Résumés
Résumé
La notion moderne de leadership, dans l’espoir de devenir un concept opératoire, se cherche des sources d’inspiration positive tout comme elle peut trouver profit à se démarquer nettement de modèles contrevenant à l’esprit qui l’anime ou qu’elle cherche à promouvoir. C’est dans ce contexte d’investigation conceptuelle tâtonnante qu’a été entreprise la présente recherche concernant la relation entre un leader d’aujourd’hui et ses associés, et le Bon Pasteur et ses brebis, telle qu’elle se dégage de l’immense patrimoine d’images que recouvre ce sujet dans la tradition chrétienne, à la lumière des huit principaux types iconographiques ayant eu ou ayant encore cours dans le monde chrétien. L’analyse conclut à l’inadéquation globale des relations qui se créent et se cherchent à notre époque entre un leader et son équipe, et celles que célèbrent les images chrétiennes du Bon Pasteur avec ses brebis, faute, entre autres, de réactivité et d’initiative créatrice chez ces dernières.
Abstract
In hope of becoming operative, the contemporary concept of leadership is often on the lookout for positive sources of inspiration that it will then try to promote and/or to set up against other models that it considers to be less inspiring, and against which it therefore wants to react. It is to contribute to this groping about search for a concept of leadership that this contribution has been undertaken. Its goal is to identify what relationship (if any) can be made between the contemporary reality of leadership and followership and both (i) the image of the Good Shepherd and his sheep as well as (ii) the gigantic iconographic patrimony that has come to define this image, within the Christian tradition. In light of an examination of eight iconographic types that have been used or are still used to depict the image, within the Christian tradition, the viability and potential fruitfulness of using this image, to speak of leadership, is examined. The analysis performed leads to a conclusion of inadequacy between, on the one hand, the relationships that exist (or are sought) between contemporary leaders and followers and, on the other hand, those that are celebrated in the Christian images of the Good Shepherd and his sheep. This inadequacy is in large part due to the lack of reactivity and creative initiative on the part of the sheep.
Corps de l’article
Dans le cadre délibérément très large de la réflexion à laquelle est consacré ce numéro de la revue Science et Esprit, nous nous proposons d’examiner, à la lumière d’une approche iconographique transhistorique du thème du Bon Berger dans l’art, ce que ce thème est susceptible d’apporter à la conception et à la pratique du leadership, autrement dit de la tâche consistant à guider son prochain avec autorité, science et efficacité dans le cadre d’une entreprise commune. Notre hypothèse est qu’il se pourrait que les principales variantes de la figure du Bon Pasteur, en particulier dans l’art chrétien, présentent nolens volens une version du leadership condamnée à être perçue de nos jours comme patriarcale, surannée et globalement irrecevable dans le monde contemporain, les relations entre le Bon Berger et ses brebis étant cantonnées à un monde de rapports d’où l’égalité, l’échange, la réciprocité, la réactivité, la créativité sont pratiquement exclues, même si le dévouement attentif est à l’évidence l’une des marques du comportement du berger, la confiance et la gratitude étant potentiellement ou idéalement sensible dans celui des brebis.
Notre investigation comporte trois étapes. La première (I), voulue brève, constitue un rappel des sources littéraires et iconographiques de la figure du Bon Berger dans l’Antiquité et dans la Bible. La deuxième étape (II), après une esquisse panoramique du destin du thème du Bon Berger et de ses traductions visuelles en christianisme, des origines jusqu’à nos jours, consiste à présenter les huit principales familles d’images de ce thème en examinant ce que chacune d’elles laisse entrevoir du rôle du Berger et de sa relation aux brebis. La troisième partie (III) dresse le bilan de ce parcours et se risque à formuler un verdict global qui pourra paraître sévère, mais que nous pensons justifié par les analyses qui le précèdent : en un mot comme en mille, pour traditionnel et vénérable, voire archi-populaire qu’il ait été à certaines époques et dans certains pays, le thème du Bon Berger ou du Bon Pasteur nous paraît peu stimulant voire décidément anachronique comme source de laquelle pourrait s’inspirer la réflexion actuelle sur le leadership, même s’il n’a rien perdu de sa pertinence spirituelle, à laquelle l’Église aurait tort de renoncer.
La vastitude du sujet justifierait voire nécessiterait une enquête de longue haleine et aurait indubitablement de quoi alimenter la rédaction érudite d’un livre entier. Nous sommes en particulier conscient que les trois étapes dont allons rendre compte, à elles seules, appelleraient mille et une preuves historiques complémentaires, analyses lexicologiques, approches iconographiques circonstanciées. Mais s’il est vrai que « qui trop embrasse mal étreint », la règle du jeu impose aux auteurs de s’en tenir au nombre de pages souhaitées, sans pour autant leur faire une obligation de renoncer au plaisir-devoir des chercheurs d’aller jusqu’au bout de leurs intuitions. Nous formons donc le voeu que le lecteur admette qu’on ne peut pas tout faire comme l’idéal l’exigerait, sauf à être paralysé par la complexité des sujets abordés par ce numéro de revue, et à s’interdire tout propos quelque peu globalisant. Et surtout, nous lui demandons de bien vouloir admettre dès le départ de sa lecture que la conclusion de l’exposé, d’allure quelque peu cassante, ne doit rien à un antichristianisme primaire et tout à une fréquentation assidue et analytique, des décennies durant, des images dont il va être question[1].
