FR :
Depuis le début du 21e siècle, la statistique canadienne a connu d’importantes transformations. En faisant appel au triptyque « structures / pratiques / normes » et en insistant sur les dimensions (locale, nationale ou supranationale) privilégiées, il est possible de distinguer quatre périodes. Jusqu’en 1840, approximativement, les colonies britanniques de l’Amérique du Nord vivent dans un régime qu’on peut qualifier de pré-statistique, sans autorité statistique définie, ni activité statistique régulière, ni, bien sûr, quelque chose qui pourrait s’apparenter à un système statistique. De 1840 à 1920, environ, on assiste à une lente et difficile structuration du « national » qui se dégage à la fois du local et du supranational. Cette structuration prend au moins trois formes : géographique, politique, et, enfin, statistique puisqu’on cherchera, à travers divers arrangements statistiques, à rationaliser à l’échelle du pays tout entier le travail de collecte et d’analyse des données chiffrées. De 1920 jusque dans les années 1980, le système statistique canadien, fortement centralisé, connaîtra une évolution vers une meilleure prise en compte du local comme du régional et du provincial. La dernière période est marquée par une influence plus nette du supranational sur le national, du fait, entre autres, des liens de plus en plus étroits du Canada avec le Mexique et les États-Unis. Elle est aussi caractérisée par le développement d’un véritable marketing statistique centré autour des thématiques du client et de la qualité des produits statistiques. Un tableau synthétique final reprend les informations les plus marquantes.
EN :
Since 1800, Canadian statistics underwent important transformations. By appealing to the triptych "structures/practices/standards" and by focusing on the subnational, national or supranational dimensions, it is possible to distinguish four periods. From the beginning of the 19th century to 1840, the British colonies of North America have evolved in an environment that we may describe as "proto-statistical." There was no clearly designated statistical authority at that time, nor was there any regular and organized statistical activity and, thus, nothing which we may consider as a statistical system. From 1840 to the immediate aftermath of World War I, the course of Canadian statistics was defined by a progressive, but slow-paced and rather difficult emergence of a "national", as opposed to the supranational and local, perspectives. This process combined at least three distinct dimensions. There was, besides the topographical and political, a properly statistical rationalization. From the 1920s, and even more so, from 1945 up to the 1980s, the development of Canadian statistical system may be characterized as following two major trends. The first, and most consistent, one is consolidation at the national level. At the same time, the local, regional and provincial perspectives were also, in various manners, taken into account. During the most recent period—whose beginning we can roughly date from the 1980s—concerns related to statistical harmonization and coherence have partly moved from the national to the international—or supranational—scale. With regard to the discourse held by statistical elites, one cannot but notice a significant shift. The statistical office is now generally presented as an agency that dispenses services, that offers products on a market where customers are sensitive to quality and prices. This analysis, which is of an historical and ideal-typical character, is organized around a large synthetic table.