
Volume 29, numéro 2, 2006
Sommaire (7 articles)
Articles
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Introduction: Women and Gender in Canadian Science, Engineering and Medicine
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A Blackboard in Her Kitchen: Women and Physics at the University of Toronto
Alison Prentice
p. 17–44
RésuméEN :
Despite a widespread belief that they were a tiny minority in twentieth-century physics, women have been far more present in the field than we imagine. In this essay I explore three periods in the history of the University of Toronto physics department between 1890 and 1990. In the first expansionist period (1890-1933) women were much in evidence, earning nearly 20 percent of the university's doctoral degrees in physics; during the middle years of the century (1934-1961), some of these women taught in the physics department, but participation in the graduate program declined, with no women completing doctorates; between 1962 and 1990, when physics was again expanding rapidly, women gained some ground but still earned less than five percent of the doctorates. The essay explores the histories of nine of the women who earned PhDs in physics at Toronto during this third period, with a view to discovering the factors that helped or hindered their success in the field.
FR :
Les femmes occupent dans l’univers de la physique du début du 20e siècle une place beaucoup plus importante qu’on a pu le croire. Cet article aborde trois périodes de l’histoire du département de physique de l’Université de Toronto entre 1890 et 1990. Dans la première période d’expansion du département (1890-1933), les femmes sont bien visibles et décrochent près de 20 % des diplômes de doctorat décernés en physique. Au milieu du siècle (1934-1961), certaines de ces femmes enseignent au département, mais la participation féminine au programme diminue et aucune femme ne complète de doctorat. De 1962 à 1990, alors que le domaine de la physique connaît une nouvelle croissance, les femmes reprennent du terrain mais ne décrochent malgré tout que moins de 5 % des diplômes de doctorat. L’article explore les histoires de neuf femmes ayant décroché un doctorat pendant cette dernière période, pour dégager les facteurs ayant pu favoriser ou limiter leur succès en physique.
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“The only girl in such a big class”: Women Students at the University of Toronto’s Faculty of Applied Science and Engineering during the 1920s and the 1930s
Ruby Heap
p. 45–73
RésuméEN :
This article draws the collective profile and examines the experiences of the handful of women who formed the first generation of female students enrolled at the University of Toronto's Faculty of Applied Science and Engineering (FASE) during the 1920s and 1930s. The student records shed light on their socio-economic background, which they shared to a large extent with their male counterparts and the other women attending university at the time. The available sources also provide information on the school's curriculum and pedagogical practices, and on the main features of student life at FASE. The institution cultivated and transmitted a deeply masculine culture: to train an engineer was to train a man and to construct a specific type of masculinity, symbolized by the "Schoolmen" and the "School Spirit." How did the pioneers adapt to this environment? How did FASE respond to their arrival? The article accounts for the diversity of views and experiences of the female students, and for the different reactions to their presence. Nevertheless, the entry of this pioneering group at FASE openly raised the question: can a woman be a woman and an engineer? Other studies are needed to better understand how female students answered this question in their own way, in different schools of engineering and in different historical settings. This work will help bring answers to this other question, which is still widely debated: why so few women engineers?
FR :
Cet article trace un portrait collectif, puis examine les expériences de la poignée de jeunes filles qui constituent la première génération d’étudiantes inscrites en génie à la Faculty of Applied Science and Engineering (FASE) de la University of Toronto dans les années 1920 et 1930. Les dossiers étudiants jettent un éclairage sur leur profil socio-économique, qui s’aligne à la fois sur celui de leurs confrères masculins et sur celui des autres étudiantes qui fréquentent l’université à cette époque. Les sources disponibles nous renseignent aussi sur les programmes et les pratiques pédagogiques en vigueur, et sur la vie étudiante à la FASE. Il s’agit d’une institution qui cultive et transmet une culture profondément masculine : former un ingénieur, c’est aussi former un homme, et construire un certain type de la masculinité, incarné dans les « Schoolmen » et dans le « School Spirit ». Comment les pionnières s’intègrent-elles dans cet environnement? Comment la Faculté réagit-elle à leur arrivée? L’article fait part de la diversité des points de vue et des expériences des étudiantes, et des réactions différentes que suscite leur présence. Il reste que l’arrivée de cette première cohorte féminine pose explicitement la question : peut-on être une femme et un ingénieur? D’autres études sont nécessaires pour comprendre comment les étudiantes en génie ont apporté leurs propres réponses à cette question, dans des différentes écoles de génie et dans différents contextes historiques. Ces travaux apporteront des éléments importants de réponse à cette autre question, qui est toujours d’actualité : pourquoi y -a-t-il encore si peu d’ingénieures?
