Recensions et comptes rendusPhilosophie

Alexia Renard et Virginie Simoneau-Gilbert, Que veulent les véganes ? La cause animale, de Platon au mouvement antispéciste. Montréal, Fides, 2021, 13,9 × 21,6 cm, 204 p., ISBN 978-2-76214-456-7[Notice]

  • François Doyon

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  • François Doyon
    Université Laval, Québec

Le véganisme est une « philosophie » qui prône le rejet de l’utilisation et de l’exploitation des animaux, que ce soit pour l’alimentation, les vêtements ou les loisirs. Bien que le véganisme soit souvent considéré comme une pratique contemporaine, certaines de ses racines peuvent être retracées dans l’histoire. C’est une généalogie du véganisme que présente Que veulent les véganes ? La cause animale, de Platon au mouvement antispéciste, un essai philosophique co-écrit par Alexia Renard et Virginie Simoneau-Gilbert et publié en 2021 par les Éditions Fides. Virginie Simoneau-Gilbert et Alexia Renard sont deux chercheuses qui se consacrent à l’étude de l’éthique animale et de la défense des droits des animaux. Virginie Simoneau-Gilbert, boursière Rhodes et doctorante en philosophie à l’Université d’Oxford, a choisi de se concentrer sur la question des comportements moraux chez les animaux non humains, une problématique éthique de plus en plus discutée. Elle est également passionnée par l’histoire de la cause animale et a signé en 2019 un livre sur l’histoire de la SPCA de Montréal, une organisation vouée à la protection des animaux. Alexia Renard, doctorante en science politique à l’Université de Montréal, se spécialise quant à elle dans la sociologie des mouvements sociaux et en politique comparée. Elle se consacre à l’étude des jeunes antispécistes et véganes au Québec, un groupe de plus en plus influent dans la société actuelle. L’essai explore la cause animale dans une perspective philosophique, historique et sociologique. Il montre que cette question n’est pas nouvelle et remonte à l’Antiquité, où des penseurs se demandaient déjà si la consommation de viande était justifiable. Le livre s’intéresse également aux mouvements contemporains tels que le véganisme et l’antispécisme, mouvement qui propose une réflexion sur la place des animaux dans notre société et les enjeux écologiques et politiques liés à leur traitement. La réflexion explore les différents arguments philosophiques pour ou contre la consommation de viande et examine les implications sociales et politiques de la lutte pour les droits des animaux. Elle aborde également des sujets tels que l’exploitation animale dans l’industrie agroalimentaire et la question de la souffrance animale. La première partie de l’essai traite de l’histoire des idées philosophiques sur les animaux en Occident, de l’Antiquité au 20e siècle, en se penchant sur la position des penseurs grecs et romains, l’Église catholique, René Descartes, les Lumières et la pensée utilitariste. La deuxième partie examine l’histoire politique des droits des animaux, en se concentrant sur la Révolution industrielle, le 19e siècle et l’émergence des sociétés de protection des animaux, les femmes en tant que pionnières de la cause animale et l’émergence d’un discours sur les droits des animaux au 20e siècle. La troisième partie se penche sur la sociologie de la cause animale, en étudiant les militants végans et antispécistes et leur lutte pour les animaux, les conséquences environnementales de l’exploitation animale, la question de l’éthique animale, avec l’examen de différentes théories, notamment l’utilitarisme de Peter Singer, la théorie des droits des animaux de Tom Regan et l’éthique du care et l’écoféminisme. L’ouvrage offre un bon aperçu de l’histoire et du développement de l’éthique animale, de la Grèce antique au mouvement moderne de défense des droits des animaux. Son approche est à la fois historique et philosophique : c’est une exploration des idées et des arguments de divers penseurs à travers l’histoire et leurs implications pour l’éthique animale contemporaine. L’originalité de l’essai consiste en sa tentative d’inscrire l’idéologie végane dans l’histoire en cherchant des racines pour donner à cette pratique l’autorité d’une ancienne tradition : « les considérations relatives au traitement que nous infligeons aux animaux sont vieilles de …