I. Les racines antiques du thème et ses développements jusqu’à nos jours
1) Dans certaines civilisations du monde antique, comme en Inde[2], en Mésopotamie[3] ou en Grèce[4], et dans la culture romaine d’avant notre ère, il est arrivé que les rois et autres leaders se voient décerner le titre à tout le moins honorifique de berger ou de pasteur, et/ou que la figure du bon berger soit célébrée dans certaines formes d’art, en particulier la sculpture en ronde bosse, en ivoire ou en pierre. Autant qu’on puisse l’affirmer, le fait de comparer le roi, ou un personnage important, ou Dieu lui-même, à un berger (un pasteur) veillant sur son troupeau, à savoir le peuple dont ce personnage a la charge, pourrait être une des spécificités culturelles indo-européennes dans la mesure où elle s’y trouve fréquemment attestée[5] tandis qu’elle paraît inconnue, jusqu’à plus ample informé, de l’Afrique ancienne (Éthiopie et Égypte comprises), de la Chine ou du Japon, mais aussi des cultures américaines anciennes.
C’est sans doute en écho de cet usage socio-politique de la comparaison en question que sont apparues dans le monde mésopotamien puis dans le monde grec des figures qui peuvent être ressenties comme très touchantes, en particulier celle de berger criophore (κριος, « bélier[6] » et φόρος, « qui porte »), debout ou en buste, portant une brebis ou un bouc sur les épaules.
2) Ces figures ne tarderont pas à connaître une profonde réception dans le monde chrétien, ce qui s’explique quand on sait la faveur du thème du bon pasteur dans la Bible. L’image du Christ bon pasteur est l’héritière directe d’une image du répertoire funéraire païen antique[7] que les premières générations de chrétiens ont adoptée puis christianisée. Elles privilégiaient cependant les images qui, à leurs yeux, n’étaient pas en contradiction avec leur foi : la figure du « pasteur » était de celles-là[8].
Dans l’Ancien Testament, le thème apparaît quelquefois dans le Pentateuque (Nombres 27, 15-21), les livres historiques (1 Samuel 17,34-35 ; 2 Samuel 24,17) et les Psaumes (23,11 ; 80,1), et nettement plus souvent dans les livres prophétiques (Isaïe 40,11 et 53,6 ; Jérémie 23, 1-4 et 50,4-20 ; Ézéchiel 34[9] et 37,24 ; Michée 5,4 ; Zacharie 9,16-10,6 ; 11,15-17 ; 13,7). Dans la plupart des cas, le titre et la qualité de berger du peuple de Dieu désignent un israélite dont la fonction fait de lui un guide et/ou un chef, en tout cas un « meneur » (Josué, David, Saül) et dont l’action, de ce fait, est passible d’une évaluation et d’un jugement (Jr 23,1-4). Mais le titre peut aussi désigner l’Éternel lui-même (ainsi en Ps 23[10] et 80 ; et en Is 40,11[11]), ce qui donne à entendre que c’est comme par délégation que des humains sont investis de la charge de veiller au bonheur et à la sécurité du peuple de Dieu, comparé à un troupeau dont Il demeure le véritable Berger.
Dans le Nouveau Testament, le thème affleure aussi bien dans les quatre évangiles que dans diverses épîtres. Chez les synoptiques, il est rapporté que Jésus « vit une foule nombreuse et il en eut pitié, car elles étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger » (Mc 6,34), ce qui lui fit dire à ses disciples que « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers », et le conduisit à appeler ses douze disciples et « à leur donner autorité pour chasser les esprits impurs et guérir toute maladie et toute infirmité » (Mt 9,37 ; 10,1). Dans l’évangile de Jean, le Christ se désigne lui-même comme le Bon Berger, qui connaît ses brebis et est connu d’elles, qui donne sa vie pour ses brebis, et qui entre par la porte du bercail, à la différence des mercenaires et des voleurs, qui ne songent, eux, qu’à voler des brebis et les abandonnent en prenant la fuite dès que le loup s’approche (Jn 10)[12]. Le titre de Pasteur est décerné à Jésus dans plusieurs épîtres (en particulier en Hébreux 13,20 ; et 1 Pierre 2,25 et 5,4). Certains textes eschatologiques parlant du retour du Seigneur à la fin des temps le nomment tantôt comme Pasteur (1 P 5,4) tantôt comme Agneau (Ap 7,17), ce qui n’est paradoxal que si l’on oublie de tenir compte du fait que le « meneur », en l’occurrence, fut aussi conduit à se sacrifier pour le salut du troupeau.
3) L’écho de cette thématique dans la tradition chrétienne paraît avoir été quasiment immédiat : on trouve des images du Bon Pasteur, aussi bien des fresques que des statues[13], dans l’art des catacombes, sur leurs murs ou leurs sarcophages[14]. Le soin des prêtres pour les fidèles n’a pas tardé à être désigné globalement comme « pastorale », une expression qui s’est maintenue jusqu’à nos jours, tout comme le fait de parler des prêtres et des évêques comme de pasteurs, terme qui a sans doute paru plus digne et moins campagnard que celui de berger, que ne conservent de nos jours que les communautés charismatiques. De nombreux textes officiels de la vie de l’Église l’ont mis à l’honneur. Plusieurs congrégations et Instituts religieux, aussi bien masculins que féminins, ont le nom du Bon Pasteur dans leur désignation, tout comme un certain nombre d’édifices religieux, cathédrales, églises ou chapelles. Il est à peine besoin de rappeler que la métaphore du pasteur eut la préférence de la Réforme lorsqu’il s’est agi de désigner les responsables de la vie de la communauté chrétienne, ce qui n’a pas empêché de poursuivre l’usage consistant à désigner ainsi les responsables de la vie de l’Église catholique romaine[15], les églises orthodoxes ayant une préférence marquée pour d’autres titres qui leur sont propres, d’où l’usage parmi elles du titre de pope (pour désigner les prêtres du clergé séculier), higoumène et archimandrite (le clergé grec orthodoxe) et de patriarche. Ajoutons que le mot « pastorale » a pris une importance considérable dans le catholicisme actuel.[16]
II. Le Bon Pasteur dans l’art chrétien
Compte tenu de sa tendance massivement aniconique, la culture juive n’a pas transmis, jusqu’à plus ample informé, de figures peintes, gravées ou sculptées des « meneurs » de l’histoire juive (patriarches, rois, prophètes, juges, etc.) qui auraient été campées dans un rôle de berger, fût-ce chez des peintres récents atypiques, libres et célèbres, comme Abel Pann (1883-1963) ou Marc Chagall (1887-1985), même si de nombreux textes écrits par des Juifs pour des Juifs les invitent à « revenir vers ce Bon Pasteur de nos âmes, ce Berger d’Israël, annoncé par tant de prophètes !… ».
