Résumés
Résumé
La résurrection littéraire du Devoir de violence de Yambo Ouologuem à travers sa récente réédition par les éditions du Serpent à plumes marque son appartenance à la catégorie des chefs-d’oeuvre de la littérature africaine comme de la littérature tout court. Après une éclipse d’une trentaine d’années, le roman ayant été retiré des librairies à la suite de sombres accusations de plagiat, sa réhabilitation permet de redécouvrir une oeuvre dont la dimension iconoclaste avait suscité la controverse au sein de la critique : inscrit au coeur de l’Histoire du continent africain, le roman est issu d’une perspective inédite, celle des faibles, des vaincus, des marginaux que forme la cohorte d’esclaves et de captifs dont ne parlent jamais les griots de la société africaine traditionnelle. Cet article se propose donc de montrer comment le roman de Ouologuem se construit à partir de la subversion du canon épique et comment, par le fait même, il situe la réception dans une sorte d’indécision pragmatique, le lecteur oscillant entre une réception naïve, au premier degré, et un second protocole de réception basé sur le processus du renversement de l’épopée.
Mots clés:
- Anti-épopée,
- anti-héros,
- épopée,
- Histoire,
- indécision,
- littérature africaine,
- postmoderne,
- réception,
- roman,
- subversion
Abstract
The Serpent à plumes reediting of Yambo Ouologuem’s Devoir de violence breathes new life into what now ranks as a Masterpiece of African literature or of literature in general. Following a thirty-year eclipse as a result of being pulled off from bookstore shelves for shady accusations of plagiarism, this reprint unveils a piece whose iconoclastic stance once generated critical controversy; centered on the History of the African continent, the novel stands out as unparalleled by the themes it deals with—themes which Praise Singers of traditional African societies never talk about — fables, the conquered, the marginalized lineage of slaves and captives. This paper shows how Ouologuem’s novel is woven from the subversion of the Canons of an epic novel and how, in doing so, it puts its readership in a sort of a bind forcing them to waver between being very naïve to being capable of capturing the reversed format of the epic.
Key words:
- Anti-epic,
- anti-hero,
- epic,
- History,
- indecision,
- African Literature,
- post-modern,
- reception,
- novel,
- subversion
Parties annexes
Bibliographie
- Benot, Y. (1970). Le Devoir de violence est-il un chef-d’oeuvre ou une mystification ? La pensée. 149. 127-131.
- Bidima, J.-G. (1997). L’art négro-africain. Paris : PUF. [coll. Que sais-je?].
- Bosquet, A. (1968). Yambo Ouologuem, un grand intellectuel noir. Le Monde. 14-20 novembre. 7418. 28.
- Bourneuf, R., et Ouellet, R. (1972/1989). L’univers du roman. Paris : PUF. [coll. Littératures modernes].
- Bureau, B. (2003). Épique et romanesque : l’exemple de deux épopées tardives, L’enlèvement de Proserpine de Claudien et La tragédie d’Oreste de Dracontius. Disponible en ligne URL : http://ars-scribendi.ens-lsh.fr/article.php3?id_article=12&var_affichage=vf , visitée le 30 mai 2007.
- Casanova, P. (1999). La république mondiale des lettres. Paris : Seuil.
- Derive, J. (dir.). (2002). L’épopée : unité et diversité d’un genre. Paris : Karthala.
- Eco, U. (1979/1985). Lector in fabula ou la coopération interprétative dans les textes narratifs. Paris : Grasset et Fasquelle.
- Girard, P. (2003). Yambo Ouologuem, la voix interdite de la négraille. Marianne. 326.
- Iser, W. (1976). L’acte de lecture. Théorie de l’effet esthétique. Paris : Pierre Mardaga éditeur.
- Kirsch, F.P. (1995). Les joueurs et la table. Aspects du dialogue interculturel dans le roman subsaharien de langue française. Cahiers francophones d’Europe centre-orientale. 5. 153-163.
- Molinié, G., et Viala, A. (1993). Approches de la réception. Sémiostylistique et sociopoétique de Le Clézio. Paris : PUF. [coll. Perspectives littéraires].
- Molinié, G. (1998). Sémiostylistique. L’effet de l’art. Paris : PUF.
- Mongo-Mboussa, B. (2003). Yambo Ouologuem et la littérature mondiale : plagiat, réécriture, collage, dérision et manifeste littéraire. Africulture. 54. 24.
- Mouralis, B. (1987). Un carrefour d’Écritures : Le Devoir de violence de Yambo Ouologuem. Nouvelles du Sud. 5. 63-74.
- Niane, D.T. (1960). Soundjata ou l’épopée mandingue. Paris : Présence Africaine. 2e édition.
- Ouologuem, Y. (1968). Le devoir de violence. Paris : Seuil.
- Picard, M. (dir.). (1987). La lecture littéraire. Paris : Clancier-Guénaud.
- Serrano, R. (2001). Calixthe Beyala : griotte postmoderne ou plagiaire ? In Godin, J.-C. (dir.). Nouvelles écritures francophones. Vers un nouveau baroque ? Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.
- Songolo, A. (1981). Fiction et subversion : Le Devoir de violence de Yambo Ouologuem. Présence Africaine. 120:4.17-34.
- Wise, C. (2003). Préface de Yambo Ouologuem. Le Devoir de violence. Paris : Serpent à plumes.