Résumés
Résumé
Il existe une tension épistémologique profonde, voire un dilemme, au coeur de la philosophie de l‘histoire. L’histoire en tant que science humaine vise à expliquer les événements du passé, mais, en tant que discours narratif, elle se prête mal à une justification épistémologique formelle. Ce dilemme semble artificiel dans la mesure où nous donnons sens aux événements de la vie et du passé en les insérant dans des récits. Nous recourons spontanément au récit pour expliquer ce qui s’est passé. Nous considérons la narrativité comme un « jeu de langage » qui s’insère dans une variété de formes de vie et dont nous faisons usage en conjonction avec d’autres jeux de langage en vue de comprendre les actions et les événements. Si l’on s’inquiète de la contamination d’un présumé logos par le mythos, nous revisitions ici la distinction aristotélicienne entre le récit poétique et le récit historique pour appuyer l’idée que l’historiographie peut et doit rester narrative, et que la narrativité qui l’anime ne relève pas de l’artifice, mais bien de l’explication.
Abstract
There exists an epistemological tension, seen as a dilemma, in current philosophy of history. History as a human science aims to explain past events, but as a narrative discourse, it seems ill fitted for any kind of formal epistemological justification. This dilemma seems artificial in a way inasmuch as we give meaning to the events of our lives by inserting them in narratives. We spontaneously use narrative to explain what has happened. We consider narrativity here as a range of “language-games” bound to a variety of forms of life, and on which we rely to understand actions and events. If we are worried about the contamination of the logos by the mythos, we revisit the Aristotelian distinction between poetic and historical narratives to support the idea that history can remain in narrative discourse and that narrativity participates in explanation and understanding.