Volume 4, numéro 1, juin 1979
Sommaire (8 articles)
-
Analyse descriptive des urgences psychiatriques dans la région du Montréal métropolitain
Luciano Bozzini, André-Pierre Contandriopoulos, Aimé Lebeau et Raynald Pineault
p. 1–23
RésuméFR :
Cet article résume la première partie d'une recherche descriptive sur les urgences psychiatriques dans la région métropolitaine de Montréal. Tout d'abord, nous exposons le contexte dans lequel se situe l'étude et les objectifs poursuivis ; dans un deuxième temps, nous effectuons une brève description des principaux aspects méthodologiques de la recherche. Dans un troisième temps, nous présentons les données relatives au nombre d'urgences psychiatriques et à la répartition de cete demande de soins selon les centres hospitaliers du Montréal métropolitain. Un second article traitera des principales caractéristiques de la clientèle psychiatrique qui requiert les ressources d'urgence : âge, sexe, état civil, catégories socio-professionnelles, types de détresse psychiatrique, profils d'utilisation antérieure, etc.
EN :
In. September 197S1, a research team from the Department of Health Administration of the University of Montreal, completed a research study on psychiatric emergencies financed by the Planning section of Quebec's Ministry of Social Affairs. The purpose of this research was on the one hand, to measure the importance of psychiatric problems in the emergency services of hospital centers in Montreal's metropolitan region (22 institutions) and, on the other hand, to describe the characteristics of patients who have access to these emergency services for the purpose of psychiatric treatment.
This article summarizes the first section of this research study. Firstly, the authors explain the problem underlying the study, as well as the objectives pursued. Subsequently, a brief description of the research is made, according to its major methodological features. Finally, in the third section, data relative to the number of psychiatric emergencies and to the distribution of this care demand in Montreal's hospital centers, are presented.
A second article will deal with the main characteristics of the psychiatric clientele requiring emergency resources i.e. age, sex, marital status, socio-professional categories, types of emotional distress, profiles of past-utilization of services (etc.).
-
Stress en milieu de travail : une intervention individuelle, organisationnelle et communautaire
Samir Kodsi
p. 24–39
RésuméFR :
Près de 9 000 personnes travaillent et vivent de 9 à 5 dans des tours climatisées. Tout est en place pour produire et consommer davantage. Lorsqu'il fait froid, l'air climatisé est là pour nous dégeler, et lorsqu'il fait chaud, il est toujours là pour garder l'air ambiant à 20° C afin de nous faire oublier qu'à l'extérieur la température pourrait nous inciter à faire une sieste. De plus, le décor aseptique et impersonnel des petits bureaux nous fait souvent penser au « rat maze » de Skinner. Dans cet article, notre intention n'est pas de vous endormir en vous racontant l'histoire des tours à bureaux, mais plutôt de vous livrer les résultats d'une expérience dans le domaine de la santé communautaire qui se vit dans cet édifice depuis près de deux ans. Il s'agit du programme Prévention-Santé en milieu de travail du CLSC Centre-Ville à Montréal qui met l'accent sur un phénomène communément appelé le stress. L'originalité de ce programme réside dans le fait que l'intervention menée par une équipe multidisciplinaire s'est centrée sur une population du secteur tertiaire de l'industrie.
EN :
This article result from a reflection on the intervention of a multidisciplinary group which worked for almost two years on a preventive health program in a work setting. The milieu chosen comprises offices workers in a downtown Montréal building. The program's originality stems from its intervention at the individual, organizational and community levels* The results of the intervention described in this article will lead to the assumption of responsability for such a program by the employees and employers in the setting.
-
Les lieux de l’écoute : l’analyse institutionnelle
François Peraldi
p. 40–61
RésuméFR :
Dans ce troisième article, l'auteur essaie de répondre à la question : « À quelles conditions l'écoute psychanalytique des psychotiques est-elle faisable dans l'institution psychiatrique? » Il utilise son expérience dans un hôpital psychiatrique montréalais pour ce faire. On peut voir dans l'article les mécanismes d'articulation et les résistances internes et externes qu'une telle approche soulève. On devient aussi conscient de certains résultats obtenus par une telle approche et ce que cela peut soulever dans des structures conventionnelles.
EN :
In this, the last section of a long article, the author paints a picture, both clinical and theoretical, of institutional analysis. To accomplish this he uses his experience in a Montreal psychiatric hospital. One can see in the text the articulating mechanisms of institutional analysis in practice, and the internal and external resistances to which such an approach gives rise. One can also become aware of certain results obtained by such an approach and of what it can upset within conventional structures.