L’héritage iconographique provenant à la fois de l’Antiquité et de la tradition juive s’est en revanche affirmé sans tarder chez les chrétiens. Le christianisme naissant a pour ainsi dire reçu ou accueilli favorablement en héritage des figures de berger criophore provenant des civilisations anciennes, telles celles de la Grèce et de Rome. Qu’il suffise, pour la cohérence de notre exposé, fût-elle quelque peu aérienne, par force, de signaler les figurations attachantes de l’Hermès criophore, ou bien de Mercure, parcourant l’enceinte de Thèbes un bélier sur les épaules, préservant ainsi la ville de la peste. Elles paraissent avoir inspiré les toutes premières représentations du Bon Berger dans l’art chrétien, ou du moins dans des lieux de réunion et de prière créés et utilisés par des chrétiens, telles les catacombes.
Cet héritage va se révéler fécond et durablement stimulant pour l’imaginaire des artistes chrétiens, comme le démontre le survol que nous allons maintenant effectuer de ce que nous pensons avoir été les huit principales variantes de la postérité iconographique de cet archi-thème. Nous les présentons dans un ordre « approximativement chronologique », notre objectif n’étant pas d’abord de garantir que l’ordre de cette succession soit incontestablement le bon, mais de rendre attentif le lecteur à la vaste portée socio-ecclésio-politico-théologique des variantes successives de ce thème iconographique. La plupart des images du Bon Berger d’inspiration chrétienne représentent celui-ci avec une certaine liberté concernant son allure, son vêtement, son âge, sa posture, sa manière de porter la brebis ou d’être entouré d’une partie de son troupeau, l’élément iconographique le plus constant étant la canne de berger traditionnelle (droite, haute, et à extrémité supérieure complètement recourbée, généralement plus haute que lui) qu’il tient presque invariablement.
1) Le « Berger criophore » désigne conventionnellement une figure d’homme jeune porteur d’une brebis sur ses épaules, plaquée contre son cou, et tenue par les pattes : le contact physique dégage une impression de bienveillance, d’intimité confiante qui se passent de mots. La brebis ainsi tenue, cela va sans dire, est dans un état de passivité consentante.
Le Bon pasteur criophore debout apparaît chez les chrétiens, dans le sillage de sculptures grecques ayant Hermès comme pasteur, dès le 3e siècle de notre ère. L’un des premiers spécimens de ce sujet promis à un brillant avenir artistique est la statue en ronde bosse qui se trouve dans la Catacombe de Domitille et date des années 300 (figure 1). Peut-être de peu antérieure, une peinture murale de la catacombe de Priscille, datée du 3e siècle, où la brebis sur les épaules du Christ présente la particularité d’avoir deux cornes, ce qui en fait un bouc, un autre bouc se trouvant à terre près du Bon Pasteur[17]. Ces fresques seront suivies par des mosaïques, telles celles de l’église d’Aquileia, du 4e siècle, ou de la Domus dei Tappeti di Pietra, à Ravenne, du siècle suivant, qui montrent l’une et l’autre le Berger équipé d’un instrument de musique, jeune, et encore peu christique d’allure. Le thème du Bon Pasteur se retrouve aussi en relief sur certains sarcophages antiques[18].
Cette image bucolique, déjà utilisée par les Romains pour orner leurs tombeaux, fut reprise par les chrétiens pour conforter chez les familles leur espérance d’un au-delà de repos, de sécurité et de paix pour leurs défunts. Et progressivement, cette imagerie héritée va être infléchie dans un sens explicitement chrétien, l’antique pâtre anonyme étant remplacé petit à petit par une figure de Christ explicitement identifié comme tel, ne serait-ce que par son nimbe crucifère.
Pour en revenir à la statue de la catacombe de Domitille, la brebis, en l’occurrence, a la tête retournée vers le berger, ce qui est loin d’être toujours le cas dans les familles nombreuses des représentations, peintes le plus souvent, qui adopteront ce modèle : dès le 4e siècle, sur les sarcophages ou les mosaïques[19], et a fortiori par la suite dans l’art de la peinture, en particulier à partir de la Renaissance[20], se propage l’image d’une brebis que l’on peut qualifier assurément de confiante, mais aussi de parfaitement passive, ayant la tête dans le prolongement du corps. Cette image du Bon Pasteur criophore de conception antique a joui d’une immense fortune, qui a suscité jusqu’à nos jours[21] des mosaïques, des sculptures[22], des « icônes » new-look et des images pieuses en quantité, ainsi que des peintures, témoin le Bon Pasteur de deux peintres contemporains, Arcabas (1926-2018)[23] et Sieger Köder (1925-2015)[24]. Certains peintres enracinés dans les traditions du christianisme d’Orient, tel Nikola Saric (1985- ), un serbe vivant en Allemagne, ont illustré ce sujet[25].