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Engineer and Feminist: Elsie Gregory MacGill and the Royal Commission on the Status of Women, 1967-1970
Crystal Sissons
p. 74–97
RésuméEN :
Can a woman engineer by a feminist? This article argues in the affirmative using a case study of Elsie Gregory MacGill. Elsie Gregory MacGill was Canada's first woman electrical engineer, graduating in 1927 from The University of Toronto. She then became the first woman to earn a degree in aeronautical engineering from the University of Michigan in 1929. While establishing herself in a predominantly masculine profession, MacGill, also a third generation feminist, actively worked for women's equal rights and opportunities in Canadian society. A case study of her role in the Royal Commission of the Status of Women (RCSW), 1967-1970, is used to illustrate that not only can a woman engineering be a feminist, but more importantly that her dual background allowed her to effectively bridge the worlds of the engineering and feminism in engineering the RCSW.
FR :
Une femme ingénieur peut-elle être féministe ? Cet article utilise le cas d’Elsie Gregory MacGill pour répondre par l’affirmative à cette question. Elsie Gregory MacGill, diplômée de l’Université de Toronto en 1927, fut la première femme ingénieure électrique au Canada. Elle devint ensuite la première femme au monde à devenir ingénieure en aéronautique grâce à l’obtention d’un diplôme de l’Université du Michigan en 1929. Tout en faisant sa place dans une profession essentiellement masculine, MacGill, qui était aussi une féministe de la troisième génération, milita en faveur de l’égalité des femmes au Canada. L’étude de son rôle au sein de la commission royale d’enquête sur la situation de la femme, qui siégea de 1967 à 1970, servira ici à illustrer le fait que non seulement une femme ingénieure peut bien être féministe mais, plus important, que son double profil lui a permis de réunir efficacement les mondes du génie et du féminisme à travers les rouages de la commission.
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Women in Botany and the Canadian Federal Department of Agriculture, 1887-1919
Amber Loydlangston
p. 99–130
RésuméEN :
This article explores the nature of women's involvement in the science of botany in the federal Department of Agriculture from 1887 to 1919. It argues that the professionalization and bureaucratization of science in the department created distinct opportunities for women but also confined them to specific jobs deemed appropriate for their sex. Because the botany that was first undertaken in the department emerged from the natural history tradition, women first contributed as unpaid "amateur" observers, collectors, and correspondents. As science professionalized and bureaucratized in the late nineteenth and early twentieth centuries, however, the contributions of unpaid "amateurs" were no longer desired or needed. At this juncture, women were employed as paid assistants and members of the support staff. As civil servants, women entered an organization that was undergoing a process of professionalization and bureaucratization. As a result, women were subjected to hierarchical and territorial segregation, undertaking 'women's work' in botany. They performed tasks which were undervalued, underpaid, and offered little or no opportunity for advancement, and were, therefore, rejected by men. Satisfying the demands generated by the professionalization and bureaucratization of science as well as of the federal civil service, women were a pivotal part of the botanical workforce of the Canadian federal Department of Agriculture from 1887 to 1919.
FR :
Cet article explore la nature de du travail des femmes dans la science botanique au ministère fédéral de l’Agriculture de 1887 à 1919. Il suggère que la professionnalisation et la bureaucratisation de la science au sein du ministère pendant cette période ouvrent certes des occasions d’emploi aux femmes, mais cantonnées à certaines tâches spécifiques jugées appropriées à leur sexe. Le type de botanique pratiquée au ministère ayant d’abord émergé de la tradition de l’histoire naturelle, les premières femmes contribuent d’abord à titre d’observatrices, collectrices et correspondantes « amateures » et non rémunérées. A mesure que la science se professionnalise et se bureaucratise à la fin du 19e et au commencement du 20e siècle, les contributions « amateures » et bénévoles ne sont cependant plus requises ou nécessaires. À partir de ce moment, des femmes sont employées comme assistantes et membres rémunérées du personnel de soutien. À titre de fonctionnaires, ces femmes intégrent alors une organisation engagée dans un processus de professionnalisation et de bureaucratisation. Dans ce cadre, elles sont sujettes à une ségrégation hiérarchique et territoriale balisant un « travail de femmes » en botanique, fait de tâches mésestimées, sous-payées, offrant peu d’occasions d’avancement et donc délaissées par les hommes. Répondant ainsi aux demandes de la professionnalisation et de la bureaucratisation de la science et de la fonction publique fédérale, ces femmes représentent une part cruciale de la main-d’oeuvre en botanique au ministère fédéral de l’Agriculture de 1887 à 1919.