-
À propos d’une pratique
Robert Sévigny
p. 62–72
RésuméFR :
Psychosociologue, l'auteur examine sa pratique passée comme intervenant dans différents types de groupe. Il retourne à ses premières expériences de thérapie de groupe et à ses premières analyses. De plus, cette analyse abordait des questions qui demeurent encore très pertinentes. Ensuite, l'auteur explique les raisons sociales pour lesquelles il en est venu à privilégier le travail avec des « vrais groupes » au lieu de groupes spontanés. Sur la base de 20 ans d'expérience et une vision de plusieurs approches de groupe, on peut se demander si la question de l'homme dans la société comme agent de changement ne devrait pas être posée de façon plus large à l'extérieur du groupe.
EN :
The author, a psycho-sociologist and a professor in the department of sociology at l'Université de Montreal, looks back and reflects on his practice as an intervener in different types of groups. He returns to his first experiences with T-groups and to the analysis of them which he made at the beginning of his practice. Furthermore, this analysis touches on questions that remain very relevant. Thus the author explains why, for social reasons, he came to privilege work with "real groups" rather than that with spontaneous groups. On the basis of twenty years of experience and a view of many group approaches it can be asked whether the question of man in society as a change agent should not be posed to a greater extent within groups.
1) Dans Sociologie A Sociétés, vol. 9, no 2, d'octobre 1977, le lecteur trouvera un article de moi qui préserve une réflexion plus systématique mais sans référence immédiate à ma propre pratique. Oe numéro, entièrement consacré au thème "psychologie, sociologie, intervention" comprend également plusieurs textes qui ne sont pas étrangers à certains thèmes développés ici. On y trouvera aussi de nombreuses références bibliographiques.
-
Maladie mentale et stigmatisation ou Comment on devient un malade mental pour la vie
Jacqueline C. Massé et Marie-Marthe T.-Brault
p. 73–83
RésuméFR :
La perspective sociologique telle que présentée ici en relation avec la santé et/ou la maladie mentale est basée sur une approche interactionniste du phénomène. En effet, la société est composée d'un ensemble de normes et de valeurs, partagées par la majorité des personnes au sein d'une même culture à une époque donnée. Ces normes dont l'apprentissage commence dès la naissance de l'individu, sont issues de la génération précédente et ainsi transmises de génération en génération. Normes et valeurs constituent le tissu social, fondement de notre vie en commun. Il s'agit d'une vision de la société centrée principalement sur les rapports entre les individus et la société, et entre les individus et les institutions, ces rapports étant définis par un ensemble d'interdépendance psychologique et sociale.
EN :
In this article mental illness is presented in a sociological perspective, giving prominence to social-interaction factors which, in many cases, are responsable for the permanence of this type of illness. Its thereotical base comes !form the psychology of social-interaction developped by G.H. Mead and his disciples. This perspective defines the social human being as derived from successive interactions, beginning, at birth, with maternal contacts and extending progressively to the entirety of the members of the community of which the individual is a part. This interactional network is comprised of messages, of responses, and of expectations which make up the norms and values which in turn from the basis for the distribution of roles and statuses- From these roles and statuses derive the behaviours acceptable to a given collectivity. Among other theoretical developments, interactionist sociology gave birth to formulations on deviance which became known, in american terminology as "labelling theory". In the case of mental illness many sociologists interested in the phenomenon have studied it, using the framework elaborated by the proponents of this approach to deviance. Thus, rather than considering the deviant as abnormal in himself, deviance is viewed as a process; that is, as the result of a series of interactions confronting the individual who is not, or does not behave like the collectivity as a whole and the milieu in which he lives. When the reaction of the entourage is negative, the so-called deviant is subjected to sanctions such as avoidance, rejection, exclusion, confinement, etc... This process terminates generally in stigmatization which wraps the deviant in a label from which he will probably never free himself. The studies cited demonstrate this interactional process at different stages of mental illness, these being; d) at the point of medical diagnosis, b) during hospitalisation, c) on leaving We psychiatric institution, d) and after the return to society. The conclusion leads to an appreciation of the drama experienced by psychiatric ex-patients, for most of whom the label "mentally ill" constitutes an apparently irreversible stigmatization.