Le thème du Berger criophore a aussi profité à la popularité de certains saints, tel saint Joseph portant Jésus sur les épaules, par exemple dans certaines peintures médiévales de la Fuite en Égypte, comme dans l’église du monastère de Visoki-Dečani au Kosovo. Ou encore, de nos jours, dans une statue en bois fabriquée par un sculpteur parisien, Luc de Moustier, désireux de fêter « l’année saint Joseph » 2021, ouverte en octobre 2020, sa statue de Joseph christophore accompagnant désormais les démarches de pèlerinage liées à cette célébration.
2) Le Berger tenant par les deux pattes avant une immense brebis, variante sans lendemain, est néanmoins impressionnante (figure 2). Cette formule, tardive dans l’ordre d’apparition historique, est celle du Bon Pasteur figuré de profil, vêtu comme un franciscain, escorté par quatre anges en vol, et porteur d’une brebis de très grande taille, qu’il tient par les pattes avant, collée contre son dos. Ainsi dans une miniature à deux compartiments avec le Bon Pasteur dans le compartiment supérieur, placé au-dessus d’une représentation du char d’Élie emporté au ciel. Il s’agit d’une page d’un manuscrit du Speculum Humanae Salvationis datant des années 1360[26]. Comme le précise une légende latine (quisque erat perdita est inventa : « celle qui était perdue est retrouvée »), cette miniature illustre la parabole lucanienne de la brebis perdue (Lc 15,4-7 ; une inscription sur le côté droit renvoie à cet évangile, et la position de la brebis est conforme à la lettre du texte évangélique : « l’ayant retrouvée, tout content, il la mit sur son dos… », précision lucanienne absente de la version de l’évangile de Matthieu (18,12-14), le Bon Pasteur christique, doté d’un nimbe crucifère, étant pour ainsi dire précédé d’une banderole porteuse d’une inscription latine empruntée au récit de Luc 15, 6 (« Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la brebis qui était perdue »).
3) Le Bon Berger porteur d’une brebis dans les bras a eu ses partisans parmi les artistes, par exemple dans le tableau de Francisco Bayeu y Subias (1734-1795)[27]. Ce sujet a eu des interprètes jusqu’à nos jours, témoin la version récente, datant de 2014, de Julia Stankova, une peintre bulgare (figure 3)[28]. Selon que le Bon Pasteur apparaît seul avec cette brebis dans les bras, ou avec le troupeau autour de lui, on peut interpréter de nouveau cette variante comme montrant le Bon Berger revenant d’être allé chercher la brebis perdue, ou témoignant de son affection pour ses brebis en en prenant une dans les bras.
4) Une autre formule est celle du Christ en berger figuré debout ou assis au milieu de son troupeau, avec ou sans une brebis dans les bras : ainsi dans la mosaïque de Ravenne, exécutée vers 425 dans le Mausolée de Galla Placidia, où le Bon Berger, assis, tenant une croix, est entouré de six brebis, disposées en deux groupes de trois, de part et d’autre de lui. Toutes ont la tête tournée vers lui, qui caresse le museau de la plus proche d’entre elles (figure 4). On peut rapprocher de ce Bon Pasteur assis celui qui se tient debout au milieu de ses brebis, une houlette à la main, bénéficiant de leur confiance : elles se pressent autour de lui. Les oeuvres le représentant ainsi, sans qu’aucune brebis ne soit privilégiée, ont été fréquentes à partir de la Renaissance jusqu’à nos jours[29].
Une variante de ce type iconographique, qui représente le pasteur au milieu du troupeau, portant cette fois une brebis dans les bras ou sur les épaules[30], peut être interprétée, elle aussi, comme le retour du Pasteur auprès de son troupeau après avoir été chercher la brebis perdue, qu’il rapporte en la désignant comme la brebis retrouvée.
Une autre variante, aussi touchante que rare, qui fut illustrée et peut-être créée par Bartolomé Esteban Murillo, vers 1660, fait apparaître le Christ Bon Berger en beau petit garçon songeur, pieds nus, assis par terre à côté d’une brebis, tenant son bâton de pasteur d’une main, et de l’autre la brebis, avec le reste du troupeau visible dans le fond sur la droite, en train de paître[31].
5) Le Bon berger et ses contrefaçons, mauvais bergers, mercenaires, voleurs de toutes bures et de tout niveau social, est le sujet d’une gravure éloquente et mouvementée, tenant de la caricature sociale, de Pieter Brueghel l’Ancien, vers 1565, et constituant fort probablement une critique féroce de la société et de l’Église de son temps (figure 5). Tandis que le Bon Berger sort tranquillement de l’étable, avec une brebis que l’on peut supposer blessée, et qu’il porte donc sur les épaules (on lit sur le linteau de la porte une inscription latine en majuscules : Ego sum ostium ovium), des mauvais bergers, des voleurs, certains d’entre eux, compte tenu de leurs vêtements luxueux étant identifiables à des riches et à des seigneurs, prennent d’assaut l’étable, en brisent les murs ou en escaladent le toit, afin de s’emparer des brebis inoffensives. « À l’arrière-plan, pour compléter la portée de l’oeuvre, Bruegel nous montre d’un côté le bon pasteur s’élançant au-devant du loup pour défendre ses brebis, tandis que de l’autre le mauvais berger fuit lâchement, abandonnant son troupeau au cruel ennemi[32]. »
6) Le Berger au secours de la brebis perdue, en montagne le plus souvent, dans des situations acrobatiques mettant en valeur son dévouement, et le montrant tendant les bras, sur des pentes vertigineuses, vers sa brebis qui ne pouvait décidément pas s’en tirer seule. Ainsi dans la peinture due à Alford Usher Soord (1868-1915), la plus célèbre de toutes ses oeuvres, intitulée La parabole de la brebis perdue, conservée à la St. Barnabas Church, Homerton, à Londres, et datée de 1898 (figure 6). On doit à James Tissot (1836-1902), dont l’oeuvre « orientalisante » est conservée au Brooklyn Museum de New York, une aquarelle de la même inspiration, montrant le Bon Berger avec une brebis sur les épaules, en train de redescendre prudemment par un chemin accidenté constitué de gros blocs rocheux.