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Education, Expertise, Experience and the Making of Hospital Workers in Canada, 1920-1960
Peter L. Twohig
p. 131–153
RésuméEN :
Beginning in the 1920s, many Canadian hospitals underwent an extensive period of modernization. A wide variety of workers, generally termed "allied health professionals," began to work alongside physicians and nurses. This paper examines the history of two such groups, x-ray and laboratory technicians, paying particular attention to the ways in which technical education was transformed and, through this transformation, new occupational identities forged. Initially, those who staffed the laboratory and x-ray departments were given quick, practical instruction. In many cases, these workers continued to work in various settings across the hospital. The informal instruction of the 1920s and 1930s was displaced by formal, accredited training programs, replete with national examinations linked to a practice registry in the 1940s. Hospital administrators, the Canadian Medical Association and technicians themselves were all engaged in this transformation. At the same time, national organizations such as the Canadian Society of Laboratory Technologists or the Canadian Society of Radiological Technicians, founded in the late 1930s and early 1940s respectively, attempted to create a common professional identity with a clear scope of practice. Despite this, technical workers' professional identity remained malleable and highly dependent upon context long after the creation of supposedly national accreditation standards.
FR :
Les années 1920 marquent le début d’une longue phase de modernisation pour de nombreux hôpitaux canadiens. Un grand nombre d’employés, généralement qualifiés de « personnel paramédical », commencent à collaborer avec les médecins et le personnel infirmier. Cet article observe l’évolution de deux de ces deux groupes, soit les techniciens en radiologie et les techniciens de laboratoire. Il met l’accent sur le développement d’une formation technique et, à travers celle-ci, de l’établissement de nouvelles identités professionnelles. Au début, le personnel des laboratoires et des services de radiologie reçoit une formation rapide et pratique. Dans de nombreux cas, ces personnes poursuivent leur travail dans plusieurs autres services de l’hôpital. La formation informelle fournie dans les années 1920 et 1930 est ensuite remplacée par une formation formelle au moyen de programmes accrédités, complétés par des examens nationaux qui donnent lieu à l’établissement d’un registre des pratiques dans les années 1940. Les directeurs d’hôpitaux, l’Association médicale canadienne et les techniciens eux-mêmes participèrent à cette évolution. En même temps, les organisations nationales telles que la Société canadienne des technologistes de laboratoire ou la Société canadienne des techniciens en radiologie, fondées respectivement à la fin des années 1930 et au début des années 1940, tentent de créer une identité professionnelle commune ancrée dans un ensemble de pratiques clairement identifiables. Malgré cela, longtemps après la création des prétendues accréditations nationales, l’identité professionnelle des techniciens demeure flexible et extrêmement tributaire de l’environnement local.
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“Body Work”: Nurses and the Delegation of Medical Technology at the Ottawa Civic Hospital, 1947-1972
Cynthia Toman
p. 155–175
RésuméEN :
The absence of ordinary women from histories of science and technology may be partially explained by what has been excluded as science, as well as who have been excluded as women of science. Although the delegation of medical technology to Ontario nurses increased rapidly during the mid-twentieth century, we know very little regarding how these ordinary women engaged in science and medical technology through the everyday practice of "body work." Gender structured the working relationships between predominantly-male physicians and predominantly-female nurses, shaping the process of delegation and generating significant changes in nurses' work as well as who provided bedside care. Trained nurses parlayed these new technological skills to their advantage, enabling the extension of technological care at the bedside and assuring their roles as essential for the functioning of the hospital system.
FR :
L’absence de femmes ordinaires dans l’histoire des sciences et de la technologie peut en partie s’expliquer par ce qui a été exclu des sciences et par qui a exclu les femmes des sciences. Si la délégation de la technologie médicale aux infirmières de l’Ontario s’est accélérée dans la seconde moitié du 20e siècle, nous en savons très peu sur ces femmes ordinaires oeuvrant dans le domaine des sciences et de la technologie médicale par leur pratique quotidienne du « travail corporel ». Cet article examine la façon dont les relations marquées par les rapports sociaux de sexes entre le personnel medical, à prédominance masculine, et le personnel infirmier, à prédominance feminine, ont façonné un processus de délégation qui a transformé tant le travail infirmier que l’identité des personnes travaillant au chevet des malades. Les infirmières diplômées ont mis à profit leurs nouvelles competences techniques, permettant un élargissement des usages de la technique au chevet des patients et se rendant elles-mêmes essentielles au fonctionnement du système hospitalier.