-
Mon aventure avec la guérison
Shelley Pessner
p. 84–91
RésuméFR :
L'auteure a vécu avec d'importants problèmes psychologiques. Elle a expérimenté le traitement psychiatrique hospitalier et a participé à un Centre de jour. Dans cet article, elle relate son cheminement vers la santé. Elle partage ses impressions sur la psychiatrie et comment elle a commencé à revivre, suivant d'abord un gestalt et, plus important, le cri primal. L'article a la valeur de témoignage d'une personne qui a vécu la psychiatrie de l'intérieur.
EN :
The author has lived with important psychological problems and has experienced hospital psychiatric treatment as well as day center participation. In this article she relates her adventure in moving towards health. She shares her impressions on the psychiatry which she experienced and tells of how she began to live again, following first a gestalt, and then most importantly, a primal therapy. This article has the value of a testimony from someone who has lived the psychiatric adventure from the inside.
-
Un quart de siècle plus tard : notre malade...
Marcel Bouchard
p. 92–101
RésuméFR :
Psychiatre depuis 30 ans, l'auteur ramène au souvenir, à l'aide de son expérience, l'histoire de l'évolution de l'institution Robert-Giffard aussi bien que l'évolution de la psychiatrie au Québec. Il revoit les conditions de vie des patients et celles du personnel depuis le début des années 50. Il nous permet de se souvenir que le traitement scientifique et le progrès social ont permis une approche plus humaine envers ces personnes étiquetées malades mentaux.
EN :
The author, a psychiatrist, has worked at the Centre hospitalier Robert Giffard (formerly St. Michel-Archange) at Quebec, for almost 30 years. In this article he brings to life, using many of his experiences, the history of the evolution of this institution as well as that of the evolution of Quebec psychiatry as a whole. He reviews the living conditions of the patients and those of the treatment staff since the beginning of the 1950* s. He allows us to remember that scientific as well as social progress have permitted a more humane approach to those people whom we have labelled insane.
-
Perspective sur l’histoire québécoise de la psychiatrie : le cas de l’asile de Québec
Hubert Wallot
p. 102–122
RésuméFR :
L'histoire de la folie, dans quelque milieu que ce soit, comporte toujours un double intérêt : du point de vue du non médecin, elle révèle la nature des répressions qu'une société se donne et l'évolution des groupes au pouvoir dans cette société : en ce sens, on découvre que les buts des organisations qui prennent en charge la folie se concrétisent différemment selon la définition sociale de la folie à une époque et selon les intérêts en place. Du point de vue médical d'autre part, pareille histoire tend à illustrer une déviance sociale originale et que d'autre part, les normes sociales et les conceptions professionnelles de la folie et de son traitement tendent néanmoins à s'inspirer d'un ordre social existant et à le justifier indirectement. C'est en ce sens que nous avons élaboré les grandes lignes de l'historique du Centre Hospitalier Robert-Giffard qui fut le premier hôpital psychiatrique du Bas-Canada. Cette histoire couvre 5 périodes distinctes : la période politico-religieuse, la période du professionnalisme d'affaires coloniales de l'époque de l'Union du Haut et du Bas-Canada, période correspondant à la période asilaire, la période hospitalière indigène ou franco-religieuse où prévaut une conception neurologique de la folie, la période psychiatrique où la folie devient une maladie mentale traitable conjointement au plan biologique et psychologique, et enfin la période sociale où la folie tend à se ramener à une déviance sociale devant être prise en charge par des rééducateurs experts des sciences sociales. Nous donnerons ensuite un aperçu d'une période dite de « récupération communautaire ».
EN :
The history of insanity in whatever setting often introduces a dual interest : from a non-medical perspective, it reveals the repressive nature of society and the evolution of groups in power within this society : in that sense, one discovers that the objectives of the organization taking charge of insanity translates differently according its social definition of insanity at a moment in time and according to the interests that dominate at this same time. On the other hand, from a medical perspective, such history tends to illustrate original social deviancy and social norms and professional concepts of insanity and its treatment tend nonetheless to be inspired by the existing social order indirectly justified. It's in this perspective that we have elaborated the history of the Centre Hospitalier Robert-Giffard, the first psychiatric hospital in Lower Canada. The history covers 5 specific periods : the political and religious period, the period of professional colonialism during the union with Lower Canada, the asylum period, the hospital period or franco-religious when a neurological concept of insanity prevailed, the psychiatric period where insanity becomes a mental illness that is treatable both biologically and psychologically and finally the period where insanity tends to fall back to social deviancy that must be taken in charge by social science experts. The authors end their article with an overview of a more community-oriented period.