Une variante de cette variante montre le Bon Pasteur porteur d’un chapeau suspendu dans le dos à son cou et dégageant la brebis perdue non plus d’une potentielle chute dans le vide mais des ronces dans lesquelles elle s’était empêtrée et dont elle est prisonnière. Ce sujet est rendu par un bas-relief en bois placé au-dessus de la porte d’un confessionnal à l’église Notre-Dame de Liart (dans le département des Ardennes en France), ce qui assimile l’absolution du sacrement de pénitence à la sortie de la prison constituée par les péchés, et le confesseur à un bon berger libérateur. La comparaison a quelque chose de primaire, mais elle peut être perçue comme parlante…
7) Une version féminine du Bon Berger a vu le jour sans avoir jamais été programmée par quiconque, à savoir Marie en « Bonne Bergère », apparue au début du siècle des Lumières chez un artiste espagnol, Alonso Miguel de Tovar (1678-1758), un disciple de Murillo, qui fut chargé par un religieux capucin de Séville, le père Isidore, désormais canonisé, de peindre, selon des indications très précises par lui formulées, le tout premier tableau traduisant sa vision de la Divina pastora[33]. Il aurait eu en effet, en 1703, une apparition, celle de la Vierge Marie habillée en bergère chapeautée, tenant un bâton de pasteur, et entourée de brebis ayant toute une rose en bouche, symbolique de l’Ave Maria par lequel elles la vénèrent[34]. German Y Llorente (1685-1733), peintre de la cour du roi Philippe V, fit un grand nombre de tableaux représentant ce sujet, ce qui lui valut le surnom de « peintre de bergères ». Cette vision, solidaire du mouvement européen réclamant la proclamation de l’Immaculée Conception, a connu une vaste diffusion outre-atlantique par les missionnaires espagnols ou portugais, dans une bonne partie de l’Amérique du Sud, en particulier dans l’art mexicain, par exemple sous le pinceau de Miguel Cabrera (mexicain, 1695-1768) (figure 7). Le plus grand sanctuaire qui lui est dédié est celui de Barquisimeto au Venezuela[35]. Cette création a eu aussi un certain écho en Europe, notamment au Portugal et en Italie[36], mais aussi en Allemagne méridionale, comme le donne à penser un tableau des années 1750, provenant de Basse Bavière, Die Gute Hirtin, conservée au Germanisches Nationalmuseum de Munich, où Marie présente la particularité, peu fréquente dans l’histoire de l’art, d’être chapeautée et d’avoir des cheveux bouclés. Elle tient une brebis, une autre est dressée vers elle, mais aussi un loup qui montre les dents, prêt à mordre. La diffusion de ladite formule, la mode et le goût du profit aidant, s’est prolongée jusqu’en Chine, où des artistes et leurs commanditaires, au courant des goûts des collectionneurs européens de cette époque, et instruits de la technique de la peinture sous verre par des peintres jésuites venus en Chine, se sont aventurés à peindre sur ce support Marie, La Madonna Pastorella, en élégante femme chinoise également chapeautée[37].
Plusieurs variantes de ce sujet existent, par exemple celle qui met l’Enfant Jésus sur les genoux de Marie, bénissant ou caressant la tête d’une brebis, ou bien celle qui lui met dans les bras à la fois Jésus et une brebis, d’autres tableaux montrant Marie, toujours assise, mais sans rien ni personne sur les genoux. Plusieurs des oeuvres de cette famille ramifiée, qu’il s’agisse de tableaux proprement dits ou d’images de piété, ne craignent pas de désigner Marie comme « la Divine Bergère[38] » (sic).
8) Le Berger christique criophore « classique » a été traité plusieurs fois, en mosaïque, par le père Marko Ivan Rupnik, le jésuite slovène qui anime le Centre Aletti à Rome et qui jouit désormais d’une réputation mondiale dans les milieux catholiques. Dans le logo qui lui a été commandé en vue de l’Année Sainte de 2020, le Berger a été pour ainsi dire transformé par lui en un Bon Samaritain qui aurait été privé de tout moyen de transport, où la brebis sur les épaules est donc remplacée par un homme adulte, et représente audacieusement, de manière aussi peu esthétique que convaincante, le Christ portant un homme âgé, bordé d’une inscription en majuscules, dans l’édition française, énonçant : « Miséricordieux comme le Père », légende insolite, qu’on ne peut pas s’empêcher de rapprocher d’un détail iconographique imprévu (figure 8). En effet, le personnage sur les épaules du Christ, dont les stigmates insistent pour qu’on l’identifie sans hésitation comme le Ressuscité, a la barbe plus longue que celle du Christ, ce qui donne à penser que le personnage secouru est un vieillard, à moins qu’il ne faille y voir, salva reverentia, une image du Père miséricordieux secouru par son Fils incarné, d’autant plus que les deux figures, qui paraissent avoir un oeil en commun, ont droit à une mandorle « théophanique » classique et même vénérable, aux couleurs de plus en plus sombres au fur et à mesure que l’on se rapproche de son centre. Il est permis d’estimer que l’année sainte aurait mérité un logo mieux pensé et plus convaincant.
