A survey including both a quantitative and qualitative methodology was undertaken among 869 residents out of 1,334 enrolled in the psychiatric residency program. In the 2009-2010 academic year. The survey included five themes of study: theoretical academic training, psychoanalysis, training in institutes outside the university, supervision, wishes in the area of training. This article presents results from the qualitative sociological survey using a semi-guided interview with 27 residents. Their conceptions and practice in the field of psychotherapy, and its place in psychiatric practice were questioned in-depth.
Results The vast majority of residents were interested in psychotherapy, but simultaneously dissatisfied with the training they had received. Almost half opted for various sorts of extra-curricular training, costly in time and money. The psychotherapeutic orientations among these residents were varied, and a plurality of methods and theoretical approaches was advocated both for reasons of having a wider viewpoint and good practice in psychiatry, and because the residents considered this plurality to be an essential component in their training. They saw psychotherapy as a medical practice, and considered that it is the responsibility of the psychiatric discipline to provide training in psychotherapies.
Conclusion The absence of any real training in psychotherapies for residents in psychiatry is damaging for care quality in psychiatry. The recent creation of a protected title of psychotherapist for psychiatrists without the need of additional training suggests an urgent need to develop a training course. A proposal by the authors should be discussed in light of reflections and proposals already underway in other countries.
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La thérapie informatisée : une option pouvant faciliter l’accès à la thérapie chez les jeunes adultes ?
France Talbot, Josée LeBlanc et Jalila Jbilou
p. 217–227
RésuméFR :
Introduction Les jeunes adultes ont, au Canada, les plus hauts taux de prévalence de l’anxiété et de la dépression, et sont aussi ceux qui utilisent le moins les services traditionnels de santé mentale. Faciliter l’accès à la thérapie chez les jeunes est ainsi particulièrement important, et ce, encore davantage dans les régions canadiennes plus rurales et auprès des minorités linguistiques. La thérapie informatisée pourrait être une option.
Objectifs Cette étude vise à évaluer jusqu’à quel point l’autostigmatisation, un besoin d’autonomie et les attitudes face à la thérapie informatisée permettent de prédire l’intention d’utiliser cette thérapie chez de jeunes adultes francophones. L’impact de la visite du site Web d’une clinique virtuelle sur cette intention a également été évalué.
Méthode Quarante-quatre étudiants fréquentant une université francophone du Nouveau-Brunswick ont complété, en ligne, des mesures autorapportées avant et suite à la visite du site Web de la clinique virtuelle MindSpot, en Australie, qui offre des thérapies informatisées.
Résultats Une séquence de corrélations significatives entre les variables étudiées est observée, mais seules des attitudes plus positives à l’égard de la thérapie informatisée sont directement corrélées à une plus grande intention de l’utiliser. La visite du site Web a produit une augmentation significative et importante de l’intention d’utiliser la thérapie informatisée.
Conclusions La thérapie informatisée pourrait faciliter l’accès aux traitements fondés sur les données probantes du stress, de l’anxiété et de la dépression chez les jeunes adultes francophones du Nouveau-Brunswick, voir d’autres parties du Canada. Cette approche demeure peu répandue encore à travers le pays.
EN :
Introduction Of all age groups, young Canadian adults have the highest prevalence rates of anxiety and depression. Yet, they are also the least likely to access traditional face-to-face mental health services. Facilitating access to evidence-based therapy among young adults is thus particularly important, namely in rural parts of Canada as well as among its linguistic minorities. Computerized therapy could be a cost-effective alternative. However, little is known about how young adults perceive it.
Objectives This study aimed to assess the influence of self-stigma, need for autonomy and attitudes toward computerized therapy on the intent of Francophone young adults to use computerized therapy. The impact of visiting the Website of a virtual psychology clinic on their intent to use computerized therapy was also assessed.
Method Forty-four young adults attending a French University in New Brunswick completed online self-report measures before and after visiting the Website of the MindSpot Clinic, a virtual psychology clinic offering evidence-based computerized therapy programs for anxiety and depression.
Results Higher levels of self-stigma were moderately correlated with higher levels of need for autonomy, which in turn were moderately associated with more positive attitudes toward computerized therapy. Only more positive attitudes toward computerized therapy were moderately and directly correlated with a higher intent of using this type of therapy. T-tests revealed that visiting the MindSpot Clinic’s Website produced a significant and large increase in the intent to use computerized therapy.
Conclusions Computerized therapy may facilitate access to evidence-based treatments of anxiety and depression among Francophone young adults from New Brunswick, and perhaps from other parts of Canada as well. Websites similar to the one of the MindSpot Clinic may be an efficient strategy to provide young Canadian adults with helpful information on computerized therapy, as this therapy format is not established yet in Canada. A research program conducted by the first author aims to make it accessible in New Brunswick in both official languages.
Postface
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Les conclusions de la table ronde
David Levine, Michael Sheehan, Phil Upshall, Marie Hayes, Karen Cohen, Xavier Briffault, Patrick Vanneste, Alain Lesage, Martin Drapeau, Helen-Maria Vasiliadis et Anne Dezetter
p. 229–241