III. Réflexions conclusives
Cet inventaire, ici délibérément limité à huit des formules partageant et illustrant le motif de la proximité confiante entre le Christ pasteur et ses brebis, suggère quelques brèves remarques conclusives. Ces images ont en commun de réduire les fidèles à des animaux touchants mais dénués de toute individualité et de toute réactivité. On est en droit de se demander comment il a pu se faire qu’une image assurément édifiante mais passablement infantilisante ait pu connaître un tel succès des siècles durant, jusqu’au nôtre y compris. De toute évidence, elles ont eu comme finalité avouée ou inavouée de prêcher la confiance des fidèles, au départ, dans le destin post mortem de leurs proches, puis de proche en proche, semble-t-il, la confiance en leurs pasteurs, et de recommander à ces derniers la fidélité à leur mission en faveur de leur troupeau.
Mais cette fixation sur l’image du bon berger a comme implication inévitable l’exclusion de tout rapport d’égalité, fût-elle potentielle et idéale, entre les brebis et leur berger. Ce sujet et sa réception pluriséculaire éveille l’impression qu’ils sont le résultat d’une reprise essentiellement cléricale des métaphores, il est vrai bien inscrites dans les textes bibliques. Il est vrai également que certains d’entre eux offrent des armes à la critique éventuelle de la passivité voire de la lâcheté cléricale, en désignant du doigt par avance les membres du clergé qui seraient tentés de se désintéresser du sort du troupeau. Il n’empêche que cette imagerie ne fait décidément pas droit au rapport d’égalité, de conformité, de fraternité statutaire, d’imitation stimulante, de communion profonde, entre le Christ et ceux qui croient en lui.
D’où notre conclusion, du type diagnostic, qui ne porte pas en priorité sur la valeur proprement artistique de ces familles d’images, ni sur leur indiscutable inspiration chrétienne pour la plupart d’entre elles, mais sur leur pertinence anthropologique et ecclésiale à l’époque présente, qui nous paraît douteuse. Les meneurs et animateurs de communautés chrétiennes, tout comme les personnes exerçant parmi leurs semblables des fonctions relevant du leadership, ne sont décidément pas assimilables à des bergers, fussent-ils bons, pas plus que leurs administrés (leurs « ouailles ») ne peuvent être confondus avec des moutons. Une telle image est indissociable d’une comparaison des fidèles avec des bestiaux suiveurs et passifs… Toutes les images bibliques n’ont pas la même valeur, assurément. Et si tant est que les penseurs du leadership sont à la recherche, ce qui tient de l’hypothèse optimiste et ne nous paraît pas garanti, de thèmes religieux qui pourraient leur servir d’inspiration, de provocation, voire de mise en garde, ce n’est en tout cas pas du côté du thème du Bon Berger, selon nous, qu’ils seront éclairés sur les objectifs et les dérives possibles de ce que recouvre ce mot anglais à la mode et la mise en pratique de ce qu’il recouvre.
Parties annexes
Notes
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[1]
François Boespflug, Dieu dans l’art. Sollicitudini Nostrae de Benoît XIV (1745) et l’affaire Crescence de Kaufbeuren. Préface d’André Chastel, Postface de Leonid Ouspensky, Paris, Cerf, 1984 ; Id., Dieu et ses images. Une histoire de l’Éternel dans l’art, Paris, Bayard, 2008 ; Id., Le Dieu des peintres et des sculpteurs. L’Invisible incarné, Paris, Hazan/Musée du Louvre Éditions, 2010 ; Id., « Berger (Bon) », dans André Vauchez (dir.), Christianisme. Dictionnaire des temps, des lieux et des figures, Paris, Ed. du Seuil, 2010, p. 82-83.
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[2]
Le dieu hindou Krsna, manifestation du grand Visnu, a passé son enfance comme bouvier (gopa) et a longtemps été tenu pour le modèle des rois, en tant notamment qu’il protège ses sujets des ennemis du pays. Voir à ce sujet l’article très stimulant d’André Couture, « Réflexions d’un indianiste à propos de l’image biblique du “Bon Pasteur” », Laval théologique et philosophique, 74 (2018), p. 341-350. L’auteur cite et commente plusieurs textes du Rgveda et du Mahabharata (p. 344-345).
-
[3]
Voir Giovanni Curatola (a cura di), Iraq. L’arte dall’antica Mesopotamia all’Islam, Milan, Jaca Book, 2021.
-
[4]
Paul Perdrizet, « Hermès criophore », Bulletin de Correspondance Hellénique, 27 (1903), p. 300-313.
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[5]
« Bien avant les textes bibliques, un proverbe babylonien confirmait l’analogie quasi naturelle sous ces latitudes entre le roi et le pasteur : « Un peuple sans roi, c’est comme un troupeau sans pasteur » […] Le roi Hammourabi (mort en 1750 av. J.-C.) dit même du Dieu Marduk que celui-ci lui a donné le pays à faire paître » (André Couture, « Réflexions d’un indianiste », p. 343, qui renvoie à Aldina da Silva, « Les rois au Proche-Orient ancien : leurs rapports avec les dieux et avec leurs sujets », dans Robert David (dir.), Faut-il attendre le messie ? Études sur le messianisme, Montréal, Médiaspaul, 1998, p. 15.
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[6]
Nous laissons ici de côté la signification militaire que « criophore » a pu prendre à partir du Moyen Âge, celle de désigner les soldats porteurs d’un bélier fait pour enfoncer les portes.
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[7]
« Parmi les images que les Romains des premiers siècles utilisaient pour orner leurs tombeaux, on trouve souvent la représentation d’un jeune berger placé dans un espace verdoyant au milieu de ses brebis et qui porte généralement sur ses épaules une brebis. Comme d’autres images bucoliques que l’on trouve fréquemment dans les sépultures romaines, cette figure du « pasteur » évoquait pour la famille du défunt un au-delà de paix. Avant de créer leur propre répertoire d’images, les premiers chrétiens ont utilisé celles que leur culture leur avait fait connaître et ont donc adopté celle du berger criophore. Le christianisme adopta d’abord les formes qu’il trouvait à Rome. L’Hermès criophore devint le Christ ; il y convenait moins mal que Jupiter, ou que César. » (André Malraux, La Voix du silence (La Galerie de la Pléiade), Paris, Gallimard, 1951, p. 172)
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[8]
Dominique Pierre, « Contempler. Le Christ Bon Pasteur », La Croix, 21 avril 2018.
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[9]
En Ézéchiel 34,1-31, il est question de s’en prendre aux « pasteurs d’Israël », qui ne paissent qu’eux-mêmes, et ne font rien pour le troupeau lui-même, abandonnant les brebis aux bêtes sauvages, ou bien à une errance sans fin… ».
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[10]
Ps 23,1-2 : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ; sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer, il me conduit vers les eaux tranquilles… ».
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[11]
Is 40, 11 : le Seigneur est comparé à un pasteur qui fait paître et conduit en paix les brebis mères de son troupeau et le rassemble, qui porte les agneaux sur son sein ; d’autres comparaisons « zoologiques » ont eu cours, telle celle de Dieu comparé à un aigle qui veille sur sa nichée et vole au-dessus des nouveaux-nés (Dt 32, 11).
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[12]
Voir dans le présent numéro (p. 223-247) l’article de Michel Gourgues, « “Le vrai pasteur” (Jn 10,1-21) : l’ancrage dans l’expérience commune d’un condensé christologique en quatre temps ».
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[13]
Une des premières en date pourrait être celle du Bon Berger, en marbre (50 × 26 × 16 cm), provenant d’Asie Mineure, « vers 280-290 », conservée au Cleveland Museum of Art [reproduite dans Christiane Gruber (éd.), The Image Debate. Figural Representation in Islam and Across the World, London, Gingko, 2019, p. 89].
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[14]
Il y aurait dans les catacombes, en tout, 114 figures du Bon Pasteur, d’après Gérard-Henry Baudry, Simboli Cristiani delle origine, I-VII secolo, Milan, Jaca Book, 2009, p. 37.
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[15]
Jean-Baptiste Sanou, La configuration du prêtre au Christ, Bon Pasteur : l’exemple du Curé d’Ars, Paris, L’Harmattan, 2017.
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[16]
Didier Gonneaud, « Pastorale », dans Jean-Dominique Durand, Claude Prudhomme (dir.), Le Monde du catholicisme (« Bouquins »), Paris, Robert Laffont, 2017, p. 978.
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[17]
Voir aussi le fresque de la voûte de la chambre funéraire de la « Crypte de Lucine », dans la catacombe de Calixte, Via Appia, Rome, du 3e s. ; Frits Van der Meer, Die Ursprünge christlicher Kunst, Freibourg-Basel-Wien, Herder, 1982, pl. 1 p. 16, et p. 49 et 51.
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[18]
Sarcophage du Bon Pasteur, 113 × 301 cm, vers 385, Rome, Museo Gregoriano Etrusco.
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[19]
Mosaïque de l’église d’Aquileia, dans le Frioul.
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[20]
Signalons entre autres les peintures de Lucas Cranach le Jeune, 1515-1586, une huile sur panneau de bois de 20,5 × 14,5, vers 1540, Angermuseum ; de Philippe de Champaigne (1602-1674), huile sur toile, 65,7 × 58 cm, Musée des Ursulines de Mâcon ; de Jean-Baptiste de Champaigne (huile sur toile, 183 × 86, 5 cm, Lille, palais des Beaux-Arts ; Cristóbal García Salmerón, Il Buon Pastore, XVII sec., museo del Prado, Madrid (le Christ a le regard dirigé vers le ciel, et tient un large parchemin entre ses doigts, déclarant : « Ego sum pastor bonus et cognosco oves meas et cognoscunt me meae »).
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[21]
Témoin le Christ-Bon-Pasteur, mosaïque de San-Lorenzo-fuori-le-mura, Rome, dans la chapelle funéraire du pape Pie IX, du XIXe siècle, avec l’inscription latine « Tu nos pasce, nos tuere, tu nos bona fac videre in terra vivent VM » ; Marko Rupnic, mosaïque de l’église Madonna della Via, Caltagione.
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[22]
Christus als Guter Hirte, Skulptur von Otokar Čičatka, 1965, Pfarrkirche Zum Guten Hirten, Wien ; Guter Hirte von Paul Brandenburg in der Maximilian-Kaller-Straße 6 in Berlin-Marienfelde, 1978.
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[23]
Arcabas, La Brebis retrouvée, 65 × 100 cm, prédelle de l’église Saint-Hugues-de-Chartreuse, 1985 ; repr. dans Saint-Hugues de Chartreuse. Arcabas, Conseil Général de l’Isère, 1992, no 16, p. 57 ; François Boespflug, Arcabas. Saint-Hugues de Chartreuse et autres oeuvres, Grenoble, Conseil Général de l’Isère, 2010, p. 85. Arcabas a peint un autre Bon Berger, en jeune homme tenant une brebis dans les bras, sous le titre Le Bouc émissaire ; il est reproduit dans l’ouvrage de Régis Ladous et Bernard Berthod, Arcabas. Peintures, Lyon, CLD Editions, 2012, p. 110-111.
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[24]
Ron O’Grady, Christ for All People. Celebrating a World of Christian Art, Auckland N.Z., Asian Christian Art Association, 2001, p. 85.
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[25]
Nikola Saric, Le Christ et la brebis perdue (Lc 15,3-7), peinture de 2014.
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[26]
Il est conservé à l’Universitäts- und Landesbibliothek de Darmstadt, sous la cote Hs 2505, f. 125.
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[27]
Huile sur toile, 64 × 48 cm : le Christ apparaît seul, regardant vers le ciel, où apparaissent des anges, comme pour rendre compte à Dieu le Père de son activité pastorale.
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[28]
Cette peinture se signale par une simplicité presque déconcertante : le Christ se tient debout, parfaitement frontal, fixant le spectateur. La brebis en fait autant… Sur la personne et l’oeuvre de cette artiste rendue à sa vocation première de peintre par la chute du bloc soviétique, après avoir dû exercer le métier d’ingénieur des mines, voir François Boespflug, « The Hospitality of Abraham in the Work of Julia Stankova, Painter of Bulgarian Icons », translated by Jordan Daniel Wood, The Journal of Ikons Study, 2 (2019), p. 119-139.
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[29]
Pedro Ruiz González, Il Buon Pastore, 1693, museo del Prado, Madrid.
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[30]
École italienne, Le Bon Pasteur, huile sur toile, 61,5 × 48 cm, XVIIe siècle.
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[31]
Bartolomé Esteban Murillo (1617-1682), El Niño Jesús (ou Buen Pastor), huile sur toile, 123 × 101,7 cm, Madrid, Musée du Prado.
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[32]
Louis Maeterlinck, Le genre satirique dans la peinture flamande, Bruxelles, G. van Oest & cie, 1968, p. 309 (la description est plus développée, et commente à la fois tous les motifs iconographiques et toutes les inscriptions latines).
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[33]
Huile sur toile, 43,2 × 31, 5 cm, conservée à Malaga, au Museo Carmen Thyssen. Ce tableau, qui n’est ni signé ni daté, serait une copie, réalisée sur les indications du frère Isidore de Séville, de la toute première toile réalisée sur ce sujet en 1703 par l’artiste. Marie est assise entourée de près par cinq brebis ayant chacune une rose en bouche, la Vierge caressant la tête de l’une d’elles ; deux angelots tiennent une couronne d’or au-dessus de sa tête, tandis que sur la droite, en arrière-fond, un ange survenu du ciel fonce, armé d’un poignard et d’un bouclier, contre un loup fixant gourmandement, la gueule ouverte, une brebis égarée.
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[34]
Sauf erreur, il n’y a pas trace de ce thème iconographique ni du capucin à son origine dans ce qui reste le répertoire le plus complet de l’iconographie chrétienne, à savoir le Lexikon der christlichen Ikonographie. Il en est explicitement question, en revanche, chez Pascal-Raphaël Ambrogi, Dominique Tourneau, « Isidore de Séville (Fray, XVIIIe s.) », Dictionnaire encyclopédique de Marie, préface du cardinal Barbarin, Paris, Éditions Desclée de Brouwer, 2015, p. 592. L’article cite intégralement les indications précises données au peintre par le capucin.
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[35]
La Divina Pastora est fêtée le plus souvent le 14 janvier. Une image d’elle réputée miraculeuse est exposée à Barquisimeto, qui passe pour avoir sauvé la population d’une épidémie. Elle fait l’objet, chaque 14 janvier, d’une procession solennelle. Diverses variantes sont apparues dont une Divina Pastora couchée et allongée pensivement sur une vaste étoffe, peinte par José de Paez (1720-1790).
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[36]
En Italie, la Divina Pastora est vénérée à La Seva a Caprese, pays natal de Michelangelo (AR), à Piminoro (Reggio Calabria), où elle est fêtée le second samedi de juillet, et à Martina Franca, dans les Pouilles (province de Taranto), où elle a droit à une solennelle statue à la basilique de San Marino.
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[37]
Entièrement dédié aux arts du verre, le Vitromusée de Romont (Musée suisse du vitrail et des arts du verre, 108 B rue du Château, Romont, Suisse), qui, outre des vitraux, des verres en volume, des travaux graphiques et des outils en lien avec les arts verriers –, une collection de plus de 1300 peintures sous verre. Il a récemment organisé (fin 2019 – mars 2020) la première grande exposition présentant un panorama de la peinture sous verre chinoise, une production artistique exceptionnelle et peu connue à ce jour, provenant pour l’essentiel de deux collections privées, une françaises et l’autre allemande.
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[38]
Tel le tableau intitulé La divine bergère, d’un artiste non identifié de Nouvelle Espagne, datant lui aussi du 18e siècle, une huile sur cuivre conservée au Colonial Arts Gallery de San Francisco en Californie.